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Ma joie a été grande d’apprendre que mon fils était un surdoué ce qui lui donnait beaucoup plus de chance de réussir dans la vie. Je me rappelle du jour où il s’est lancé dans l’architecture, il est venu à la maison et il m’a dit : Maman je veux devenir architecte pour te construire toutes les belles et grandes maisons que tu veux pour ne plus que tu vives dans des maisons en bois et près des ordures. J’ai pleuré tellement j’étais fière. Il n’avait que 15 ans et il rêvait déjà grand. C’est d’ailleurs à cet âge qu’il a obtenu son BAC chose qui a surpris beaucoup d’homme. Il a été honoré dans son école et l’Etat lui a donné une bourse pour continuer ses cours et suivre les cours d’architecture aux Etats-Unis. Quand il est revenu, je ne sais pas ce qu’il avait mais il était devenu très audacieux et prenait des risques qui moi-même me faisaient peur. Je ne sais pas comment il a fait et puis au Nigéria une femme lui a donné beaucoup d’argent pour construire son hôtel. Il a bataillé tout seul pour être le Terry YOUL que tout le monde connait aujourd’hui et qui dirige la plus grande maison d’architecture dans ce pays et le deuxième en Afrique.
Aujourd’hui mon fils revient après une année passée loin de moi et je suis la plus heureuse. Je ne suis pas allée le voir tout ce temps parce que j’ai peur des avions avec tous ces crashs. Mieux je reste sur terre. Je vais trouver Rico, le garde de Terry dehors qui va me conduire là où son avion va atterrir. Il m’a dit que ça n’était pas la peine que je me déplace mais il était hors de question que je reste chez moi à l’attendre. Je reste dans la voiture en regardant son jet atterrir et quand c’est fait je descends lorsque je vois la porte de l’avion s’ouvrir. Mon fils apparait tout beau dans un ensemble costume avec des lunettes de soleil sur les yeux. Je le regarde avec le sourire aux lèvres mais quelque chose dans sa façon d’être m’inquiète. Je ne m’attarde pas dessus et vais vers lui pour le prendre dans mes bras.
– Je suis tellement heureuse de te voir chéri.
En guise de réponse il me serre juste dans ses bras. Il sent même mes cheveux avant de me laisser.
– Tu m’as tellement manqué chéri si tu savais.
Il dessine un léger sourire sur ses lèvres sans me regarder. J’ai peur que ce à quoi je pense soit réel. Rico va prendre les affaires de mon fils avec un autre garde pour les ranger dans le coffre de la voiture pendant que nous montons. Rico monte ensuite et démarre. J’essaie de causer avec mon fils mais je ne reçois qu’en réponse des petits mots. Oui, bien, ouais, non, uhum.
– Chéri qu’est-ce qu’il y a ? Ton voyage au Maroc ne t’a pas fait de bien ?
– Je vais bien maman. Rico conduis-nous au commissariat proche du lieu où Inès a eu son accident.
Rico change aussitôt de trajectoire. Je commence vraiment à m’inquiéter.
– Chéri qu’est-ce qui se passe ? On va faire quoi au commissariat ?
Il ne me répond pas ce qui m’inquiète encore plus. Alors je tourne sa tête vers moi en lui attrapant le menton et je lui retire ses lunettes de soleil. Je comprends tout.
– Je n’aime pas ce que je vois dans tes yeux YOUL.
Il me regarde avec ce regard de quelqu’un qui est prêt à tuer quelqu’un si l’occasion se présente et je n’aime pas ça.
– Chéri qu’est-ce que tu cherches ?
– Justice maman.
– Rico arrête cette voiture.
Rico freine un coup et je fais monter la vitre qui nous sépare de lui. Je me retourne vers mon fils qui est devenu l’homme le plus froid.
– Inès n’aimait pas cet homme.
– Inès n’est plus là.
Il m’arrache ses lunettes et les reporte. Il fait redescendre la vitre et demande à Rico de démarrer. Je n’aime pas du tout ce qui est en train de se passer. Terry est en train de ramener cet homme qu’il était avant. Il était un homme froid, intimidant, colérique mais surtout autoritaire mais Inès lui a demandé un jour d’être plus gentil avec les gens ce qui a fait qu’il a diminué un peu son côté trop sérieux mais aujourd’hui ce même homme revient et je le redis encore une fois je n’aime pas ça. Il descend avec Rico pour entrer dans le commissariat. Moi je préfère l’attendre dans la voiture parce que je ne veux pas avoir mal au cœur en voyant mon fils à l’œuvre. Il me faut trouver des arguments pour le faire renoncer à ce qu’il a en tête.
Une fois chez lui je constate que tous ses gardes sont présents. Ils nous suivent jusque dans le salon. Ses hommes s’arrêtent attendant surement les ordres de mon fils mais je leur ordonne de nous laisser seuls. Ils s’exécutent aussitôt. Terry reste debout en face de moi ses mains dans ses poches.
– Chéri s’il te plait réfléchis bien à ce que...
– C’est tout bien réfléchi.
– Tu n’es pas obligé…
– Je le suis.
– Laisse-moi terminer mes phrases.
