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Sous l’ombre de la peur

Il me regarde, puis sourit. Ma mère reste silencieuse, mais je vois bien qu’ils se jettent des regards furtifs de temps en temps. Pendant le dîner, mon père mange comme s’il n’avait pas mangé depuis des jours. Il se sert une seconde fois, sans dire un mot.

— Ma mère : La petite, voulait aller dans le jardin.

Mon père s’arrête immédiatement de manger, la mâchoire serrée. Il repose ses couverts et regarde ma mère d’un air réprobateur.

— Mon père : Vous avez osé sortir ?

Ma mère, visiblement frustrée, le défie du regard. Elle croise les bras sur sa poitrine, comme pour se protéger de l’attaque qui vient.

— Ma mère : Tu ne peux pas nous priver de notre liberté ! Pourquoi tu ne demandes pas un prêt à la banque ? Elle ne peut pas grandir dans ce genre de condition. Ça fait huit ans, et moi, je n’en peux plus de cette situation !

Mon père lève les yeux au ciel, son visage se fermant. Il se passe une main sur le visage, agacé, avant de répondre, plus calme mais avec de la dureté dans la voix.

— Mon père : Et qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Tu crois que je n’essaie pas ? C’est pour vous protéger ! Je fais ce que je peux ! Mais tout ce que tu sais faire, c’est critiquer ! Toujours ! Tu crois que c’est facile pour moi ?!

Ma mère se lève brusquement. Les larmes menacent de déborder, mais elle serre les poings et les mâchoires.

— Ma mère : Facile ? Facile ? Tu nous enfermes dans cette maison comme des prisonnières, Philippe ! Et ça fait des années que ça dure ! Je ne peux plus, je n’en peux plus !

Elle respire profondément, avant d’ajouter, d’un ton décidé :

— Ma mère : Tu sais quoi ? Si tu ne changes pas, je partirai. Je partirai chez mes parents, avec Lucie. Peut-être que là-bas, on pourra respirer un peu.

Le silence tombe autour de nous. Mon père semble choqué, ses yeux se remplissent de regrets, mais il n’arrive pas à répondre immédiatement. Il se lève et, d’un geste brusque, se dirige vers l’escalier. Ma mère le regarde partir, les bras croisés.

Un moment après, il revient, plus calme. Il s’assoit lentement à la table, face à ma mère. Son regard est plus doux, moins dur.

— Mon père : Claire… je suis désolé. Vraiment désolé. Je ne veux pas que tu partes, ni que tu te sentes enfermée. Je fais tout ça pour vous protéger… pour nous protéger. Mais je vois bien que j’ai tout gâché.

Ma mère le regarde en silence, ses bras toujours croisés, mais cette fois, il n’y a plus de défi dans ses yeux. Juste de la tristesse. Elle semble hésiter, mais ses lèvres se desserrent pour enfin répondre.

— Ma mère : Philippe… tu sais que je t’aime. Mais… je ne peux plus vivre dans cette prison. Si tu n’essaies pas de me comprendre, alors… il faudra que je prenne une décision.

Il baisse les yeux, les mains tremblantes. Il se rapproche lentement d’elle, posant une main sur la sienne.

— Mon père : Je suis désolé, Claire. Vraiment. Je t’aime, et je t’ai laissée seule trop longtemps dans cette situation. J’ai eu tort de ne pas voir à quel point ça te pesait. Je vais changer, je te le promets.

Ma mère le regarde un instant, et pour la première fois depuis longtemps, un léger sourire apparaît sur ses lèvres. Elle soupire profondément, puis prend sa main dans la sienne.

— Ma mère : J’espère que tu tiendras ta promesse, Philippe. Parce que je n’ai plus la force de continuer à me battre toute seule.

Mon père la regarde intensément, son regard sincère.

— Mon père : Je vais tout faire pour que ça change, Claire. Pour toi. Pour nous. Je t’aime.

Il la serre dans ses bras, et elle se laisse faire, le cœur un peu plus léger. Mais au fond d’elle, elle sait que tout ne sera pas aussi simple. Les promesses sont faciles à faire, mais difficiles à tenir.

Après le dîner, ma mère et moi allâmes nous coucher. La nuit, mon père vint dans ma chambre. Il s’assit près de moi sur le bord du lit, la lumière tamisée de ma lampe de chevet projetant des ombres douces sur son visage.

— Mon père : Ma chérie ?

Je tournai la tête, surprise, et ouvris les yeux. Je regardai mon père.

— Mon père : Joyeux anniversaire, ma princesse.

Il me tendit un collier en argent avec un médaillon en forme de cœur. À l’intérieur du médaillon, il y avait nos initiales : “P” pour Philippe, “C” pour Claire, et “L” pour Lucie. Il me mit doucement le collier autour du cou.

— Mon père : Je t’aime, Lucie. Je ne t’abandonnerai jamais.

Je souris, émue, touchant le pendentif en forme de cœur.

— Lucie : Je t’aime aussi, papa. Je vous aime beaucoup, maman aussi.

Il me prit dans ses bras et se mit à pleurer. J’avais un pressentiment, mais j’étais une gamine. Pour moi, il pleurait parce que je grandissais, parce qu’il voyait le temps filer et qu’il ne pouvait pas l’arrêter.

— Mon père : Je t’aime beaucoup, Lucie, et j’aime aussi maman. Maintenant, faut te coucher.

Il m’embrassa tendrement sur le front, puis regarda ma mère, d’un air presque désespéré. Il se leva et se dirigea vers la porte.

— Mon père : Bonne nuit, ma princesse.

Et il sortit, laissant la porte entre-ouverte derrière lui, comme une invitation à ce que tout redevienne normal, comme si tout allait bien. Mais au fond de moi, je savais que ce n’était pas le cas. Il y avait quelque chose de brisé dans notre famille, quelque chose qu’il ne pouvait pas réparer en un simple geste, en un simple “je t’aime”.

Dans la nuit, je fus réveillée par des bruits étranges. D’abord, des murmures étouffés, puis des bruits de pas précipités dans le couloir. Ma mère me retint avant que je ne me lève.

— Ma mère : Chut, Lucie, reste ici, immobile. Ne bouge pas, tu m’entends ?

Elle était inquiète, je pouvais le sentir. Mais le bruit s’intensifiait. Soudain, la porte de ma chambre s’ouvrit brusquement, et c’est mon père qui apparut, l’air grave et presque paniqué.

— Mon père : Vite, cachez-vous. Allez dans le placard ,et ne sortez pas si je ne vous dis pas de sortir !

Ma mère, terrifiée, ne dit rien, mais je vis dans ses yeux une profonde inquiétude. Papa nous emmena jusque dans le placard et nous força à nous cacher derrière mes vêtements . Il prit mes grosses peluches et les plaça autour de nous pour nous dissimuler davantage.

— Mon père : Restez ici, et surtout, ne bougez pas. Si je ne vous dis pas de sortir, ne sortez pas, d’accord ?

— Ma mère : Ils sont là ? Qui sont ces gens ?

— Mon père : Je ne sais pas… Si quelque chose m’arrive, je veux que tu prennes soin de Lucie et du bébé que tu attends.

Il nous embrassa rapidement, mais avec une telle urgence que j’eus du mal à comprendre l’ampleur de la situation.

— Mon père : Je vous aime ! Je t’aime, Lucie !

Je n’avais jamais vu mon père aussi effrayé. Il sortit précipitamment de la pièce. Nous entendîmes des voix d’hommes dans le couloir, et peu après, les cris de papa.

— Mon père : Laissez-moi juste deux jours, s’il vous plaît !

Un homme, dont la voix grondait de colère, répondit :

— Homme : Merde, on t’a déjà donné assez de temps !

— Mon père : J’ai presque tout réuni, s’il vous plaît, juste deux jours de plus !

Les bruits de la dispute étaient insupportables, et j’avais peur. Ma mère me serra fort contre elle, et nous restâmes là, cachées, dans l’obscurité, attendant que le chaos dans la maison cesse.

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