
Résumé
Avant ma naissance, ma vie semblait promise à la perfection. Mais en grandissant, j’ai découvert que l’ombre des secrets familiaux et des décisions imposées planerait sur mon existence. Mon enfance fut loin de l’harmonie attendue, marquée par des souffrances silencieuses et des épreuves qui m’éloignèrent peu à peu de la liberté. Finalement, je me retrouverai contrainte à un mariage forcé, un avenir dicté par les autres, loin de celui que j’avais rêvé
Prologue
Avant ma naissance, mes parents formaient une famille heureuse, comblée par la vie. Claire et Philippe, mes parents, vivaient dans une villa située dans un quartier calme et huppé, où chaque jour semblait s’écouler dans l’harmonie. Philippe, mon père, un homme d’affaires d’une quarantaine d’années, était grand, brun, aux yeux verts perçants et au charme indéniable. Il portait cette élégance naturelle qui évoquait l’image d’un prince charmant. Dans sa jeunesse, il avait attiré de nombreuses prétendantes, mais c’est à Claire, ma mère, qu’il avait donné son cœur. Elle, douce et belle dans sa simplicité, cultivée et profondément aimante, était devenue la lumière de sa vie.
Leurs débuts avaient été aussi parfaits que l’image qu’ils renvoyaient : un amour fulgurant et une complicité évidente. Ils se comprenaient sans mots, se retrouvaient dans chaque sourire, chaque geste. Ils avaient construit ensemble une vie où chacun savait ce qu’il pouvait attendre de l’autre. Claire était la douceur et la stabilité, toujours prête à soutenir Philippe dans ses projets, à l’encourager dans ses moments de doute. Philippe, de son côté, apportait la sécurité et la confiance, offrant à Claire un monde où elle se sentait aimée et protégée. Leurs soirées se passaient souvent à discuter de tout et de rien, à se perdre dans des discussions interminables sur leurs rêves et leurs ambitions.
Ils formaient ce genre de couple qui semblait inébranlable, dont l’amour traversait les épreuves de la vie avec une aisance presque déconcertante. Ils riaient souvent ensemble, main dans la main, avec cette légèreté qui ne laissait présager aucune ombre à l’horizon. Ils avaient même des rituels : des dîners aux chandelles, des escapades imprévues, des projets communs qui les rapprochaient toujours plus. Ils étaient amoureux comme on le rêve, sans fausse note, presque irréels.
Cependant, ce bonheur semblait trop parfait pour être réel. Philippe, affairiste et souvent absent, passait une grande partie de son temps à voyager. Il revenait toujours avec des histoires fascinantes, mais ces absences de plus en plus fréquentes commençaient à créer une distance, une fissure imperceptible dans leur relation. Le jour de ma naissance, il n’était pas là. Ce fut la domestique qui accompagna Claire à la maternité. Ma venue au monde aurait dû être un moment de pure réjouissance. Mais à son retour à la maison, Claire découvrit un spectacle étrange.
Dans le salon, Philippe était assis, entouré de deux hommes inconnus. Leur regard était dur, froid, menaçant. L’air était lourd de la fumée de cigare qui flottait autour d’eux. Claire, fatiguée mais emplie de bonheur à l’idée de ramener son bébé, sentit aussitôt que quelque chose n’allait pas.
Lorsqu’elle entra, l’un des hommes leva lentement la tête et posa son regard sur elle. Un sourire malsain se dessina sur ses lèvres. Il la détailla sans vergogne, son regard glissant sur elle comme une menace muette. Puis, d’une voix grave et provocante, il s’adressa à Philippe :
— Ta femme est magnifique. Tu ne voudrais pas qu’on s’en occupe, juste pour te rendre service ?
Claire se figea, l’horreur se lisant sur son visage face à la brutalité des mots. Philippe, qui était resté silencieux jusque-là, se leva d’un coup, renversant sa chaise. Il se plaça devant Claire et moi, tel un bouclier.
— Non ! rugit-il. Ne la touchez pas ! Je vous rembourserai, je vous le promets. Mais ne vous avisez pas de poser la main sur elle.
Son ton était ferme, mais Claire devinait la peur sous ses mots. Elle serra contre elle son bébé – moi – ses bras tremblants, son cœur battant la chamade. Elle priait silencieusement pour que cette scène ne se transforme pas en cauchemar.
Dans son esprit, les pensées s’entrechoquaient. Elle s’était imaginée rentrer chez elle, accueillie par un époux joyeux. Au lieu de cela, elle se retrouvait face à deux hommes menaçants, prêts à briser ce qu’elle avait de plus cher.