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Chapitre 6

Chapitre 6.

***Salomé NKIE épouse MASSALA***

Comme tous les matins, après avoir versé des larmes, je me maquille et vais au travail avec le sourire. Tirer un trait sur onze années de relation n’est pas facile, j’ai mal, mais la vie doit continuer. Papa a refusé que j’aille louer avec les enfants car Libreville est dangereux. Maman a approuvé mais pour d’autres raisons : elle sait que je cherche un terrain pour construire.

Maman : Nanou (mon petit nom de la maison), ça va ?

Moi en soupirant : ça va maman. Ça va.

Maman : il faut rentrer tôt on va aller regarder un terrain du côté de Bambouchine.

Moi : ok !

J’appelle mes bambins et on quitte la maison.

Une fois mon ordinateur allumé, je vois un mail d’un candidat qui a eu un entretien il y a quelques jours. Lui seulement c’est mon favori. Premier entretien, il connaissait le cabinet et son histoire. Il avait des projets innovants pour le poste visé (stagiaire audit des systèmes d'informations) et a su se présenter comme étant une valeur ajoutée et non un boulet de stagiaire à qui il faudrait tout apprendre. A la suite de cet entretien, il m’a envoyé un mail pour me remercier. Test de connaissance, il a cartonné avec un score de 78%. Et là il réaffirme son intérêt en me demandant si sa candidature était retenue, si non, pour quelles raisons ? Quelles ont été les points faibles qui ont fait que sa candidature ne passe pas. Le tout dans un français impeccable. Lui seulement, je vais peser de tout mon poids pour qu’on le prenne.

La journée se poursuit sans action jusqu’en début d’après-midi où une Junior vient se plaindre d’un Manager qui la harcèle moralement. Je l’écoute attentivement et prends des notes. Ensuite je convoque le Manager qui me donne son avis. Et pour finir, j’ai l’intention de sonder discrètement les autres collaborateurs pour avoir leurs impressions.

Avant de partir, je suis informée que c’est mon plan de politique sociale qui a été voté à l’unanimité et sera donc implémenté dans les prochains jours. Peut-être que mon mariage est en train de se foutre en l’air, mais au moins j’ai mon travail. Travail que je fais hyper bien.

Je récupère maman à la maison et on se rend sur le terrain dont elle a entendu parler.

Maman : Nanou dis-moi, tu es sûre que ton mari n’a pas reconnu légalement les enfants de ses sœurs ?

Moi prise de frisson : je ne sais pas. Je ne pense pas.

Maman : tu sais que si c’est le cas, ils sont héritiers au même titre que Levy et Jérémie de tous tes biens ?

Moi : …

Maman : déjà même vous êtes mariés sous la communauté des biens, le terrain que tu comptes acheter sera aussi le sien. Tu le sais non ?

Moi : j’avais complètement oublié ça.

Maman : moi je te conseille de mettre le terrain au nom de tes enfants. Tout ce que tu achètes maintenant, mets au nom de tes enfants. Les comptes en banques aussi pareil.

Pendant que maman parle, moi je vois plus loin.

Moi fixant la route : si je meurs c’est toi qui devras gérer l’héritage de mes enfants jusqu’à leur majorité. Je vais contacter un avocat pour lui demander si c’est possible ainsi que la procédure. Je suis sûre qu’en prouvant l’irresponsabilité de leur père, le Juge pourrait accepter.

Je réalise que si je ferme les yeux, mes enfants ne pourront même pas compter sur leur père. Il est capable de vendre leurs biens pour s’occuper de ses neveux. Le sacrifice de toute une vie. Je dois mettre mes enfants à l’abri. Dès demain je vais lancer la procédure. Et la demande de divorce. Mauvais mari, mauvais père, à quoi bon restée mariée à lui ?

Maman : qui sait s’il n’a pas une autre famille dehors ?

***Patrick MASSALA***

Je suis seul à la maison depuis le départ de ma famille. Ma sœur et son fils aussi sont partis au prétexte que Salomé a récupéré tous ses meubles. Ce geste, ce petit geste a fait que je commence à me poser des questions. Je traine des les bars après le boulot pour ne pas avoir à subir la solitude, le vide de ma maison.

Aujourd’hui des amis sont passés à l’improviste me rendre visite. J’ai eu honte. Honte de devoir annoncer que ma femme est partie, honte de la maison vide dans laquelle je vis.

Ami 1 : mais type ! Va même chez les chinois tu achètes deux chaises. Tu es quand même un Directeur à la Douane.

Comment leur dire que je n’ai même pas cinquante mille dans mon compte en banque ? Que je suis endetté jusqu’au cou ? Que ça fait trois ans que je ne touche pas la totalité de mon salaire et que je survis avec les quinzaines ? Comment leur dire ?

Ami 2 : les femmes aussi ! Elle a tout pris dans la maison comme si c’était son argent à elle seule qui a payé.

Ami 3 : même si c’est son argent ? Donc elle ne pouvait pas laisser à son mari ne serait-ce que le verre pour boire de l’eau ?

Je ne fais aucun commentaire et change rapidement de sujet. Comme je ne peux pas les mettre à l’aise, on décide de se rendre chez l’ami 1. Au moins je mange et je bois pour la journée. Demain est un autre jour.

Quand les deux autres amis s’en vont, Flavien, mon ami de longue date me retient et me demande ce qui ne va pas. On va s’installer sous un manguier dans son jardin et je lui dis tout sans honte. On se connait depuis l’université, on a galéré, prospéré, échoué et réussi ensemble. Je n’ai pas honte de me dévoiler devant lui.

Moi : je comprends ce qu’elle dit type, mais je me dis qu’elle au moins elle travaille. Levy et Jérémie ont au moins cette chance la que leur maman travaille et se bat pour eux. Je veux aussi pousser mes neveux tu vois ? Demain s’ils réussissent, ce sont aussi mes enfants qui vont bénéficier.

Flavien : quel gabonais ne s’occupe pas d’un frère, de ses parents ou autre membre de la famille ? Type, tu sais que j’ai pris tous mes petits frères dès que j’ai commencé à travailler. Les trois derniers je les ai pris à la maison pour qu’il fasse l’école. Oui c’était dure, ta belle-sœur était fâchée. Mais à côté je m’assurais que tout est mis en place pour la réussite de mon projet. Ils étaient dans ma maison et ils savaient que c’était l’école ou la rue. Quel est ce courageux qui pouvait me dire qu’il a grossi une fille ou qu’elle est enceinte ? Qui ? Le sacrifice ne venait pas d’un seul côté. Autant c’était dure pour moi, autant ils me faisaient plaisir avec de bons résultats scolaires. Aujourd’hui ils vivent tous leurs vies. L’une est professeure de maths, l’autre est en spécialisation de médecine, le dernier est ingénieur télécom en France. J’ai fini avec eux. Celui qui dit qu’il fait les enfants chaque année, c’est son problème.

Moi : c’est ce que je veux aussi. Tu vois, ton fils quand il aura le bac, il peut dire qu’il va chez son oncle en France. Supposons que tu n’aies plus les moyens, il peut dire que par reconnaissance pour ce que tu as fait pour lui, il va s’occuper de ton fils.

Flavien : tu n’as rien compris type. Ce n’est pas pareil. Tu es dans un cercle sans fin dans lequel tu es le seul à te sacrifier. Regarde la sœur de ma femme. Elle a fait l’enfant en troisième. On l’a prise avec nous, on s’est occupé du bébé, aujourd’hui elle est sage-femme.

Moi : ...

Flavien : quand elle est venue à la maison on lui a demandé si elle voulait une 2e chance d’aller à l’école. Elle a dit oui. On s’est occupé d’elle et du bébé même si à côté elle n’a jamais arrêté la relation avec ce voyou. Mais elle savait que si elle avait le malheur de prendre une deuxième grossesse, c’était la porte. On donne une chance à qui la veut. On s’est occupé de l’enfant parce que la mère a montré sa bonne volonté. Son bébé dormait avec nous pour ne pas perturber ses études, parce qu’elle-même a montré qu’elle a appris de ses erreurs. Tu crois que j’aurai gardé tous ces gens chez moi s’ils ne voulaient pas faire l’école ? S’ils étaient impolis ? Jamais !

Moi : …

Flavien : Betty a arrêté l’école dans ta maison, tu n’as rien dit. Elle a pris une grossesse dans ta maison, tu n’as rien fait. Tu penses qu’elles vont s’arrêter quand ? Donc si elles décident de faire chacune dix gosses, tu vas passer ta vie à t’endetter pour eux ? Aucune femme ne va accepter ça et toi-même tu ne peux pas envoyer ta sœur dans ce genre de foyer. Tu le sais.

Moi : …

Flavien : il y a un âge où le célibat n’est pas bon type. Tu vas perdre ta femme, mais quand elles vont aller fonder leur foyer, elles n’auront pas ton temps hein. La preuve Betty est partie de la maison. Elle pense même à venir te faire cuire le riz pour manger avec l’huile ? On n’a pas dit de ne pas aider la famille. Seulement, la solidarité africaine n’est pas l’esclavagisme. Moi je suis allée voir ta belle-sœur, je lui ai dit « chérie, on va serrer la ceinture au moins sept ans pour aider mes frères » et ces mêmes frères savaient que dans sept ans celui qui n’a pas profité tant pis pour lui. Toi tu es en train de dire à ta femme « chérie, on va serrer la ceinture jusqu’à ce que mes sœurs décident d’arrêter de faire les enfants » non. Non type ! Je me suis sacrifié avec un but, un plan de route, celui qui ne veut pas suivre dehors. Mais toi ?

Moi : …

Flavien : j’ai gardé mes petits frères, j’ai gardé ma belle-sœur, aujourd’hui c’est ma belle-mère qui est avec nous. Mais jamais je ne vais prendre la part de mes enfants pour donner à quelqu’un. Ma part oui, mais jamais pour mes enfants ni même de ma femme. J’ai des obligations d’abord envers mes enfants, ensuite envers ma femme. C’est parce qu’elle m’aime qu’elle me laisse partager la part qui lui revient de droit. Parce qu’elle m’aime et parce que je la respecte, la consulte.

Je sais qu’il a raison. Tous mes amis qui ont élevé frères ou neveux sont fiers aujourd’hui. Les sacrifices ont payé et ces frères et neveux leur sont reconnaissants. Mais de mon côté ? Je scolarise les enfants mais personne pour surveiller les devoirs, l’évolution de l’enfant. On récupère les bulletins à la fin de l’année juste pour inscrire l’enfant en classe supérieure ou faire changer l’enfant d’établissement avec un bulletin trafiqué si l’enfant redouble. Je suis semblable à un entrepreneur qui a pris un énorme crédit pour un projet mais qui a confié la gestion dudit projet à un frère qui fout la merde. Au final, l’entrepreneur perd son argent et doit en plus rembourser d’énormes dettes.

Il est 21h lorsque j’arrive chez maman. Les enfants jouent encore dehors, d’autres sont en balade dans le quartier alors que demain il y a école. Les mères sont chez la voisine à faire je ne sais quoi. Maman est dans ses histoires d’association.

Moi fou de rage : allez-y m’appeler vos mères ! Qu’elles viennent ici tout de suite !

Je vois une de mes nièces en train d’essayer de faire ses devoirs avec un bébé sur les cuisses. Apparemment on lui a donné l’ordre de garder l’enfant. Elle doit garder l’enfant de quelqu’un qui ne fout rien au lieu de faire ses devoirs.

Moi : dépose-moi l’enfant la au sol.

Elle : elle va pleurer.

Moi : dépêche-toi !

Elle dépose le bébé au sol qui effectivement se met à pleurer. Je me tourne vers ceux qui sont devant la télé.

Moi : vous avez fait vos devoirs ? Vous avez étudié vos leçons ? Votre sœur étudie et vous faites le bruit ? Vous n’êtes pas lavé pourquoi ?

Un à un ils quittent le salon et les mères arrivent toutes joyeuses les unes après les autres. Leurs rires disparaissent en voyant mon visage. J’attends que tous les enfants soient présents, on est allé chercher les absents. Entre temps maman arrive.

Maman : c’est comment ? Il y a un problème ?

J’envoie les enfants se doucher ou s’occuper pourvu qu’ils disparaissent du salon.

Moi : vous savez que ma femme est partie ça fait un mois. Une femme dotée, elle est partie avec mes enfants. Maman tu as entrepris quelle démarche pour la faire revenir ?

Maman surprise : oh !

Moi : d’accord ! Tu as entrepris quelle démarche pour récupérer tes petits-enfants ?

Maman : Jésus !

Moi : d’accord ! J’ai compris, moi-même je vais aller chercher ma femme et mes enfants ce n’est pas grave. Betty ?

Betty en sursautant : oui ?

Moi : tu m’as laissé dans une maison sans gazinière, sans frigidaire, tu es partie. Même un SMS pour me demander si j’ai mangé, je n’ai pas reçu. Toi que je nourris gracieusement depuis cinq ans. N’est-ce pas ?

Betty tête baissée : …

Moi : merci. C’est moi le couillon qui prends vos problèmes pour en faire les miens. Mes problèmes à moi tout le monde s’en fout. Personne pour prendre de mes nouvelles depuis que ma femme est partie. Personne pour me demander si moralement je tiens. Je vous remercie.

Maman : je ne suis pas d’accord…

Moi : maman excuse-moi de te couper la parole mais s’il te plait laisse-moi finir. Si je paie la scolarité de vos enfants, c’est parce que je veux donner une chance à tout le monde de s’en sortir. Ça me ferait mal que demain mes enfants gagnent bien leurs vies pendant que les vôtres triment. Je le fais parce que si demain quelqu’un a grave problème, je veux que tout le monde puisse contribuer. Si on a cinq enfants qui peuvent sortir cinq cent mille de leur poche, c’est toujours mieux qu’une personne qui peut faire sortir un million. C’est ça ma philosophie. Les plus forts tirent les plus faibles afin de ne laisser personne derrière. Mais je réalise que pour qu’un bateau avance, il faut que tout le monde s’accorde sur la destination. J’arrive, Nina ne peut pas faire ses devoirs parce qu’elle doit garder un bébé. La mère de ce bébé fout quoi de trop important pour que Nina sacrifie ses études ? Tu fous quoi Anis ?

Anis : …

Moi toujours remonté : il est 21h, on ne surveille pas les devoirs des enfants. Les enfants ne sont pas lavés. Les enfants sont en train de puiser de l’eau pendant que les grandes dames se pavanent dans le quartier. Comme ce n’est pas votre argent qui paie les frais de scolarité.

Elles : …

Moi hurlant presque : je ne paie pas la scolarité de mes propres enfants, je ne fais pas le marché chez moi, tout mon argent vient ici. Mais vous êtes incapables de suivre les études de ces enfants. Incapable de leur donner une éducation. La récréation est terminée. Que chacune aille chercher le père de son enfant. A partir d’aujourd’hui, maman je te remets cinquante mille la fin du mois le reste ne me regarde pas. Tu ne vis pas seule ici que chacune participe pour les factures, moi je donne ta part.

Maman veut répondre mais j’hurle le nom de mes neveux un à un. Ils se mettent en ligne face à moi les mains dans le dos.

Moi : qui veut faire l’école ?

Eux : …

Moi tonnant : je parle en français facile.

Eux un à un : moi.

Moi : vous voyez où je vis, la voiture que je roule ? Vous voyez comment chez moi j’ai à manger ? Si je n’avais pas fait l’école, je n’aurais rien eu de tout ça. Vous avez intérêt à prendre vos études au sérieux. Quand on vient d’une famille pauvre, on ne s’amuse pas avec son éducation. On joue au ballon après les devoirs. J’arrive et seule Nina est devant les cahiers, vous voulez que je vous fasse réciter vos leçons tout de suite ?

Eux : …

Moi : nous sommes en avril. La fin de l’année celui qui a mal travaillé va à l’école publique. Maintenant je n’investis que sur des projets rentables. Il est hors de question d’avoir une mauvaise moyenne dans les matières qui ne demandent qu’à étudier. Si vos mères ne peuvent pas vous aider, demandez aux profs, aux amis ou voisins, battez-vous ! Aucune excuse ne sera acceptée, je dis bien aucune. Votre réussite dépend d’abord de vous, de votre bonne volonté. Vous êtes pauvres, vous devez avoir la rage d’y arriver. Devenez le meilleur ami du plus intelligent, devenez l’ombre du maitre ou du professeur. Je n’aiderai que celui qui s’aidera et uniquement pour les études. Et si quelqu’un vous empêche d’étudier dans cette maison, vous m’appelez. Etablissez un programme. Telle heure on fait le ménage, telle heure on puise de l’eau, telle heure on se repose, etc. Je ne vais plus jeter mon argent par les fenêtres, c’est fini ça ! On se comprend ?

Eux : oui papa Patrick.

Moi en me levant : je suis parti.

Je rentre chez moi uniquement pour dormir et le lendemain je vais au boulot. Je prends une pause dans la journée pour appeler mes oncles. On doit aller chercher ma femme. Ils me demandent de passer les voir le week-end.

Après le boulot je vais voir mes enfants. Salomé et sa mère discutaient à mon arrivée mais dès qu’elles m’ont vu, elle se sont tues. Autant je dois reconquérir ma femme, autant je dois redorer mon image auprès de la belle-famille qui me voit comme un gigolo. Un irresponsable. Ma belle-mère se lève pour aller appeler les enfants.

Moi à ma femme : tu vas bien ?

Elle froide : oui.

Moi : tu ne me donnes même pas de l’eau ?

Elle se lève sans répondre et au même moment les enfants sortent, heureux de me voir. Je prends de leurs nouvelles, on parle de l’école puis

Levy en chuchotant : papa maman va avoir un bébé.

Jérémie l’air grave : Levy maman a dit qu’on ne doit pas dire.

Levy réalisant sa gourde : mais j’ai seulement dit à papa.

__ dire quoi ?

Salomé dépose le plateau devant moi et se rassoit.

Salomé : tu as dit quoi à papa ?

Il se cache dans mes jambes et Jérémie prend la fuite.

Moi : va te doucher mon champion, je suis là je t’attends.

Levy : ne pars pas oh !

Moi : non, je suis là. Va je t’attends.

Dès qu’il disparait Salomé prend la parole

Salomé : je t’informe que j’ai commencé la procédure de divorce.

Cette nouvelle me déstabilise pendant quelques secondes.

Moi : tu es enceinte ?

Salomé : ça ne change rien à la situation.

Moi : on peut encore tout arranger. J’ai commencé à mettre de l’ordre dans ma vie. D’ici quelques mois, mes finances iront beaucoup mieux. J’ai déjà pris beaucoup de décisions notamment celle de faire passer nos enfants avant tout. Ce ne sont plus que des mots, donne-moi encore un peu de temps et tu verras les actions.

Salomé : …

Moi angoissée : tu voulais qu’on quitte la location, qu’on achète un terrain. On le fera. Donne-moi encore juste un peu de temps. Mine ?

Je la vois lutter contre elle-même. Onze ans ce n’est pas onze mois. Elle m’aime autant que je l’aime. Le seul problème était la gestion de mes finances mais on va arranger ça. On va régler ça ensemble. Je m’approche et pose la main sur son ventre.

Moi : combien de mois ?

Salomé : presque trois.

Moi : ça sera une fille je le sens.

Jusqu’à minuit on reste sur la terrasse de ses parents à discuter, à mettre les choses à plat. La femme lorsqu'elle est en position de force, elle en profite à fond.

Elle est déjà moins sur la défensive mais son histoire de divorce me fait toujours un peu peur. Je pense qu'elle attend, avec raison, que j'agisse car elle ne croit plus en mes paroles. Le plus important c'est qu'elle n'ait pas encore définitivement fermé le chapitre de notre histoire. Quant à moi, pour rien au monde je ne laisserai ma famille se déchirer sans me battre. Il n’y a pas de problème qu’on ne puisse régler tant qu’on s’aime encore.

Lorsque je me jette sur mon lit ce soir là, je suis déjà plus détendu. Plus joyeux. Mon téléphone se met à vibrer dans la poche de mon pantalon. Il n’a pas arrêté de la soirée.

Moi nerveux : tu veux quoi ?

Yasmine : depuis que j’appelle ?

Moi : tu ne sais pas que je suis un homme marié ? Si je ne te réponds pas c’est que je suis en famille. C’est quoi l’urgence ?

Yasmine : …

Moi : tu ne parles plus ?

Yasmine : je suis enceinte.

Au début je ne percute pas. Puis l’information se répand en écho dans ma tête. Je raccroche et bloque son numéro. J’ai déjà assez de problèmes comme ça.

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