Chapitre 6
Chapitre 6 : adieu
T.Germaine : il y a eu un incendie à Mouila hier et ton père et tes 4 frères ont péri brûlés.
Moi (sans voix) :……..
Vanessa (horrifiée) : oh mon Dieu ! tu dis quoi maman ?
je la vois se précipité dans ma direction et me serrer dans ses bras en marmonnant des paroles de consolation, mais moi je n’ai toujours pas bougé je ressens dans mon intérieur une sorte de fraicheur glaciale et petit à petit un poids se pose sur ma tête, puis mes épaules et en un temps record mon corps pèse une tonne. J’essaye de lever ma main et j’ai l’impression de porter le poids du monde sur moi…déjà je n’entends plus rien de ce qui se dit autour de moi. Je vois les gens bougés autour de moi au ralenti. Je me sens lasse tout à coup je crois apercevoir tonton Gabin qui se précipite vers moi et l’instant d’après c’est le trou noir.
*****Germaine Moussirou épouse Lendoye*****
C’est dévastée de douleur que je me roule au sol après avoir annoncé l’affreuse nouvelle à issa qui est étrangement calme et silencieuse. J’ai mal eh Dieu si mal. Mon frère a vécu une vie dure et misérable pourtant rien ne laissait présager un tel vécu. Il était si intelligent sa vie a basculé lorsqu’il a rencontré la mère de marissa. Personne n’a rien compris. Sa vie a basculé dans une spirale infernale je gardais secrètement en moi l’espoir que tout finisse par s’améliorer surtout lorsque Mathilde est partie se remettre en couple avec cet instituteur à mouila. J’ai soutenu mon frère comme j’ai pû mais cette fin même dans mes cauchemars les plus horribles je ne l’aurais jamais vu venir….
Je suis là perdue dans ma douleur et mes pensées lorsque je vois Gabin bondir de son fauteuil et en l’espace d’une minute je vois marissa s’écrouler, sa tête est rattrapée de justesse par Gabin avant de heurter la table basse du salon. Je me lève rapidement apeurée et me met à la secouer. Devant l’absence de réaction de cette dernière au bout de près de 10 minutes en dernier recours, j’envoie vanessa cherché un verre d’eau pour le verser sur issa, si ça ne fonctionne pas direction l’hôpital. Fort heureusement après le jet d’eau, elle se met à tousser et ouvre petit à petit les yeux. Et semble déboussolée, je me sens soulagée l’espace d’un instant j’ai cru au pire.
Issa (dans les vapes) : pourquoi je suis mouillée ?
Et comme si un éclair de lucidité lui revenait, je vois son visage s’assombrir et elle se renferme comme une coquille d’huître.
Moi : Issa ? issa ? ça va ?
Elle ne dit mot. Elle secoue juste la tête négativement. Après tout quelle sotte question lui posai-je-la ? qui pourrait aller bien après avoir reçu le ciel sur la tête de cette façon ? je la regarde et je ressens tellement de compassion pour elle. Tellement de peine une si petite fille et déjà quasiment seule au monde. Snif sans m’en rendre compte une lame a coulé sur ma joue, me renvoyant ainsi à ma propre douleur. J’ai perdu la moitié de ma famille en un seul jour, un jour maudit. Sans le vouloir je me remets à pleurer imiter par vanessa et majolie. Seule Aurélie semble impassible, cette fille me semble si lointaine et détachée ; tellement en colère que des fois j’en perds le fil. Quand est ce que tout a basculé ? elle était si joviale avant. Comme majolie. Je sursaute en sentant une main me toucher l’épaule et en me retournant je constate qu’il s’agit de mon mari qui tente tant bien que mal de me consoler.
Gabin : calme toi chérie stp. Ne va pas te rendre malade mon amour. Tu auras besoin de toute ton énergie pour gérer la situation. Reprends-toi stp
Moi (en larmes) : comment ? comment chéri ? mathurin était mon unique frère. Après la mort de nos parents il était l’unique famille qui me restait. Snif snifff snifff imagine toi si marissa n’était pas venu vivre avec nous c’est tout un pan de l’histoire de ma famille qui aurait ainsi disparu ??? eeeehhh nyambi fumu amè…ayooooooooooo mathurin ohhh aie mes enfants oh…
Lui(me berçant) : c’est fini chérie, calme toi tout ira bien. La vie a ça de mystérieux qu’on ne sait jamais quand le vent va tourner. On ne peut que se battre à supporter les coups qu’elle nous donne et rester toujours debout. Et quand bien même on tombe, toujours se relever. Ça ira, tout ira pour le mieux…
Subitement je vois issa se lever sans mot dire et se diriger vers la chambre. Je pense qu’elle a besoin de digérer la nouvelle. Son in expression m’inquiète j’ai peur qu’elle nous fasse un craque émotionnel. J’évite tout de même de l’oppresser en tentant de la retenir au salon, je retiens vanessa qui veut la suivre. Il lui faut de l’espace.
****2 jours plus tard*****
J’ai posé mon congé au boulot histoire d’aller sur place à mouila voir ce qui se passe. Je n’ai malheureusement pas pu m’y rendre hier, impossible d’avoir la permission au travail plus tôt.pfff. accompagné de marissa qui n’a plus dit un mot depuis le soir passé. Gabin a pris sur lui de garder majolie et aurélie qui exceptionnellement n’est pas retourné dans ses balades. nous sommes au pk8 pour embarquer à bord d’un bus de l’agence marcos en direction de mouila.
Femme1 : poussez-vous acaaa vous ne me voyez pas en train de tenter de m’installer ?
Femme 2 : c’est une raison pour crier sur moi ? ma sœur je t’empêche de t’asseoir en quoi ? c’est quoi cette impolitesse ? tu ne vois pas que je porte un enfant sur mes jambes ?
Femme1 : impolie toi-même. impolie toi-même. Qu’est ce que j’en ai à foutre si tu portes un enfant ? tu te pousses comme tout le monde. Est-ce que ton bébé paye une place ?
Femme2 : et puis quoi encore ? mon bébé va payer pourquoi ? comme qui avait fait avant moi ? tchuips. Pardon ma sœur tu ne t’es pas réveillée aujourd’hui pour moi. Passe ta route avec ta malchance
Femme1(s’échauffant sérieusement) : malchance toi-même. Quand tu regardes là je ressemble à la malchance ? tu crois que parce que tu portes un enfant dans les bras tu dois te permettre de t’asseoir les jambes ouvertes, que les autres vont s’asseoir où. ?
Boy chauffeur : mesdames calmez-vous c’est comment la chaleur le matin comme ça à 6 heures. Vous n’avez pas bien baisé la nuit ou quoi ?
Femme1(choqué) : toi tu racontes quoi comme ça ? c’est quelle éducation ça ? c’est pas la faute à vous qui charger n’importe comment vos bus là. Vous ne regardez pas les gabarits des gens (toisant la femme2) avant de les superposer comme des viandes.. et malgré la distance vous trouvez encore normale de nous serrer à 4 par banquette peu importe la dimension de tout un chacun…au lieu de parler des vrais choses il vient dire des grossièretés ici.
Boy chauffeur : mieux de toi qui est bien élevée. N’importe quoi si tu es trop serrée ou trop fâchée tu descends ya quoi même ? pousse la bas la dame s’assoit c’est tout.
Je détourne mon regard et déjà je ne les écoute plus.je me perds dans le vide des souvenirs douloureux de mon enfance avec mon frère, mes cousins quand nous allions à la rivière ensemble ou à la chasse aux oiseaux. Je revois ma mère assise à l’entrée de sa cuisine en tôle entrain de piler la banane semi mûre affectueusement appelée la boulette pour le repas de ce midi accompagné de sauce de nyembouè, pendant que papa devisait avec ses frères a la terrasse de la maison principale en buvant 2 bons litres de vin de palme fraichement tiré du palmier..
Ah l’époque heureuse. Mathurin ! Instinctivement je me tourne vers marissa assise près de vanessa. Elle demeure là assise le vague à l’âme. Le regard perdu sans mot dire. Elle semble s’être statufier tellement elle est raide dans sa position. Elle a à peine mangé ces deux derniers jours. Elle me fait peur je pense que sa manière de gérer la situation n’est pas la bonne, elle se renferme, refuse de se nourrir et enfuit ses émotions. Ce comportement est destructeur. Je me rapprocherai d’elle dès que possible pour qu’elle essaye de s’ouvrir à moi. On peut être là comme ça comme la blague et la petite-là se suicide devant nous sans qu’on n’ai rien vu venir.
*********dans la tête d’issa******
Assise près de la vitre, je regarde sans vraiment y prêter attention le paysage qui défile le long de la nationale 1. Village après village je vois ça et là des enfants qui jouent, des adultes qui marchent avec des outils l’épaule pour les uns, des paniers de victuailles pour d’autres. Je tente tant bien que mal de m’évader en me concentrant sur ces personnages éphémères qui défilent devant moi, et lorsque je saisie une image aussitôt elle s’efface remplacée par une autre. Je cherche en cela un exutoire mais cela ne marche pas. La douleur est là, présente, violente, indescriptible. Je peux dire sans me tromper que j’ai mal jusqu’à mon âme.
Je ne pensais pas que pareille douleur puisse exister. Oh mon dieu où es-tu ? Pourquoi ? Je me sens vidée, lessivée. J’ai l’impression d’être un zombe je ne marche plus, je déambule comme poussée par un vent inconnu. Depuis ce jour maudit où cette nouvelle a sonné le glas de ma joie sur terre, il ne se passe pas un instant sans que je ne ressente cette douleur lancinante qui me déchire littéralement le cœur. Mes larmes sont internes. De toute façon je ne sais même pas comment je pourrais exprimer ce que je ressens. Snif. Tout cela me semble si irréel. Merde comment est-ce possible ? Que s’est-il passé ? J’aimerai tant savoir, avoir toutes les réponses en même temps je redoute. Je redoute d’être confronté à la réalité. La dure et intransigeante réalité. Mes frères, mon père ? Non je ne saurai y croire. Je refuse d’y croire. Le dieu que je prie ne saurait le permettre. Je sais qu’il est bonté et amour ; il ne saurait me laisser livrer à la tristesse d’une si grande perte.
Après l’escale habituelle de lambaréné, mon cœur s’est mis à battre la chamade. Une peur violente m’a saisie aux tripes et je me suis mise à trembler intérieurement. A mesure que je traversais les villages de la ngounié la peur grandissait. A l’approche de mouila j’ai cru que mon cœur avait cessé de battre. Je ne le sentais plus dans ma poitrine. Je regarde ma montre qui affiche 16heures. Ça y est nous y sommes le moment redouté est arrivé. Nous traversons la ville et arrivons tant bien que mal au marché chez maganga moussavou. Aussitôt garé nous descendons, payons et récupérons nos bagages.
t.germaine : les filles il est suffisamment tard. Nous ne pouvons pas emprunté de véhicule ce soir pour le village sachant que nous n’aurons nulle part où dormir. Je vous propose d’aller nous poser dans un petit motel de la zone et le matin très tôt nous prendrons la route pour gérer tout ça. On a grand besoin de repos, la suite sera rude.
Je l’écoute et mon cœur se serre. Je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre demain. J’appréhende sérieusement. J’ai peur, j’ai froid, je tremble tout ça dans le silence de mon cœur. Elle se dirige vers la route pour chercher à traverser vanessa et moi à sa suite. C’est en silence que nous avançons, chacune le cœur lourd de quelque pensées propres à chacune. Nous nous arrêtons devant une vendeuse de poisson braisé pour se prendre à manger, mais je décline l’offre.
Vanessa : issa tu ne peux pas continuer ainsi. Tu vas te laisser mourir ou te causer un mal. Tu dois t’efforcer de manger c’est vital ma puce
Moi ( je la regarde en voulant la rassuré ou même lui répondre, je n’en ai juste pas la force alors je la regarde juste) :…..
Vanessa : je vais te prendre des beignets et du poisson braisé je sais que tu adores ça. Avec du piment et du fanta bien glacé tu vas me faire plaisir et en prendre quelques bouchées stp…sttttp stp stp
Face à ce regard de chat qu’elle me fait j’ acquiesce et ça semble la ravir. Une fois nos commandes récupérées on suit t.germaine vers un motel où elle nous prend une chambre pour nous trois. Sûrement fuit elle la solitude. Nos bagages posés c’est à tour de rôle que nous sommes passées à la douche et nous sommes attablées. Contre toute attente j’ai mangé tout mon plat et bu du jus en prime, à croire que j’étais affamée sans m’en rendre compte. Pour le sommeil malheureusement j’ai pas pû dormir quand les autres se sont écroulées à 20h.. je suis là sur le lit visage face au plafond en stressant de tout mon être et en priant fort que tout ceci ne soit qu’un cauchemar ..
Pin pin pin sms entrant.
Evan : bsr amour
Moi : bsr vanou
Lui : comment tu vas ? vous êtes bien arrivées ?
Moi : oui le voyage a été long mais nous y sommes arrivées. Là nous sommes en pause à mouila nous reprendrons la route demain matin.
Lui : je suis vraiment peiné pour toi chéri, toutes mes condoléances..
Moi ( sentant mon cœur se serré) : merci. Bonne nuit !
Lui : issa…ne soit pas comme ça, ne te referme pas stp
Moi : bonne nuit evan..
J’ai arrêté mon téléphone et je me suis remise au lit le cœur lourd. Que va-t-il se passer demain seigneur ! est-ce que tu m’entends ? est-ce vrai tout ça ou est-ce un vilain rêve qui défile devant mes yeux, duquel je vais bientôt me réveiller ?
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t.germaine (me bousculant) : issa….issa réveille-toi on doit s’apprêter à y aller le chauffeur que j’ai appelé sera là dans 10 minutes.
C’est péniblement que je me suis extirpée du lit étonné moi-même de ne pas savoir à quel moment le sommeil m’a pris. Rapidement je me suis rendue à la douche pour faire ma toilette et c’est vêtu d’une robe large que j’en suis ressortie 5 minutes plus tard.
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