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Chapitre 4: Forte comme maman

La journée se terminait. À l'heure du dîner, Angèle préférait manger dans son coin, au plus grand bonheur de sa belle-mère. Malgré son absence, son père ressentait de la peine de la voir renfermée.

— Angèle, ma fille, viens t'asseoir à table, dit-il.

Angèle leva sa tête en direction de son père. D'un regard vide, elle déclina la demande de son père d'un signe de la tête.

— Pourquoi tu insistes tant, mon chéri ? Tu sais, à cet âge, les enfants ont besoin d'être un peu seuls, de vivre dans un petit cocon rien qu'à eux, déclara sa belle-mère d’un sourire méprisant.

Elle se retourna vers Angèle qui ne se souciait pas d’eux, remuant sa nourriture avec sa cuillère. Le regard absent.

— Angèle ! Angèle ! insista de nouveau son père qui la regardait, attristé.

Cette femme s’interposa et posa sa main sur son bras.

— Stéphane ! Ne t’ai-je pas dit que c’est de son âge, tout ça ? Ne t’en fais pas. Mangeons. Le plus important, c’est qu’elle se nourrisse, peu importe où elle est assise. Si elle veut, elle peut même s’asseoir sur le sol, déclara-t-elle avec un ton très dur.

D’un coup, Stéphane se retourna face à elle, le regard durci.

— Natacha ! s’exclama-t-il.

Elle prit peur, sursautant… puis, elle le caressa de nouveau sur le bras.

— Je voulais tout simplement détendre l’atmosphère. Tu étais trop crispé. C’est sa maison, Stéphane, donc elle peut s’asseoir partout où elle veut, si elle le souhaite. C’est ce que je voulais dire, mon chéri. Tu m’as mal comprise, dit-elle, essayant de calmer sa colère en camouflant ses paroles.

Son regard, durci, toujours porté à son égard, il se leva d’un coup de table.

— Angèle, ne veille pas trop tard ma fille. Finis et va te coucher, lui dit-il avant de s’en aller.

— Mais Stéphane ? Stéphane ?! Qu’ai-je dit de mal ? s’exclama-t-elle en se relevant aussitôt, tentant de le retenir.

Son visage marqué par la colère et l’incompréhension, elle se retourna face à Angèle.

— Tu ne perds rien pour attendre, murmura-t-elle entre ses dents, tellement elle était énervée.

Sans attendre une minute de plus, elle se dirigea vers la petite, perdue dans ses pensées, ne se rendant pas compte du spectacle et de la colère de sa belle-mère.

Brusquement, elle l’empoigna par le bras violemment, ce qui la fit se lever complètement troublée.

— A...ï....eeee ! Tu me fais mal, s’écria-t-elle, ses yeux reflétant sa peine.

— Donc non seulement j’ai pris sur moi pour élever l’enfant d’une autre, mais à cause de toi mon mariage peut en pâtir ? Je ne peux pas te laisser détruire mon foyer, petite idiote.

— Qu’est-ce que j’ai fait, ma-man ? demanda Angèle, ses yeux légèrement mouillés par les larmes.

— Ehh ferme ta bouche ! Qui est ta mère ? Mère d’une idiote comme toi ?

Elle lui arracha le plat de nourriture des mains.

— Vu que tu te plais à me faire vivre un enfer dans cette maison, moi aussi je vais te montrer qui je suis !

Elle lui lâcha brusquement le bras, ce qui la fit tomber violemment. Heureusement, elle tomba sur le fauteuil. Ses petits yeux mouillés la fixant intensément, ne comprenant pas ce qui lui arrivait.

« Qu’ai-je fait ? »

— Tu as suffisamment mangé pour cette nuit. Va te coucher, et gare à toi si je t’entends aller à la cuisine. Bêtise ! la menaça-t-elle.

Elle se retourna et s’en alla, laissant une petite fille confuse, troublée.

Angèle se leva tout simplement et regagna sa chambre. Une fois à l’intérieur, elle s’accroupit progressivement en pleurs.

— Maman, tu me manques tellement, murmura-t-elle.

D’un seul coup, mon cœur se mit à battre. J’essuyai mes larmes, et je me dirigeai vers mon armoire.

— Le portrait de maman !

Je me suis mise à le chercher.

— Maman ! s’exclama-t-elle à la vue du portrait de sa maman.

Elle le serra contre sa poitrine et se coucha sur son lit. Des larmes coulèrent à flots.

— Maman, tu me manques. Pourquoi ? Pourquoi tu m’as laissée toute seule ? Pourquoi maman ? Cette femme ne m’aime pas. Tu es ma seule mère maman. Reviens maman. Reviens !

Aucune douleur ne peut surpasser celle de la mort d’un être cher. Un papa, une maman, un enfant, un époux ou épouse. Cette douleur ne s’explique pas.

Dit-on que le temps a le don de combler certaines blessures. La perte d’un être cher ne s’estompe jamais. On survit, mais on ne l’oublie pas.

L’amour, l’attention des êtres qui sont vivants aident à tenir le coup. Mais comment faire lorsqu’il s’agit d’une perte qui n’est comblée grâce à rien ?

Angèle, orpheline de mère, avait à nouveau une maman, qui aurait pu être un soutien, un nouvel espoir de ne pas perdre cette joie, même après le décès de sa mère. Mais hélas, la vie nous réserve des surprises qui ne nous font pas toujours du bien.

Jusqu’à quand pourra-t-elle le supporter ?

L’avenir nous le dira.

Ce qui est certain, c’est que la petite ne s’en remettra pas d’aussitôt.

En fermant les yeux, je repensais à nouveau à ses paroles.

« Tu es forte ma petite chérie. »

Je me redressai sur le lit et je me répétais ses paroles à plusieurs reprises. Je devais être forte. Jusqu’à la fin, maman s’est battue. Maman était forte et je suis sa fille. Je dois être forte. Je suis forte.

Angèle redescendit du lit, essuya de nouveau ses larmes. Elle s’agenouilla, les deux mains jointes. Elle ferma ses yeux, le portrait de sa maman posé devant elle.

— Mon Dieu, tu m’as dotée d’une force comme celle de ma maman. Je te remercie pour sa vie, pour ma vie. Maman m’a toujours dit de me confier à toi. Tu es mon meilleur ami et je sais que tu vois tout. Donne-moi cette force que maman voit en moi. Que ma maîtresse voit en moi. Salue ma maman qui est près de toi, dis-lui qu’elle me manque beaucoup mais que je serai forte pour nous deux. Je suis une fille forte. Amen.

Angèle rouvrit ses yeux, et se dirigea vers l’interrupteur de sa chambre. Elle y prit son sac et en sortit ses affaires.

L’interrupteur allumé, Angèle sortit ses livres et s’assit sur son mini bureau, près de son lit, et posa le portrait souriant de sa maman face à elle.

— Angèle, tu es forte. Tu vas devenir une grande dame, murmura-t-elle d’une voix déterminée.

Malgré la fatigue, elle s’essuya les yeux rapidement et ouvrit son livre. Sa situation actuelle ne l’empêchera pas d’atteindre son but.

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