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03_A

Il était précisément 17 heures lorsque Saurelle et Bonnette firent irruptión chez les

Kamdem, essoufflées. Maman Anny et ses filles étaient paisiblement installées dans leur cour,

occupées à égrener les épis de mais sec, lorsqu'elles furent prises de panique à la vue des deux comparses de Soledad surgissant à cette heure insolite.

Après les salutations d'usage, Soledad

s'enquit de la raison de leur état éssoufflé. Bonnette dévoila que les résultats tant attendus du

Baccalauréat venaient d'être affichés dans leur établissement. Un frisson parcourut le corps de

Soledad qui avait oublié qu'elle avait passé l'examen cette année-là pour la troisième fois. Son

Coeur fit une pause, puis se mit à battre avec une intensité accrue. Elle se hâta de s'engouffrer

dans la cabane de sa mère pour se changer, accomplissant cette tâche en un temps record. Une

fois prête, elle ressortit aussitôt. Maman Anny demanda à Soline de l'accompagner. Les jeunes

filles se lancèrent alors dans une course effrénée en direction du Lycée Public de Ndang, situé

à plusieurs kilomètres de leur demeure.

Le soleil se couchait lentement à l'horizon, jetant une lumière dorée sur le Lycée Public de

Nidang. Les filles avançaient d'un pas hésitant vers l'entrée de l'établissement, leurs coeurs

battant la chamade. A mesure qu'elles s'approchaient, le son des voix s'amplifiait, se fondant en un bourdonnement incessant. Une foule compacte s'était rassemblée devant les panneaux

affichant les résultats du Baccalauréat.

La tension était palpable dans les airs. Les visages des élèves étaient marqués par

l'excitation, l'anxiété et l'appréhension. Certains se tenaient debout avec assurance, arborant

des sourires triomphants et échangeant des poignées de main chaleureuses avec leurs amis. Les éclats de rires et les exclamations de joie éclataient sporadiquement, créant des échos de

bonheur au milieu de la foule. Cependant, tous les visages n'étaient pas illuminés par la même

lueur. Certains élèves, le regard vide et les épaules affaissées, contemplaient les listes avec désespoir. Les murmures étouffés de déception et les larmes discrètes trahissaient leur profonde

tristesse.

La foule était en ébullition, se déplaçant constamment pour laisser la place à ceux qui

cherchaient leur nom sur les listes: Les élèves se bousculaient poliment, se frayaient un chemin

à travers la masse pour tenter d'apercevoir leur résultat tant attendu. Certains se tiennent sur la

pointe des pieds, scrutant anxieusement chaque ligne, tandis que d'autres demandent à leurs

amis de les aider à chercher leur nom, espérant qu'ils le trouveront avant eux.

À mesure que Soledad avançait dans la foule pour rejoindre sa soeur et ses amies, déjà

absorbées par la lecture des listes, elle ressentait une montée d'émotions contradictoires.

L'excitation mêlée à la peur lui nouait l'estomac. Elle observait les réactions des autres élèves,

cherchant des indices sur la nature de son propre résultat. Son regard balayait rapidement les

visages, cherchant des indices de joie ou de déception.

«KAMDEM AGNES SOLEDAD !», S'exclama Soline, le doigt pointé sur la liste.

Quoi ? Moi ? Soledad se précipita, plus rapide que jamais, vers la liste et la parcourut de haut en bas. Soline lui indiqua du doigt l'emplacement de son nom.

« Merci Seigneur…! », « Merci mon Dieu… », « Je l’ai fait Enfin..! « Tu es grand…! ». S'exclama Soledad, submergée par l'émotion.

Après avoir retrouvé son calme suite à l'excitation de voir son nom sur la liste d'admission,

Soledad prit une profonde inspiration. Elle réalisa qu'elle devait s'assurer que ce n'était pas un

rêve et que son nom était bien épelé. Elle se pencha à nouveau sur la liste, scrutant attentivement chaque ligne et chaque nom inscrit. Les lettres se mirent à danser devant ses yeux mais Soledad s'efforça de rester concentrée. Elle parcourut la liste une fois de plus, suivant chaque caractère avec son doigt, épelant chaque syllabe de son nom. Oui, c'était bien là, son nom était bel et bien présent, confirmant sa réussite.

Cependant, Soledad ne voulait pas s'arrêter là. Elle désirait également vérifier les noms de

ses amies : Saurelle et Bonnette.

Elle parcourut de nouveau la liste, scrutant chaque ligne, mais aucun autre nom féminin

n'apparut, hormis le sien. Une légère tristesse l'envahit. Elle se retourna vers ses amies mais

elles avaient déjà disparu.

- Soline ?

- Oui?

- N'as-tu pas vu Saurelle et Bonnette ?

- Elles sont parties après avoir examiné la liste une dizaine de fois.

Soledad fut attristée par le fait que ses amies étaient parties à cette heure si tardive, sans

même prendre la peine de l'en informer.

Le temps passant, il était désormais 21 heures passée. Soledad et Soline étaient donc

contraintes de rentrer seules. Les deux jeunes filles cherchèrent en vain une compagnie avec

qui partager le chemin, mais ne trouvèrent personne. Elles décidèrent alors de s'aventurer

seules.

En chemin, elles croisèrent deux hommes qui suivaient le même itinéraire. Soledad

aborda l'un d'eux, expliquant leur situation et lui demandant s'ils pouvaient les accompagner.

Les hommes, sans hésitation, acquiescèrent. Pendant le trajet, Soline, qui détestait par-dessus

tout l'ennui, entreprit d'engager la conversation avec les deux hommes, jusqu'alors silencieux.

- Comment vous appelez-vous ? Demanda-t-elle, mais sa question demeura sans réponse.

- Vous êtes également du village? Réitéra-t-elle, sans obtenir de réaction.

Soledad avec un pincé, fit signe à Soline d'arrêter d'importuner les deux hommes. L'un

d'eux suggéra de prendre un chemin différent de celui habituellement emprunté par les filles.

Soledad, Sceptique, demanda si ce ne serait pas préférable de continuer par la route principale,

mais l'un d'eux prit le temps d'expliquer à quel point celle-là était infestée de brigands à cette

heure tardive. Sachant qu'elles n'étaient pas familières avec cette route précise, les filles finirent

par se laisser convaincre par les hommes. Après tout, leur sécurité primait avant tout. Ainsi, ils

s'engagèrent sur un autre sentier à travers la danse forêt.

La marche semblait interminable, épuisant peu à peu les filles. La lueur des étoiles filantes

les guida dans l'obscurité, tandis que le chant des grillons emplissait l'air de mystère. Les

ombres des arbres grandissaient et se tordaient autour d'eux. Soledad resserra son écharpe

autour de son cou et marcha d'un pas déterminé, suivie de près par Soline. Leurs pas résonnaient

derrière les deux hommes.

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