Chapitre 3
Ginette, seule dans le salon, saisit son téléphone et composa un numéro.
Au bout de quelques secondes, une voix féminine la reçut au bout du fil.
– Oui, bonsoir ma chérie, répondit-elle. Où es-tu présentement ?
– Je suis à la maison, maman ! Voudriez-vous me voir ?
– Oui, je veux te voir !
– Que je vienne à la maison ?
– Oh, non ! Je veux te voir secrètement. Je viendrai devant le portail de ta maison et te ferai signe.
– D’accord, maman, il n’y a pas de problème !
Maman Exaucée raccrocha l’appel et se leva d’un bond. Elle se dirigea vers la table installée au cœur des divans et saisit la clé de sa voiture. Elle se dirigea vers la sortie. Pendant ce temps, le téléphone d’Exaucée sonnait. Elle le saisit et le décrocha.
– Oui, allô Exaucée ? Ta mère vient de me téléphoner.
– Vraiment ? Et que t’a-t-elle dit ?
– Rien de nouveau ! Elle voudrait me voir.
– Vraiment ? Et tu viens déjà ?
– Non, c’est elle qui veut venir me voir. Elle a dit que dès qu’elle sera devant le portail de notre maison, elle me fera signe. As-tu une idée sur ce pour quoi elle veut me voir ?
– Pas du tout ! Seulement que tout à l’heure, elle m’a fâchée.
– Vraiment ? Au sujet de quoi ou de qui ?
– C’est au sujet de Jo. Elle souhaite que je le quitte !
– Comment ? Lui as-tu parlé de lui ?
– Je ne suis pas du genre à lui cacher mes projets. Je lui raconte presque tout. C’était hier soir que je lui ai parlé de lui pour la première fois. Aujourd’hui encore, je lui ai parlé de lui. Et depuis hier, elle me proposait de le quitter…
– Quoi ? Mais pourquoi ?
– Belle question ! Parce que Jo est d’une classe inférieure à la mienne.
– Oh, mon Dieu ! Donc c’est tout ?
– Oui ! Elle m’a dit que les pauvres marchent ensemble et que les riches font leur chemin à part.
– Non, tant qu’il y a l’amour, elle doit te laisser aller jusqu’au bout !
– C’est le contraire qu’elle veut que je fasse.
– Alors là, ne t’inquiète pas ! Si c’est vraiment pour cette histoire qu’elle veut me voir, compte sur moi, je te soutiendrai jusqu’au bout.
– Merci ! Je sais que je peux te faire confiance !
– Ah oui, tu as ma parole ! À tout à l’heure !
– Oui, à très vite !
Exaucée raccrochait l’appel quand soudain, un nouvel appel entrait dans le téléphone de Clarisse. Elle décrocha sans attendre.
– Oui, allô, je suis en face de votre immeuble.
– D’accord, maman, un instant…
La jeune fille sauta de son lit et s’accourut vers les escaliers. Au bout de quelques secondes, elle arriva au salon où s’étaient assis son père et sa mère en plus de son frère. Elle s’approcha des siens et s’inclinant, elle demanda une permission, celle d’aller voir très rapidement la mère de sa meilleure amie.
– J’espère que c’est pour une bonne raison ! s’exclama la mère.
– Oui, elle veut juste me dire quelque chose.
– D’accord, à tout à l’heure.
– Merci maman !
Clarisse abandonna ses parents et se dirigea vers la sortie. Dévalant les escaliers, elle continua la marche jusqu’à arriver tout près du portail. Elle déverrouilla le portail et regardant à sa droite, elle aperçut la grosse hollandaise de la mère de son amie, garée. Elle se précipita à son adresse. La jeune femme, royalement habillée, baissa la vitre côté chauffeur et offrit son joli sourire à la jeune fille.
– Bonne arrivée, maman !
– Oui, Clarisse, comment vas-tu ?
– Je vais très bien, merci ! Votre présence ici me fait vraiment peur.
– Oh, il n’y a pas de quoi à s’inquiéter. Comme une bonne compagne de ma fille, je t’ai rendu visite !
– Oh, je suis vraiment comblée ! Dans ce cas, venez nous allons entrer dans la maison ! Mes parents sont tous présents pour vous accueillir !
– Oh, non, ça va, merci ! répondit la jeune femme avec un joli sourire aux lèvres.
Elle tourna son regard à sa droite avant de le ramener encore sur la jeune fille.
– Viens monter dans la voiture, je veux qu’on discute !
Clarisse, sous l’ordre de son étrangère, contourna le véhicule jusqu’à venir s’arrêter tout près de la portière. La conductrice, d’un coup automatique, déverrouilla la portière qui laissa entrer la jeune fille.
Maman Exaucée remonta toutes les vitres et cette fois, elle pouvait parler avec quiétude avec sa compagne, la meilleure amie de sa fille.
– Dis-moi, tu connais presque tout sur ma fille n’est-ce pas ?
– Euh…je peux dire oui comme je peux encore dire non parce qu’on ne se dit jamais tout.
– C’est vrai, et je pense que là, tu as vraiment raison ! Mais quand même, tu ne peux pas me dire que tu ne connais pas ses relations !
– Ses relations ? C’est vrai, j’en connais ! Mais est-ce que je connais tout ? Voilà la question la plus pertinente !
– D’accord ! T’a-t-elle une fois parlé d’un certain Joseph ou Josaphat si j’ai une bonne mémoire ?
La questionnée baissa la tête et la releva.
– Elle ne m’a jamais parlé de Joseph. Mais de Josaphat, oui ! Vous a-t-elle aussi parlé de Josaphat ?
– Oui ! Elle m’a dit que Josaphat est son petit ami ; celui qui fait ébranler son cœur.
– C’est vrai !
La grande dame acquiesça la tête pendant quelques secondes.
– Et où habite ce Josaphat ?
– Hum ? En toute sincérité, je ne sais pas où est-ce qu’il habite. Mais tout ce que je sais, ils se voient sur le campus.
– Ah, d’accord ! As-tu le numéro de ce Josaphat ?
– Non, maman, je n’en ai pas.
– Merde ! Et es-tu amie avec lui ?
– Euh…je peux dire oui comme je peux dire non ! Oui parce que nous nous saluons seulement et non, parce qu’en dehors des salutations, on ne se dit rien davantage ! Entre Josaphat et moi, tout s’arrête sur la salutation !
Maman Exaucée, fixant le plafond de la voiture, s’adosse au dossier et pousse un soupir.
– Ok ! Est-ce possible que tu me recherches son numéro s’il te plaît ?
– Euh…ce sera un peu compliqué !
– Et comment ?
– Puisque Josaphat et moi ne nous entretenons pas !
– Je comprends ta peine ! Tu as quand même l’habitude de prendre le téléphone d’Exaucée n’est-ce pas ?
– C’est rare ! Vu que le téléphone est un outil personnel que nul ne devrait toucher, je n’ai jamais eu accès à l’utilisation de son téléphone.
– Je te comprends et voici ce qu’il faut faire : dis-lui juste que tu as besoin de faire quelque chose avec son téléphone. Je connais ma fille que quiconque. Elle va accepter.
Clarisse acquiesça la tête.
– D’accord, je vais tenter voir.
– Ça me fera plaisir ! Et une chose : garde ma présence ici en secret.
– C’est promis !
– Merci ! Et ne dis rien non plus à Exaucée.
– C’est aussi promis.
– Merci ! Viens prendre ce billet de cinq mille francs pour acheter quelque chose.
– Oh, merci maman ! Vous pouvez laisser.
– Je sais que tu n’en as peut-être pas besoin, mais accepte-moi ça !
La jeune fille observa silencieusement sa bienfaitrice et lui murmura : « merci maman ».
– Je t’en prie. Allez, porte-toi bien ma chérie !
– Merci maman !
Clarisse se tourna et ouvrit la portière. Elle descendit du véhicule et souhaita ses adieux à sa visiteuse.
Retournant à son portail, elle appuya sur le poignet et monta sur la cour. Elle dévala le peu de superficie qui conduisait vers la chambre. À peine qu’elle arriva dans sa chambre, elle composa le numéro de son amie. En quelques secondes seulement, cette dernière décrocha.
– Ta mère vient de partir !
– C’est bien ! Dis, qu’est-elle venue te dire ?
– Elle m’a demandé de lui parler de tes relations. Lorsque je lui ai dit que je n’en sais aucune, elle m’a demandé si tu m’as une fois parlé d’un certain Josaphat !
Clarisse prit une pause avant de continuer.
– A sa question, j’ai répondu oui. Parce que tu sais que c’est la vérité que j’aime !
– Oui, je te suis, ma chérie !
– Donc j’ai été claire et véridique avec elle. Je lui ai dit que Josaphat est l’homme qui fait battre amoureusement ton cœur. Elle m’a ensuite demandé où est-ce que ce Josaphat habite ! Mais là, je lui ai dit que je ne sais où est-ce qu’il habite et que vous avez l’habitude de vous croiser sur le campus. Je sais que là, j’ai menti ! J’ai commis ce crime pour non seulement ton bien-être mais aussi pour la sécurité de Josaphat parce que je ne saurais deviner où est-ce que ta mère en venait.
– Non, je te comprends et je te remercie pour ce geste.
– Et ce n’est pas tout ! Vu que je lui ai dit que je ne connais où est-ce qu’il habite, elle m’a demandé si je dispose du numéro de Jo. Là, je lui ai également dit non. Parce que si j’acceptais, c’est sûr qu’elle me demanderait de lui en donner. Or, je ne peux en aucun cas divulguer des informations sur qui que ce soit sans le consentement de ce dernier car, lorsqu’un malheur viendrait à ce dernier, j’en serais mêlée.
– Merci beaucoup pour ta sagesse et pour ton intelligence.
– Merci ! Et ce n’est pas encore fini ! Elle m’a enfin demandé de lui renseigner le numéro de Jo.
– Quoi ? Et pour en faire quoi ?
– Je n’en ai aucune idée ! Et de grâce, lorsqu’elle sera de retour, tu devras faire tout pour qu’elle ne lise pas à travers tes réactions que je t’ai mise au courant de quoi que ce soit. Parce qu’à la fin, elle a demandé que je garde notre discussion secrète. Ce qui veut dire qu’elle ne voudrait pas que tu en sois informée. Et là, Il faut que je t’avertisse : c’est une lutte très farouche qui veut déclencher. Tu dois beaucoup t’armer. Dans cette lutte, tu seras l’actrice et Josaphat sera le chef bandit. Moi, je serai à l’intermédiaire de cette farouche lutte. Mais crois-moi, je te soutiendrai et au finish, tu seras la gagnante !
– Merci beaucoup, ma chérie !
– Je t’en prie ! Et pour finir, en partant, ta mère m’a donné un billet tout neuf de cinq mille francs. C’est un geste indirect pour me dire que j’aurai de grand-chose à accomplir dans cette bataille levante. J’ai déjà compris le jeu.
– Merci beaucoup ma chérie ! Je n’ai jamais regretté de t’avoir comme amie.
– C’est Dieu qui nous a unies. À très bientôt, ma chérie !
– Merci ! Bien de choses à la famille.
– Je n’y manquerai pas ! Bisou et porte-toi bien !
Exaucée raccrocha l’appel et immédiatement, composa un nouveau numéro. Lorsque son correspondant décrocha, elle lui demanda s’il a déjà pris son repas de midi.
– Oui, j’ai déjà mangé ! Tu avais pourtant dit que tu allais me dire la raison pour laquelle tu n’étais plus venue hier !
– C’est vrai ! Mais ce matin quand j’ai été de passage chez toi, tu n’es pas sans savoir que j’étais en retard !
– C’est vrai ! Je pensais que tu pouvais me le dire maintenant, c’est la raison pour laquelle je t’ai fait le rappel !
– Oh, je vois ! En fait, hier, maman ne voulait pas que je sorte. J’ai procédé par tous les moyens pour qu’elle me laisse aller mais c’étaient des peines perdues. Après tout, je pense qu’elle avait raison. Peut-être que c’était un malheur qu’elle me faisait éviter. Sinon, d’habitude, quand je lui dis que je veux sortir, elle ne me l’empêche jamais. Mais hier, elle ne m’a pas laissé sortir. Mais tu sais ? Puisque tu n’as pas mangé avant de dormir, moi aussi, je n’avais pas mangé…
– Mais comment tu peux faire une chose aussi ridicule !
– Non, il me faut ça ! Josaphat, tu ne peux pas imaginer l’amour que j’ai pour toi. Si c’était possible d’ouvrir le cœur et de lire le pourcentage d’amour que l’on a pour son partenaire, je ne suis pas sûre que tu oserais me tromper. Je t’aime plus que moi-même. Partout où je suis, je n’arrête de prier pour toi. Chaque matin que je me réveille, tu es la première personne à qui je prie. Je m’oublie d’abord et prie d’abord pour toi. Je demande toujours à Dieu de t’assister dans tes souffrances et je fais confiance à mon Dieu. Je sais qu’il ne t’abandonnera pas, sois certain et très sûr ! Josaphat, je t’aime plus que moi-même. Ma prière, c’est de t’avoir un jour à mes côtés. Oui, passer le reste de ma vie à tes côtés, sous ta chaleur. Je veux que tu sois le père de mes enfants et moi, la mère de tes enfants. Je veux que tu sois cet homme qui m’appellera épouse et toi, l’homme que j’appellerai époux. Je veux que nos enfants soient heureux de nous voir ensemble. Je veux que nos enfants soient heureux de nous avoir comme des parents. Jo, c’est sous ta chaleur que je souhaite vieillir. Promets-moi que tu ne me décevras pas…
La jeune fille prononçait cette dernière phrase lorsque la porte de la chambre claqua et laissa pénétrer sa mère.
