Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

l'ombre du passé

_Partie 5_

J’entends beaucoup de bruit. Mais où suis-je donc ?

J’essaie d’ouvrir les yeux mais la lumière qui me frappe aux yeux m’oblige à les refermer presque immédiatement.

Je fais un effort et je les ouvre petit à petit. Quand mes yeux s’habituent enfin à la lumière ; je balaie l’endroit où je suis du regard.

Je vois plusieurs lits alignés les uns face aux autres en 2 rangées. Je comprends que je suis dans un hôpital à voir les perfusions et les gens à l’agonie qui occupent les autres lits.

- Eeehhh ya Aïda, olamuki (tu t’es réveillée)

Je me suis tournée vers la droite et j’ai vu Lydia. Une petite du quartier qui vivait pas loin de chez Sandra.

Sandra!

Aussitôt, tous les souvenirs de ce qui s’était passé euh… euh… on est quand déjà ? et comment je me suis retrouvée ici ?

(La conversation se passe en lingala)

- Oh! Bonjour mademoiselle, me dit une infirmière qui venait d’arriver aux côtés de Lydia

- Moi : Euh, bonjour

Elle : Comment vous vous sentez ?

Moi : J’ai mal partout.

Lydia : normal hein avec la baston que t’as reçu hier.

La baston?! Oh mon Dieu!

Automatiquement mes mains se posent sur mon ventre.

Infirmière: il va bien, ne vous inquiétez pas.

Je pousse un soupir de soulagement quand j’entends cela.

Infirmière: Le docteur va bientôt arriver et il s’occupera de vous.

Moi: Ok, merci

* *

* *

* *

Quelques jours plus tard

Moi: Doucement Lydia

Elle m’aide à m’asseoir tant bien que mal sur le fauteuil puis elle va dans la chambre déposer mes affaires.

Elle revient quelques minutes plus tard et se dirige à la cuisine. Je la regarde faire sans rien dire. Depuis que je suis à l’hôpital, elle vient me voir chaque jour et m’apporte à manger. Elle s’occupe de moi et je me demande bien pourquoi.

A part des petits «Bonjour » quand on se croise, elle et moi n’avons jamais eu de relations plus cordiales.

Je ne pense pas qu’on se lève un bon matin pour se découvrir une âme de bon samaritain juste comme ça?

Hum! Il faut que j’en aie le cœur net.

Moi: Lydia

Elle, depuis la cuisine: Oui ya Aïda

Moi: Viens un peu s’il te plaît!

Elle sort de la cuisine et vient devant moi. Je lui demande de s’asseoir et elle prend place sur le fauteuil en face de moi.

Moi: Lydia

Elle : oui ya Aïda

Moi : D’abord je voudrais te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi ces derniers jours.

Elle : Ah! Ce n’est rien Yaya, tu n’as pas besoin de me remercier pour ça.

Moi : Hum! Comment ne pas ? pourtant à part bonjour-là qu’on se dit, il n’y a rien d’autre entre nous.

Elle: Ah ! Ya Aïda, tu ne fais que me dire bonjour mais on vit ensemble dans ce quartier depuis longtemps et je te connais, même si c’est seulement de loin mais je t’apprécie beaucoup Ya Aïda.

Moi: Merci beaucoup ma chérie mais tu as à peine 15 ans, où trouves-tu l’argent de me faire à manger à chaque fois? Et puis l’argent pour les médicaments et les frais d’hôpitaux? Où as-tu trouvé tout cet argent?

Elle : Euh…

Moi: Lydia, ne me mens pas, dis-moi où as-tu eu tout cet argent?

Elle : Bon, Ya Aïda pardon faut .rien dire hein, mais c’est tonton Caleb qui m’a donné ça pour toi.

Moi étonnée: Tonton Caleb? Qui c’est?

Elle: Ah! Mais la personne qui t’a sauvé quand ya Samba non…

Moi, la coupant: Oui mais c’est qui? Moi je ne le connais pas.

Elle: Ah! Il est un peu nouveau dans le quartier hein ; il vit dans notre cour là-bas.

Moi: Ca fait combien de temps qu’il est au quartier?

Elle: Ca fait déjà 8 mois comme ça hein.

Moi: …

Elle: Mais Ya Aïda, si tu vois comment il est beau, nooonnnn; on se demande seulement s’il n’est pas tombé du ciel parce que sa beauté là, moi je n’ai jamais rencontré un gars comme ça ici.

Moi: …

Elle: Mais Ya Aïda, si tu vois comment il est beau, nooonnnn; on se demande seulement s’il n’est pas tombé du ciel parce que sa beauté là, moi je n’ai jamais rencontré un gars comme ça ici.

Moi: A 15 ans comment toi tu peux savoir ça?

Elle: Oh! Mais toutes les filles dans le tierqua (quartier) ne font que se battre pour lui, on l’a même surnommé «Dicap la merveille» (Surnom de Fally Ipupa) tellement il ressemble à un beau diamant.

Moi : Krkrkr t’es folle Lydia, un beau diamant ? Carrément! Krkrkrkr Mais sinon, j’ai déjà entendu parler d’un certain «Dicap la merveille » qui faisait des ravages auprès de la gente féminine du tierqua (quartier).

Elle: Eh! Ya Aïda, tu le verrais toi-même tu comprendras seulement pourquoi toutes les gos deviennent catcheuses professionnelles là.

Moi: Mais lui aussi, il ne peut pas faire un choix dans tout le lot là?

Elle: Ah! Ya Aïda, est-ce-qu’il les regarde même? Tonton Caleb ne se préoccupe que de sa boutique.

Moi: Il a une boutique?

Elle: Oui, c’est quand tu descends un peu vers le marché de Songi-Songi (songi-songi : personne qui ne fait que colporter des choses sur les gens, qu’elles soient vraies ou fausses), il y a une grande boutique à côté du magasin des Libanais-là qui sortent avec Ya Sandra.

Moi: Oui je vois où c’est. Mais pourquoi depuis là il n’est pas venu me voir lui-même?

Elle: Moi je ne sais pas hein Ya Aïda

Moi: Ok, tu peux rentrer travailler.

Je suis restée là à cogiter. Je ne le connaissais même pas ce Caleb; alors pourquoi faisait-il preuve d’autant de bonté à mon égard?

Mais bon, je ne vais pas me plaindre aussi. Je profite juste parce que tout ça ne va pas durer indéfiniment et avec Samba qui n’est plus là, je ne sais vraiment pas comment je vais faire. Je ne peux faire aucun travail avant un bon bout de temps à cause de mes côtes cassées.

Samba avait déjà levé la main sur moi par le passé, mais cette fois c’était la fois de trop. A cause de lui j’avais même failli perdre mon bébé et ça, je ne pouvais laisser passer.

Il était clair que je mettais une croix sur lui. Il pouvait rester chez sa pute de Sandra aussi longtemps que ça lui chanterait, je n’en avais rien à foutre.

La journée se passa ainsi calmement jusque vers 21 heures où j’aperçus le petit Simon (cfr partie 3) entrer dans mon salon avec un sachet contenant quelques fruits en main.

Moi, en prenant les fruits: Eh, merci Simon

Lui: C’est de la part de Ya Caleb; il dit qu’il est désolé mais il est occupé donc il ne peut pas passer te voir lui-même.

Moi : Mais votre Caleb il se fait trop mystérieux comme ça, c’est quoi?

Lui: Non la grande, quand il aura du temps, il viendra te voir, faut même pas t’inquiéter pour ça!

Moi: Ok, sinon mon petit quelles sont les nouvelles?

Simon était un peu la radio-trottoir du quartier. Il savait tout sur tout le monde. Des hommes mariés infidèles aux brigands et autres qui vivaient dans le quartier, Simon savait tout et tout le monde savait que si on avait besoin d’informations, il fallait s’adresser à lui.

Lui: Ah la grande, il y a Maman Bea qui a attrapé son mari avec sa petite nièce qui venait du village dans les toilettes l’autre jour là.

Moi: Mamoo donc elle les a enfin chopé?

Lui: Bien même, fallait voir comment elle trimballait son mari dans tout le quartier en appuyant bien sur ses bijoux de famille.

Moi : Krkrkr pauvre papa Mboko, il souffre avec une femme pareille hein.

Lui: Ah, mais pas étonnant qu’il aille voir ailleurs, parce que la Ma’Bea là est trop méchante.

Moi : lol peut-être mais bon, le mari aussi, avec la nièce de ta femme? Une petite fille de 17 ans pour un vieux papa de 55ans comme lui, il n’a pas honte?

Lui : Krkrkr l’amour n’a pas d’âge ooh Ya Aïda.

Moi : Krkrkr quel amour ça?

On a papoté ainsi jusqu’à ce que la porte du salon s’ouvre dans un grand fracas, ce qui me fit peur.

Samba se tenait devant moi, les yeux remplis de colère, mais surtout très rouge. Ce qui voulait dire qu’il avait fumé du chanvre il n’y a pas longtemps. Il respirait fortement et j’avais tellement peur là où j’étais assise que j’étais à deux doigts de pisser dans mes vêtements.

Lui: Je peux savoir où tu étais passée tout ces derniers jours?

Je ne sais pas comment mais la peur que je ressentais fut immédiatement remplacée par une colère sans nom.

Moi: Attends, tu te fous de moi? Hein Samba, tu te fous de moi?

Lui: Donc pendant que je ne suis pas là, tu te comportes comme une pute? C’est ça ?

Moi: Ecoutes, retournes chez Sandra et oublies que j’existe!

Lui: C’est ta maison ici ?

Moi: Parce que c’est la tienne peut-être?

Lui: En plus de faire la pute tu fais l’impolie hein, je dis tu sors de chez moi et tout de suite.

Moi: Tu es fou Samba? Tu as fumé du chanvre avant de venir me chercher querelle? Pardon, je ne veux pas de problèmes, rentres tranquillement chez ta femme et fous moi la paix, espèce de vagabond.

Lui: C’est moi que tu traites de vagabond? Moi Samba? Sous mon propre toit en plus de cela?

Tout s’est passé tellement vite. J’ai juste eu le temps de voir Samba bondir sur moi et l’instant d’après, une pluie de coups s’abattait partout sur mon corps mais surtout sur mon visage.

Moi : Sniff pardon ooh sniff Samba pardon!

Lui: Pardon hein? Pardon hein? Tu verras ça aujourd’hui.

Simon était parti dès que Samba avait fait son apparition. Qui allait me secourir encore? J`e n’arrêtais pas d’implorer son pardon mais ce sont des insultes et des menaces que je recevais à la place.

Le pire fut quand il se mit à déchirer mes vêtements. Mon Dieu, il allait me violer. Seigneur! Pas encore. Pas encore mon Dieu.

Moi : Sniff ne fais pas ça!

PAFFFF

Lui : Tais-toi!

Il défit sa ceinture et me tira brutalement par les jambes vers lui. Je criais, me débattais, appelais à l’aide, mais rien que l’écho de nos murs me répondait.

Au bout d’un moment, je me suis résignée. J’ai arrêté de me débattre, de crier, d’appeler à l’aide. Seules mes larmes coulaient pour témoigner de l’horreur que je ressentais au fond de moi en ce moment.

Quand je reportai mon regard vers lui, il arborait un sourire carnassier et son pantalon était baissé jusqu’au niveau de ses genoux. Il tenait sa bite déjà fièrement redressée entre les mains et la caressait d’une façon obscène qui me donnait juste un haut-le-cœur.

Je fermais les yeux pour ne garder aucune vision dans ma tête de l’acte infâme que Samba allait commettre sur ma personne.

Juste au moment où je le sentis à l’entrée de mon antre, j’entendis le bruit d’un verre qui se brisait et la seconde d’après, le corps de Samba qui retombait de tout son long sur moi.

J’ouvrai donc mes yeux et je vis un homme qui ne laissa le temps ni à moi, ni à Samba de se ressaisir puisqu’il l’empoigna par le cou et le projeta à l’autre bout du salon.

J’en profitais pour remonter mon pagne afin de couvrir mon corps. Simon qui se tenait dans l’entrebâillement de la porte se dirigea vers moi pour me demander si tout allait bien. Mais aucun son ne sortait de ma bouche. j’étais encore sous le choc et j’avais la tremblotte. J’étais comme absente.

Je ne sais pas ce qui s’est passé ensuite. J’ai juste vu 3 policiers entrer une dizaine de minutes plus tard et passer les menottes à Samba.

L’un d’eux s’est approché de moi et m’a demandé si je voulais porter plainte, mais j’étais toujours absente. Rien ne traversait mon esprit, à part… Seigneur! Il allait me violer… Il allait me violer mon Dieu

Sniff!

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.