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L'ombre du passé

Partie 3 _

Trois hommes firent leur entrée dans mon salon. Deux etaient en tenue militaire et un en tenue civile. Je pris peur à leur vue.

- Moi : Bonjour messieurs, puis-je vous aider?

- Homme 1 : Bonjour madame, je suis l’agent Masumbuko de la brigade criminelle, nous cherchons un denommé Samba Musau. Vit-il ici?

- Moi balbutiante : Euh… Euh

Dites moi, que je reponde quoi là? Qu’est-ce-que Samba a bien pu faire pour avoir carrement la brigade criminelle à ses trousses?

- Deborah : Oui messieurs, il vit ici

-Moi : Y a-t-il un problème?

-Agent Masumbuko : Non non, nous avons juste quelques questions à lui poser

Hum, depuis quand dans ce pays on ne fait que poser des questions? Non mais ce type se croit dans les experts ou quoi?

-Moi : Je suis désolée mais il n’est pas là en ce moment, il a dû voyager hier car sa mère est malade au village

- Deborah : o_o

Mama pardon, tais-toi seulement, on va régler ça après.

- Agent Masumbuko : Cest vrai? Pourtant une de vos voisines nous a dit l’avoir vu sortir tôt ce matin

- Moi : Elle a dû se tromper

- Agent Masumbuko : Vous en êtes sûre? Si vous nous mentez cela peut être grave, on peut vous arrêter pour entrave à la justice

Tchiup !

- Moi : Je vous dis la vérité, je ne suis pas une menteuse M.

- Lui : Je n’ai jamais rien dit de tel mais puis-je vous demander quel est votre lien avec le denommé Samba?

- Moi : Et moi puis-je savoir quel genre de questions comptiez-vous poser à Samba?

- Lui un sourcil levé : Vous êtes bien insolente jeune fille

Je veux repondre mais Deborah m’en dissuade d’un clignement d’œil. Tchrrr. Elle a quand même raison parce qu’avec les militaires, vaut mieux ne pas les provoquer.

- Lui : Nous partons, mais dès que M. Samba sera de retour, dites-lui de venir au poste de…

- Moi : D’accord

Ils ressortirent sans même nous accorder au revoir. Tchiup, des gens mal élévé comme ça.

- Deb : Ma copa, ton gars là finira par t’emmener des problèmes je te dis

- Moi : Ah! Deborah, il a fait quoi à qui pour m’emmener des problèmes?

- Deb : Toi ce n’est vraiment pas la peine hein, parfois j’ai même envie de te frapper

- Moi : Deborah, Samba est mon gars et je n’ai que lui sur cette terre, donc tout le bruit que tu me fais là maman, c’est zéro

- Deb : tchiup

Elle detourna son attention de moi et préfèrai se reconcentrer sur la télé.

Pendant ce temps, je ne suis vraiment pas tranquille. Mais que veut donc dire tout ceci? Qu’est-ce-que Samba a bien pu faire de si grave au point qu’on vient le chercher même jusqu’à la maison? Mon Dieu!

Ce n’est pas un honnête citoyen, c’est vrai et je le sais. Les fois où il a volé et qu’il s’est fait prendre, ça s’est limité uniquement sur les lieux et il a reçu des coups, de bonnes bastilles; ou encore quelques jours voire quelques semaines derrière les barreaux mais jamais encore je n’avais eu à recevoir la visite de la police.

Dans quoi ce vagabond qui me servait de compagnon s’était-il encore fourré Seigneur?

Toute la journée je ne fus pas tranquille. Et Samba ne trouva rien de mieux à faire que de ne pas rentrer ce jour-là. Mes questions restèrent donc sans réponses, ce qui ne fit qu’augmenter mon irritation envers lui.

Je ne m’inquiétais pas du tout du fait qu’il ne rentre pas cette nuit parce que ça lui arrivait de passer des nuits dehors.

Dans le meilleur des cas, il était soit dans un bar avec ses amis ou soit entre les jambes d’une pute. Dans le pire des cas par contre, il devait être tombé sur un coup foireux et là son absence pouvait durer jusqu’à trois jours avant que je n’aie la moindre nouvelle de sa part.

Quand au bout de trois semaines je n’eus aucune nouvelle de lui ni de ses amis avec qui il était tout le temps fourré dans les sales coups, je me mis à m’inquiéter. Le pire ce que je ne savais même pas où chercher.

En plus je devais aller voir le médecin pour ma visite prénatale mais je n’avais aucun sou. Et ça c’était sans compter l’argent du loyer que la bailleresse me réclamait chaque jour à coups d’insultes devant les autres voisins.

Je décidai de demander de l’aide à Deborah pour retrouver Samba. Bien qu’elle fut réticente au début, elle accepta neanmoins de m’aider.

Une semaine plus tard, toujours pas de nouvelle de ce cher Samba et le peu d’argent qui m’avait permis de pouvoir au moins tenir côté nourriture s’estompa aussi vite qu’une poignée de poussière emporté par le vent.

Je décidai d’aller voir Maman Aimée afin qu’elle m’aide si elle pouvait. Mais je n’aurais pas dû.

Quand je suis arrivée, les cousines de Samba me toisèrent d’abord bien comme il faut. Je n’en fis pas cas et demandais plutôt après Maman Aimée (la mama kulutu: qui signifie grande soeur de la mere). Je l’attendais donc débout devant le portail puisque on ne m’avait pas invitée à entrer.

J’étais en train de regarder les guenilles que j’avais sur le corps quand le portail s’ouvrit à nouveau et que je vis Maman Aimée en sortir.

Maman Aimée était une femme dans la cinquantaine, bien en chair comme la majorité des mamans Congolaises de son âge. Son visage était déjà rongé par les effets du tshoko que les gabonnais appellent kwandza (effets nefastes des produits eclaircissants sur la peau). Mais elle ne perdait pas moins de ses airs hautains.

A sa suite il y avait Mimi et Olga, ses deux filles ainées qui me toisèrent encore une fois. Cette fois-ci elles etaient toutes les deux drapées dans de jolis vêtements qui contrastaient parfaitement avec la façon qu’elles avaient de me regarder de haut.

Encore une fois je n’en fis pas cas car après tout j’étais là pour quelque chose de bien précis. Et comme disait mon père «La main qui démande est toujours en-dessous de celle qui donne».

- Moi : Mboté Maman Aimée (Bonjour)

Elle se contenta d’un signe de tête accompagné d’une moue dédaigneuse pour répondre à ma salutation. Je n’en tins pas compte et continuais plutôt.

- Moi : Maman un mois yango oyo Samba azo monana te, na ndaku pe kuna naza ata n’eloko moko te, na ye kosenga yo soki okoki salisa nga ata na mua muke maman po deux jours yang’oyo na lie ata eloko te (Maman ça fait un mois que Samba a disparu, à la maison aussi je n’ai absolument rien, je suis venue demander si tu pouvais m’aider avec un petit quelque chose maman parce que ça fait deux jours que je n’ai absolument rien mangé)

Elle me détailla des pieds à la tête avec sa moue dédaigneuse qui ne l’avait pas quitté depuis qu’elle avait franchi son portail.

- Elle : Na lobi hein, esi omona nga epayi na yo? (Je dis ein, m’as-tu déjà vu chez toi?)

- Moi :Te maman (Non maman)

-Elle : Sikoyo yo ozo sala nini epayi na nga? En plus, to bala yo ata té, yo moko okenda komikotisa naki «yaka to vanda » na kuluna wana ya Samba, sikoyo epayi na nga oye koluka nini? (Mais alors, que fais-tu chez moi? En plus, on ne t’a même pas épousée, tu es toi-même allée t’embourber en concubinage avec ce voyou de Samba, maintenant qu’es-tu venue chercher ici?)

Mimi et Olga ricanèrent avant de se taper les mains. J’allais exploser mais je me retenais. Fallait pas. Je n’avais pas vraiment le choix après tout.

- Elle s’addressant à ses filles : Allez dans le congélateur et prenez moi deux poulets et venez lui donner, j’ai pas envie qu’on vienne me traiter de mauvais cœur à cause des moins que rien comme ça

Ah ! Seigneur, qu’est-ce-qu’on ne subit pas quand on est pauvre.

J’aurais préféré être face à ces gens qui font semblant de compatir un tant soit peu alors que dans le fond ils n’en ont rien à foutre de vos problèmes, mais Maman Aimée non seulement ne se cachait pour faire savoir que vraiment elle en avait rien à foutre, mais elle ne se cachait pas non plus pour cacher sa meprise pour les gens pauvres.

Que vous soyez de sa famille ou pas, si vous êtes pauvre, pour Maman Aimée vous ne meritez même pas une seule minute de son temps.

Alors comprenez qu’elle insulte son propre neveu sans gêne. Alors imaginez moi qui n’ai aucun lien de sang avec elle. C’est pour vous dire…

Mimi et Olga revinrent quelques minutes plus tard avec un sachet où se trouvait deux poulets qu’Olga me tendit en me toisant.

Maman Aimée ouvrit son porte-monnaie et me tendit deux billets de 1.000 F.C.

Avec cet argent je pouvais à peine tenir deux jours, mais pouvais-je seulement le lui signifier sans recevoir une insulte cinglante de sa part? Je me contentai donc de la remercier. Merci auquel elle ne prit même pas la peine de répondre sauf pour me dire :

- Je n’ai plus rien, donc ce n’est pas la peine de revenir, vas plutôt chercher ton voyou de copain je ne sais où pour qu’il règle tes problèmes

J’encaissai le coup sans rien dire. Je tournai juste les talons et m’en allai sous les pamphlets de maman aimée et ses filles.

Il devait être 22 heures 30 et j’avançais tranquillement vers la maison quand la sonnerie de mon téléphone se mit à retentir. Je le pris dans ma poche et vis afficher le nom de Deborah. Elle était allée rendre visite à sa mère la semaine passée et c’était son premier appel depuis son départ.

- Moi : Allô Deby

-Elle : Ma copa, ça va ?

- Moi : Ah! Maman, ça va aller comment? Toi-même tu sais quelle est ma situation en ce moment

- Elle : Je sais ma co, et désolée de ne pas avoir fait signe depuis mais j’ai une bonne nouvelle pour toi

- Moi : Ah oui? Laquelle ?

- Elle : Tu connais le petit Simon qui vit en bas du côté de la mosquée ?

- Moi : Oui oui, je le connais

- Elle : Eh bien, hier il m’a appelé pour me dire qu’il avait aperçu Samba

- Moi : Où ça ?

- Elle : Chez Sandra

HEIN !?

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