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Chapitre 3

Audrey pleurait et Jean, face à cette situation déchirante, manquait de mots. Les larmes s’efforçaient à s’exploser de ses orbites mais le jeune homme se forçait à son tour à les repousser.

– Je suis très désolé pour toi, sœur Audrey ! murmura-t-il, d’un ton triste.

La malheureuse se moucha et s’essuya le visage et fixa de nouveau son interlocuteur.

– Bien que j’aie vu cela, je n’ai rien dit. Mais à cause de cette situation, j’ai passé deux bonnes nuits blanches car, la situation m’avait dépassée. Oui, je n’ai jamais imaginé que Philippe pourrait me faire ça un beau jour. Après plusieurs heures et plusieurs jours de réflexion, j’ai trouvé qu’il avait raison. Après le mariage, il faut des enfants. Puisque j’en suis incapable, c’est bien normal qu’il se cherche ailleurs. Jusqu’aujourd’hui où je te parle, Philippe ne sait pas que j’ai déjà découvert à travers son téléphone qu’il sort avec une autre femme. Parce que ce jour-là, ayant vu le nom s’afficher sur son écran téléphonique, j’ai calmement déposé le téléphone et suis sortie de la chambre à coucher. Lorsque le téléphone a sonné plusieurs fois sans réponse, l’appareil s’est tu. Au retour de la douche, il n’a pas osé rappeler le numéro. C’est lorsqu’il s’approchait de sa voiture dans la cour que je l’ai vu en train de rappeler le numéro. Je me suis dit que c’est par respect qu’il n’a pas osé rappeler sa maîtresse dans la chambre, de peur que je l’entende ou le surprenne en train de me tromper. Chose bizarre, il m’a envoyé un message écrit hier soir via télégramme, me demandant le divorce.

La jeune femme prit de nouveau une pause et s’explosa en larmes.

– Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça, frère Jean ? Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai tout sacrifié pour cet homme. À cause de lui, j’ai abandonné ma fonction au sein de l’entreprise de mon père parce qu’il me l’a imposé. Avec des larmes aux yeux, j’ai abandonné mon travail. Lorsque mon père m’a demandé la raison de ma démission sans préavis, je n’ai trouvé aucune raison à donner. J’avais du mal à dire à mon père que c’est l’homme qui m’a prise pour épouse qui m’impose à quitter son entreprise…

– Mais pourquoi ?

– Le gars était jaloux ! Il a dit que si je continuais à aller travailler, j’allais finir par me considérer comme chef au foyer…

– Mais c’est dingue !

– Vraiment ! Et me rappelant de la prophétie de ma mère qui disait que Philippe allait me répudier tôt ou tard, j’ai dû céder à sa décision en mettant terme à ma vie professionnelle. J’ai pleuré pendant plusieurs semaines, demandant pardon à Philippe pour qu’il me laisse continuer mon travail mais sa décision a été irréversible et absolue. Voilà comment je suis devenue sa pauvre femme de ménage. C’est vrai que je n’ai jamais manqué de quoi manger ni de quoi me vêtir, mais en toute sincérité, je n’ai plus jamais le nécessaire. Le nécessaire qu’il me faut pour la vie, c’est l’argent provenant de ma propre sueur. Je n’en ai pas. C’est vrai que je mange à ma faim mais ce n’est pas le nécessaire de ma vie. J’aime aider les pauvres, les démunis, les orphelins, les veuves et tous ceux-là qui manquent d’assistance. Voilà que je n’entreprends rien, avec quoi vais-je secourir les autres ? À cause de Philippe, j’ai perdu l’estime de mon père et de ma mère.

Une fois encore, la jeune femme se fondit en larmes.

– De mon mariage avec cet homme, j’ai retenu qu’il ne sert à rien de rejeter ses parents pour accepter dans sa vie, un instru qu’on ne connaissait jamais ni d’Adam ni d’Ève. Et non seulement cela, j’ai aussi retenu comme leçon que parmi les promesses, il y en a qui sont fausses. Sinon, dans ce monde, Philippe m’a promis la persévérance et l’endurance. Aujourd’hui, nous voici.

Audrey baissa sa tête sur les genoux et commença à pleurer fortement et à haute voix. Elle pleurait comme si elle venait de se souvenir de quelque chose qui lui a déchiré le cœur.

Jean, devant cette situation, continuait de ne pas avoir les mots. Il cherchait au fond de lui ce qu’il fallait faire ou dire, mais toujours était-il qu’il ne savait vraiment pas que faire.

– Sœur Audrey, appela-t-il, devant une telle situation très délicate, je ne peux que t’exhorter à la patience. Je sais que c’est trop fort. Mais s’il te plaît, relaxe, je vais voir monsieur Philippe. Il est homme et moi aussi, je le suis. Nous pourrons nous comprendre. Une fois encore, je t’en prie, cesse de pleurer. Je pressens tes douleurs mais pour l’amour de Dieu, calme-toi ! Ne pleure plus. Je ferai de mon mieux pour le voir. Tu auras une suite dès demain.

Audrey releva la tête et fixant son compagnon, murmura : « Je ne comprends pas pourquoi la nature est parfois contre les âmes innocentes ».

– Sinon, quel péché ai-je commis pour que la nature me prive de sa grâce ? Quel péché ai-je commis, mon Dieu ? Quel péché j’ai commis…

Les larmes coulaient des paupières de la jeune femme comme de l’eau.

– Mais je laisse tout à Dieu ! ajouta-t-elle en essuyant le visage du revers de la paume de sa main droite.

– Enfin ! Je suis très content de ton courage.

– Dieu fera, et je ne pleurerai plus assez !

– Ça me fera énormément plaisir, sœur Audrey. À présent, je vais demander le chemin.

– D’accord, merci beaucoup pour l’assistance !

– Je t’en prie. À demain !

– Merci ! Il faut saluer Inès et sa mère de ma part.

– Je n’y manquerai pas, à demain.

Jean se leva et se dirigea vers la sortie. Il monta sur sa moto et la démarra.

Dans la chambre, Audrey, assise à la même place, regardait dans le vide. Soudain, une voix intérieure murmura en elle : « Ma fille, ne te l’avais-je pas dit ? Mais tu avais pourtant été prévenue ! Je t’avais déjà prévenue que le moment allait arriver et celui que tu es en train de considérer pour homme de ta vie allait te renier. Il dira qu’il ne te connaît pas. Et pour avoir la paix, il allait te répudier afin de finir complètement avec toi. La chose la plus ridicule et la plus pire dans la situation serait que, même si tu roules par terre pour lui demander pardon ou des excuses, il ne va jamais te reprendre. Et la meilleure des choses dans la situation, c’est après avoir quitté son toit que tu recevras ta délivrance. Beaucoup de choses vont te revenir. Beaucoup de choses vont entrer dans ta vie ».

Audrey, sursautant sur elle-même, elle afficha un air étonné.

– Maman, se dit-elle, je suis désolée pour tout.

Involontairement, larme chaude lui perla l’œil gauche et franchit sa joue gauche.

– Les conséquences corrigent mieux que les restrictions. Si seulement je t’avais écoutée, je ne serais pas à cette étape. C’est l’amour qui m’avait aveuglée. Mais maintenant, j’ai pu comprendre quelque chose. Oui, mon entêtement m’a conduit au pays de "si je savais". Oui, si je savais, je t’aurais écoutée pour éviter le pire.

La jeune femme se leva et se dirigea dans une direction. Celle-ci la conduisit à la salle de bain où elle tourna la poignée pour en prendre d’eau. Avec cette eau, elle se débarbouilla. Lorsqu’elle eut finit, elle se regarda dans le miroir et se promit une chose : « Je promets de ne plus pleurer », se dit-elle.

– Regardez comment mes yeux ont rougi, ce n’est pas vrai ! s’exclama-t-elle.

Seule dans la chambre, elle se mit à secouer la tête.

– Non, il faut que j’arrête de pleurer. C’est vrai qu’il est des situations déchirantes mais ce n’est pas une raison de pleurer. Je ne vais plus pleurer. Je serai désormais forte.

Ceci dit, elle se retourna au salon. Allant saisir la clé de sa moto sur la table, ses yeux croisèrent la grande photo de mémoire, celle de son mariage avec son époux et de nouveau, les larmes s’éclatèrent sur ses yeux. Ce souvenir lui était insupportable. Cette fois, de grosses gouttes de larmes versaient de ses orbites.

***

Le temps de la nuit dans le ciel avait expiré.

À la veille, Jean avait pris un rendez-vous avec le pasteur de l’église qu’il fréquentait avec son épouse. Le rendez-vous était prévu pour dix heures. Lorsque l’heure s’approchait, Jean s’était apprêté et bien qu’étant dorénavant un homme sans travail, avait demandé à son épouse, la permission d’aller voir l’homme de Dieu pour discuter du thème dont eux deux avaient parlé à la veille.

– Il n’y a pas de problème, répondit maman Inès. Mais de grâce, sache manipuler les mots pour que ce monsieur ne t’envie pas au final !

– C’est entendu, ma chère épouse.

– Merci ! En attendant, je vais aussi appeler sœur Audrey et apprendre de ses nouvelles. Dès que j’aurai fini mes devoirs domestiques, je vais lui rendre visite avant de revenir continuer la commande que j’ai.

– Oui, fais ainsi ! À très bientôt !

– Oui, à tout à l’heure.

L’homme se dirigea vers la cour, abandonnant son épouse qui composait à son tour un numéro sur son téléphone.

Lorsque la tisserande finit de composer le numéro, elle effectua l’appel. Au bout de quelques secondes, sa correspondante décrocha.

– Oui, allô, madame pasteur ?

– Oui, maman Inès, comment vas-tu ?

– Je vais très bien, merci, et le moral ?

– Ça va de mieux en mieux !

– Le Seigneur est au contrôle ! Sinon, est-il venu à la maison ?

– Non ! Il n’est pas venu. Au contraire, il m’a envoyé un autre message hier nuit, aux environs de vingt-deux heures, me demandant ce que j’en dis au sujet du divorce…

– Quoi ? Il est donc sérieux ?

– Ma sœur, tout au long de la nuit, je n’ai pas pu fermer les yeux…

– Oh ! Quelle emmerde ! Et que lui as-tu répondu ?

– Je ne lui ai rien répondu. Que vais-je lui dire pendant que je n’ai pas de mots ? Je ne lui ai rien répondu. Mais c’est vraiment triste et dégueulasse d’être déçu par la personne sur qui nous comptons le plus. J’ai trop compté sur Philippe, mais au dernier moment, le voilà en train de me décevoir. Ah, c’est vraiment touchant.

À travers l’appel téléphonique, Anicette entendait sa correspondante pleurer encore ce beau matin.

– S’il te plaît, tu ne vas pas quand même pleurer tout le temps !

– Il m’a déçue et m’a honnie. Je ne peux jamais imaginer cela de lui.

– Je te comprends. Aie le courage, s’il te plaît !

– D’accord, à tout à l’heure.

– Ok, je passerai te voir dès que j’aurai fini de faire mes devoirs.

– Il n’y a pas de problème, je suis là !

– À très bientôt !

Anicette raccrocha l’appel et déposa le téléphone.

Fixant le plafond, elle soupira profondément et dit tout bas : « La vie et ses mauvaises surprises ».

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