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Chapitre 2_A : LA DEMANDE TARDIVE DU PARDON

***Mauricio AGUIAR***

Je me suis réveillé ce matin avec un mal de tête terrible. J’ai eu du mal à trouver le sommeil au cours de la nuit. Je n’ai fait que repenser à mon passé avec Béryl. Le fait de la savoir sous mon toit dérange ma quiétude et suscite mille questions dans mon esprit. Finalement, j’ai fini par m’assoupir aux environs de cinq heures du matin et Anna m’a tiré du sommeil avant de s’en aller pour le boulot. C’est avec une grande anxiété que j’ai pris la direction menant à la salle à manger. Je savais que Béryl et le père Daniel s’y trouveraient pour le petit-déjeuner. Je marquai une pause lorsque je fus proche de la salle à manger. Le rideau séparant la salle à manger du couloir était tiré mais il

m’a suffi de le bouger légèrement pour avoir Béryl dans

mon visuel.

Elle prenait son petit déjeuner. Une tasse de café à la main, elle semblait à des années-lumière de ce monde. Elle avait porté une robe de couleur jaune très simple et qui couvrait entièrement les parties sensibles de son corps. Dans mes souvenirs, la jeune femme que j’avais connue ne s’habillait jamais de cette manière. Elle devait à tout prix exhiber une partie de son anatomie, histoire de capter les regards masculins et susciter jalousie dans le cœur des femmes qui ne pouvaient s’empêcher de la jalouser. Même son sourire était trafiqué !

Renonçant à ma cachette, je pénétrai dans la salle à manger

avec détermination. Le père Daniel ne s’y trouvait pas.

-Bonjour.

Béryl sursauta et du coup renversa une partie du contenu de sa tasse sur sa robe. Elle posa sa tasse en vitesse et se saisit d’un torchon dans le but d’éponger le liquide qui avait déjà laissé une vilaine tâche sur sa robe. Planté comme un piquet au beau milieu de la pièce, j’observai le spectacle. Ses mains tremblantes essayaient de nettoyer la tâche. Mon regard glissa sur elle…Irrité, je finis par tirer une chaise et pris place bien en face d’elle. Il était hors de question que je me laisse intimider par sa présence entre les murs de ma maison.

-Je suis désolé, murmurai-je du bout des lèvres. Je ne voulais pas te faire peur.

-Ce n’est rien, murmura-t-elle.

-Je peux demander à la servante de t’apporter du savon liquide pour la tâche ou…

-Je me changerai tout à l’heure, trancha-t-elle sur un ton subitement acéré.

Je me plongeai dans la préparation de mon café pendant quelques minutes. Je ne parvenais pas à ignorer sa présence. Troublé, je me perdis dans la contemplation du liquide noirâtre qui se trouvait dans ma tasse. Je finis par lever les yeux vers elle.

Sa beauté me frappa à nouveau. Elle avait des yeux magnifiques mais tristes. Elle n’était pas du tout maquillée. Sa peau d’un noir parfait semblait briller. Aucune tâche, aucun bouton n’était présent sur son visage aux traits fins.

Ses lèvres pulpeuses semblaient taire des secrets inavouables.

-La vie est bizarre n’est-ce pas ? Tu me largues pour épouser un riche homme et la vie nous remet sur le même chemin après tant d’années, murmurai-je sur un ton empli d’amertume.

-Je n’ai pas vu Anna ce matin, répondit Béryl sur un ton très calme.

-Elle est au boulot.

-Le père Daniel dort encore.

-Cela ne m’intéresse pas, Béryl. Tu veux fuir la discussion…

-Quelle discussion ? fit-elle sur un ton irrité. On n’a rien à se dire. Je te remercie pour l’hospitalité mais franchement si j’avais su qu’on venait ici…je n’aurais pas accepté de suivre le père Daniel. Je sais que tu peux me jeter à la rue si cela te dit et je suis prête à accepter cela.

La jeter à la rue ? L’idée ne m’avait même pas traversé l’esprit.

-Ce n’est pas mon genre. Anna a accepté de vous recevoir durant votre séjour et j’étais d’accord avec l’idée. Je ne reviendrai pas sur ma parole.

-Tu lui as dit j’espère…Pour nous deux.

-Non, répondis-je avant d’avaler une gorgée de mon café.

-Elle devrait le savoir…Ce n’est pas bien.

-Depuis quand est-ce que tu connais les limites entre ce qui est bien ou pas ? Aux dernières nouvelles, tu avais assassiné ton beau-frère avant de t’enfuir.

Elle me toisa, l’œil brillant. Je m’attendais à une autre

réaction de sa part. Je fus pris au dépourvu.

-Apparemment, tout concourt à étayer cette hypothèse, lâcha-t-elle finalement.

-Est-ce que tu as assassiné cet homme ? Demandai-je le

cœur battant un peu plus vite.

Je voulais qu’elle infirme cette hypothèse. Après sa disparition, j’ai failli devenir fou. Je pensai qu’elle était morte…L’avis de recherche lancé ne stipulait pas qu’elle avait assassiné son beau-frère. Elle avait disparu dans la même journée où avait eu lieu l’assassinat. Certains disaient qu’elle avait tué son beau-frère, d’autres qu’on l’avait également assassinée et fait disparaître son corps. J’ai été à l’église, j’ai prié pour elle. Je ne pouvais pas poser de questions sans remuer le passé…Pendant deux ans, il ne s’est pas passé un seul jour sans que je ne pense à elle. Tous les matins, j’adressai une courte prière en son intention. Imaginez alors le choc que j’ai ressenti hier en la voyant. Au prix d’un effort surhumain, j’ai réussi à dominer mes émotions et à donner le change.

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