
Résumé
Le soleil brillait de toutes ses forces et illuminait le moindre recoin de la terre. Ses rayons solaires avaient une intensité surprenante aujourd’hui. Ils me brûlaient la peau de façon inexorable. J’avais l’impression d’avoir été jetée dans une pièce enflammée. Non seulement j’avais chaud mais je souffrais le martyr. Mes mains et mes pieds étaient solidement attachés. J’étais toute nue et on m’avait posée à même le sol dans la grande cour sale de notre maison. Tout mon corps était endolori. Je ne pouvais pas bouger un seul muscle sans ressentir une douleur transficiante. Mon corps était recouvert de traces de lanière et par endroits, se trouvaient de petites éraflures qui associées à l’action cuisante des rayons solaires me donnaient envie de m’évanouir. Tout ceci n’était rien comparable à la douleur morale que je ressentais actuellement. Si la honte pouvait tuer, je serais sûrement morte et enterrée à l’heure actuelle. Les badauds du quartier passaient devant notre concession et se mettaient à rire à gorge déployée. Ils allaient chercher d’autres badauds pour agrandir le groupe et poursuivre leurs jeux de moquerie. -Regardez qui se trouve dans la cour, attachée comme le mouton qu’on va sacrifier lors de la fête de Tabaski ! -Mais qui est-ce ? Demandait un autre en riant de plus belle. Je ne l’avais jamais vue auparavant. -Oh mais c’est la star du quartier. La fille la plus importante de ce quartier ! La miss monde. -Non ! Ne dites pas qu’il s’agit de Bébé. Hé !! J’ai toujours dit qu’il existe un Dieu pour les pauvres ! Si on m’avait dit que mes yeux verraient cela un jour. -Et elle ne parle même plus hein ! -Le pater a fendu ses lèvres et lui a sûrement enlevé toutes les dents de sa bouche. Ils éclatèrent d’un riant tonitruant. Cela me coupa le souffle. La colère m’inonda mais je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais rien dire. Je ne pouvais que me taire et préparer en silence mon plan de vengeance. Je ne pardonnerai jamais à mon père une telle humiliation. Jamais de la vie ! Des larmes de rage inondèrent mon visage. Ils me le payeront très cher. Les mouches tournaient autour de moi et se posaient un peu partout. Je déteste cette maison. Je déteste ce quartier. Je déteste cette condition de pauvre. Pourquoi est-ce que je ne peux pas essayer de me sortir de cette vie de merde par mes propres moyens ? Pourquoi est-ce que mes parents refusent de comprendre qu’il existe différentes manières de s’en sortir de la vie. Tout le monde n’était pas fait pour les travaux manuels ou encore pour étudier durant des années afin de récolter un maigre salaire à la fin du mois. Dieu ne m’avait pas donné un corps si beau pour que je le gaspille. -Allez me chercher Béryl et emmenez la ici, tonna la voix de mon père. Je me crispai. Deux de mes frères sortirent de la demeure principale et se dirigèrent vers moi. C’était la saison de pluie et comme bon nombre d’habitations qui se trouvaient dans le quartier, les eaux de pluie avaient élu domicile chez nous. Elles commençaient à prendre une sale couleur verdâtre. Les moustiques adoraient cette saison et s’en donnaient à cœur joie. Des ordures jetées pêle-mêle dans la cour laissaient planer une odeur terrible. A cela s’ajoutaient les odeurs émanant des toilettes qui étaient toutes proches et celles d’urine. Je haïs cette maison ! -Papa te demande, Béryl. Je ne pris même pas la peine de répondre. Mes frères me soulevèrent et m’emportèrent vers la demeure de papa. Je réprimai mes murmures de gémissement. Béryl KPOMAHOUN…J’adore mon prénom. Je le trouvais beau et unique. Je suis béninoise et âgée de vingt-et-un ans. Les gens me trouvent superficielle, hautaine et malpolie. Pourtant au fond, j’ai un cœur en or. Seulement, je refuse de traîner avec la racaille du quartier. Dieu m’a envoyée sur terre avec une intelligence acceptable et une beauté surprenante. Je me demande parfois si on ne m’a pas échangée à la naissance à l’hôpital. Peut-être que mes vrais parents se trouvent ailleurs ! Toute ma vie a été une lutte incessante. Je devais toujours lutter pour obtenir ce que je voulais. Je suis la benjamine d’une fratrie utérine de quatre enfants. Et je suis la seule fille. Il a fallu que je lutte pour aller à l’école comme mes frères. Mon père était contre. Je fuyais la maison pour aller à l’école. Je n’avais même pas les fournitures. Je restais dehors au niveau des fenêtres et j’écoutais le maître donner les leçons du jour. Au final, le directeur de l’école a réussi à convaincre papa de me laisser fréquenter. J’allais gratuitement à l’école. En grandissant, je me suis vite rendue compte que je plaisais beaucoup aux hommes. J’avais des courbes attirantes et j’étais la plus belle fille du quartier. Très vite, j’ai compris que cela pouvait m’aider à évoluer dans la vie. J’usais de mes charmes pour obtenir de l’argent de mes prétendants. J’utilisais cet argent pour payer ma scolarité au cours secondaire, mes fournitures, mes vêtements. Et j’avais choisi un établissement privé. J’étais la seule du quartier à fréquenter une structure privée. Je mentais à mes parents en affirmant que j’avais obtenu une bourse dans le dit établissement. Très vite, je faisais la connaissance des jeunes filles de familles aisées et je rejoignais leur groupe. Choisir les hommes à fréquenter en fonction de leur situation financière était une chose aisée. J’ai même réussi à ouvrir un compte à la banque quand j’ai atteint ma majorité. Le baccalauréat en poche, j’ai quitté ce quartier et pris un appartement en ville. Mon loyer était payé par un de mes prétendants. Je ne manquais de rien. J’ai choisi le droit comme filière sur le campus et j’ai continué ma vie. Pour moi, ma famille était devenue inexistante. Je menais la belle vie : Sorties tous les week-ends, fringues de qualité, repas de qualité. J’ai parcouru toutes les boîtes de nuit de la ville. J’ai rencontré un étudiant dont je suis tombée amoureuse. Je lui ai fait croire que c’est mon père qui s’occupait de moi. Je gère d’autres hommes à côté en même temps que lui. Il est pauvre et quelque soit mon amour pour lui, je refuse de vivre dans la pauvreté. J’étais certaine de rester avec lui toute ma vie. Mais cette certitude a pris fin dès que j’ai rencontré le député SATIGNON Floris. Cet homme d’une trentaine d’années représentait mon idéal en ce qui concerne un homme. Grand de taille, teint clair, il avait immédiatement attiré mon attention. Il n’est pas spécialement beau mais il est extrêmement riche. Il m’avait immédiatement remarquée et m’avait fait une cour assidue. J’avais viré tous les autres que je gérais sauf mon étudiant. Malheureusement Floris était marié sans enfant. Pourtant ce détail ne m’avait pas arrêtée. J’étais devenue sa maîtresse officielle. Et comme il fallait s’y attendre, sa femme informée de ses frasques était entrée dans la danse. J’ignore de quelle manière elle s’y était prise mais elle avait réussi à retrouver mes parents. Papa avait envoyé mes frères chez moi et ils m’avaient emmenée de force hier. Mon père ne m’avait même pas expliqué la situation avant de me tomber dessus. Il avait passé toute la nuit à me tabasser. Il lâchait par moment des brides de mots que je parvenais à capter. Et c’est cela qui m’avait aidée à comprendre que la femme de Floris était venue se plaindre. -Béryl, sais-tu pourquoi tu es ici aujourd’hui ? demanda papa. Je secouai la tête de façon négative. J’avais baissé la tête pour ne pas regarder mon père. Je déteste cet homme. Il ne m’a jamais aimée et ne m’a jamais soutenue. Ma mère pleurait en silence dans un coin de la pièce que représentait le salon. Mes frères se tenaient à distance raisonnable. -Quand tu as décidé de quitter la maison pour voler de tes propres ailes, je t’ai donné l’autorisation. Mais si j’avais su que c’était pour aller te prostituer, je ne t’aurais jamais laissé faire. Tu es ma fille unique et j’ai placé en toi ma confiance. J’avais un autre destin de prévu pour toi dès ta naissance mais tu as choisi d’aller à l’école. Je me suis plié. Je t’ai laissée faire. Je ne t’ai pas donné en mariage à quinze ans. Je ne t’ai rien exigé. Et pendant tout ce temps, tu te foutais de ta mère et moi. -… -Est-ce l’éducation que nous t’avions donnée ? Un homme marié ? -Il m’aime papa et je l’aime ! -Silence ! cria mon père. Comment oses-tu t’exprimer de la sorte ? Un homme marié qui t’aime…Tu crois réellement à cela ? Tout ce qu’il désire, c’est user de ton corps et quand il en aura fini avec toi, il te jettera comme une malpropre. Son épouse restera toujours sa compagne. C’est toujours elle qui lui cuisinera ses repas, qui dormira près de lui, qui l’écoutera quand il aura des soucis. Ce sera toujours elle…Alors que toi…Quel homme voudra de la maîtresse du député ? J’entendis un ricanement extrêmement féminin. Surprise, je levai la tête et découvris avec horreur que la femme de Floris se trouvait également dans la pièce. Vêtue d’un bazin richement brodé, elle rayonnait littéralement. Elle devait avoir la trentaine également. Teint clair, formes parfaites…Elle prenait soin d’elle. C’est le genre de femme qu’on remarque toujours dans la rue. Elle me fixait avec une lueur de victoire dans le regard. Cela provoqua en moi une intense émotion. -A partir d’aujourd’hui, je ne veux plus te voir avec cet homme. Tu vas rendre ton appartement et revenir habiter avec nous. Jamais de la vie, pensai-je en baissant de nouveau la tête. Je suis majeure. -Papa, s’il te plaît, intervient ma mère. Elle suit des cours sur le campus. -Ne l’empêchez pas de suivre ses cours, Monsieur. Elle a déjà eu la punition qu’elle mérite et je vous remercie pour cela, lança la femme de Floris. Laissez-la suivre ses cours. C’est quand même son avenir qui est en jeu. -D’accord. J’ose espérer que cela ne se répétera plus jamais? Béryl. -Présente maintenant des excuses à la femme du député. Ma gorge se serra. Si seulement je pouvais disparaître et me retrouver ailleurs. L’humiliation que je subissais était insupportable. Elle va me le payer très cher. Je levai la tête et en la regardant droit dans les yeux, je murmurai : -Je vous présente mes plates excuses. -Bien, fit la dame en se levant. J’ai mieux à faire de ma journée. Je vais demander à partir, papa. Merci pour votre coopération. Si tous les pères pouvaient vous ressembler, les femmes mariées seraient aux anges. Je les regardai sortir de la pièce. Ma mère vint me couvrir avec un pagne. Je me mis à pleurer à chaudes larmes. Elle m’a toujours soutenue contre papa. -Pourquoi as-tu mis ta réputation en jeu de cette manière, Béryl ? Pour un homme qui ne t’épousera jamais. Choisis un homme que tu aimeras de tout de ton cœur plutôt qu’un homme riche car nul ne sait comment il a acquis sa richesse. Tu ne connais pas les réalités conjugales de cette femme. Tu ne sais même pas si elle est heureuse avec son mari. L’argent n’offre pas tout. Tu recherches gloire et renommée. Tu as envie de gravir les sphères de la société. Depuis toute petite, tu as toujours méprisé les honnêtes personnes de ce quartier. Quand tu quittais cette maison, qu’est-ce que je t’avais dit ? -… -Je t’avais demandé de faire attention à ce que tu fais et aux gens que tu écrases en cherchant à aller au sommet. Parce que dans la vie, ceux sont ces mêmes personnes que tu rencontreras quand tu redescendras. Tu n’as jamais vraiment pris mes conseils de mère en compte. -Es-tu heureuse, maman ? Lui demandai-je brusquement. -Le bonheur est aléatoire ma fille. -Pas pour moi. Je ne serai pas la maîtresse de Floris toute la vie maman. J’avais d’autres projets. Je voulais jouir de ses bienfaits pour me construire une vie. -Oublie cet homme et concentre-toi sur tes études. Prouve- moi que j’ai eu raison de te défendre aujourd’hui. Je baissai la tête de nouveau. Je te prouverai maman que je peux atteindre les buts que je me suis fixés. Cette femme n’aurait jamais dû venir me provoquer. Je n’avais pas l’intention de prendre son mari. Mais maintenant qu’elle m’avait provoquée, elle va devoir en subir les conséquences. La meilleure vengeance serait de la chasser de son foyer et de prendre sa place. Devenir Madame SATIGNON ! J’y parviendrai. Je réussirai à faire passer la corde au cou du député. Les secousses du bus dans lequel je me trouvais me ramenèrent brusquement à la réalité. Ce bond dans mon passé était douloureux mais obligatoire. Onze ans s’étaient écoulés depuis cette fameuse bastonnade. La vengeance n’est pas toujours la meilleure des solutions au final. Si j’avais accepté la leçon et tourner le dos à Floris, j’aurais eu un autre destin. Mais j’ai décidé de ne pas écouter les précieux conseils de ma mère et d’aller chasser une femme de son foyer. On dit souvent que l’herbe n’est pas toujours verte ailleurs. Si seulement je pouvais revenir en arrière, si seulement je pouvais changer le cours des choses. La volonté est une force magnifique. Je voulais épouser Floris et j’y étais parvenue. Seulement j’ignorais que ma mère avait raison. Je ne connaissais pas les réalités conjugales de celle qui était là avant moi. Attirée par l’argent, j’avais sauté pieds joints dans un piège profond. Onze ans après, je suis en route pour me rendre à la police. Ils m’ont poussée à assassiner un homme. Je suis coupable mais je ne me rendrai pas à la police d’emblée. J’irai d’abord raconter mon histoire à la télévision. Je dirai tout ce que j’ai traversé depuis que je suis devenue Madame SATIGNON. Je ne tomberai pas seule…j’entraînerai tout le monde dans la tombe avec moi. ----------------------------------------------------------
Chapitre 1_A: DRÔLE DE COÏNCIDENCE
Cinq longues années se sont écoulées depuis que j’avais fait le choix de quitter le Bénin. Depuis que le bus de la compagnie ATT1 que nous avions pris très tôt ce matin a fait son entrée dans la ville de Calavi2, j’ai noté des changements énormes malgré le fait que la nuit soit déjà tombée. Les voitures qui roulent à des vitesses exagérées, les motocyclistes qui semblent tous pressés comme s’ils avaient le feu aux trousses, les embouteillages divers, les femmes joliment maquillées et vêtues comme si elles se rendaient à un carnaval et qui arpentaient les trottoirs en faisant bouger leurs jolis fessiers sans se soucier de faire des victimes au passage…La liste des différences existant entre les grandes villes situées au Sud du Bénin et celles
qu’on a traversées en quittant le Nord est bien longue et je ne parviendrai sûrement pas à la terminer cette nuit.
Je m’étire sur mon siège et jette un coup d’œil près de mon voisin qui dormait paisiblement. Sa soutane lui allait comme un gant et accentuait la délicatesse de ses traits. Le père Daniel ZINSOU doit être âgé d’une cinquantaine d’années si je me fie à ses cheveux blancs. Mais il est possible qu’il soit plus jeune et qu’il ait vieilli à cause de la tâche hardie qu’il mène depuis des années dans la petite ville de Gaya3. Il a sûrement vu des vertes et des pas mûres. Il est souvent confronté à des histoires qui dépassent l’entendement et il s’implique énormément pour aider ses fidèles à aller mieux. C’est exactement ce qu’il fait avec moi en ce moment. Ce qui explique qu’il ait quitté pour quelques jours la Mission Sainte Marie ViAnnay4 en ma
compagnie. Il voulait s’assurer que je mène à bien la
mission que je me suis fixée.
Le père Daniel ZINSOU est un homme très sympathique que j’ai eu la chance de rencontrer il y a un an. Il m’avait tendu la main à un moment où j’étais certaine que mes jours sur cette terre étaient désormais comptés. Sans son aide, je serais probablement morte à l’heure actuelle. Avec sa taille moyenne, ses épaules larges mais qui s’harmonisaient parfaitement avec son physique, une barbiche rugueuse supplantant ses lèvres aux contours parfaitement bien dessinés, il faisait penser aux maîtres du secondaire. Mais la douceur de son regard atténuait la sévérité de ses traits délicats. Il avait été transféré à Gaya il y a trois ans environ et depuis il se consacre à la Mission Sainte Marie ViAnnay. Il m’a été d’un soutien énorme.
Je détournai le regard du père Daniel et me concentrai de nouveau sur la ville de Cotonou qu’on traversait à présent. L’éclairage diffusé par les lampadaires disposés de manière harmonieuse au niveau du terre-plein central rendait la ville encore plus attrayante. Il fut un temps où j’adorais vivre par ici. Je me considérais comme la reine de cette ville et je sillonnais les boîtes de nuit en compagnie d’autres filles aussi délurées que moi. La ville nous appartenait ! On connaissait tous les coins branchés…On se faisait inviter par les hommes riches et on dépensait leur argent sans que notre cœur ne tremble. On était la raison pour laquelle leurs épouses dormaient en pleurant seules dans leurs lits. Nous le savions mais nous n’en avions cure. On se disait fièrement « Si elles n’arrivent pas à retenir leurs maris à la maison, est-ce que c’est de notre faute ? ». La réponse était
« Non ». Donc la vie continuait pour nous.
Le problème quand on mène ce genre d’existence est qu’on oublie que tôt ou tard, on finit par payer d’une façon ou d’une autre ! Tant que les épouses de ces messieurs demeuraient dans l’ombre, tout allait bien pour nous…Jusqu’à ce qu’on devienne soit même l’épouse d’un homme et qu’on soit confrontée à ce problème. Je poussai un soupir. Je suis épuisée. On a démarré à sept heures du matin de Malanville5 et actuellement il sonnait déjà vingt heures. On avait encore une trentaine de minutes à passer dans le bus. Ne sachant pas quoi faire pour tuer le temps, je me replongeai dans mes pensées et laissai les souvenirs affluer à ma mémoire.
Après la bastonnade que m’avait infligée mon père devant ma rivale, j’avais rejoint mon appartement avec la rage au cœur. J’avais été tentée d’appeler Floris pour me plaindre mais cela aurait été trop bête de ma part. Elle s’attendait forcément à ce que je me plaigne auprès de notre homme. Comme j’étais mal en point, j’avais préféré prendre du recul pour mieux sauter. J’étais étudiante en deuxième année de droit et j’avais un petit-ami…Mauricio AGUIAR. Je l’aimais bien. Il était pauvre certes mais il était beau ! Le genre qui te donne des palpitations dans le ventre quand tu le vois apparaître en face de toi. J’avais bien essayé de l’envoyer au diable vu qu’il ne pouvait même pas assurer mon loyer mais il avait quelque chose que les autres hommes n’avaient pas…Mauricio n’était pas un coureur de jupons. Il venait d’une famille pauvre mais se battait pour s’en sortir avec ses études. Je l’aidais financièrement et lui de son côté m’apportait son aide avec mes cours. On avait choisi le droit privé tous les deux. Il voulait se spécialiser en criminologie. Le master 1 coûtait la peau des fesses dans le temps.
Malgré le fait qu’il avait un emploi à temps partiel, il trouvait toujours du temps pour moi. Il était bien élevé, galant et travailleur. Quand on sortait ensemble, je me sentais juste bien car Mauricio attirait beaucoup le regard des jeunes filles et de mon côté, je n’étais pas laide…On formait un super couple. On avait fait deux ans ensemble malgré les hauts et les bas. Plus le temps passait, plus il entendait des rumeurs et venait me demander de lui rendre des comptes. On disait que je sortais avec des hommes riches, que j’étais une pétasse…Je lui disais qu’il s’agissait juste des commérages des mauvaises langues. Et il me croyait.
Puisque papa m’avait passée à tabac et que je ne voulais pas être vue dans cet état, je lui avais fait appel. Je me souviens encore de l’expression de son visage quand il était
venu me voir. Son regard était devenu métallique, indéchiffrable et avec une voix emplie de colère, il m’avait demandé :
-Qui t’a fait ça, Béryl ?
J’aurais pu lui dire la vérité mais il aurait fallu que j’explique les raisons qui avaient poussé un père à se comporter comme un sauvage sur le corps de sa propre fille. Mauricio était capable d’aller voir papa pour demander des comptes. Ne voulant pas prendre de risques, j’avais alors menti en prétendant qu’on m’avait attaquée hier nuit alors que j’étais allée acheter à manger la nuit.
-Et c’est seulement maintenant que tu m’appelles ? Depuis hier nuit ? avait-il grogné.
-J’avais la tête ailleurs franchement bébé, avais-je répondu sur un ton des plus misérables.
-Ils étaient au nombre de combien ? Qu’est-ce qu’ils t’ont volé ? Est-ce qu’ils t’ont violée ? Avait-il demandé en me dévisageant avec colère.
