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01_C

-Ne t’inquiète pas, ma fille. Je suis certain qu’elle est déjà

sur place depuis un moment.

Je frissonnai…Pas parce que j’avais froid mais plutôt parce que le père Daniel a fait le choix de se tourner vers une personne que je ne connais pas afin de demander l’hospitalité et de l’aide. Je n’ai confiance en personne à part lui.

-Etes-vous vraiment certain que cette femme est digne de confiance ? Murmurai-je sur un ton pressant. Je n’ai pas envie qu’on nous tue avant même que je n’ai eu le temps de raconter mon histoire.

Le père Daniel marqua une pause brutale avant de se tourner vers moi. Il tenait son petit sac d’une main. Ses petits yeux pâles au regard rusé me sondèrent un bref moment avant qu’il ne se décide à parler.

-Je place toute ma confiance en Dieu et je me laisse guider par Lui. Il m’a demandé de me tourner vers la sœur Anna et c’est ce que j’ai fait. Je ne pense pas que le but de notre Seigneur soit qu’on se fasse tuer. Alors, ne te laisse pas distraire par cette peur que je ressens en toi, Béryl. Nous venons à peine de franchir la première marche des escaliers.

Sa voix calme et pleine d’assurance me rassura et m’intimida par la même occasion. Je hochai la tête. Il poursuivit son chemin. Une fois à l’extérieur du bâtiment, il se mit à chercher la sœur Anna. Je fis de même que lui

…même si je ne savais pas exactement qui était la fameuse sœur Anna. Mes yeux fouillèrent la devanture éclairée par des lampes à la recherche d’une femme qui ressemblerait de près ou de loin à une sœur.

-Ha ! La voilà !

Le père Daniel m’indiqua une dame vêtue d’une belle robe blanche qui lui faisait des signes de la main. Elle se tenait près d’une belle voiture. Un homme se trouvait près d’elle mais il semblait occupé à dialoguer avec un passant et nous faisait dos. Je suivis le père Daniel intriguée. Je m’attendais à trouver une vraie sœur…pas une belle femme avec une belle voiture. Au fur et à mesure qu’on se rapprochait, l’allure de l’homme me sembla vaguement familière. Je n’eus même pas le temps de m’interroger car l’homme en question se tourna dans notre direction. Je m’arrêtai brusquement prise de panique.

Mauricio AGUIAR

Mon cœur se mit à tambouriner dans ma poitrine comme s’il voulait sortir. Mes jambes se mirent à flageoler menaçant de me lâcher à tout moment. Ma gorge et mon estomac se nouèrent simultanément comme s’ils s’étaient donné le mot. Il m’est arrivé à maintes reprises de rêver de nos retrouvailles. Je m’imaginais courant vers lui pour lui demander pardon…Je rêvais que Mauricio m’acceptait de nouveau dans sa vie et acceptait me protéger contre Floris et sa famille. Mais tout ça n’était qu’un doux rêve lointain que j’avais fini par abandonner avec le temps.

-Sœur Anna ! Je suis heureux de vous revoir ! s’exclama le

père Daniel.

Je fus brusquement ramenée à la réalité. Mauricio salua le père Daniel avec empressement. Son sourire était toujours aussi envoûtant.

-Bienvenue mon père, murmura la sœur Anna en question. Je vous présente mon fiancé Mauricio.

-Enchanté, s’exclama le père Daniel qui serra de nouveau la main de Mauricio. Merci d’avoir accepté de nous recevoir dans votre demeure.

-Tout le plaisir est pour moi. Anna m’a dit le plus grand bien de vous et je ne pouvais refuser d’accueillir un serviteur de Dieu dans notre maison. J’espère que vous avez fait un bon voyage !

-On rend grâce, répondit gaiement le père Daniel.

-Mais où se trouve donc votre protégée ? interrogea la sœur

Anna.

J’avais conservé une distance raisonnable entre eux et moi. J’étais partagée entre mon désir de prendre mes jambes à mon cou et celui d’affronter mon destin. Quand le père Daniel se tourna vers moi, je vis Mauricio faire de même. Son sourire se volatilisa comme par magie quand nos regards se croisèrent.

-Béryl, approche s’il te plaît.

Je m’exécutai à la manière d’une automate. En quelques secondes, je me retrouvai en face du couple AGUIAR. La fiancée de Mauricio me tendit une main manucurée. Je la saisis avec la peur au ventre.

-Enchantée de faire votre connaissance. Je suis Anna DOSSOU et voici mon fiancé Mauricio AGUIAR. Ravie de vous connaître.

-Le plaisir est partagé, répondis-je d’une voix blanche.

Contre toute attente, Mauricio me tendit la main. Pour ne pas attirer l’attention des autres, je la serrai une fraction de seconde. La chaleur que je ressentis me fit l’effet d’une gifle. J’avais renoncé depuis belle lurette à avoir une vie sentimentale. Parfois, il m’arrive d’oublier que je n’ai que vingt-huit ans et que je peux encore refaire ma vie. Mauricio lâcha ma main et murmura un rapide enchanté avant de se détourner.

-Je suppose que vous devez être épuisés par ce long voyage. Je propose que nous rentrions à la maison.

Anna ouvrit une des portières arrières et m’invita à prendre place. Le père Daniel passa près de Mauricio. Une fois que tout le monde fut installé, Mauricio démarra. Anna et le père Daniel comblèrent le silence qui voulait s’installer à l’intérieur de l’habitacle. Mauricio avait changé. Il était devenu plus beau que dans mes souvenirs. Sa carrure d’athlète avait résisté aux années. Les souvenirs de notre passé menacèrent de refaire surface…J’aimais vraiment cet homme. Et je l’avais laissé partir à cause de ma cupidité.

-Vous êtes une belle femme, Béryl, lança contre toute attente Anna.

Je me crispai et jetai un coup d’œil en direction de Mauricio. Il semblait totalement ailleurs. J’avais envie de dire à cette belle femme que je suis l’ex de son fiancé mais

un nœud en travers de ma gorge m’en empêcha. Je m’entendis répondre :

-Je vous remercie.

J’avais envie de lui retourner le compliment. Mais je n’en fis rien. Non seulement elle est belle mais elle a quelque chose d’indéniable que je ne pouvais refuser de reconnaître sans être taxée de faire preuve de mauvaise foi. Rien qu’à l’écouter s’exprimer, on pouvait aisément comprendre qu’elle a fait de longues études. Sa manière de se tenir, de bouger comportait une note gracieuse. Ses lèvres joliment maquillées laissaient entrevoir une dentition parfaite. Elle possède le regard des personnes franches.

-Que faites-vous dans la vie ? M’entendis-je lui demander.

-Oh, je travaille en tant que responsable marketing dans une société de la place et mon fiancé est avocat et vous ?

Avocat…Il est donc allé au bout de sa passion.

-Rien du tout.

Mauricio jeta un rapide coup d’œil dans le rétroviseur central. A la faveur de l’éclairage donné par un lampadaire, nos regards se croisèrent à nouveau. Son regard était indéchiffrable…Et cela ne dura qu’une fraction de seconde. Il reporta son attention sur la circulation. Anna me dévisagea.

-J’ai du mal à croire qu’une si belle femme que vous ne

fasse rien du tout dans la vie.

-C’est le cas pourtant.

Il a conservé ses goûts en matière de femme.

J’avais répondu sur un ton un peu froid. Anna prit cela comme une invitation à me laisser tranquille. Elle ne me posa plus de questions, ce qui me permit de tourner ma tête vers la vitre et de me perdre dans la contemplation du paysage. J’avais l’air calme mais au fond de moi, je traversais un tumulte émotionnel intense. J’avais l’impression que Dieu avait décidé de me faire un joli canular !

Parmi toutes les personnes existant sur cette terre, il a fallu que ce soit vers la fiancée d’AGUIAR que le père Daniel se tourne pour demander de l’aide. Je suis certaine que Mauricio est au courant de ce qui s’est passé avec la famille

de Floris. Et pire, il est avocat. Dois-je considérer ce détail comme un signe divin ou comme un piège ? Est-ce que Mauricio me gardera vraiment chez lui après la trahison qu’il a subit par ma faute ? Est-ce qu’il ne me jettera pas dehors demain matin en me rappelant notre passé ?

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