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#Chapitre 5

Clarisse n’était pas rentrée la veille. Et Malik, pour la première fois, ne la chercha pas. Il s’enfonça dans leur canapé vide, une bouteille à moitié entamée à la main, ses pensées rivées sur une seule personne : Neya.

Elle aussi était distante. Elle répondait à peine à ses messages. Le charme s’était effrité, remplacé par des silences pleins de suspicion.

Il se sentait glisser.

Et il détestait ça.

De son côté, Neya fixait une photo sur l’écran de son ordinateur.

Une image volée, prise discrètement par un contact à elle : Clarisse et Josué, à l’hôtel Haie Vive, entrant ensemble.

Ils riaient.

Intimes.

Insouciants.

Neya zooma sur le cliché, zooma encore. Ce n’était pas une erreur. Ce n’était pas un malentendu.

— Eh ben, souffla-t-elle. Vous avez décidé de vous dévorer entre vous.

Elle n’éprouvait aucune pitié. Peut-être un peu de tristesse. Mais surtout de la colère. Elle qui s’était interdite de tomber amoureuse, elle avait fini dans un jeu de manipulations plus grand qu’elle.

Et elle refusait d’en sortir perdante.

Josué, pendant ce temps, était incapable de se regarder dans un miroir. Il s’était levé tôt, la tête lourde, le cœur aussi.

Clarisse dormait encore, nue dans ses draps.

Il se rhabilla en silence, jeta un dernier regard à la femme de son meilleur ami. Et sortit sans un mot.

Mais alors qu’il passait le portail de la résidence, une silhouette l’attendait.

— Tu t’es bien amusé ? demanda Neya, bras croisés, adossée à sa voiture.

Josué sursauta, visiblement pris de court.

— Neya… qu’est-ce que tu fais là ?

— Je pourrais te retourner la question, mais je crois que j’ai déjà la réponse.

Il détourna le regard.

— Tu nous as suivis ?

— Pas besoin. Clarisse a laissé traîner des indices. Et toi, tu n’as jamais été doué pour cacher ce que tu ressens.

Un silence.

Puis elle s’approcha, lentement.

— T’es tombé dans le piège, Josué. T’as couché avec la femme de ton ami. Tu viens de vendre ton âme pour un corps que tu ne pourras jamais garder.

— C’est plus compliqué que ça.

— Non. C’est simple. Et maintenant, je veux savoir : est-ce que tu regrettes ?

Il ferma les yeux. Puis murmura :

— Oui.

Mais c’était trop tard.

Clarisse, de retour au cabinet d’avocats, signait des documents. Pas encore un divorce. Mais une prise d’informations. Elle voulait tout verrouiller. Et, surtout, savoir comment protéger sa part si Malik décidait de la salir en public.

L’avocate, une femme méticuleuse et discrète, la regardait avec curiosité.

— Vous avez des preuves de l’infidélité de votre mari ?

Clarisse ouvrit un dossier. Des captures d’écran. Des messages. Des photos. Et une vidéo, floue mais explicite, de Malik en train d’embrasser Neya à la terrasse du café.

— Je veux juste que tout ça soit utile, dit-elle. Si je dois exploser ce mariage, autant le faire méthodiquement.

— Et votre ami, Josué ? Vous avez une relation avec lui ?

Clarisse sourit. Froidement.

— Ce n’est pas pertinent. Du moins pas encore.

L’avocate hocha la tête, comprenant que cette femme était prête à tout. Et qu’elle ne bluffait pas.

Pendant ce temps, Malik, ignorant tout de ce qui se tramait autour de lui, se rendait au siège de l’entreprise familiale. L’ambiance était tendue. Plusieurs collaborateurs évitaient son regard. Une fuite interne ? Un sabotage ? Il ne savait pas encore.

Mais il sentait que quelque chose bougeait.

Il entra dans son bureau, referma la porte, et sortit son téléphone.

Appel vers Josué.

— Ouais, répondit celui-ci, la voix éteinte.

— On peut se voir ce soir ? J’ai besoin de parler à quelqu’un de confiance.

Un silence. Puis Josué répondit :

— Ouais… bien sûr.

Il raccrocha, puis lâcha un juron. Il ne savait plus s’il devait prévenir Malik ou se taire. Chaque mot de trop pouvait tout faire basculer.

Neya, elle, réfléchissait vite.

Elle voulait frapper. Mais pas comme les autres. Elle ne voulait pas se contenter d’un scandale ou d’une vengeance impulsive.

Elle voulait que tout le monde voie la chute.

Et surtout, elle voulait que Malik paie.

Mais une partie d’elle... l’aimait encore.

Elle s’approcha de son miroir, retira lentement sa chemise, exposant la cicatrice dans son dos — une ancienne blessure, souvenir d’un passé qu’elle n’avait jamais vraiment raconté.

Elle se regarda longuement.

— Tu ne tomberas pas amoureuse d’un menteur. Pas encore.

Elle referma sa chemise. Et prit une décision.

Le soir venu, Josué retrouva Malik au bar habituel.

Ambiance tamisée. Bières fraîches. Deux amis, ou du moins ce qu’il en restait.

— T’as pas l’air bien, dit Malik.

— Et toi, t’as l’air complètement à l’ouest, répondit Josué.

Ils rirent, brièvement. Puis Malik reposa son verre.

— J’ai besoin de te poser une question. Et je veux que tu sois honnête.

Josué serra les dents.

— Vas-y.

— Si Clarisse me trompait… tu me le dirais ?

Josué le fixa. Un long silence s’installa.

— Je crois… que parfois, ne pas savoir est une forme de protection.

— Mauvaise réponse, mon frère, dit Malik en souriant. Je veux la vérité. Même si elle fait mal.

Josué détourna le regard.

Il avait envie de lui dire.

Mais il se tut.

Et à ce moment précis, un message s’afficha sur le téléphone de Malik.

Un message anonyme. Encore un.

« Tu crois vraiment que Clarisse dort seule pendant que tu t’amuses avec Neya ? Ouvre les yeux. Ce que tu ignores te tuera. »

Il resta figé. Puis leva les yeux vers Josué.

— Tu sais quelque chose ?

Josué déglutit. Mais il ne dit rien.

Et Malik sut.

Il vit la réponse dans ses yeux.

Plus tard dans la nuit, Neya reçut un appel.

— Il est temps, dit la voix au bout du fil.

— Je suis prête, répondit-elle. On commence demain.

— Malik ne doit rien voir venir.

Elle raccrocha.

Le jeu d’échecs était lancé.

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