Chapitre 6 : Un pas dans l’ombre

Le silence régnait dans le grand bureau feutré d’Alexandre. Assis derrière son immense bureau en acajou, il observait les lumières scintillantes de Paris à travers la baie vitrée. Son plan prenait forme, mais chaque mouvement devait être exécuté avec une précision chirurgicale.

Renard lui avait donné des informations précieuses sur les affaires douteuses de Jacques Delacroix, mais il lui manquait encore une pièce essentielle du puzzle : un levier puissant pour l’abattre définitivement. Jacques était protégé par son réseau d’alliés et son empire financier tentaculaire. Une attaque frontale serait suicidaire. Alexandre devait frapper là où cela ferait le plus mal : dans les coulisses, là où Jacques ne s’y attendait pas.

Un bruit de pas discret interrompit le cours de ses pensées. La porte s’ouvrit lentement et une silhouette entra. Vanessa.

— Tu voulais me voir ? demanda-t-elle en refermant la porte derrière elle.

Alexandre hocha la tête et lui désigna la chaise en face de lui. Elle s’assit, croisant les jambes avec élégance, son regard perçant trahissant une curiosité mêlée de prudence.

— J’ai besoin de ton aide, déclara Alexandre d’un ton calme.

Vanessa haussa un sourcil, un sourire amusé effleurant ses lèvres.

— Tu es bien le dernier homme à demander de l’aide.

Il esquissa un sourire en retour.

— Disons que je sais reconnaître le talent quand je le vois.

Elle resta silencieuse, attendant qu’il poursuive.

— Jacques a des failles, mais elles sont bien cachées. Pour le faire tomber, il faut les exposer… et c’est là que tu interviens.

Vanessa posa ses coudes sur l’accoudoir de la chaise et joignit ses doigts devant elle.

— Tu veux que je trahisse mon patron ?

— Disons plutôt que je veux que tu l’aides à tomber de son propre piédestal.

Elle le fixa, son regard indéchiffrable.

— Qu’est-ce que j’y gagne ?

Alexandre se pencha légèrement en avant.

— La liberté. Et la possibilité de choisir ton propre camp avant qu’il ne soit trop tard.

Vanessa hésita une fraction de seconde avant de répondre :

— Qu’est-ce que tu veux que je fasse ?

Un sourire satisfait étira les lèvres d’Alexandre.

— Approche-toi de Claire.

Vanessa tressaillit légèrement.

— Claire ?

— Oui. Jacques la garde près de lui pour une raison. Si quelqu’un peut trouver ses secrets, c’est elle. Mais elle ne me fait pas confiance… pas encore.

Vanessa haussa un sourcil.

— Et pourquoi moi ?

— Parce que tu es intelligente. Et que Jacques ne se méfiera pas de toi.

Un silence s’installa entre eux. Vanessa le dévisagea, cherchant à lire au-delà de ses paroles. Puis, après quelques secondes, elle hocha lentement la tête.

— Très bien. Je vais voir ce que je peux faire. Mais si je sens que ça devient dangereux, je me retire.

— Juste ce qu’il me faut, répondit Alexandre avec un sourire.

Vanessa se leva et se dirigea vers la porte, mais avant de sortir, elle se tourna une dernière fois vers lui.

— Fais attention, Alexandre. Jacques n’est pas un homme qu’on trahit impunément.

Il la regarda partir sans un mot. Lorsqu’elle disparut, il se tourna à nouveau vers la ville illuminée. La partie venait de prendre une nouvelle tournure.

Et il était prêt à en payer le prix.