Chapitre 003
Le lendemain, Ana resta enfermée dans sa chambre.
Elle n’avait pas descendu les escaliers. Pas une fois.
Hugo fit semblant de travailler, mais il ne lisait rien. Il n’entendait rien. Il n’y avait plus que ce baiser, cette seconde où elle avait gémi contre sa bouche, où elle s’était abandonnée à lui avec une franchise qui le dévastait.
À midi, il demanda à la cuisinière si Ana avait mangé.
— Elle a juste pris un thé, monsieur.
— Merci.
Il resta quelques minutes immobile, puis gravit l’escalier. Chaque marche résonnait comme une transgression.
Devant la porte, il sentit ses paumes humides. Il frappa doucement.
— Ana ?
Pas de réponse.
Il entrouvrit la porte.
Elle était assise sur le bord du lit, la robe bleu pâle froissée autour d’elle, les yeux rougis. Quand elle le vit, elle se leva trop vite, cherchant un appui contre le dossier.
— Pardon… je… je ne voulais pas…
Il referma la porte derrière lui. La pièce avait une odeur de vanille et de larmes. Il s’approcha d’elle, à deux pas seulement.
— Ne vous excusez pas.
Elle secoua la tête, ses cheveux caressant ses joues.
— Je ne devrais pas. C’est… interdit. Je porte votre enfant. Je…
— C’est notre enfant, murmura-t-il. Notre.
Elle ferma les yeux. Une larme coula sur sa joue. Il la recueillit du bout du doigt, incapable de supporter sa peine.
— Je me sens… seule. Tellement seule que j’en perds la tête. Je… je ne sais plus ce qui est juste ou faux.
Il posa sa main sur sa nuque, l’attira doucement contre son torse. Ses épaules se mirent à trembler.
— Je ne vous laisserai pas seule, Ana. Jamais.
Elle redressa le visage. Leurs regards se croisèrent, et tout ce qu’il avait tenté de contenir s’embrasa.
Elle avança sa bouche vers la sienne. Ce baiser n’était plus un élan timide : c’était un cri, une délivrance. Il répondit avec une faim qu’il n’avait jamais connue, ses mains glissant sur sa taille, puis plus bas, jusqu’à la cambrure de ses reins.
Elle gémit contre sa langue. Son corps tremblait, fragile et brûlant.
Quand il la souleva pour la porter jusqu’au lit, elle ne protesta pas. Ses bras se refermèrent autour de son cou, et elle posa le front contre sa joue.
Il la déposa sur le matelas, puis resta un instant au-dessus d’elle, la contemplant.
— Si vous voulez que je parte, dites-le.
Elle secoua la tête.
— Je veux que vous restiez.
— Vous êtes sûre ?
— Je ne peux plus supporter ce manque. Je me sens… vide. J’ai besoin… de me sentir femme.
Ses mots le percèrent comme une lame. Il baissa la tête, frôla ses lèvres, puis descendit sur sa gorge. Il la sentait vibrer sous sa bouche.
Quand il effleura le décolleté de sa robe, elle prit sa main et la guida plus bas, jusqu’à son ventre.
— Il est là… souffla-t-elle. Il existe déjà.
Il posa la paume contre la rondeur encore discrète. Un frisson le traversa.
Puis il glissa ses doigts sur la peau nue, caressa la courbe douce qui abritait leur enfant.
Elle ferma les yeux, un soupir tremblant échappant de sa bouche entrouverte.
— Vous êtes belle… tellement belle que j’en ai mal.
Il écarta le tissu, découvrant la naissance de sa poitrine. Ses seins lourds et fermes, déjà transformés. Il la sentit tressaillir quand il se pencha pour les embrasser.
Sa main chercha la sienne. Il la serra fort, comme une promesse silencieuse.
Quand il descendit plus bas, elle se cambra. Ses hanches bougèrent contre lui, impatientes. Il releva les yeux ; son regard était noyé de larmes et de désir.
— Hugo… je… je n’ai jamais… ressenti ça.
Il sourit contre sa peau.
— Je vais vous montrer.
Ses mains glissèrent sur ses cuisses, écartant le tissu jusqu’à ce qu’elle soit nue sous lui. Elle tremblait. Il se redressa, ôta sa chemise, laissa tomber son pantalon. Elle leva les yeux vers son corps, et un frisson de pudeur la traversa.
— Ne me regardez pas comme ça… souffla-t-elle.
— Comme quoi ?
— Comme si j’étais… précieuse.
— Parce que vous l’êtes.
Il se pencha et l’embrassa à nouveau, plus profondément, jusqu’à ce qu’elle cesse de réfléchir. Quand il entra en elle, elle poussa un gémissement qui le bouleversa. Ses bras se refermèrent autour de lui. Chaque mouvement était lent, presque religieux, un mélange de retenue et d’adoration.
— Est-ce que je vous fais mal ? murmura-t-il contre sa joue.
— Non… encore…
Il accéléra, leurs corps claquant dans le silence de la chambre. Chaque gémissement d’Ana le rendait plus fou. Il sentit son ventre se contracter sous ses caresses, la chaleur qui montait dans son corps.
Quand elle se crispa autour de lui, il la soutint contre sa poitrine, la gorge nouée. Son orgasme la fit sangloter. Il la serra fort, comme s’il pouvait la protéger de tout.
Puis il la suivit, incapable de se retenir plus longtemps.
Quand il retomba contre elle, haletant, Ana enfouit son visage dans son cou. Ils restèrent ainsi de longues minutes, sans un mot.
Il sut qu’ils venaient de franchir une ligne irréversible.
Et pour la première fois depuis des années, il se sentit vivant.
