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UNE NOUVELLE TOURNURE

**#J'AURAI SON ARGENT**

**#CHAPITRE 03**

**KETHIA OKETSHU**

La monotonie avait eu raison de moi. Je passais mes journées à être comme tous les autres enfants, mais avec une différence : j'étais insultée et dénigrée à longueur de temps en raison de mon apparence. J'étais une petite fille très maigre et chétive, on aurait cru que je ne mangeais pas correctement. Peut-être était-ce vrai, vu les conditions dans lesquelles nous vivions à l'orphelinat. Pourtant, malgré ces conditions, certains enfants semblaient en bonne santé, tandis que moi, je vivais une véritable misère.

Lors du festival des portes ouvertes, tous les potentiels adoptants venaient à l'orphelinat pour choisir un enfant. Et moi, je restais là, toujours non sélectionnée.

Les critiques étaient toujours les mêmes. Le dégoût se lisait dans les yeux des jeunes couples qui passaient devant moi.

— **Mais pourquoi est-elle si laide ?** questionna une jeune femme, main dans la main avec son époux.

— **Nous ne connaissons pas vraiment la raison,** répondit le directeur en m'ordonnant d’aller m’asseoir au loin pour ne pas effrayer les autres candidats. Je m'exécutai.

Durant tout le festival, je restai seule dans mon coin, serrant ma petite robe de Lolita autour de mon corps frêle, me répétant :

— **Tu es belle, Ketia. Les gens ne le voient pas parce qu'ils n'ont tout simplement pas de bons yeux.**

C'était ma phrase de motivation, mon mantra pour ne pas succomber au complexe. J'avais réussi à l'inscrire dans ma tête, au point où, lorsque l'on m'insultait, cela ne laissait aucune marque ou blessure dans mon cœur. Celui-ci était bien protégé par toutes les bonnes paroles que je m'adressais.

***

Il était 17 heures. Presque tous les enfants de l’orphelinat Christ Roi avaient été adoptés ce jour-là. Nous n’étions plus que cinq, considérés comme des créatures laides et indignes d’être les enfants de quiconque.

Les autres pleuraient, mais moi, je restais tranquillement assise dans mon coin, répétant ma phrase jusqu'à ce qu'en levant les yeux, je vis une dernière voiture rouge faire son entrée dans l'enceinte du bâtiment.

À son bord se trouvait un homme dans la quarantaine, cheveux ébouriffés, regard perçant, arborant un charmant sourire sur ses lèvres délicatement rosées, légèrement assombries au contour. Il était vêtu d’un élégant costume noir et portait de belles chaussures brillantes.

L'homme s'avança vers le directeur et lui murmura une phrase qui lui fit arborer un sourire.

Nous vîmes le directeur nous faire un geste de la main. Nous, les cinq restés, nous avançâmes vers lui.

Quand il nous vit, il commença à nous examiner. Les autres baissèrent le regard, comme à leur habitude, sauf moi. Je n'aimais pas faire cela.

Quand son regard se posa sur moi, il me sourit. Par politesse, je lui rendis son sourire.

Il se rapprocha du directeur et lui murmura une phrase à l’oreille. Le directeur écarquilla les yeux, comme s’il avait vu un fantôme.

Je compris alors que cet homme s’intéressait à moi. Cela était si rare dans cet orphelinat.

Ils se dirigèrent vers le bureau du directeur, et lorsqu'ils disparurent de notre vue, les autres se mirent à me regarder avec mépris.

— **Tu as refusé de baisser les yeux juste pour être choisie par ce partenaire, hein !** s’éleva une voix près de moi, celle d'une fille plus âgée de trois ans, âgée de douze ans. Ses yeux s'embrasaient de colère. J'étais fascinée par sa rage.

— **Tu te crois importante maintenant parce que tu as été choisie, mais ne rêve pas, ma petite. Il reviendra te ramener ici quand il saura que tu ne vaux rien,** ajouta un jeune garçon, plus petit que moi, avec colère.

L’orphelinat était une jungle où le plus fort et le plus manipulateur des enfants attirait les regards sur lui. Je l’avais compris à mes dépens et j'avais commencé à utiliser la seule partie de mon corps qui me fascinait et me plaisait particulièrement : mes yeux.

J'avais de petits yeux en amande, des iris marron clair, et un regard profond. Ceux qui m'entouraient à l'orphelinat me traitaient de sorcière et m'exigeaient de baisser les yeux, mais je ne le faisais jamais.

***

Quelques minutes plus tard, l’homme sortit du bureau du directeur. Ils échangèrent une poignée de main avant qu’il ne se rapproche de moi et ne s’agenouille à ma hauteur.

— **Petite puce, aimerais-tu être ma fille ?**

Je vis la stupéfaction se peindre sur le visage des autres en entendant ces mots. La jalousie s'accroissait à chaque seconde.

Je restai muette pendant quelques instants, tentant d'assimiler cette information, avant de lui répondre par un hochement de tête. Les mots m'avaient fui.

Je le vis sourire et m'offrir sa main droite, comme pour me prouver que ce que je vivais n’était pas un rêve, mais une réalité éclatante.

Une larme de joie et de gratitude pour le créateur et cet homme se mit à perler sur ma joue frêle, couverte de taches de rousseur. Je me précipitai pour l’essuyer, car comme m’avait appris Kees et ma bande : « Les larmes sont une arme, elles ne doivent pas être versées pour rien, mais pour affaiblir sa cible. »

Ma vie prenait un tournant que je n'avais jamais imaginé. Je m'étais intéressée à de tels rêves, et pourtant, me voilà acceptée par un partenaire. Aujourd'hui, je quittais cet orphelinat qui m’avait accueillie depuis ma naissance, jusqu’à mes huit ans.

**Merci** fut mon dernier mot à l'intention de ce lieu avant de monter dans la voiture de cet homme, qui démarra rapidement, m’éloignant de cet endroit que j’avais considéré comme chez moi quelques instants plus tôt...

À SUIVRE

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