SON VRAI VISAGE
## CHAPITRE 05
**ORNELLA SALENGRO**
Essuyant les larmes qui coulaient sur ses joues, elle se ressaisit, le cœur battant à tout rompre, et décida de sortir de sa baignoire, réalisant avec une soudaine panique combien de temps elle y avait passé.
— Oh ! Mon père va me massacrer, se dit-elle en souriant, imaginant son visage impatient, l’angoisse tordant son ventre à l’idée de le décevoir.
Elle se rinça rapidement, ses gestes empreints d'une frénésie désespérée, puis appliqua sa lotion avec soin, comme pour se donner du courage. En enfilant une combinaison bleue fleurie qui épousait à la perfection ses courbes généreuses, elle se sentit à la fois belle et vulnérable, consciente que chaque regard pourrait la juger.
En descendant, elle trouva son père confortablement installé sur le divan, son visage impassible, tenant entre ses mains un étui rouge qui, comme un serpent endormi, titilla sa curiosité et sa peur.
— Bonjour, père, salua-t-elle avec respect, sa voix tremblante trahissant son anxiété.
— Assieds-toi, jeune fille. Nous avons à discuter, et ce que j'ai à te dire revêt une grande importance, déclara-t-il d’un air sérieux, chaque mot résonnant comme un coup de tonnerre dans le silence ambiant.
Ornella, surprise et inquiète par l’attitude de son père, prit place devant lui sur un divan à proximité, son cœur battant la chamade. Elle l’écouta attentivement, prête à tout entendre.
Roger leva enfin les yeux vers sa fille, la fixa longuement, un frisson parcourant l’échine d’Ornella, puis toussa légèrement pour attirer son attention, la voyant ranger ses ongles avec une expression pensive, comme si le temps s’était arrêté.
— Ce que j'ai à te dire est d'une importance capitale, commença-t-il en croisant les jambes, son regard se durcissant. Il lui tendit l'étui rouge, comme un oracle prêt à révéler des vérités obscures.
— Qu'est-ce que c'est ? questionna-t-elle, l'hésitation dans sa voix trahissant une peur grandissante.
— Je t'ai envoyée dans les meilleures écoles, Ornella, et tu ne peux pas me poser cette question lorsque je te passe un document. Tu sais lire, jeune fille, tonna Roger, le ton de sa voix faisant vibrer l'air autour d'eux.
— Veuillez m'excuser, père, répondit-elle, une chaleur désagréable s'emparant de ses joues, avant d'ouvrir le document, le cœur lourd d'angoisse.
À l'intérieur de l’étui, elle découvrit des clichés d’un jeune homme qui semblait appartenir à la haute société, son cœur se serrant à la vue de celui qui pourrait devenir son destin.
Après avoir tout inspecté, elle réussit à articuler, la voix tremblante :
— Qui est-ce ? demanda-t-elle, ses yeux fixés sur son père, comme si elle cherchait une réponse dans son regard.
— C'est Richard Pablovars, le fils de l'un de mes pires ennemis, répondit Roger d'un regard noir, son visage se durcissant alors qu'il fixait un point invisible, comme s'il revivait d'anciennes blessures.
— Et que dois-je faire de cette information, père ? Pourquoi m'avoir fait enquêter sur son fils ? demanda-t-elle, son esprit tourbillonnant d'incertitudes.
— C'est simple, ma puce, répondit son père en reportant son attention sur elle, un sourire machiavélique se dessinant sur ses lèvres. Tu vas séduire ce jeune homme et le dépouiller de tous ses biens.
— Pourquoi devrais-je faire une telle chose, père ? Qu'est-ce qu'il a à voir avec les problèmes que tu as eus avec son père ? demanda-t-elle, la voix tremblante d'inquiétude.
Roger, voyant rouge, s'énerva à l'idée que sa fille défende le fils de son pire ennemi. Il frappa la table avec violence, le bruit résonnant comme un coup de tonnerre, faisant sursauter Ornella et la plongeant dans un océan de peur.
Depuis dix ans qu'elle vivait avec Roger, il ne s'était jamais montré violent. Cette attitude nouvelle la terrifiait, lui donnant l'impression de se retrouver face à un étranger.
— Ornella, déclara-t-il, c'est aujourd'hui que ta mission commence dans cette famille. Tu n'avais peut-être pas cru que je t'avais adoptée par amour ? Un frisson d'horreur parcourut son corps. Tu es un pion, un jockey que j'ai promis à mon pire ennemi d'utiliser lorsque le moment sera venu. Ce moment est maintenant.
Ces mots tombèrent sur les oreilles d'Ornella comme un coup de tonnerre. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle avait été adoptée pour être utilisée comme une arme dans un combat dont elle n'avait jamais eu connaissance. L'angoisse et la trahison lui broyaient le cœur.
— Que dois-je faire ? demanda-t-elle, le dégoût et l'horreur se mêlant dans sa voix.
— Brave fille, rétorqua Roger avec un sourire glacial. Comme tu le vois, cet étui contient toutes les informations importantes que tu dois connaître sur le fils de mon ennemi. Je t'ordonne de les mémoriser par cœur. Tu n'as qu'une semaine, et dès la semaine prochaine, tu quitteras le pays pour les États-Unis. Là-bas, ta nouvelle vie commencera sous une nouvelle identité. M'as-tu compris ?
— Oui, mais j'ai des conditions, rétorqua-t-elle, s'asseyant avec une détermination naissante.
— Je ne pense pas que tu puisses me demander quoi que ce soit, Ornella. Tu m'appartiens, et j'ai investi plusieurs millions sur toi pour que tu deviennes la femme que tu es aujourd'hui, dit-il, son regard froid comme l'acier.
— Oui, tout cela dans le but de me manipuler... pa...pa, tira-t-elle les syllabes de ce mot avec amertume. J'ai tous les droits de te demander des choses quand tu m'envoies dans des terres inconnues, me jetant dans la gueule du loup pour un acte qui pourrait me coûter ma liberté, ou pire, ma vie.
— N'exagère pas, jeune fille. Tu es intelligente et rusée, c'est pourquoi je t'ai choisie parmi tous ces orphelins. Te souviens-tu ?
— Je préfère oublier ce jour maudit. Si j'avais su que c'était dans le but de m'utiliser comme tu le fais maintenant, je n'aurais jamais accepté de te suivre, dit-elle, la rage et la désillusion embrasant son cœur.
— Mais pourquoi te plains-tu ? À l'orphelinat, c'était cela que vous faisiez, et d'ailleurs, tes amis sont allés en prison pour vol, non ? demanda-t-il, une lueur de défi dans les yeux.
— Oui, mais nous étions des enfants...
Il l'interrompit brusquement, sa voix tranchante comme une lame :
— Assez, Ornella ! Finis ces enfantillages, car je compte sur toi pour me venger.
— Si tu veux que je réussisse cette mission, alors raconte-moi en détail pourquoi cet homme et toi êtes devenus ennemis, demanda-t-elle, une lueur de défi dans ses yeux.
— Jamais tu ne le sauras, car ce n'est pas important. Ce que tu dois comprendre, c'est que tu me dois ce que tu es aujourd'hui. Tu es ma propriété, et tu dois faire tout ce que je t'ordonnerai. Suis-je assez claire ?
— Oui, patron, répondit-elle, se refusant à l'appeler papa, car il ne mérite plus ce titre.
— Parfait. Je suis ravi que tu aies compris rapidement ce que tu dois faire et comment me voir à présent. Maintenant, va dans ta chambre et mémorise toutes les informations concernant cet homme, car il doit te manger dans la main le jour où tu le rencontreras, dit-il d'un regard sombre, une menace sous-jacente dans ses mots.
— Très bien, patron, répondit Ornella, le cœur lourd, en se levant et se dirigeant vers sa chambre avec l'étui contenant les informations sur celui qui serait malheureusement sa victime. La peur et l'angoisse la suivaient comme une ombre, alors qu'elle se préparait à affronter le destin que son père avait choisi pour elle.
À SUIVRE...
