Chapitre : 04
Une fois dehors, ils s’installèrent sur le canapé du jardin.
– Olive, écoute, je…
– Non, Kent. Tu as bien fait avec ce salaud.
– Salaud ? Je pensais que tu m’en voulais.
– Non. Tu sais, Alex est mon ex. Je me demande encore comment j’ai pu sortir avec lui. On se connaît depuis l’école secondaire jusqu’à l’université, et pourtant, il méritait ce qui lui est arrivé. Pas que j’en sois fière, mais c’était inévitable. Oublions-le. Dis-moi, tu vis seul ou avec quelqu’un ? Vu ce que tu m’as dit sur ta famille.
– Je vis avec mon grand frère, c’est tout ce qu’il me reste. Et toi ?
– Je vis encore avec mes parents.
– C’est une chance d’avoir encore ses parents.
– Oui, tu as raison. Bon, on va en classe ?
Ils se levèrent et partirent en cours. Quelques minutes plus tard, le professeur entra et commença à expliquer son sujet, ponctuant son discours d’exemples. Toute la journée, Olive et Kent ne cessèrent d’échanger des regards.
À la fin du cours, Kent la remercia avant de se diriger vers le parking. Alors qu’il s’apprêtait à partir, il aperçut Olive assise sur un canapé du jardin. Il hésita un instant, puis s’approcha.
– Tu ne rentres pas ?
– J’attends ma mère, elle doit venir me chercher.
– Je peux te déposer, si tu veux.
– Non, ne t’embête pas, elle ne devrait pas tarder.
– J’insiste. S’il te plaît.
– Bon, d’accord, tu as gagné.
Elle attrapa son sac et le suivit. Kent se précipita pour lui ouvrir la portière, et Olive s’installa sur le siège passager. Il démarra et quitta l’université.
Durant le trajet, Olive riait sans cesse aux blagues de Kent. Il aimait la voir sourire, et elle, elle appréciait cette légèreté qu’il apportait. En arrivant devant chez elle, Kent se gara.
– Merci pour ce moment, j’ai adoré ta compagnie. Et merci pour m’avoir ramené.
– Le plaisir est partagé. Je passe te chercher demain matin, si tu veux.
– Comme si j’avais le choix ! À demain, alors.
– Avant que tu partes, nn échange nos numéros ?
– Pourquoi pas ?
Ils échangèrent leurs contacts, puis Kent reprit la route, un léger sourire aux lèvres.
De retour à la maison, Kent croisa son frère qui s’apprêtait à sortir.
– Bonsoir, grand frère.
– Bonsoir, Kent. Je vais en ville pour régler quelques affaires avant l’ouverture de mon cabinet de consultation. Attends, c’est moi qui vois mal ou tu as changé ?
– Changé ? Comment ça ?
– Pour quelqu’un qui vient de passer sa première journée dans un nouvel établissement, tu n’as pas l’air stressé.
– Je suis comment ?
– Heureux. Ça se lit sur ton visage. Tu me raconteras ta journée quand je serai de retour.
– Sans problème.
Clark lui adressa un sourire complice avant de quitter la maison. Une fois dans sa chambre, Kent échangea quelques messages avec Olive.
***
Dix heures du soir. L’horloge numérique de la voiture de la mère d’Olive affichait l’heure exacte lorsqu’elle s’arrêta dans la cour. En entendant le moteur, Olive sortit de la maison, un large sourire illuminant son visage. Sa mère, surprise par cet accueil chaleureux et le changement soudain d’humeur de sa fille, la fixa, intriguée.
– Bonne arrivée, maman !
– Merci, chérie. Je me trompe ou tu es de très bonne humeur ? Avant que tu m’expliques pourquoi je t’ai manqué à l’université aujourd’hui, j’aimerais bien savoir ce qui te rend si joyeuse. Ce matin, tu n’étais pas d’humeur, et maintenant, je rentre et Madame rayonne !
– Je n’ai pas le droit d’accueillir ma mère avec le sourire ?
– Bien sûr que si, mais là, c’est autre chose.
– D’accord, maman, tu as gagné. Mais allons à l’intérieur.
– Après toi.
Elles entrèrent, et Olive se dirigertit une bouteille d’eau, remplit un verrea aussitôt vers le réfrigérateur, so et le tendit à sa mère.
– Merci, chérie, répondit celle-ci, toujours un peu surprise. Alors ?
– Maman, tu te rappelles du jeune homme qui m’a sauvée l’autre soir ?
– Bien sûr, je m’en souviens très bien.
– Eh bien, je l’ai revu aujourd’hui, à l’université. Il est dans ma faculté, et ce n’est pas tout, c’est lui qui m’a ramenée à la maison.
La mère d’Olive posa son verre, un sourire en coin.
– Ah, voilà donc la raison de cette bonne humeur. Ne me dis pas que tu es déjà sous son charme ?
– Maman !
– Chérie, je te connais par cœur. Je suis ta mère et une enquêtrice, je l’ai compris dès que tu as franchi cette porte. Avoue que ça fait beaucoup de coïncidences : il te sauve, il se retrouve dans ta faculté, et il te dépose chez nous.
– C’est ton instinct de mère ou celui d’enquêtrice qui te parle ?
– Les deux.
Olive sourit légèrement, mais sa voix se fit plus ferme.
– Maman, il m’a sauvé la vie.
– Rien ne prouve qu’il n’était pas complice.
Olive se leva brusquement, agacée.
– Tu pourrais essayer d’être un peu gentille ? Je te rappelle qu’il m’a protégée !
Elle se dirigea vers les escaliers, mais la voix de sa mère la retint.
– Je m’excuse si j’ai été un peu dure, chérie. Je suis juste inquiète. Avec mon travail, tu sais que ce n’est pas facile de faire confiance.
Olive s’arrêta, soupira, puis se retourna.
– Je le sais, maman.
– Alors, comment il s’appelle ?
– Kent, murmura Olive, adossée à la rampe.
– Joli prénom. Promets-moi d’être prudente et de faire attention.
– Tu as ma promesse, maman. Et je suis désolée pour mon comportement de tout à l’heure. Je t’ai manqué de respect, ce n’était pas juste. Tu t’inquiétais pour moi, et moi, je me suis braquée. Pardonne-moi, maman.
– Viens là, ma chérie.
Mère et fille s’étreignirent avec tendresse.
– Je t’aime, maman, et encore désolée.
– Je t’aime aussi, ma chérie. Bon, qui veut de la pizza ?
– Moi !
Elles commandèrent deux pizza et la dégustèrent devant une série policière, partageant des éclats de rire et quelques commentaires sur l’intrigue. Une fois l’épisode terminé, Olive embrassa sa mère et lui souhaita bonne nuit avant de rejoindre sa chambre.
Mais au lieu de sombrer immédiatement dans le sommeil, elle resta des heures à échanger des messages avec Kent. Tout en discutant avec lui, les paroles de sa mère lui revinrent en mémoire.
– Et si elle avait raison ? pensa-t-elle. Et si toutes ces rencontres n’étaient pas qu’une simple coïncidence ?
Sur cette dernière pensée, elle posa son téléphone sur sa table de nuit, s’enfonça sous sa couette et s’endormit au rythme des cris lointains des oiseaux nocturnes.
Le lendemain matin, Olive se réveilla avec les mêmes questions qui tournaient en boucle dans sa tête. Et si ce n’était pas une simple coïncidence ?
Chassant ses pensées, elle se leva, prit une douche rapide, enfila une robe légère et rassembla ses documents dans son sac avant de descendre.
– Bonjour, maman.
– Bonjour, ma chérie.
Elle s’installa à table et se servit une tasse de café. Alors qu’elle portait la boisson chaude à ses lèvres, son téléphone vibra sur la table. Elle le saisit et lut le message qui venait d’arriver.
– Maman, Kent est là. Il va me déposer.
– J’allais justement me changer pour qu’on parte ensemble. Sois prudente, d’accord ?
– Ne t’inquiète pas, maman.
Elle termina son café en vitesse, embrassa sa mère sur la joue et se dirigea vers la sortie.
Curieuse, sa mère s’approcha discrètement de la fenêtre et souleva le rideau. À travers la vitre, elle observa sa fille, le sourire aux lèvres, s’installer dans la voiture de Kent. Le véhicule démarra et disparut au bout de la rue.
Elle laissa retomber le rideau dans un soupir, avant de se retourner pour se préparer à son tour et partir au travail.
