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Chapitre : 03

Le lendemain matin, Olive s’étira dans son lit, le cœur empli d’un sentiment indéfinissable, comme si quelque chose lui manquait. Après quelques instants, elle se leva, prit une douche, puis enfila un jean et une chemise blanche, avec des baskets. Elle descendit ensuite au salon, où sa mère dressait le petit-déjeuner.

Un sourire tendre illumina le visage de cette dernière en voyant sa fille s’asseoir à table.

– Bonjour, maman.

– Bonjour, chérie. Bien dormi ?

– Mon sommeil a été un peu agité, mais ça va.

– Tu es sûre ?

– Oui, maman, ne t’inquiète pas.

– Si tu ne te sens pas d’aller en cours, tu peux rester à la maison.

– Impossible ! Aujourd’hui, j’ai cours avec notre professeur de méthodes d’enquête et de criminalistique.

Sa mère acquiesça avant d’annoncer :

– Je vais me préparer.

Laissant Olive seule face à la table joliment dressée, elle monta à l’étage. Devant son café fumant, la jeune fille toucha distraitement sa tasse, sans réel appétit. Son esprit était ailleurs.

– Pourquoi est-ce que je pense sans arrêt à cet homme ? murmura-t-elle.

Aucune réponse ne lui vint. Quelques instants plus tard, sa mère réapparut, vêtue elle aussi d’un jean. La différence notable était son badge de police accroché à sa ceinture, accompagné de son arme de service.

– Tu as terminé ? demanda-t-elle.

– Oui, on peut y aller.

Olive vida sa tasse, la posa dans le lababo, prit son sac et suivit sa mère jusqu’à la voiture.

Le trajet se déroula dans un silence inhabituel. D’ordinaire bavarde, Olive bombardait toujours sa mère de questions, mais ce matin, elle se contentait de fixer le paysage qui défilait derrière la vitre. Sa mère jeta un regard en coin avant de rompre le silence :

– Olive ?

– Oui, maman ?

– Tu es sûre que tout va bien ?

– Oui, pourquoi cette question ?

– Tu es étrange ce matin… Pas une seule question, ce n’est pas dans tes habitudes. C’est l’agression d’hier qui te perturbe ?

– Non, maman, je me suis juste réveillée sans grande motivation. Je te l’avais dit ce matin.

– Il y a des jours comme ça, ma chérie. Ça passera.

Olive esquissa un sourire rassurant et reporta son attention sur la route.

Arrivées devant l’université, un grand panneau indiquait fièrement : "Louisiana State University (LSU)". Olive descendit, embrassa sa mère et prit congé. Son pas était lent, presque traînant, comme si un poids invisible pesait sur ses épaules.

Traversant la cour jusqu’au majestueux amphithéâtre, elle gravit les marches et s’installa seule, à l’écart. Sortant son téléphone, elle mit ses écouteurs et lança une playlist de jazz, espérant que la musique parviendrait à apaiser le tumulte de ses pensées.

***

Un taxi s’arrêta devant une imposante agence automobile. Les deux frères en descendirent, l’un suivant l’autre, et entrèrent dans le hall lumineux où le manager les accueillit chaleureusement avant de leur faire faire le tour des modèles disponibles.

Après quelques vérifications et échanges, Kent jeta son dévolu sur un cabriolet au design élégant, tandis que son frère opta pour une Mercedes au style sobre et raffiné. Une fois la facture réglée par Clark, ils repartirent fièrement avec leurs nouvelles acquisitions, savourant le doux ronronnement des moteurs sous leurs mains expertes. Lorsqu’ils arrivèrent enfin à la maison, Clark aborda un sujet très important avec son frère.

– Kent, j’ai pu valider ton inscription. Tu commenceras à l’université demain, annonça Clark.

– D’accord, grand frère. Je ferai profil bas, ne t’inquiète pas.

– J’espère bien.

Ils continuèrent à discuter, se taquinant comme à leur habitude, mais, en dépit des apparences, l’esprit de Kent vagabondait ailleurs. Une silhouette hantait ses pensées, un parfum flottait encore dans ses souvenirs. Il n’avait cessé de penser à elle.

Quand il se retrouva enfin seul dans sa chambre, il s’allongea sur le lit, fixant le plafond comme si elle pouvait apparaître devant lui.

– Et si j’essayais de la retrouver ? murmura-t-il.

Puis, dans un soupir, il secoua la tête. Non, ce n’était pas une bonne idée ou peut-être que si ? La nuit fut longue, rythmée par le tumulte de ses pensées.

Le lendemain matin, il enfila un jean parfaitement ajusté, un t-shirt sobre mais élégant, prit son sac et descendit.

– Bonne journée, grand frère.

– Bonne journée, petit frère, répondit Clark en lui tapotant l’épaule.

Sans attendre, Kent prit place dans sa voiture et se dirigea vers l’université.

À son arrivée, il se rendit immédiatement au bureau du directeur, qui lui remit un billet d’admission ainsi que des instructions pour rejoindre sa classe. En parcourant le couloir, il parcourait distraitement les informations sur la feuille, totalement absorbé, lorsqu’il heurta quelqu’un de plein fouet. Des documents volèrent dans les airs avant de retomber au sol.

– Je suis désolé, s’excusa-t-il précipitamment en se baissant pour les ramasser.

L’inconnue fit de même, leurs mains effleurant simultanément une même feuille.

– Écoutez, je…

Lorsque leurs regards se croisèrent, tout sembla s’arrêter. Le cœur de la jeune femme s’emballa, et Kent perçut les battements qui résonnaient en écho aux siens. Un frisson lui parcourut l’échine. C’était elle.

– Vous ? s’étonna Olive, les yeux ronds.

Devant elle se tenait l’inconnu qui l’avait sauvée l’autre jour. Elle s’attendait à tout sauf à le revoir ici, dans cet endroit, à cet instant précis.

– Bonjour, répondit-il avec un léger sourire.

Olive reprit ses esprits.

– Oui, bonjour. Merci encore pour m’avoir sortie des griffes de ces hommes la dernière fois.

– Je n’ai fait que ce que tout homme aurait dû faire, répondit-il humblement.

– Vous cherchez quelqu’un ? demanda-t-elle, intriguée.

– Oh ! Non, en fait, je viens de m’inscrire dans cette université. J’étais en train de chercher mon amphithéâtre quand, par hasard, je vous ai persécutée.

Il eut un petit rire gêné. Olive haussa un sourcil, mi-surprise, mi-amusée.

– Faites-moi voir.

Il lui tendit le papier, et lorsqu’elle lut l’information, son cœur manqua un battement. Elle releva les yeux, incrédule.

– Incroyable ! C’est mon amphithéâtre !

– Vous êtes en criminologie ? demanda Kent, surpris à son tour.

– Oui, répondit-elle lentement, comme si elle peinait à y croire.

Elle marqua une pause, scrutant le visage de Kent. Était-ce une simple coïncidence ou un étrange coup du destin ?

– Je ne sais pas si je devrais appeler ça un hasard, mais je suis aussi dans cette filière, dit-elle finalement.

Un sourire s’étira sur les lèvres de Kent.

– Que dis-je ? Je suis ravi ! s’exclama-t-il. La dernière fois, je n’ai même pas eu l’occasion de me présenter. Je m’appelle Kent.

– Olive, répondit-elle.

Ils se serrèrent la main, et, pendant un instant suspendu hors du temps, leurs regards s’accrochèrent. Le bruit du campus semblait s’être estompé autour d’eux. Il n’y avait plus que ce contact, cette étrange impression de déjà-vu, ce frisson imperceptible.

– Alors, c’est où ? demanda Kent d’une voix un peu plus basse, comme s’il n’osait pas briser ce moment. Olive ?

Elle cligna des yeux, revenant brusquement à la réalité. Elle retira doucement sa main de la sienne.

– Désolée, fit-elle en détournant le regard. Suivez-moi.

Kent marcha à ses côtés, observant discrètement ses traits, curieux de cette jeune femme dont le destin semblait vouloir lier la route à la sienne. Devant une grande porte, Olive s’arrêta et désigna l’entrée.

– C’est ici que nous faisons nos cours. Aujourd’hui, nous avons Psychologie et sociologie criminelle.

Kent posa son regard sur l’amphithéâtre avant de revenir vers Olive, un sourire en coin.

– Voilà qui promet d’être fascinant.

Leurs regards se croisèrent une dernière fois avant qu’ils n’entrent ensemble.

À l’intérieur de l’amphithéâtre, Olive et Kent prirent place côte à côte.

– Alors, pourquoi avoir choisi la criminologie ? demanda Kent en posant son regard sur Olive.

Elle esquissa un sourire en repensant à son enfance.

– C’est une histoire de passion, expliqua-t-elle. Ma mère est inspectrice ici, dans cette ville. Je l’ai toujours vue, tard le soir, devant son écran, plongée dans ses enquêtes. Ça m’a façonnée. J’ai grandi avec cette envie de percer les mystères, de comprendre les mécanismes du crime. Elle est comme une mentor pour moi.

– Impressionnant, répondit Kent.

– Et vous ?

Il laissa échapper un léger rire amer.

– Moi ? C’est une longue histoire.

– On a encore quelques minutes, fit-elle en penchant la tête, curieuse.

Il baissa les yeux un instant, son sourire s’effaçant.

– J’ai assisté au massacre de ma famille, lâcha-t-il enfin d’une voix grave.

Un frisson parcourut Olive.

– C’était horrible, continua-t-il. La police n’a rien pu faire, ou peut-être n’a pas voulu. L’affaire a été classée aussi vite qu’elle avait commencé. L’injustice m’a brûlé de l’intérieur. J’ai décidé de tracer mon propre chemin : ne jamais laisser l’injustice impunie.

Un silence pesa entre eux.

– C’est terrible, murmura Olive. Et malheureusement, l’injustice règne encore dans tant de pays. C’est la loi du plus fort.

Kent hocha lentement la tête.

– Toujours ainsi, souffla-t-il.

Elle voulut ajouter quelque chose, mais une idée lui vint.

– Comme le cours est loin d’être commencé, je peux vous faire visiter l’université, si ça vous dit.

– Avec plaisir, sourit-il enfin.

Ils quittèrent l’amphithéâtre et parcoururent les couloirs. Devant chaque endroit emblématique du campus, Olive prenait soin d’expliquer à Kent son histoire. Il l’écoutait avec attention, appréciant sa compagnie.

Mais alors qu’ils longeaient un corridor moins fréquenté, un groupe d’hommes apparut devant eux. L’un d’eux, un grand blond aux allures arrogantes, esquissa un sourire moqueur.

– C’est qui, le petit, Olive ? lança-t-il avec dédain.

Olive s’arrêta, l’expression agacée.

– Alex, tu ferais mieux de passer ton chemin, répliqua-t-elle sèchement.

– Oh, mais c’est qu’elle mord, la fille à maman, ricana Alex avant de poser les yeux sur Kent. C’est ton nouveau conquête, Olive ? demanda-t-il avec un sourire en coin.

Kent se contenta d’observer la scène sans broncher.

– Alors, mon petit, continua Alex en s’approchant de lui. À ce qu’il paraît, tu es nouveau ici, et la fille à maman a été désignée pour te faire visiter les lieux. Comment tu t’appelles, hein, le petit ?

– Alex, stop, intervint Olive, visiblement exaspérée.

– Quoi, Olive ? demanda-t-il d’un ton faussement innocent.

– Tu devrais arrêter ton petit jeu.

Alex haussa les épaules et s’adressa à Kent avec un rictus.

– Ton pote est sous le choc ou quoi ? On dirait qu’il a perdu sa langue.

Kent le fixa calmement avant de parler d’une voix posée :

– Vous pouvez vous pousser pour nous laisser passer ?

Les amis d’Alex éclatèrent de rire.

– Ah ! Il a parlé ! ricana Alex. Et sinon, quoi ? Tu vas nous faire quoi, le nouveau ?

– Olive, allons-y, trancha Kent sans relever la provocation.

Il prit doucement la main d’Olive et tenta de passer sur le côté, mais un des amis d’Alex bloqua la voie.

– Eh, le petit, on ne passe pas comme ça, lança Alex, un sourire mauvais sur les lèvres.

Kent soupira et fit un pas de côté, mais une nouvelle fois, l’un des hommes lui barra le passage.

– Alex, tu devrais vraiment arrêter ton cirque, s’agaça Olive.

Alex ignora sa remarque et leva la main, comme s’il s’apprêtait à poser une tape sur l’épaule de Kent. Mauvaise idée.

D’un mouvement rapide et précis, Kent saisit son poignet, le tordit et le fit pivoter sur lui-même. Pris au dépourvu, Alex perdit l’équilibre et s’effondra au sol sous le regard médusé de ses amis et camarades de l’université .

Un gémissement de douleur s’échappa de ses lèvres. Kent le regarda un instant avant de tendre la main à Olive.

– Vous venez ? demanda-t-il calmement.

Olive hocha la tête et le suivit, laissant derrière eux un Alex qui se tordait de douleur sous les rires des étudiant(e)s.

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