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Chapitre: 02

Dehors, les alentours de la ville étaient éclairés, à l’exception de quelques ruelles sombres. Marchant d’un pas tranquille, les mains dans les poches, Kent adressait un sourire poli à chaque personne qu’il croisait et répondait aux salutations d’un bref « Bonsoir. »

Soudain, un cri perça le silence. Il s’arrêta net, tous ses sens en alerte.

– Non, je ne vous donnerai pas mon sac ! protesta une voix féminine.

– Tu nous donnes le sac ou on te poignarde, rétorqua une voix rauque.

Aussitôt, Kent se précipita vers l’origine des voix, disparaissant presque dans l’ombre avant de réapparaître à l’entrée d’une ruelle faiblement éclairée. Une jeune femme, le visage partiellement dissimulé par l’obscurité, reculait lentement, son sac fermement serré contre elle. Face à elle, trois hommes menaçants lui barraient la route, des lames brillant faiblement dans leurs mains.

– Vous n’avez pas honte d’agresser une demoiselle ? lança-t-il calmement.

Les trois hommes se retournèrent brusquement et le dévisagèrent. Kent, impassible, se tenait droit, les bras relâchés, mais son regard acéré trahissait une vigilance absolue.

– T’es qui, toi ? grogna l’un d’eux. Barre-toi avant qu’on te fasse regretter d’être venu.

Ignorant la menace, Kent s’adressa plutôt à la jeune femme :

– Mademoiselle, vous allez bien ?

– Oui… murmura-t-elle en reculant d’un pas.

– Vous n’avez rien à craindre.

Puis, son regard revint aux agresseurs.

– Vous feriez mieux de la laisser tranquille.

– Sinon quoi ? ricana l’un des hommes. On est trois contre un, mec. Soit tu dégages, soit elle nous file son sac.

Kent soupira et secoua la tête.

– C’est vous qui allez partir. Je ne le répéterai pas.

Les trois hommes échangèrent un regard avant de se mettre en cercle autour de lui, leurs couteaux en avant. Kent ne bougea pas.

– Vous pouvez vous éloigner, mademoiselle, murmura-t-il.

– Mais… vous n’êtes pas obligé de vous battre pour moi… balbutia-t-elle.

– Trop tard pour les regrets, cracha l’un des voyous. On va s’occuper de toi après !

Le premier attaqua, bondissant vers Kent avec son couteau. Mais avant même que la lame ne l’atteigne, Kent pivota sur le côté et esquiva l’attaque avec une fluidité déconcertante. L’agresseur, déséquilibré, tenta de se rattraper, mais Kent saisit sa taille et, d’un mouvement sec, le projeta violemment contre le mur. L’homme s’écroula dans un gémissement sourd.

Le deuxième n’attendit pas et fondit sur lui, visant son flanc avec un coup de couteau rapide. Kent attrapa son poignet au vol et, dans un geste précis, lui tordit le bras avant de lui asséner un violent coup de coude dans les côtes. L’homme recula en haletant, lâchant son arme sous la douleur.

Le troisième, plus prudent, tourna autour de Kent, cherchant une ouverture. Mais avant qu’il ne puisse réagir, Kent avança d’un pas, esquiva un coup mal calculé et lui décocha un uppercut fulgurant sous le menton. Le voyou s’effondra aussitôt, sonné.

Le silence retomba sur la ruelle, seulement troublé par les gémissements des hommes à terre. Kent les observa une seconde, puis releva les yeux vers la jeune femme. Et là, il s’arrêta net.

Elle était magnifique. Pas juste jolie, mais vraiment belle, avec une aura qui attirait immédiatement l’attention. Ses cheveux tombaient en cascade autour de son visage, et ses yeux, encore brillants d’émotion, semblaient le sonder. Pendant un instant, il oublia tout le reste.

Leurs regards se croisèrent et restèrent accrochés. Comme s’ils se connaissaient déjà. Comme si, sans un mot, quelque chose venait de se passer entre eux. Un truc inexplicable, mais puissant.

– Vous allez bien ? demanda-t-il, la voix plus douce qu’il ne l’aurait voulu.

La jeune femme ne répondit pas tout de suite. Elle continuait de le fixer, comme absorbée.

– Mademoiselle ? insista-t-il.

Elle cligna des yeux, comme si elle revenait à la réalité.

– Oui… oui, je crois, murmura-t-elle enfin.

Elle serra son sac contre elle, encore tremblante. Kent s’approcha légèrement, sans geste brusque.

– Il vaudrait mieux rentrer. Ces types ne bougeront pas de sitôt.

Elle hocha la tête, hésita, puis lui adressa un sourire, un peu timide, un peu hésitant, mais sincère.

– Merci, vous m’avez sauvé la vie.

Kent se contenta d’un léger hochement de tête. Il ne savait pas quoi dire, ce qui était rare chez lui. Elle resta là encore une seconde, puis fit un pas en arrière et s’éloigna.

Il la regarda partir, sans bouger. Un drôle de sentiment lui serrait la poitrine. Il ne connaissait même pas son nom.

De retour à la maison, Kent s’affala sur le canapé, face à son frère, qui suivait distraitement le journal télévisé. Clark fronça légèrement les sourcils, comme s’il percevait quelque chose d’inhabituel. Il tourna lentement la tête vers Kent, humant discrètement l’air ambiant.

– Tu as fait quelque chose, on dirait, remarqua-t-il d’un ton neutre.

Kent arqua un sourcil.

– Pourquoi tu dis ça ?

– Quand tu es sorti, j’avais bien enregistré ton odeur. Ce n’est plus tout à fait la même. Qu’est-ce que tu as fait ? Tu as agressé quelqu’un ? Tu as pris du sang ?

Kent soupira, amusé par la méfiance instinctive de son frère.

– Calme-toi, Clark. Je n’ai ni agressé quelqu’un, ni pris du sang. Je marchais tranquillement quand j’ai entendu des bruits dans une ruelle. Une femme se faisait agresser, je suis intervenu. Tu aurais fait pareil.

Clark l’observa un instant, puis hocha la tête.

– Tu as raison. Désolé si j’ai été un peu direct. Mais, tu es sûr de ne pas avoir laissé échapper quoi que ce soit ?

– Mon côté vampire n’a pas pris le dessus, je te rassure. J’ai seulement utilisé mes capacités humaines.

– D’accord, je te crois.

Kent esquissa un sourire.

– Merci de t’inquiéter pour moi, grand frère.

Clark laissa apparaître un sourire en coin.

– C’est mon rôle.

Kent se leva et s’étira légèrement.

– Je vais prendre une douche et me coucher. Bonne nuit.

– Bonne nuit, petit frère.

Kent gravit les escaliers jusqu’à sa chambre. Une fois à l’intérieur, il retira ses vêtements et entra sous la douche. L’eau chaude coula sur sa peau, détendant ses muscles, mais son esprit, lui, restait agité.

Le visage de la jeune femme lui revint en tête, ses yeux, son regard troublé, son sourire hésitant. Il ferma un instant les paupières, laissant l’eau ruisseler sur lui, immobile.

– J’aurais dû lui demander son nom, murmura-t-il, frustré.

Il resta ainsi quelques instants avant de fermer l’eau et de sortir. Il enfila un pyjama, s’allongea sur son lit et, malgré lui, s’endormit avec cette image d’elle gravée dans son esprit.

***

La jeune femme pénétra précipitamment dans la vaste cour familiale, jetant des regards furtifs derrière elle comme si elle craignait encore d’être suivie. Son cœur battait à tout rompre. En refermant la porte de l’appartement derrière elle, elle s’appuya un instant contre le bois massif, tentant de reprendre son souffle.

Alertée par le bruit, sa mère apparut dans le salon, l’inquiétude peinte sur son visage.

– Olive, qu’est-ce qui se passe ?

Olive. C’était le prénom de celle que Kent venait de sauver. Fille unique d’une lignée redoutée de chasseurs de vampires, elle avait grandi dans une maison où chaque mur était orné de photos témoignant du prestige et des exploits de sa famille. Le nom des Harrington résonnait dans tout Garden District comme une autorité incontestée. Aucun vampire ne leur échappait. Pourtant, Olive ne partageait pas l’ambition de son père. Elle rêvait d’enquêtes et de justice, mais pas d’une traque sans fin.

Elle leva les yeux vers sa mère, encore bouleversée.

– Maman, j’ai été agressée par des voleurs.

Sa voix tremblait légèrement, comme si elle réalisait seulement maintenant l’ampleur du danger qu’elle avait couru.

– Agressée ! s’exclama sa mère en s’approchant.

– Oui. Mais un homme est intervenu. Il est sorti de nulle part, et sans lui, je ne serais probablement plus là. J’ai voulu me battre.

Sa mère l’observa attentivement avant de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres :

– Ce jeune homme, comment s’appelle-t-il ? Tu le connais ?

Olive baissa les yeux, mordillant sa lèvre inférieure.

– Je...je ne sais pas. Je n’ai pas pensé à lui demander son nom. Je ne l’ai jamais vu avant, il avait l’air étranger au quartier.

– Il t’a sauvé la vie c’est ça qui compte. Maintenant, laisse-moi m’occuper de toi.

Elle lui servit une tasse de thé fumant, posant une main réconfortante sur son épaule.

– Bois, ça te fera du bien.

Olive porta la tasse à ses lèvres, mais son esprit était ailleurs. L’image de son mystérieux sauveur ne cessait de lui revenir. Ce regard intense, cette assurance.

– Si seulement j’avais eu le courage de lui demander son nom, murmura-t-elle en serrant la porcelaine entre ses doigts.

Après avoir terminé son thé, elle prit une longue douche, espérant chasser l’adrénaline qui courait encore dans ses veines. Plus tard, à table avec sa mère, la discussion reprit un ton plus sérieux.

– J’ai eu ton père au téléphone, il sera là bientôt avec ton oncle et ton grand-père.

Olive sourit légèrement.

– J’ai hâte de les voir.

Sa mère la fixa un instant avant de reprendre :

– Tu sais, tu devrais vraiment envisager de suivre la voie de ton père. C’est une tradition dans la famille.

Olive secoua doucement la tête.

– Maman, je me vois plutôt dans la police, comme toi. Mener des enquêtes, rendre justice, mais traquer des créatures, ce n’est pas moi.

– Tu pourrais faire les deux.

– Non, maman. Je veux une vie normale, sans cette guerre permanente.

Un silence s’installa entre elles, seulement troublé par le cliquetis des couverts contre les assiettes. Finalement, sa mère soupira.

– Si c’est ce que tu veux, alors je ne te forcerai pas.

Après le repas, Olive aida à débarrasser la table et à faire la vaisselle, puis elle se retira dans sa chambre. Elle s’allongea sur son lit, fixant le plafond, mais son esprit était ailleurs.

Cet inconnu qui l’avait protégée, ce regard troublant, cette force tranquille. Elle ne savait rien de lui, et pourtant, il occupait toutes ses pensées.

– J’espère te revoir un jour, murmura-t-elle en fermant les yeux.

Ce soir-là, dans deux endroits différents, Kent et Olive s’endormirent avec la même pensée obsédante.

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