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CHAPITRE 4

Gwen resta figée une seconde, le téléphone toujours à l’oreille, le souffle coupé.

_ Qu’est-ce qu’il veut encore cette fois-ci ? demanda Solange en croisant les bras.

Gwen hocha lentement la tête, la gorge nouée.

_ Il veut que je suive une réunion en ligne… Maintenant.

Solange soupira lasse

_ Laisse-les avec moi. On peut y aller sans toi, ce n’est pas grave.

Mais Inès s’était déjà éloignée, le visage fermé. Elle ouvrit brusquement la porte de la chambre et la referma derrière elle sans dire un mot.

Iris, qui courrait dans tous les sens s’arrêta net voyant la réaction de sa grande sœur

_ Pourquoi Inès est fâchée maman ?

Gwen s’approcha de sa fille et lui prit la main

_ Écoute ma chérie, je ne vais plus pouvoir aller en balade avec vous, mais vous pouvez toujours y aller avec tata Solange

Iris se mit à pleurer

_ Tu avais promis…

Gwen s’agenouilla pour la prendre dans ses bras, la voix tremblante.

_ Je suis désolée, mon cœur. Je ne veux pas non plus. Mais je dois…

_ Je ne sais pas pourquoi tu tolères tout ça, Gwen, souffla Solange, la voix plus dure. Cet homme se fout de toi. Il te traite comme une esclave, pas comme une employée. Il est conscient que tu as des enfants ?

_ Je n’ai pas le choix. Tu connais l’état de ce pays. Je ne trouverai jamais un autre boulot qui me paie aussi bien. Pas avec mes responsabilités et sans diplôme

_ Pfff… c’est injuste ce qu’il te fait subir, il abuse

Gwen leva les yeux vers elle, les bras encore autour d’Iris.

_ Tout ça, c’est pour eux. Ils finiront bien par comprendre… un jour.

Elle se releva, essuya les larmes de sa fille, et l’embrassa sur le front.

_ Va avec tata Solange, s’il te plaît.

Mais Iris secoua la tête, refusa de bouger. Elle finit par aller s’asseoir tristement dans un coin du salon, les bras croisés, la mine boudeuse.

Gwen entra dans sa chambre, alluma son ordinateur portable et se connecta à la plateforme de visioconférence. L’écran s’éclaira, et les visages des partenaires internationaux apparurent les uns après les autres.

Le silence avait envahi la maison. La réunion s’était terminée après plus de trois heure de discussions techniques, de consignes à noter, et de remarques brèves de Laurel. Gwen avait tenu bon, malgré la fatigue, malgré la boule dans la gorge. Elle avait pris ses notes, répondu “oui, monsieur” quand il le fallait, et coupé la caméra juste avant que ses larmes ne reprennent.

Maintenant, la maison semblait trop calme. Elle avait envie de rattraper quelque chose, de réparer un peu les dégâts.

Elle se leva doucement de sa chaise, sortit de sa chambre et se dirigea vers celle des filles. Elle ouvrit la porte avec précaution. Inès était allongée sur son lit un livre à la main, le dos tourné à la porte. Iris, elle, s’était endormie dans les bras de Solange, blottie contre sa peluche.

— Inès… murmura-t-elle doucement.

La jeune fille se retourna, les yeux rouges mais secs. Elle ne dit rien, attendant que sa mère parle.

— Je suis désolée, mon cœur. Pour aujourd’hui, pour hier, pour toutes les fois où j’ai dû annuler, courir, m’absenter. Ce n’est pas contre vous. Rien ne l’est. Tout ce que je fais… je le fais pour vous deux.

Elle s’approcha du lit, s’assit au bord et tendit la main vers sa fille.

— Je voudrais tant pouvoir vous offrir plus de ma présence, de mon temps. Mais ce travail… il nous permet d’avoir un toit, de manger, de continuer à avancer. Je vous demande juste un peu de patience. Un peu de foi en moi.

Inès se redressa, les yeux brillants. Elle attrapa la main de sa mère et la serra fort.

— C’est moi qui suis désolée, maman. Je n’aurais pas dû te parler comme ça. Juste que tu endures tellement… à cause de moi, Ines craqua et se mit à pleurer

_ Chut… ne dis pas ça ma chérie,

Gwen l’attira contre elle et la serra dans ses bras.

_ Tu n’as pas à t’excuser, ma chérie. Jamais. Tu es mon enfant. Je fais tous ces sacrifices pour vous, alors enlève toi cette idée de la tête. C’est mon rôle, ma responsabilité. C’est à moi de tout faire pour vous offrir une vie meilleure, peu importe les sacrifices. Et je le referais, encore et encore.

Un silence tendre les enveloppa. Puis Inès murmura, la voix tremblante :

_ Je te le promets, maman. Je ferai tout pour que tu sois fière de moi. Je travaillerai dur à l’école, je deviendrai quelqu’un. Pour toi. Pour Iris.

Gwen eut un petit sourire, les larmes aux yeux.

_ Tu n’as rien à prouver, ma chérie. Je suis déjà fière de toi. Si fière. Tu es forte, courageuse, brillante… Je suis chanceuse d’être ta mère, ma puce.

Elles restèrent là un long moment, dans les bras l’une de l’autre, avant que Gwen ne se penche vers Iris pour la couvrir tendrement.

Le monde extérieur pouvait bien continuer à leur être hostile. Dans cette chambre, il y avait de l’amour, de la force, et elle savait que tout irait bien, elle le ressentait

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