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AnonymousAmour : L’amour à l’autre bout du fil

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Princia B
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Résumé

Gwen, mère célibataire, tombe amoureuse d’un inconnu en ligne. Mais derrière l’écran se cache Laurel, son patron arrogant. Quand la vérité éclatera, choisira-t-elle l’amour… ou la fuite ?

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CHAPITRE 1

La pluie s’abattait sur la ville de Douala avec une douceur trompeuse, enveloppant les toits de Ndogbong d’un rideau d’eau régulier. Le tonnerre grondait au loin, faisant frémir les vitres des immeubles, tandis que le ciel, d’un gris uniforme, semblait vouloir étouffer les bruits de la ville encore endormie.

Dans un appartement modeste du quartier, Gwen était recroquevillée sous sa couette, bercée par le martèlement apaisant de la pluie. Son sommeil était profond, presque réparateur, jusqu’à ce qu’un bruit discret, mais persistant, vienne frapper à la porte de sa chambre.

Une fois..

Deux fois…

Trois fois….

Les coups s’enchaînaient, accompagnés d’une voix qu’elle peinait à reconnaître dans la brume de son esprit encore endormi.

_ Maman, réveille-toi, il est 7h, lançait sa fille aînée de l’autre côté de la porte.

Les paupières lourdes, les cheveux en bataille et la fatigue pesant encore dans ses membres, Gwen se redressa lentement. Elle tendit la main vers sa table de chevet à la recherche de son téléphone, surprise que ce soit sa fille qui la tire du sommeil. Elle ne trouvait pas l’appareil. À travers la porte, la voix de sa fille se fit de nouveau entendre, plus pressante.

Elle finit par se lever et ouvrit enfin la porte.

_ Enfin ! Ça fait des heures que je frappe, râla Inès, visiblement excédée.

_ Mon téléphone… où est-il ?, demanda Gwen, ignorant la remarque de sa fille.

_ Je l’ai mis en charge. Tu l’avais laissé sur le canapé hier soir. Je l’ai vu ce matin.

Gwen soupira, déboussolée. Elle tenta de se remémorer les dernières heures de la veille, mais son esprit était embrouillé par l’épuisement. Tout était flou.

_ Maman ! Qu’est-ce que tu fais ?, s’exclama Inès, la ramenant à la réalité. Va prendre ton bain, tu vas être en retard au travail !

Le boulot ?

Comment avait-elle pu oublier ? Elle avait passé la nuit à réorganiser l’agenda surchargé de son patron, décalant les rendez-vous, envoyant des mails, jonglant avec les horaires des uns et des autres pour tout faire entrer dans une semaine déjà bien trop remplie. Il avait exigé que tout soit fait cette nuit-même. Elle s’était endormie à 3 heures du matin, épuisée, le dos douloureux, les yeux brûlants.

Elle fila se préparer. Une quinzaine de minutes plus tard, Gwen sortit de sa chambre, habillée d’une jupe droite rouge, d’une chemise à carreaux et de simples ballerines. C’était la fin de la semaine, elle n’avait ni la force ni l’envie de s’imposer des talons.

Elle retrouva Inès au salon, occupée à faire le ménage.

_ Où est ta petite sœur ?, demanda-t-elle en débranchant son téléphone.

_ Elle dort encore, répondit Inès sans détourner son attention de sa tâche.

_ D’accord. Le petit déjeuner est dans le frigo. Tartinez juste le pain et faites chauffer l’eau sur le chauffe-eau pour le café. Je me suis laissée emporter par le sommeil... Je suis épuisée par ce travail.

_ Je suis une grande fille, maman. J’ai 14 ans, tu te souviens ?, lança Inès avec fierté, cette fois-ci en la regardant droit dans les yeux. Je peux allumer un feu.

_ Je sais, mon ange. Mais j’aimerais te l’apprendre moi-même, pas que tu l’apprennes seule.

_ Tu dis toujours ça… mais tu n’as jamais le temps.

Gwen s’approcha d’elle, le cœur serré, et caressa tendrement sa joue.

_ Je suis désolée, trésor. Je te promets de mieux m’organiser. Passez une bonne journée, et surtout… pas de bêtises.

Elle lui déposa un baiser sur le front, attrapa son sac et se précipita vers la porte. En sortant, elle se rendit compte qu’elle n’avait même pas dit au revoir à sa cadette. Un coup d’œil à sa montre : 8h09. Ses yeux s’écarquillèrent. Avec ce temps, elle ne serait jamais à l’heure.

Elle descendit les escaliers à toute vitesse et sortit de l’immeuble. Heureusement, elle vivait près du goudron, mais encore fallait-il trouver un taxi. Son parapluie en main, elle décida de marcher pour gagner du temps. Attendre était devenu un luxe.

L’idée d’acheter une voiture lui traversa une fois de plus l’esprit. Elle gagnait relativement bien sa vie. Son patron était insupportable, mais il la payait correctement. Pourtant, chaque fois qu’elle y songeait, les priorités se rappelaient à elle : le loyer, les factures, l’école, la nourriture, la santé... Et plus encore. Elle voulait que ses filles aient une vie meilleure que la sienne.

Être mère célibataire, ce n’était pas une mince affaire.

La circulation était chaotique. Même avec une voiture, elle aurait été coincée. Elle regarda de nouveau l’heure : 8h20.

C’était fini. Elle était cuite. Son patron ne tolérerait jamais un tel retard. Il était toujours à l’heure, qu’il pleuve ou qu’il vente.

Dépitée, elle arrêta une moto-taxi, résignée malgré sa peur de ce moyen de transport.

Trente-deux minutes plus tard, elle descendit devant l’immeuble de son entreprise, régla rapidement la course, et s’engouffra dans le bâtiment, le cœur battant, priant pour que son patron ne soit pas encore arrivé.

Gwen prit une longue inspiration devant la porte menant au bureau de son patron. Elle ferma brièvement les yeux, rompant sa respiration, avant de coller son oreille contre la petite porte communicante pour vérifier s’il était présent. La voix grave de Laurel, en pleine conversation téléphonique, confirma rapidement ses craintes. Elle eut envie de pleurer tant le stress lui nouait la gorge. Mais elle n’avait pas le choix.

Rassemblant son courage, elle ouvrit prudemment la porte. L’air à l’intérieur du bureau semblait plus froid que d’habitude, ou peut-être était-ce son angoisse qui lui glaçait le sang. Laurel, fidèle à lui-même, ne lui adressa pas un regard. Occupé à téléphoner, il continua à parler, l’ignorant complètement. Gwen resta donc debout, immobile, les yeux rivés au sol, en attendant qu’il termine sa conversation.

Enfin, il raccrocha et jeta un rapide coup d’œil à sa montre avant de parler, d’un ton sec :

_ Mademoiselle Emani, vous avez un retard de… quarante-cinq minutes.

_ Désolée, Monsieur, répondit-elle dans un souffle.

_ Désolée ? Qu’est-ce que j’en ai à foutre de vos excuses ? Vous savez à quel point je déteste les retards. Nous vivons dans la même ville, et malgré le climat, je suis là, à l’heure. Vos collègues aussi.

_ Monsieur, je…

Il leva la main pour la faire taire.

_ Je ne veux pas de vos explications. Que cela ne se reproduise plus. Jamais, insista-t-il, le regard dur. Maintenant, faites-moi part de mon emploi du temps pour la semaine prochaine.

_ Je vous l’ai envoyé par mail, Monsieur.

Il lui lança un regard appuyé. Gwen comprit le message et se mit immédiatement à le lui lire. Il lui fit quelques remarques, exigeant des modifications immédiates, qu’elle s’empressa d’effectuer. Une heure plus tard, Gwen sortit enfin du bureau, épuisée mais soulagée. Elle n’avait pas perdu son emploi c’était l’essentiel. Elle commençait à être habituée aux sautes d’humeur de son patron.