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CHAPITRE 3

Le soleil n’était pas encore haut dans le ciel quand Gwen ouvrit les yeux. Pour une fois, elle s’était réveillée sans alarme, sans bousculade, sans stress. La fatigue restait accrochée à ses paupières, mais elle sentait son corps un peu plus léger qu’à l’accoutumée. Le silence de la maison lui parut presque doux. Paisible.

Elle s’étira longuement, se leva, enfila un

Jogging. Le dimanche, c’était sacré. Pas pour se reposer, non. Mais pour remettre un peu d’ordre dans sa vie. Ou du moins dans sa maison.

Elle attrapa un balai, ouvrit grand les fenêtres, lança un peu de musique, une vieille chanson de Charlotte Dipanda qui lui faisait toujours du bien et commença à balayer avec énergie. Le frottement des balais sur le sol, les allées et venues dans chaque pièce, le grincement des objets déplacés… Peu à peu, le bruit de ses mouvements réveilla les enfants.

Iris fut la première à apparaître, encore en pyjama, ses cheveux emmêlés et ses petits yeux encore gonflés de sommeil. Elle s’arrêta un instant dans l’encadrement de la porte, cligna des yeux, puis, reconnaissant la silhouette de sa mère, courut vers elle à toute vitesse.

_ Maman !

Gwen lâcha son balai juste à temps pour ouvrir les bras. Iris s’y jeta de toute ces force

_ Bonjour maman

_ Bonjour mon trésor, alors, tu as bien dormi ?

La petite hocha la tête en guise de réponse

_ Tu m’as manqué hier, dit-elle d’une petite voix, la tête enfouie dans son cou.

_ Toi aussi, mon cœur. Tu sais bien que j’aurais voulu rentrer plus tôt…

Elle la serra fort contre elle, inspirant l’odeur tiède et sucrée de sa fille, ce parfum d’innocence qui lui rappelait pourquoi elle tenait encore debout.

_ Allez, va te laver le visage. Je prépare le petit-déjeuner, d’accord ?

_ D’accord, répondit Iris en s’éloignant en trottinant.

Inès, à son tour, apparut quelques minutes plus tard, les bras croisés, la mine encore endormie.

_ Tu fais le grand ménage ? murmura-t-elle en bâillant.

_ Comme tous les dimanches. Tu peux m’aider, si tu veux. Mais d’abord, va te brosser les dents.

_ Oui, chef.

Gwen sourit malgré elle. Ces petits moments du quotidien, ce désordre familial, cette chaleur… C’était ça, sa vraie richesse.

Elle se mit ensuite aux fourneaux. Ce matin-là, elle prit le temps de faire un bon petit déjeuner à ces filles des beignets de farine accompagné de haricots qu’elle avait conservé au congélateur et de la bouillie.

La petite famille se régala autour de leur petite salle à manger

Après le petit déjeuner Gwen se mit à apprêter le repas de midis pendant que Ines rinçait la vaisselle

Quand Inès eut terminé, elle donna un coup de main à sa mère et Gwen en profita pour lui montrer comment allumer le feu

_ Tu te débrouilles plutôt bien, mais… interdiction de le faire sans mon autorisation est-ce que c’est clair ?

_ Oui maman, répondit ines sa joie débordante

_ Maintenant met la marmite au feu, quand l’eau aura tari tu me dis, enchaîna Gwen. Et pendant ce temps lave la viande

Inès s’exécuta sans hésitation, elle adorait passer ce genre de moments avec sa mère. C’était rare alors elle en profitait aux max quand l’occasion se présentait

Quelques heures plus tard, on frappa à la porte. Gwen, encore en train de ranger la vaisselle, se sécha les mains rapidement et alla ouvrir. C'était Solange, sa voisine et confidente. Une femme douce de la quarantaine avec qui elle s’était liée d’amitié dès son arrivée dans l’immeuble, toujours bien entretenue. Elle ne reflétait pas du tout son âge

_ Je me suis dit que tu aurais besoin d’un peu de compagnie, dit-elle avec un sourire en entrant.

_ Tu tombes à pic, répondit Gwen, enchantée, heureuse de la voir. J’ai fait du ndolet avec des crevettes frais tu va adorer

_ Je n’en doute pas

Solange s’installa confortablement sur le petit canapé pendant que Gwen lui servait à manger, Gwen l’a rejoignit enfin

_ Alors raconte-moi un peu. Hier que s’est-il encore passé

Gwen roula des yeux, déjà épuisée rien qu’à repenser à sa journée.

_ Ne m’en parle même pas. Il m’a fait attendre deux heures à l’aéroport. Deux bonnes heures, Solange ! Debout là, comme une potiche, pendant qu’il faisait Dieu seul sait quoi.

_ Deux heures ?! Et tu ne l'as pas appelé ! s’écria la voisine, choquée. Où était-il?

_ Si, je l’ai fait mais Monsieur n’a pas répondu. J’ai même commencé à croire qu’il ne viendrait plus… Et quand il est finalement arrivé, il n’a même pas daigné à s’excuser rien du tout

_ Non mais ce type est malade, Gwen. Pour qui se prend t’il ? Il te traite comme un chiffon

_ Tu ne crois pas si bien dire, murmura Gwen, un demi-sourire triste aux lèvres.

Solange secoua la tête, visiblement écœurée.

_ Franchement, je ne sais pas comment tu fais. Moi, à ta place…

_ Tu aurais démissionné ? Coupa doucement Gwen. Oui. Moi aussi je me le dis, parfois. Mais ce n'est pas aussi simple. Avec les enfants, le loyer, l’école, la nourriture, et sans oublier que je n’ai pas les diplômes nécessaires pour ce poste, c’est un coup de grâce si j’ai pu avoir ce travail en plus dans une si grande entreprise… Je ne peux pas me permettre de perdre ce travail.

Solange soupira longuement, posant une main sur l’épaule de son amie.

_ Je comprends, ma sœur. Mais franchement tu devrais te donner plus de valeur, c’est en partie de ta faute s’il te traite de cette façon. Tu donnes tout à ce travail, et lui, il ne te donne même pas le respect qu’un chien mérite.

_ Je sais, souffla Gwen, les yeux dans le vide. Mais je suis coincée, Solange. Pour l’instant.

Le silence s’installa un moment entre elles, lourd de tout ce que Gwen ne disait pas. Puis Solange brisa la glace

_ Allez, assez parlé de ce monsieur. Prépare-toi, on a promis une balade aux enfants. Ils sont tous excités !

Gwen acquiesça en souriant. Les enfants, déjà habillés, tournaient dans la maison avec excitation. Iris sautillait avec son sac à dos, Inès, un peu plus réservée, était déjà prête, lunettes de soleil sur le nez.

Mais alors que Gwen enfilait ses chaussures, son téléphone vibra. Un appel. Elle jeta un coup d'œil à l’écran. Son cœur se serra : Mr Heintz

Solange roula immédiatement des yeux.

_ Quoi encore ? Je croyais qu’il était censé être en voyage, celui-là. On allait enfin passer un dimanche tranquille…

Inès fronça les sourcils, méfiante.

_ Sûr qu’il va encore gâcher la journée…

Gwen s’éloigna légèrement et décrocha. La voix froide de Laurel se fit entendre sans attendre :

_ Connecte-toi immédiatement. Réunion en ligne. Prends les notes comme d’habitude.

Bip.

L’appel fut coupé. Aucune salutation. Aucun merci. Rien.

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