Chapitre 5

Un jeu dangereux

Épisode 5

Durant les jours qui suivirent le procès, les gens ricanaient sur mon passage, ou me toisaient avec mépris, mais à présent que le verdict allait être rendu, il n’y avait ni sourires méprisants ni rires moqueurs dans la salle d’audience.

— Fabrice dasylva , non coupable.

En dépit de ma colère, je ne peux retenir un soupir de soulagement. Pour la première fois, je tourna les yeux vers lui et, quand je croisa le regard sur moi, tout le reste s’évanouit.

Fabrice m’adressa un petit signe d’excuse, comme s’il cherchait à me faire comprendre qu’il m’expliquerait tout, que nous serions bientôt ensemble.

« Il ne pensait pas ce qu’il a dit, m’avait répété Andrea . L’avocat ne lui a pas laissé le choix... »

— Hyacinte dasylva , non coupable.

— Non ! murmura Andrea à côté de moi

Je lui serre la main tandis que la brute adipeuse souriait dans nos

direction .cela faisait si longtemps que hyacinte convoitait Andrea ...

Une agitation incroyable s’empara de la salle. Terrifiés de nouveau, mais déterminés à feindre la loyauté vis-à-vis du tyran, les gens

applaudirent à l’unisson.

Atterrée, Je baissa la tête en refoulant mes larmes. Je savais ce qui allait suivre. Je vois mon père à la barre, si affaibli qu’il tenait à peine debout.

— max Dje , coupable.

Il sera transféré à Abidjan où sa sentence serait prononcée, et il purgerait sa peine là-bas. Mon père mourra en prison, je le pressentais avec un frisson glacé

— Je ne t’abandonnerai pas !

Lorsque hyacinte sortit du tribunal, il fut accueilli par des hourras, mais je ne les entendais pas. Sans attendre que Fabrice apparaisse à son tour, sans rien voir, sans regarder personne, je retourne chez Andréa et je commença aussitôt à faire mes bagages.

— Je vais à Abidjan pour être près de lui et tu dois t’en aller aussi. Hyacinte est de retour, il...

— Je ne peux pas abandonner ma mère

— Elle comprendra...

— Non, Maryline . Je ne peux pas, elle est trop malade.

Quelqu’un frappant à la porte, Andrea alla ouvrir et revint aussitôt

— Je ne veux pas le voir.

— Ce n’était pas lui. C’était junior qui m’apportait un message. Il va y avoir une grande fête à l’hôtel, ce soir. Tout le monde est invité et je dois travailler au bar.

— Non !. Tu viens à Abidjan avec moi !

— Je ne peux pas laisser maman maintenant. Mais toi, tu dois partir, et pas seulement pour veiller sur ton père : tu es devenue un bouc émissaire, ici. Tout le monde sait que c’est hyacinte le coupable, mais ils ne le diront jamais à voix haute.

Brusquement, Andrea fondit en larmes.

— Je ne veux pas que mon premier amant soit hyacinte ... Tu vas me dire qu’il faut que je lui résiste, je sais...

— J’ai bien compris que ce n’était pas aussi simple

— Quand ma mère sera morte, et ça ne saurait plus tarder, j’irai te rejoindre. Mais pas maintenant. Je dois rester ici pour veiller sur elle, de la même façon que tu t’en vas pour t’occuper de ton père .

Des coups furent de nouveau frappés à la porte et, cette fois, c’était Fabrice .

— Je n’ai rien à lui dire

— Il dit qu’il ne s’en ira pas tant qu’il ne t’aura pas parlé.

Soudain, la honte et la souffrance se conjuguèrent à l’inquiétude que

J’éprouvais au sujet de mon père, me transformant en véritable tornade.

Je me précipite alors dans l’entrée où attendait Fabrice

— Félicitations ! . Toi et ton père, vous êtes

libres, alors que mon père va moisir en prison ! Où est la justice, là-dedans ?

— Il n’y a pas de justice. Pouvons-nous aller

faire un tour ?

— Dis ce que tu as à dire...

— Non, pas ici.

— J’ai confiance en Andrea . Et après tout ce que tu as dit au procès, j’ai

bien plus confiance en elle qu’en toi !

— Tu sais pourquoi j’ai dit ce que j’ai dit.

Au plus profond de mon cœur, je le savais en effet. Alors, même si je me débattais dans un chaos épouvantable, j’hocha imperceptiblement la tête et alla informer Andrea que je sortais mais pas pour longtemps.

Sans échanger un mot, nous marchons

— Tu viendras à la fête ?

— Non. Je ne veux plus rien avoir à faire avec mon père.

Nous arrivons à la plage

— J’y viens très souvent avec Andrea et nous l’appelons notre « plage

secrète »... même si tout le monde fait sans doute la même chose !

— Maryline , je retourne à Paris demain, et je veux que tu partes avec moi, ainsi qu’andrea. Thierry s’en va aussi, mais personne n’est au courant pour l’instant. Ce soir, il participera à la fête et fera semblant de se réjouir que hyacinte ait été libéré, mais demain, il fiche le camp.

— Andrea ne peut pas quitter sa mère.

— Il le faut.

— Elle ne partira pas : je viens d’en parler avec elle. Je la comprends, sa mère a besoin d’elle pour payer le loyer. Autrefois, elle était propriétaire de sa maison, mais ton père la lui a prise pour l’aider à payer les soins médicaux...

Je dois la conforter dans sa décision

— Maryline , partiras-tu à paris avec moi ?

— Non. Je vais aller m’installer à Abidjan pour m’occuper de mon père.

— Si tu viens à Paris avec moi, je te donnerai de l’argent pour que tu puisses aller le voir régulièrement.

— Je ne veux pas de ton argent ! Ma parole, tu es aussi arrogant que ton père... Je vais te dire une chose, : je préférerais travailler au bar et faire la pute avec Andrea plutôt que de t’accompagner . Est-ce que tu as la moindre idée de la honte que j’ai ressentie au tribunal, quand tu as dit ce que tu as dit ?

— Maryline ..., commença Fabrice en me prenant le bras.

Il me força à me tourner vers lui.

— Tu sais pourquoi je l’ai fait. Pour que tes propres paroles n’aient pas d’incidence sur le verdict concernant ton père.

— Va vivre ta vie, Fabrice . Va t’amuser à Paris avec tes femmessuperbes qui ne convoitent que ton corps et ton argent. Vous allez bien ensemble. Et profite bien du sale fric que ton père t’a donné !

— Il ne m’a rien donné.

— Je t’en prie...,. Je me débrouillerai mieux sans toi.

— Tu en es sûre ?

— Certaine.

— C’est incroyable..., J’ai passé six

mois en prison, dont deux en isolement, et la seule chose qui m’ait aidé à tenir, c’était la perspective de te revoir quand je sortirais.

— Au fait, qu’est-ce que tu as dit à ton père, au juste ? Je suis curieuse de l’apprendre.

— On a examiné mon passé à la loupe, dans les moindres détails. Mais je n’aurais jamais pensé qu’en retrouvant enfin la liberté je serais de nouveau jugé par toi.

Il me regarde dans les yeux avant d’ajouter :

— J’ai menti sous serment pour toi.

— Je me fiche de tes mensonges faits sous serment !. Ce qui m’intéresse, c’est ce qui a été dit de vrai. Retourne à Paris , va retrouver tes mannequins et tes actrices sans t’encombrer d’une paysanne...

C’était cela qui m’avais anéanti, qui m’avais donné envie d’aller me terrer quelque part, pour toujours. Mais plutôt que disparaître, je préférais me battre.

J’avais toujours senti que je n’étais pas à la hauteur, pour Fabrice , et quand j’ai appris ce qu’il avait dit à hyacinte , devant tout le monde, ç’avait été pire que si j’avais été trimbalée nue dans les rues d’assimilé

— Quand tu as dit ça à ton père, tu ne mentais pas sous serment.

— Tu oublies le contexte. Je le défiais, et il m’a battu. J’ai eu tort de dire ça à propos de toi, je le reconnais. Je m’en suis rendu compte dès l’instant où j’ai ouvert la porte et que je t’ai vue... si belle... si...

Sans le vouloir, il venait de me blesser encore une fois. Car la femme qui s’était tenue devant lui, dans la robe merveilleuse créée par Andrea , avait été une créature presque irréelle.

Et si Fabrice me connaissait , il ne me trouverait pas assez bonne pour lui.

— Je ne te le pardonnerai jamais !. Je n’oublierai jamais la honte que j’ai ressentie en apprenant que mon premier amant m’avait d’abord repoussée en me traitant de paysanne !

— Visiblement, j’avais raison ! Tu crois vraiment que j’ai envie de rester là à chercher à convaincre une femme qui se conduit comme une mégère, alors que je sors à peine de prison ? C’est de champagne, que j’ai besoin, Maryline! Et de rire, en compagnie d’une femme douce et ravissante.

— Tu as terminé ?

— Oui.

Sans ajouter un mot, il me tourna le dos et il est partit...

À suivre ...

Aimez , commentez et partagez ❤️?