#chapitre4️⃣
De son départ du poste à la soirée, non grand chose s'est passé.
Deux arrestations pour vol chez un bijoutier et l'autre pour une bagarre qui a eu lieu au QG dont la victime était Polo Sanchez. Mise à part ça, le reste de la journée s'est fait dans un calme assez apaisant.
Ça m'a permit de me vider de toutes émotions stressantes ou encore douloureuse à son égard.
Même quand je pense qu'il ne me surprendra plus, il trouve, toujours, toutes sortes d'idées plus folles chacune.
Et j'ai comme l'impression que ce n'est pas fini.
Essayant d'oublier cet événement, je suis partie du boulot un peu avant Freddy parce qu'il devait finir d'écrire la plainte du vol.
Sortant donc des courses du supermarché non loin de mon immeuble, je remarque certains enfants d'hors et déjà apprêtés en costume. Vampire, sorcière, clown... Même ainsi, ils sont si innocents.
Les décorations extérieures permettent de donner une, fausse, ambiance effrayante s'accordant avec leurs tenues. Un des nombreux groupes de la ruelle passe le piéton et se retrouve face à moi, l'air effrayant. Constitué d'un groupe de trois, le plus jeune, déguisé en vampire prend la parole:
- Des bonbons ou un sort? me demande-t-il de sa voix frêle.
Je souris, amusée, et cherche dans mon sac de quoi les satisfaire en distribuant les bonbons à part égales dans leurs citrouilles. Leurs yeux émerveillées face aux sucreries que je sors, ils me remercient l'air joyeux avant de partir, certainement dans la quête de chercher d'autres personnes pour leurs récoltes.
Je passe le pas et arrive très rapidement devant mon immeuble, le crépuscule déjà à son apogée. Tapant mon code et passant l'ascenseur, mon hall d'entrée me fait face. Clef dans la serrure, j'y rentre et pose rapidement mon sac sur la table central de la cuisine. Bière, chips, plats pour le diner. Tout ce que nous avons besoin pour nous satisfaire ce soir.
Mia ayant bientôt fini, elle ne devrait pas tarder alors je m'empresse de mettre la table de sorte à en faire un apéro. Chips dans les bols, plats au four, les bières disposés sur la table basse du salon, ma porte se met à toquer. Tout en prenant une chips en l'emmenant à ma bouche, je m'essuie les mains entre elles et part ouvrir.
Freddy.
Je lui souris avant qu'il ne me fasse une accolade et agite de ses bras l'alcool qu'il a ramené.
On dirait un ado en pleine puberté, invité à une soirée chez les populaires du lycée. Je rigole amusée avant qu'il ne rentre à l'intérieur. Lorsque je ferme la porte, mon meilleur ami prend la parole:
- Elle n'est pas encore la? Heureusement dit-il en s'essuyant faussement le front.
Je lève les yeux au ciel et prend les sacs qu'il a dans les mains afin d'en faire des cocktails.
- Arrêtez d'être aussi nonchalant l'un envers l'autre. Je suis sure que vous pourriez bien vous entendre dis-je sérieusement.
Dans la cuisine, lui assit sur l'une des chaises hautes il me regarde avant de s'exclamer rapidement.
- Jamais de la vie.
Coupant un citron, je ne rebondis pas. Je suis certaine qu'ils ont bien plus de points en commun qu'ils ne le pensent. Ils ont juste trop de fierté pour se l'avouer l'un l'autre.
Verre par rangée, je sers à dose égale alcool, limonade, rondelles de citrons, sucre puis menthe.
Ma tache finit, je sers un verre à Freddy. Il me regarde comme un gamin à qui on aurait offert des cartes de jeu. Il amène la paille à sa bouche et ses yeux pétillent après avoir ingurgité une gorgée.
- Dans une autre vie tu aurais fait fureur dit-il en pointant le verre de sa paille.
Je lui lance un clin d'œil et la porte se met à émettre un bruit qui signifie que quelqu'un y introduit des clefs.
Mia.
Freddy souffle, faussement désespéré, et je le regarde sérieusement.
- Fais un effort.
Il lève ses mains en l'air signe de résignation et la porte s'ouvre sur ma soeur en accoutrement. Sa jupe tailleur noir et de son sac en cuir, sûrement incrusté de papiers de ses patients de la journée, lui donne une allure sévère.
Elle me sourit, heureuse, avant que son regard ne se porte sur la personne à mes côtés. Son regard s'assombrit faussement.
- Toi dit-elle avec dédain.
Elle enlève ses chaussures une à une en posant sa veste à l'entrée. Elle me fait un bisou sur la joue contrairement à Freddy à qui elle offre un autre regard de tueur.
- Quand est-ce que vous allez arrêtes tous les deux ?
Ils répondent alors à l'unisson:
- C'est lui qui a commencé.
- C'est elle qui a commencé.
Face à cette synchronisation, ils se regardent avant de rire légèrement dans leurs barbes. Je passe devant eux dans le salon avec le cocktail de ma sœur, n'ayant pas l'envie de boire ce soir. L'épisode du Zag m'a aussi traumatisé des états seconds loin de toute lucidité. Alors je préfère rester moi-même au maximum.
Allumant la télé, mettant une musique en bruit de fond, Freddy et Mia arrive dans mon champ de vision lorsque je sors une cigarette de mon paquet.
- Tu devineras jamais ce que j'ai apprit m'énonce Freddy.
Je le regarde, l'air curieux le poussant à continuer dans sa petite révélation de la journée.
- Bryan m'a apprit qu'une nouvelle s'apprête à venir au poste.
Une nouvelle ? Tiens donc. Mes sourcils froncés me voici piqué à vif dans ma curiosité.
- Elle s'appelle Hyliana. Elle a trente trois ans.
Avant même que je ne prenne la parole, Mia me devance.
- Peut-être que c'est enfin la bonne. La seule qui voudra de toi affirme Mia.
Freddy la tue du regard et je ne peux m'empêcher de sourire quelque peu amusée. Je sais pertinemment que Freddy se voit être heureux de cette venue pas parce que nous manquons de personnel mais bien parce qu'il se dit: "J'ai hâte de voir si elle me plait."
- Elle arrive quand? demandais-je tout en me reprenant.
- Certainement demain. Et cette fois-ci on nous a envoyé au préalable les papiers qui stipulent bien sa profession.
Très bien. Je n'aurai pas à méfier autant que je l'étais avec William ou même Christian. Même si évidemment je resterai sur mes gardes. Vous me connaissez.
- D'accord dis-je simplement.
Nous verrons bien demain qu'elle est ce personnage nouveau au poste. En tous cas, je ne peux m'empêcher de me montrer quelque peu joyeuse de savoir que je ne serai plus la seule femme au poste. Parce que, certes, être entourée d'hommes au travail ne me dérange pas, toute cette testostérone me donne parfois l'envie d'être ailleurs.
- Allez trinquons dit Freddy en se levant.
- Je veux certainement pas trinquer avec toi lui dit Mia.
Je me lève tout en regardant ma soeur. Elle comprend où je veux en venir juste avec mon regard. Elle doit faire un effort. Alors elle se lève en marmonnant dans sa barbe des choses incompréhensibles et prend son cocktail quant à moi mon verre de soda.
- À nous affirmais-je.
Ils me suivent en cœurs et nous buvons ensemble tout en profitant de la soirée paisible, sans problème qui nous attend. S'asseyant après avoir trinqué, Mia me raconte sa journée, tout en respectant évidemment, le secret professionnel.
Tout en l'écoutant, intéressée par ses propos, elle m'affirme le ton quelque peu hésitant:
- J'ai oublié de te dire mais commence-t-elle.
Avant qu'elle ne me fasse part de ce qu'elle a à me dire, mon téléphone se met à vibrer derrière ma fesse. Je le prends en m'excusant et voit un numéro que je ne connais pas. Le début de ce numéro de téléphone n'est pas celui qui était enregistré comme par magie, le lendemain du Zag.
Je fronce, donc, les sourcils intriguée en cogitant longuement sur ma décision de prendre l'appel ou le refuser.
- Qui c'est ? me demande Freddy après avoir bu une gorgée.
J'hausse les épaules sans pouvoir l'éclairer d'autant plus. Sans hésiter plus que ça, je prends l'appel en amenant mon téléphone à mon oreille.
Appel téléphonique:
- Allo ?
On peut, très clairement, sentir la confusion dans ma tonalité.
- Salut Éna c'est Paul. Paul Diway.
Pourquoi m'appelle-t-il?
Comment a-t-il eu mon numéro ?
- Oh salut lui répondis-je confuse.
Certes, il m'a donné son numéro mais je ne l'ai pas appelé ou même envoyé un message afin qu'il puisse enregistrer le mien dans ses contacts.
- J'espère que je ne te dérange pas ou que tu n'es pas en pleins service.
Trouve rapidement un mensonge.
- Je suis un peu pressée la. Je me dirige au poste dis-je en regardant Mia.
Ça ne peut être qu'elle qui lui a donné mon numéro. Paul a sûrement du lui demandé puisque je ne l'ai pas rappelé.
- Je serai bref alors. J'ai vraiment apprécié le dîner de la dernière fois. Et j'aimerai bien te revoir. Alors si ça te dit on pourrait aller manger au restaurant demain soir ?
Comment peut-il dire qu'il a apprécié le dîner alors que même un
aveugle pourrait voir que je n'étais pas intéressée ?
Paul n'est pas quelqu'un de méchant mais je ne veux pas lui donner de faux espoirs plus que j'ai pu lui en donner.
- Je suis déso...commençais-je.
Paul me coupe comprenant où je veux en venir.
- J'ai compris ne t'inquiètes pas dit-il peiné. J'ai été ravi de faire ta connaissance.
Me voilà commençant à culpabiliser. Mais qu'est ce qui ne va pas chez moi ? Je souffle en me reprenant regrettant mes paroles avant même d'avoir sa réponse.
- Mais rien ne nous empêche d'y aller en tout bien tout honneur. Tu ne penses pas ?
Sans même le voir, je peux le sentir sourire. Dans quoi est-ce que je m'embarque ? Pourquoi je ressens un élan d'empathie ?
- Ça me va carrément. Je viendrai te chercher à vingt heures. À demain.
- À demain.
Fin de l'appel téléphonique.
Éloignant mon téléphone de mon oreille après avoir raccroché, je regarde ma soeur en lui offrant un regard de tueur.
- Je vais te tuer.
Freddy rigole ayant entendu la conversation. Comprenant dans quelle situation elle m'a mise, elle me saute dans les bras dans un élan de gentillesse.
- M'en veux pas. Il s'est montré très persistant. J'avais pas le choix.
C'était donc ça qu'elle avait "oublié" de me dire. Je grogne alors tout en ayant Mia qui s'éloigne de moi pour me faire face.
Moi qui pensait être sorti d'affaire avec Paul, je me suis bien trompée.
Pdv de Hice:
>>
Impossible. C'est tout simplement impossible que ça puisse être vrai. Pourtant elle ne m'a montré aucun signe qu'il contredisait ses dires.
Son travail permet de jouer sur l'aspect comportemental de ses mensonges. Si ça avait été le cas elle n'aurait pas agit comme ça au Zag.
Elle était défoncée.
J'ai essayé de lutter contre mes premiers instincts mais n'ai pu m'empêcher de faire mes recherches privées. J'en ai rien à foutre qu'on puisse penser que je suis un psychopathe. C'est royalement le cadet de mes soucis.
J'ai alors inspecté ses derniers contacts avec les gens de son entourage et ai apprit qu'elle aurait dîné avec un certains « Paul Diway >>>
Jamais vu.
Jamais entendu.
Alors j'ai inspecté sa vie à lui également.
Célibataire, vit à New York depuis plus de six mois. Ses parents, Lidia, 58 ans et Henri Diway, 63 ans habitent en Espagne depuis trois ans. Sa sœur, Danielle, 36 ans habite à Paris depuis quelque mois. Travaille au cabinet de psychologie au côté de Mia Pazer.
Sans même être un génie, je comprends que la principale cause de ce dîner est sa sœur. Elle n'est pas le genre de femmes à aller à un dîner avec des hommes qu'elle ne connaît pas.
- Tu nous écoutes H? me demande Azid.
Mon regard dans mon verre, mes pensées s'effacent et mon regard se braquent sur le destinateur. La musique vient se loger dans mes tympans me laissant apparaître où est ce que je me trouve.
Au Ritz.
Éric à côté d'Alexy, ce dernier cherchant une femme des yeux, consentante à finir la soirée avec lui. Lorsque mon regard se braque sur le destinataire des paroles précédentes, il comprend qu'il a mon attention. Du moins en apparence.
Je dois retrouver ce Paul Diway. Et dans les plus bref délais.
- Je disais que ce soir nous célébrons les cinq ans du Ritz. Et que pour ça nous devons le fêter comme des gens normaux. Au restaurant. Demain.
Sérieusement?
Du genre réunion de famille ?
Je ne peux m'empêcher de rire nerveusement en levant les yeux au ciel. Ce genre de conneries seront sans moi. Je ramène mon verre à ma bouche et le boit cul sec.
- Aller H. Soyons normaux au moins une fois me supplie Clarice.
- Ça ne fera de mal à personne surenchérit Éric. Et certainement pas à nous.
Je n'ai aucunement envie d'aller à ce dîner afin de prouver, en apparence, que nous sommes