#chapitre3️⃣
Une masse me secoue à un endroit, encore non détectable par ma personne. Je grogne alors dans l'espoir que cette sensation cesse. Et devinez quoi? Ça a marché. Je me tourne m, alors, afin de retrouver ma position initiale parfaite à l'endormissent et, cette fois-ci, entend une voix lointaine.
- Éna réveille toi.
Qui me parle ? Je pense qu'en me concentrant légèrement je pourrai décrypter cette voix mais j'en suis incapable. Je n'en ai pas la force. La personne continue à répéter mon prénom avant que la voix ne s'éclaircisse donnant place à une voix qui m'est bien familière.
Mia.
Comprenant peu de ma situation, un lit se fait ressentir le long de mon corps. Une couverture où est inscrite mon odeur de linge également. Un œil ouvert l'un après l'autre, je les referme, presque instantanément, aveuglée par la lumière du jour.
Quelle heure est-il ?
Ma soeur comprend que la lumière du jour ne joue pas en ma faveur alors elle tire les rideaux pour faire place à l'obscurité qui aide mes iris dans la quête de s'ouvrir. Mia au pied de mon lit, avec un plateau où je crois reconnaitre l'odeur de crêpes aide à réveiller mes sens. Elle pose délicatement ce dernier sur ma table de chevet, et s'assoit au bord du lit en se mettant à toucher mes cheveux.
- Tu te sens comment?
Mon estomac est en vrac, mon cerveau me fait atrocement mal, mon corps également. Qu'est ce qu'il s'est passé ?
- J'ai mal partout dis-je douloureusement.
Je me redresse quelque peu et Mia positionne le plateau garnit, je suppose par ses soins là où des médicaments contre la migraine y sont également, sur mes jambes. Elle a l'air de comprendre mon état. Comment ça se fait? Sait-elle pourquoi je me sens ainsi ?
- Est-ce que tu te souviens de ce qu'il s'est passé ?
Je la regarde et hoche négativement la tête. Son sourire me montre qu'elle s'y attendait, étrangement, et qu'elle a réponse aux questions que je cherche.
- Je pense qu'avec ce que je vais te dire tu devrais manger dit-elle doucement.
Qu'est ce qu'elle a à me dire ?
Est-ce grave?
Attendant que je ramène quelque chose à ma bouche avant de s'élancer dans son monologue, je prends le verre de jus dans mes mains.
- Hier tu es rentrée endormie. J'étais paniquée à l'idée de savoir qu'il t'étais arrivée quelque chose pendant ton service. Puis il m'a expliqué ce qu'il s'est passé.
Lorsque je fronce les sourcils, mon mal de tête s'intensifie atrocement que j'en couine de douleur. Qui m'a raccompagné ?
Où j'étais hier?
- Quoi? réussissais-je à lui demander de sorte à répéter.
- Il m'a expliqué qu'hier quelqu'un t'avais drogué et que tu n'étais plus toi même.
C'est alors, avec les paroles de ma soeur, que les événements viennent frapper mon cerveau m'assommant presque à nouveau.
Le Zag.
Mon état.
Lui.
Mon Dieu.
On m'a drogué.
J'ai fait un strip-tease devant tous les hommes présents.
J'étais à moitié nue.
Ce n'était pas une hallucination.
Il était bien réel.
Je lui ai littéralement fait du rentre dedans.
Il était là.
Face à sa révélation, je manque de m'étouffer avec son jus pressé.
C'est pas vrai. J'ai quand même pas fait ça ?
Les yeux grands ouverts, la panique prend par de mon corps à vive allure en faisant presque trembler mes jambes.
Les souvenirs de ma personne sur le pol dance à moitié nue, à rigoler aux éclats devant tout le monde.
Mon excitation dont je lui ai fait part.
Mia voit mon anxiété extrême lorsqu'elle touche mon épaule d'un geste qui me montre son soutien et son réconfort.
- Eh ça va aller ne t'inquiètes pas. Tu es à la maison et j'ai prévenu le poste que tu ne pourras pas partir travailler aujourd'hui.
Merde.
Freddy.
Alcarez.
Bryan.
Les éléments de ma soirée s'enchainent encore et encore.
Pourquoi a-t-il fallu que je bois ce verre d'eau ? Pourquoi a-t-il fallu que je tombe pile sur un détraqué mental? Freddy et Alacarez m'ont-ils vu danser? Bryan m'a-t-il remarqué lorsque je suis partie à ses cotés ?
Mon coeur douloureux, je m'efforce de ne pas pleurer.
Il n'était pas une hallucination.
- Tu ne veux certainement pas qu'on parle de lui. Mais commence-t-elle hésitante. il t'a sauvé la vie.
Comme elle.
Malgré son aveu, je vois bien qu'elle me sourit du style "Tu devrais le remercier." Mais je suis incapable de prononcer un mot.
Les éléments de la soirée ont bien trop de mal à être avalée par ma personne. Mon verre de jus à la main, je le dépose sur le plateau, l'appétit, totalement, coupé. Mia me fait un bisou sur la joue comprenant sûrement que j'ai besoin de me retrouver seule avec mes pensées. Étant, encore, incapable de me lever, je regarde le plafond en me tenant les cheveux.
Tout ce que je pensais, hier soir, étaient, alors, vrais. Ce bureau qui m'était si familier l'était car c'est à cet endroit qu'il a fait ce qu'il a fait avec Christian.
J'étais en sous-vêtements devant lui l'air de rien, ma libido débordante à lui demander de me toucher.
Il aurait pu joué de mon état. J'étais là à m'exhiber devant lui, à gémir face au souffle de sa peau contre la mienne.
Au fond, malgré tout, malgré ce qu'il a su m'infliger, je sais que ce n'est pas ce genre d'hommes. Fort heureusement d'ailleurs.
Mon téléphone sur le coté se mettant à vibrer, je le prends et pars dans mes conversations avec Freddy, auteur de ce bruit.
"J'ai du partir je ne me sentais pas bien. Je ne pense pas être la demain non plus. Désolée"
La réponse de Freddy s'est suivit quelques minutes après.
"J'espère que ça va. Tiens moi informer de comment tu te sens. Je t'aime."
Cette discussion datait au moment où je dormais car je n'en ai aucun souvenirs. Je conclue que c'est Mia qui a envoyé un message.
"Mia a appelé pour dire que tu ne pouvais pas venir travailler. Ça va? Je m'inquiète. Réponds-moi."
Je ne prends pas plus de temps à lui répondre, le rassurant, même si ça me coute de devoir lui mentir.
"Je vais bien ne t'inquiètes pas. Une migraine, je crois que j'ai attrapé froid."
Après lui avoir envoyé ce message, je pars dans les appels et voit les appels manqués de mon meilleur ami. Pour avoir en douze de sa part, je pense qu'il a du sacrément s'inquiéter.
Passant brièvement mes contacts, je vois un numéro que je ne connais pas. Qu'est-ce que? À qui est ce numéro ?
Lorsque je lève les yeux pour voir un quelconque nom face à ce destinataire, je ne vois rien. Aucun nom, aucun prénom, aucun mot.
Je pars dans la discussion mais ne voit qu'aucun message n'a été envoyé de ma part comme de la sienne.
Bizarre.
Je repose mon téléphone me rendant compte qu'une larme solitaire s'était mise à couler le long de ma joue.
On m'a drogué, certainement au GHB, et il m'a sauvé la vie. Mais l'a également détruite.
Ce sentiment contradictoire me laisse d'autant plus le cerveau en vrac, les émotions se battant les une contre les autres.
La reconnaissance.
La haine.
Le tristesse.
Le choc.
L'Amo...
Non.
Tous se bousculent m'en donnant presque l'envie de vomir.
Malgré mon énergie encore très faible, j'essaie de me lever du lit afin d'aller prendre une douche.
J'en ai sérieusement besoin.
Me levant donc, sans manquer de trébucher, en tee-shirt, je comprends que ma soeur a su s'occuper de moi à la perfection.
C'est ainsi que je remarque sur ma chaise un élément qui vient me stopper dans mon élan. Un habit que je ne porte pas en temps normal. Une veste en cuir.
Sa veste en cuir.
Je la prends, délicatement, au risque de m'effondrer si je fais un geste brusque, avant de l'emmener à mon nez. Les événements, lorsqu'il me l'a mise me revint en mémoire quand l'odeur de son blouson me parcours les narines.
Je peux sentir plusieurs larmes couler le long de mes joues. C'est tellement dur.
J'aimerai aller le voir, lui parler, le remercier mais je ne peux pas. Il m'a brisé et je ne lui laisserai plus jamais cette occasion.
Plus jamais.
Posant sa veste à sa place initiale je sors de la chambre les cheveux, certainement, ébouriffés et mon maquillage coulant de la veille. Tout en ayant le regard de Mia du salon, je vois dans ses iris qu'elle a compris mais ne rebondit pas. À la place, elle m'offre un sourire amusé.
- Tu devrais aller te laver tu sens pas très bon. Apparement t'as vomi dans sa voiture dit-elle en riant pour détendre l'atmosphère.
Oh c'est pas vrai.
Je la regarde les yeux prêt à sortir de leurs orbites ce qui redouble son rire. Tout en me dirigeant vers la salle de bain, je réalise.
Je l'ai revu.
Pdv de Hice:
Claquant la porte de chez moi, les manches retroussés face au sang qui émane de mes mains, la colère, la rage n'arrive quand bien même pas à redescendre.
- Mon Dieu H qu'est ce qui t'es arrivé? me demande Clarice horrifiée par mes mains.
Cet homme Vincenzo, pourrit dans les toilettes du Zag attaché à une chaise. Je me suis occupé de son cas, personnellement. Il risque de mourir de faim ou peut-être par manque d'air au vu de sa bouche et de son nez qui ne sont plus fonctionnels.
Il a touché ce qui m'appartient.
Ce qui t'appartenait.
Ta gueule.
Elle, sur cette piste de Pol dance m'a d'abord fait penser que je frôlais la crise de folie. Que j'étais dans un de mes rêves où je la voyais, plus belle que jamais. Puis plus le temps passé, plus je comprenais que c'était bien réel. Qu'elle était bien entrain de danser à moitié nue face à tous ces hommes qui l'acclamaient au Zag.
Je les retrouverai un à un pour avoir posé les yeux sur elle.
- Rien dis-je froidement.
Passant dans la cuisine, je me lave les mains du sang impur de cette putain de pourriture.
- Comment ça rien ? T'as du sang pleins les mains m'affirme-t-elle.
La voir, dans cet état a su réveillé en moi mes ardeurs les plus profondes. La voir en sous-vêtements devant moi me suppliant presque de la prendre sur ce bureau. J'ai du faire face à une prise de contrôle extreme. Elle n'était pas elle même. Je ne pouvais pas.
De nombreuses saloperies font ça, et malgré tout, je ne suis pas ce genre d'hommes.
Après tant de temps, la voir était comme si elle n'était jamais partie, même dans l'état dans lequel elle s'est retrouvée, malgré elle. Elle était plus belle que jamais, même je pouvais discerner les cernes qu'elle portait sous ses, magnifiques, yeux.
- Qu'est ce qu'il se passe ? demande Éric en descendant les escaliers.
Mon sang boue malgré mes pensées envers elle. Ils ont vus ce qui est à moi. Comment puis-je me contenir? Mes mains sur le rebord du lavabo, je me crispe en fermant les yeux.
Repartir là-bas, au Zag, serait mettre fin à un supplice, qui je veux, qu'il dure. Je veux que cet enculé comprenne qu'il ne fera plus jamais ça. Je veux qu'il souffre. Qu'il supplie dans l'espoir que quelqu'un vienne l'aider alors que personne ne lui viendra en aide.
"Je te jure je savais pas qu'elle était avec toi" avait-il dit suppliant.
Puis je lui ai foutu un coup de poing.
Puis deux.
Puis trois.
Puis j'ai arrêté de compter.
Ouvrant à nouveau les yeux, je prends un verre sur le coté et me sert rapidement.
Je peux plus la laisser partir.
J'en ai pas le droit.
Est-ce égoïste de vouloir revenir dans sa vie? Absolument. Mais je ne peux pas faire autrement. Je peux pas la laisser partir sans n'avoir rien tenté. La voir après tant de temps m'a fait réaliser que je ne pouvais plus la laisser disparaitre. Et pour qu'elle accepte au moins de rester face à moi plus de cinq minutes, en état normal, il va falloir que je sois malin.
Ma gorgée de liqueur traverse mon œsophage afin de mettre mes idées aux claires, paradoxalement. En me tournant vers les personnes présentes, Clarice a le regard qui va avec sa voix, c'est à dire horrifié, et Éric le regarde plus que confus.
Si seulement ils savaient.
Sans rebondir sur leurs états respectifs, je prends la parole:
- Éric ta grand mère est toujours en vie ?
Face à ma question, son regard s'intensifie d'incompréhension en avançant d'un pas.
- Ouais pourquoi ? me demande-t-il les sourcils froncés.
L'idée que je m'apprête à avoir n'est pas la meilleure mais elle vaut le coup d'être tentée.
- Appelle la et demande lui de porter plainte contre moi demain soir affirmais-je sérieusement.
Elle ne travaille pas aujourd'hui.
Éric a les yeux prêt à sortir de ses orbites.
- Quoi ? Mais qu'est ce que tu racontes ? C'est Halloween demain ce qui veut dire qu'on aura besoin besoin de toi pour l'ouverture du Ritz.
Cet élément est le cadet de mes soucis, chose que je lui fais rapidement savoir.
- Demande lui d'appeler la troisième avenue.
Si c'est Éric ou Clarice qui appelle elle reconnaîtra leurs voix. Une mamie n'éveille aucunement les soupçons non ?
Éna:
Après l'épisode de ma précédente matinée, seule avec mes pensées, Mia n'étant pas à la maison, je me suis promise que tout ceci n'arrivera plus.
Je n'aurai plus à faire face à cet homme puisque le Zag est un événement qui ne se produit qu'une fois par un. Alors, je ne le verrai très certainement pas avant le 29 octobre prochain.
Mouais.
Il a disparu pendant, presque, an alors pourquoi réapparaîtrai-t-il?
Je ne dois plus me laisser abattre. Je dois remonter la peinte au risque de finir comme une larve.
Même si mon jour de repos, non voulu, a pu être long et ne s'est résumé qu'a me tourmenter face à cet épisode, j'ai quand bien même eu du mal à prendre du recul sur la situation. Je n'en reviens pas d'avoir pu être face à lui, après tant de temps sans lui dans mes parages. Après tous les jours, tous les soirs où je rêvais de l'avoir en face de moi, de lui parler. Où je rêvais de l'embrasser à nouveau, de le sentir à nouveau.
Mais tout ceci n'arrivera plus.
Tout ceci est fini.
Pour de bon.
Pour toujours.
Sur le chemin pour le poste, le soleil bientôt à son apogée, malgré son temps automnal, je pense à Freddy. Je ne lui dirai en rien ce qu'il s'est passé. Il se ferait en sang d'encre et ou me demanderait d'aller vivre chez lui par peur qu'il ne vienne devant mon appartement.
Mais je suis plus forte que ça. Je vais remonter la pente.
Puisque comme je l'ai dit, ce n'est pas parce que je l'ai revu qu'il reviendra dans ma vie. J'ai mit un pied dans son monde. Et comme je ne le fréquente plus, je n'ai aucune raison de m'inquiéter.
Ma voiture dès à présent garée je me regarde dans le rétroviseur intérieur. Je remets mes cheveux, détachée, en place avant de souffler une bonne fois pour toute.
L'épisode d'hier matin et du Zag appartiennent, dès à présent, au passé. Ça ne sert plus à rien d'y penser.
Je sors alors de ma voiture rapidement face au froid qui gèle les parcelles de mes doigts non couverts. Tout en rentrant dans le poste, me voilà accueillie par une douce odeur de café qui enivre mes narines sous les sonneries constantes du poste.
Avec les événements précédents, j'avais complètement oublié la date d'aujourd'hui. C'est le 31 octobre, ce qui veut dire : Halloween.
Freddy, comme toujours, à l'accueil est le premier à me sourire. Venant à lui, il me propose un café aux cotés de Bryan, au téléphone, me regardant avec une lueur de bienveillance dans les yeux.
Il a l'air de s'être inquiété également.
- Pour ton mal de tête me dit-il en pointant mon front.
Si seulement il savait.
Je le remercie silencieusement en prenant le verre en plastique marron, chaud, de mes mains. Je l'amène délicatement à ma bouche en buvant une gorgée qui éveille mes papilles à leurs paroxysme.
Le téléphone du poste se pose par les soins de Bryan et prend la parole en destination de mon, meilleur, coéquipier.
- On doit passer à l'obscur. Bagarre clandestine et un homme grièvement blessé.
Mon coeur rate un battement, j'essaie quand bien même de ne rien montrer.
L'obscur plus communément appelé le "QG", crée par lui.
Je n'ai pas entendu parler de cet endroit depuis bien longtemps et comme par hasard peu après que je le vois, ce nom revient à la surface?
J'ai comme la bizarre impression qu'il est bel et bien de retour.
Est-ce lui la personne blessée ?
Il va bien?
Pourquoi je me pose autant de questions?
- Il s'appelle Polo Sanchez. Ouverture crânienne.
Par magie, mon corps s'apaise considérablement face à l'entente d'un nom, qui n'est pas le sien.
- J'y vais avec Dylan.
Sous nos coups de têtes qui lui informent notre accord, le téléphone fixe du poste se met à sonner à nouveau. Freddy d'un signe de tête le prend à ma place.
Je continue à boire mon café sous le regard sérieux de mon collègue face à l'appel téléphonique. Je passe rapidement dans les vestiaires afin de me mettre en tenue de travail et reprend mon café des mains, posés à l'intérieur de mon casier. Aujourd'hui risque d'être une journée chargée et je ne pouvais pas rêver mieux afin d'oublier les événements précédents.
Je sors rapidement des vestiaires et voit Freddy déposer le téléphone à sa place initiale.
- Une dame s'est faite agressée sur Avenue Street. Une patrouille avec Victor et Hugo y était car une agression s'y était produite un peu avant. L'agresseur a été arrêté.
J'acquiesce en buvant la dernière gorgée de mon verre.
- Je me charge de la plainte.
Mon ton montre ma conviction.
- Je peux le faire.
- Non. J'y tiens. J'ai mal fait mon travail au Zag alors aujourd'hui je me rattrape dis-je doucement.
Freddy me sourit en embrassant le sommet de mon crâne.
- T'en fais déjà beaucoup pour le poste tu sais affirme-t-il sérieusement.
Je lui souris quelque peu touchée par son propos en préparant les papiers pour la déposition.
- Puisque tu t'occupes de ça affirme-t-il en pointant les papiers que j'ai dans la main. Je vais faire une ronde avec Alcarez et Derek sur la deuxième. Victor prendra la plainte de la dame.
J'acquiesce simplement en ne quittant pas les papiers des yeux.
- Ne sois pas jalouse. Je préfère mille fois faire mes rondes avec toi.
Je lève alors les yeux et ne peut m'empêcher de rire avec Freddy.
- C'est toujours bon pour ce soir? me demande-t-il.
J'opine. Il me lance pour la suite un clin d'œil avant de passer le pas au côté d'Alcarez et Derek, eux prêts pour la ronde.
Freddy vient ce soir à la maison afin de « fêter >>Halloween. À contrario de l'année passée, je ne ferai rien. Je n'irai pas en boîte, encore moins au Ritz. Et ma sœur partage mon avis.
Même un an après les séquelles sont toujours présentes. Et je ne peux que la comprendre.
Alors nous avons décidé de passer la soirée toutes les deux également en compagnie de Freddy. La relation entre ma sœur et mon ami de longues date a toujours su me mettre de bonne humeur. Ils s'entendent comme chien et chat et c'est pour ainsi dire hilarant à en être spectateur.
Les papiers à disposition, je ne peux m'empêcher de souffler un bon coup, les événements plus qu'éprouvants s'apprêtant à remuer mon cerveau.
Non.
Ne pas y penser. C'est pourtant pas compliqué. Merde.
Le stylo, qui permettra de portée plainte à la main, je le pose sur les papiers avant que la cloche du poste ne retentisse dans les alentours.
Mon regard se porte sur la venue de Victor avec à ses cotés, une petite dame.
Soixante-dix ans.
Cheveux gris en carré couper à la perfection.
Robe fleurie.
Même d'ici je peux sentir la gentillesse de cette dame.
Aucune égratignure, du moins en apparence.
Victor prend les papiers chargé de la plainte en me souriant brièvement. Il passe le pas dans son bureau afin d'écouter les aveux de la dame. Des pas continuant à résonner dans les alentours, je fais face à Hugo qui tient les menottes d'un homme le dépassant de deux têtes.
Tatoué.
Musclé.
La peau matte.
Italien.
Lui.
Me dites pas que c'est lui l'agresseur ?
Je fais un effort surhumain pour ne pas flancher des jambes face au choc.
Qu'est-ce qu'il fait ici ?
Hugo vient rapidement à l'accueil, ce qui veut dire que par conséquent ma distance avec lui s'affaisse. Je manque de suffoquer.
- Je vais devoir rejoindre Freddy, Alcarez et Derek. Tu penses pouvoir t'occuper de lui? me demande Hugo d'un coup de tête.
Dire non serait éveiller de quelconques supscons sur la connaissance que j'ai de lui. Et je ne veux pas, autre que les gens qui sont déjà au courant, montrer que je le connais. Dans le domaine du privé. Parce que dans les locaux de police, ça c'est une autre affaire.
J'acquiesce, malgré moi, et l'un de mes coéquipiers s'éclipsent à la vitesse de l'éclair.
Pourquoi j'ai l'impression qu'il n'a pas vraiment agressé cette mamie?
Il ne me quitte pas du regard depuis qu'il est rentré dans mon poste alors j'évite de rencontrer ses yeux à tout prix.
Rester professionnel, c'est le mot d'ordre.
Je passe le pas rapidement, malgré mes jambes flageolantes, vers mon bureau sachant qu'il me suivra. La porte fermée, je m'assois sur ma chaise.
Face à lui.
Dire que je voulais oublier l'épisode du Zag. La vie, elle, en vaut apparement le contraire.
Pourquoi on me fait ça ? J'ai pourtant été très gentille tout au long de ma vie.
Ses mains se positionnent au dessus de ma table et il les croisent l'air de rien. Mon stylo à la main prêt à déposer la charge contre lui, cette dernière se met à trembler.
Il est là, face à moi.
Son odeur entoure la pièce ainsi que son aura écrasant, presque, ma cage thoracique.
Je souffle intérieurement avant de me vider de toutes émotions qui m'empêcheront de faire correctement mon boulot. Même si mon carapace n'existe plus lorsqu'il est face à moi, je mens de façade.
Je n'arrive malgré moi toujours pas à le regarder et ne peut m'empêcher de lui lancer un pic face à la première question du formulaire:
- Je ne vous demande par votre identité dis-je sérieusement.
Son identité.
Sujet à de nombreux démons à l'intérieur de moi.
Un silence qui me broie l'intérieur habite la pièce avant que sa voix ne résonne dans les alentours.
- Comment tu te sens? me demande-t-il sérieusement.
Sa voix.
Respire Éna.
Sa question fait très certainement référence à mon état au Zag. Face aux flash-backs qui me reviennent, je m'empêche de rougir, atrocement, gênée. J'étais pratiquement nue devant lui. J'ai gémi à la sensation de son souffle sur moi. Je voulais l'embrasser à tout prix.
Je me reprends.
Je sais qu'il n'a pas agressé cette mamie. Il peut se montrer immoral sur certains points, voire même, beaucoup de points il n'agresserai jamais une mamie.
Pour quoi ? De l'argent ? Il en a souhait.
- Pourquoi t'es ici? lui demandais-je durement.
Merde Éna j'avais dit de rester professionnel.
Je le sens me regarder mais je ne peux pas faire de même. C'est bien trop dur.
- Regarde moi Éna m'ordonne-t-il.
>>
Mon cœur se presse et s'affole.
Je sens bien qu'il est tendu que mes iris ne rencontrent pas les siennes. Mais à quoi bon le regarder? Où est ce que ça mènera ?
Nul part.
Mise à part détruire mon coeur encore meurtri.
- Dans quel but avez-vous agressé cette mamie ?
Rester professionnel. Il souffle, comme agacé et tendu.
- Tu sais pertinemment que je l'ai pas agressé.
Je l'entends s'affaissait sur le chaise.
- Dans quel but avez-vous agressé cette mamie? demandais-je à nouveau.
Même si je ne le regarde pas mon champ de vision, me pousse, naturellement, à le voir.
Ses mains.
Elles sont serrées au vu de ses phalanges qui blanchissent à vu d'œil.
- C'est la grand mère d'Éric affirme-t-il durement.
Quoi ?
Cette fois-ci par sa révélation plus qu'étonnante, je le regarde sans trop le vouloir.
Ses yeux.
Dire que je ne comprends en rien la situation serait un demi-mot. Pourquoi la grand mère d'Éric viendrait porter plainte contre lui?
- Je voulais juste chercha-t-il. Savoir comment tu allais.
Il s'est fait arrêté tout ça juste pour savoir comment je vais ?
Qu'est ce qui tourne pas rond chez lui ?
Pourquoi ?
Il m'en faut très peu pour que l'amertume me revient en bouche.
- Savoir comment je vais ? Pourquoi ?
J'adopte une allure confiante.
- Je t'ai dit que je ne voulais plus jamais te revoir et c'est toujours de rigueur.
Pourquoi cette phrase sonne faux dans ma bouche ?
Son expression faciale est mitigé entre deux émotions. La colère et la frustration.
- Si t'es seulement venu pour enfoncer le couteau dans la plaie sache que ça ne marchera pas. Maintenant tu peux partir lui dis-je en me levant de ma chaise.
Il n'a pas agressé cette mamie. Je le sais. Alors vous comme moi savons qu'il n'a rien à faire ici.
Il se lève également, me dominant toujours autant de sa hauteur et me barre la route.
On est proches.
Beaucoup trop proches, à mon gout.
Je m'éloigne alors d'un pas suffisant pour ne pas m'effondrer devant lui.
- Dîne avec moi. Ce soir.
Ses propos atteignent mes tympans.
Il vient de dire quoi ?
Je le regarde stupéfaite et y lit, pourtant, du sérieux dans ses yeux.
Il veut que je dîne avec lui? J'espère qu'il rigole.
- Non.
Il se redresse.
- Pourquoi ?
Pourquoi ?
Il a l'audace de me demander pourquoi ?
Après ce qu'il a fait ?
Pourquoi est-il aussi lui?
Pourtant un argument des plus convaincants sera jouer en ma faveur. C'est la personne la plus déterminée qui soit. La preuve son plan était de me faire tomber...
Ne finis pas ta phrase.
En bref, il a réussi son coup.
Mais mon argument sera faire le poids.
- Je suis en couple avouais-je l'air de rien.
Est-ce que j'ai l'air crédible?
Je ne sais pas. Surtout quand on sait comment j'ai agit au Zag. Mais j'ai la défense et l'argument de dire que j'étais droguée. Et que dans des états comme ça on peut faire tout et n'importe quoi.
Un silence s'installe cette fois-ci mais l'ambiance est différente. Elle est lourde.
Son expression. Ses iris noires.
Il a l'air énervé.
Très énervé.
En rogne.
- Qu'est ce que tu viens de dire? me demande-t-il prêt à briser quiconque sur son chemin.
Je m'enfonce alors d'autant plus dans mon mensonge espérant que ça lui suffise pour qu'il parte, pour de bon.
- Tout ça c'est derrière moi. J'ai tourné la page lui dis-je en haussant les épaules.
Pourtant ton comportement prouve tout le contraire.
Il s'approche de moi, d'un pas net et s'arrête à ma hauteur. Je m'éloigne de ses iris voyant que nos corps sont bien trop proches.
- Regarde moi.
Je n'exécute pas.
Ma révélation a l'air de fortement lui déplaire au vu du grain de voix qu'il prend avec moi.
- Je me répéterai pas.
La manière dont il articule en ferai tressaillait plus d'un.
J'exécute alors sans même le vouloir, comme attiré par le son de sa voix et ses iris sont plus noirs qu'auparavant. Il essaie de m'analyser, je le vois. Il me scrute attentivement contrairement à moi, qui n'essaie en rien de tourner le regard ou de taper du pied. Un quelconque signe de mensonge qui me trahirait. Même si la pression que mon cœur ressent face à son regard m'est insoutenable, douloureuse.
- Tu mens.
Il pense pouvoir me connaître ?
- Non je ne mens pas. Et qu'est-ce que ça peut bien te faire ?
Avant même qu'il ne réponde, la porte de mon bureau grince signe que quelqu'un vient d'ouvrier cette dernière. Comportement de coupable, je m'éloigne d'autant plus de lui, comme si j'avais quelque chose à cacher.
- La grand mère ne dépose finalement plus plainte. Une caution sera à payer m'affirme Victor.
J'acquiesce sans trop acquiescer. Mon collègue sort tout en laissant la porte ouverte, faisant circuler un nouvel air. Air dont j'ai besoin pour m'aider à me remettre de mes émotions et de l'atmosphère qui m'entoure.
Je sors rapidement de mon bureau, lui derrière moi, je peux sentir son regard.
Je me mets derrière le comptoir de l'accueil et sort ce dont il a signé pour pouvoir sortir, libre. Le stylo a la main je le lui dépose face à lui mais il ne le prend pas. À la place, il sort une liasse de billet afin de payer la caution et sort à vive allure du poste.
C'était quoi ça ?
A suivre...
