05
- Tu m'as giflé, s'écria-t-il, abasourdi.
- C'est un fait.
- Tu m'as giflé, répéta-il.
- Et tu comptes le répéter combien de fois ?
- Personne, je dis bien personne, ne m'avait giflé avant, et encore moins une femme.
- Cela t'aura peut-être fait du bien. Il faut bien une première fois à tout, non ?
- Tu viens d'accomplir un exploit.
- Oh, quelle chance ! Je mérite un prix pour ça. Vive les Oscars !
- Tu peux bien faire ton sarcasme, mais il faut que tu comprennes que tu es et tu seras la première à avoir osé me gifler et t'en sortir indemne.
- Je suis la première à t'avoir giflé tout cours.
Au grand bonheur d'Amélia, il se tût. Cependant, à son grand dam, il reprit la parole trois étages plus tard.
- Est-on bientôt arrivé ? demanda-t-il.
- Franchement, on dirait un gamin de 10 ans.
- Combien reste-t-il d'étages ?
- Trois.
- Tu plaisantes ?
- Ai-je l'air de plaisanter ?
- Et pourquoi n'a-t-on pas pris l'ascenseur plutôt ?
- Car il est en panne. Et puis, tu en poses des questions. Je regrette presque ton éternel silence.
- Tout de même.
- Et moi qui te prenait pour un sportif ! soupira-t-elle. Cesse de te plaindre. Je le fais depuis des semaines, et ce tous les jours.
- Et comment dois-je t'appeler, au fait ? Par ton nom ou simplement "gardienne"?
- C'est encore plus simple, tu ne m'appelles pas.
De nouveau, il y eut un moment de silence, qui ne dura guère plus longtemps que le précédent.
- Bon, alors, dis moi, veux-tu que je te prenne maintenant ou tu préfères dans un lit ? demanda-t-il le plus simplement du monde.
Elle le foudroya d'un regard noir qui, malheureusement, n'eut aucun effet sur lui.
- Et toi, veux-tu une autre gifle ? le menaça-t-elle.
- Je ne fais que poser une question.
- Une question ? Et il a l'audace d'appeler ça une question ?
- Tu suscites ma curiosité, c'est tout, dit-il en la regardant et en se grattant le menton.
-Ah oui ! Et comment ? Explique moi, s'il te plait.
- Tu es la première personne à vouloir m'aider sans rien demander en retour. Je cherche juste à savoir pourquoi.
- Et bien, parce que.
- Ce n'est pas une réponse. Toutes les personnes qui ont voulu m'aider jusqu'ici le faisaient pour quelque chose en échange. Je me demande juste quel est ton prix.
- Et ton idée ne t'a pas dit que c'était pour être gentille, tout simplement?
- Et bien, vu la gifle à laquelle j'ai eu droit tout à l'heure, non.
- Oh oui, c'est vrai, je le fais pour que tu puisses me sauter ! Je n'attend que ça, vois-tu, ironisa-t'elle.
Avec un sourire narquois, il se rapprocha d'elle. Elle se retrouva coincé entre son protégé et le mur, sans aucun échappatoire.
- Je dois bien avouer que tu sais manier l'ironie. Mais, je paris, quoi que tu dises, que tu m'as déjà imaginé nu, dit-il avec un sourire enjôleur.
- Comment ? s'écria-t-elle. Je suis donc si transparente ? Je te veux, je te désire, oh prend moi !
Décidément, l'ironie, elle connaissait. Lentement, le sourire de Kyrian s'étira. Finalement, ce mois n'allait pas être si dur à vivre, contrairement à ce qu'il pensait. Alors, elle se dégagea en toute hâte puis se dirigea vers son appartement.
Son protégé était un homme terriblement obsédé. C'était surtout un parfait idiot doté d'un énorme culot. Elle continua de monter les escaliers. A quel étage étaient-ils ? Elle ne saurait le dire. Il l'avait complètement déroutée avec ses questions aussi débiles les unes que les autres. Pour la première fois de sa vie, la route menant à son appartement lui paraissait si longue. Elle ne supporterait pas de rester une minute de plus dans la même pièce que cet imbécile. Et dire qu'ils leur manquaient trente jours à passer ensemble. Mais elle n'en pouvait déjà plus. Kyrian allait la tuer. Enfin, sauf si elle ne se tuait pas elle-même avant.
Arrivés devant la porte de son appartement, elle chercha ses clés dans son sac, les trouva et les inséra dans la serrure. Elle franchit le seuil de sa porte et rentra rapidement chez elle. Lorsque Kyrian essaya de faire de même, elle lui claqua la porte au nez.
- Et mais que..? Ouvre cette porte toute de suite !
- Elle n'est pas fermée à clé, abruti !
- Tu aurais pu me blesser ! dit-il une fois avoir franchit à son tour le seuil.
- Tu aurais un nez cassé ? Et après ? Ça ne changerait pas grand chose.
- Tu refuses de l'admettre mais...
Il se tut quand il vit un homme, assis sur le canapé. Était-ce le petit-ami d'Amélia ? Il ne saurait le dire. Lorsque celui-ci tourna la tête vers lui, il sourit et se leva. Il était grand, presque aussi grand que lui. Blond aux yeux bleus, avec les épaules carrées comme les siennes. Était-ce genre d'homme qu'Amélia aimait ? Et pourquoi ressentait-il une émotion étrange qui ressemblait fortement à de la jalousie ? Il s'avançât vers lui et annonça fièrement:
- Tiens, toi tu dois sûrement être la partie de jambes en l'air dont a besoin Amy.
- Merde, John, tu vas te taire oui ! s'énerva l'interessée.
Ainsi, l'homme se nommait John. Il ne devait sûrement pas être son petit ami. N'importe quel homme saint d'esprit aurait éprouvé une certaine jalousie si un autre s'approchait de sa femme. Et lui, qu'avait-il fait ? Il lui avait juste demandé s'il était sa partie de jambes en l'air. Bien que l'idée ne le dérangeait pas le moins du monde, car à dire vrai, c'était exactement ce dont il avait besoin maintenant.
- Oui, je suis sa partie de jambes en l'air. Ou du moins, pas encore, mais cela reste à venir, dit-il en la regardant, avec un sourire à la fois ironique et amusé.
Le regard glacial d'Amélia passa de Jonathan à son protégé. Kyrian devait bien avouer qu'il s'agissait d'une sacrée femme. Ses joues légèrement rougies par la colère ne la rendait queplus adorable. Jonathan fit mine de ne pas l'avoir vu.
- C'est exactement ce dont elle a besoin en ce moment. Au fait, je suis Jonathan, Johnny pour les intimes, bien que ma chère Amélia aie parfois tendance à m'appeler "Merde John", dit-il avec un sourire plein d'entrain.
- Kyrian, le nouveau protégé de cette charmante demoiselle. Et toi, es tu le compagnon d'Amélia ?
Il le savait, mais une partie de lui, aussi petite soit-elle, réprimait le besoin d'en être sûr.
- Quoi ? Moi ? Non. Absolument pas.
Kyrian émit un soupir de contentement. Il n'avait donc pas d'adversaires. Il n'avait pas la moindre envie de commettre un meurtre maintenant. Il s'en voulu immédiatement suite à ces arrières pensées. D'où lui venait ces soudaines envies obscures ?
- Je suis son meilleur ami, reprit Jonathan. Mais si ça peut te rassurer, je ne suis pas attiré par les femmes.
- Heu, alors par quoi es-tu... Ah, oh, tu veux dire que tu es..?
- Si le mot que tu cherches es gay, alors oui.
- Et bien Johnny, tu as réussit un exploit là. Tu as réussit à faire bégayer mon protégé. Je donnerais cher pour y arriver moi.
- Bon et bien, vu l'heure, je ne vais pas tarder. Et si tu as le moindre problème, tu viens m'appeler. J'habite l'appartement juste au dessus.
- Ne t'inquiète pas Johnny. Au moindre problème, je hurle.
- Amy chérie, c'était à Kyrian que je m'adressais.
- Quoi ? Tu te moques de moi ?
Kyrian ne pu s'empêcher de rire, ce qui lui valut un nouveau regard glacial de la part d'Amélia. Jonathan fit mine de l'ignorer encore une fois et continua:
- N'oubli pas, Kyrian, un problème et tu m'appelles. Je sais à quel point Amy peut être invivable et insupportable de temps en temps.
- Oh oui, crois moi, je l'avais remarqué.
- Hé oh ! Je suis là ! J'aimerais qu'on évite de parler de moi quand je suis là.
- Oh mais je sais Amy chérie, c'est pour ça que je dit à Kyrian de venir chez moi. On pourra tranquillement parler de toi et de tes défauts, et tu ne seras pas là.
- Mais, et que fais-tu de mon bien être ? Tu ne connais même pas Kyrian. Si ça se trouve c'est un violeur qui n'hésitera pas à profiter de moi.
- La seule chose qu'il pourrait t'arriver de pire serait que Kyrian ne te donne pas les orgasmes que tu mérites. Mais vu ses grandes mains , ça ne risque pas. Tu sais ce qu'on dit ? Qui dit grandes mains, dit grand...
- Ferme la ! Merde, John, dégage ! Va t'en ! Tu m'énerves !
- Avec plaisir. Plus vite je partirais, plus vite vous commencerez vos...affaires. Bon amusez vous bien les enfants.
Avec un dernier sourire emplir de sous entendus, il tourna les talons et parti, en direction de son appartement, la laissant seule avec Kyrian, qui se tordait de rire.
