06
Jonathan était parti, la laissant seule avec cet imbécile. Et lui que faisait-il ? Et bien, il s'esclaffait, tant et si bien qu'il n'arrivait même pas à rester debout. Les mains posées sur son ventre, il se tordait de rire. Tout cela à cause d'un autre imbécile, qu'elle se promit de tuer le plus tôt possible. S'il n'avait pas ouvert sa grande bouche, elle n'en serait pas là. Il allait le regretter. Maintenant, elle aurait, non pas un, mais deux meurtres sur la conscience. Car avant de s'occuper de son cher gay, elle devait d'abord s'occuper de Kyrian.
- Tu veux bien arrêter de rire, ordonna-t-elle. Ça n'avait rien de drôle.
Au lieu de s'arrêter, il ria de plus belle. Et quel rire ! Si sensuel, si rauque....
"Ça suffit ! Il est en train de se moquer de toi, et toi tu fantasmes sur sa voix ! Mais quelle idiote !" se gifla-t-elle mentalement.
- Oh, mais tu vas la fermer oui, avant que je ne te donne la raclée de ta vie !
- Oh Amy chérie, dit-il en imitant la voix de Jonathan, ce ne serait pas bien. Tu pourrait abîmer par inadvertance ce qui me serait utile pour te donner la meilleure partie de jambes en l'air de ta vie.
- Oh mais tais toi ! cria-t'elle. Vous vous êtes donné le mot pour m'anéantir, Jonathan et toi ?
- Non, pas pour t'anéantir. Pour te faire jouir, ria-t-il.
Et il recommença à se tordre de rire.
- Je sens que ce séjour ne sera pas aussi ennuyant que je le pensais, reprit-il. Je l'aime déjà bien ce gay.
- Normal, vous avez la même mentalité tous les deux. Celle d'un gamin de dix ans.
- Et toi, permet moi de te dire que tu n'as aucun sens de l'humour.
- Et bien je ne te permet pas. Et j'en ai un. Il est juste bien caché, c'est tout. Espèce d'idiot.
- Je te demande pardon ?
- Excuse non acceptée, imbécile.
- Ah tu veux jouer à ce jeu là ? Très bien ! Sache que j'ai pas mal de vocabulaire pour toi.
- Néandertal ! rajouta-t-elle.
- Snob !
- Taré !
-Chiante !
Elle tapa du pied afin de montrer son agacement. Cet homme l'énervait par son besoin irrésistible de toujours vouloir avoir le dernier mot.
- Laisse moi te dire quelques propos à mon sujet, Kyrian. Vois-tu, je suis comme un ballon. Seule, je m'envole, mais les hommes me font rester au sol. Je suis par contre un très beau ballon. Ceux qui ne s'arrêtent jamais, qui ne se dégonflent jamais, et qui brillent.
- On en fait plus des comme ça, ils sont toxiques.
- Exactement. Et continu à m'énerver, et je te jure que je cracherai mon venin sur toi.
- Est-ce une promesse ? Tu as un caractère bien trempé, mais un tempérament de feu. J'adore ça. Je sens qu'on va s'amuser, nous, pendant un mois.
- Sauf si je te tue avant.
- Bon, assez parler, dit-il en faisant mine d'ignorer sa menace. Il est tard et le sommeil m'appelle. Au fait, question vitale: je dors où ?
Sans même attendre la réponse, il se dirigea dans la chambre d'Amélia, sous le regard surpris de celle-ci.
- Mais, où vas-tu ? cria-t'elle.
- Je te manque déjà ?
Lorsqu'il arriva dans sa chambre et qu'il se coucha dans "son" lit, elle ne pu s'empêcher de lui dire:
- Tu fais quoi là ? Tu n'as quand même pas cru que tu allais dormir dans "mon" lit ?
- Quoi, ce n'est pas là que je vais dormir ?
Elle secoua la tête en signe de négation.
- Suis moi, lui ordonna-t-elle.
- Il y a une chambre d'ami ici?
- C'est ça, si on veut.
Il la suivit, sans dire un mot. Mais lorsqu'il vit qu'elle se dirigeait dans le salon, il fut assailli de doutes.
- Alors, où est-elle, ma chambre ?
- Ici, dit-elle en désignant le canapé.
- C'est une blague, c'est ça ?
- Non, j'ai déjà tout préparé pour toi. Les draps sont là, et ton oreiller est ici.
- De plus, c'est à moi de faire mon lit ?
- Qu'est-ce que tu croyais ? Ce n'est pas un hôtel ici.
- Ai-je le choix au moins ?
- Oh, Kyrian, évidemment que non, dit-elle d'une voix douce.
Sur ce, elle tourna les talons et se dirigea vers sa chambre.
- Bonne nuit, lança t'elle.
- Déjà ! Et mais attend. Qu'est-ce que je mange ? Tu es censée me nourrir, dois-je te le rappeler ?
- Oh oui, c'est vrai.
Elle se dirigea alors vers la cuisine, ouvrit un placard, revint vers lui et lui tendit...une boite de conserves.
- Non, là tu te moques de moi ? dit-il en arquant son sourcil droit.
- Absolument pas.
- Tu crois que je pourrais nourrir mes muscles avec...
Il prit la boite, posa son regard sur l'étiquette et reprit:
- Du cassoulet !
- C'est très bon. Tu n'en as jamais goûté ? Ce sont des haricots blancs avec...
- Je sais ce qu'est du cassoulet ! Je ne suis né de la dernière pluie.
- Ah bon ?
Cette fois, ce fut lui qui la foudroya du regard.
- Quoi ? dit-elle d'un air faussement innocent.Tu avais faim, je t'ai donné ce que j'avais. Bon, sinon, moi je vais dormir. Fais comme chez toi.
Une fois arrivée dans sa chambre, elle referma brusquement la porte derrière elle. Elle sursauta en entendant une musique au fond de son sac. Son téléphone ! Elle devait avouer qu'elle ne fut pas surprise d'entendre la voix de son meilleur ami. Mais, malheureusement pour lui, elle n'était guère d'humeur à parler.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Wow, tu m'en veux beaucoup à ce que je vois.
- Non, c'est vrai ? Comment as-tu deviné ?
- Grâce à ta voix vibrante d'ironie. Bon et sinon, combien ?
- Combien quoi ?
- Combien d'orgasmes t-a-t-il donné ?
- Tu te moques de moi ? Tu n'appelles même pas pour savoir si je vais bien ?
- Je t'ai vu il y a à peine une dizaine de minutes. Je sais pertinemment que tu vas bien. Alors ?
Elle lui raccrocha au nez sans même prendre la peine de lui répondre.
Les hommes ! Qu'ils ailles se faire voir ! Ils étaient irrécupérables !
Après s'être fait la promesse qu'elle ne coutoierait plus aucun homme, jamais elle n'aurait imaginé devoir supporter un énergumène dont le comportement pouvait la rendre dingue dès le premier jour.
- Patience, Amy chérie, plus que trente jours ! soupira-t-elle.
