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01_B

J’avance un pas après l’autre. Quand je vois son petit visage si innocent je serre les dents pour ne pas craquer. Mais quand la scène de son accident me revient je craque. Je laisse mes larmes couler à flot sur mes joues. Je la prends dans mes bras puis au contact de son corps frigide et inerte, je me mets à hurler toute ma haine. Je hurle à m’en casser les cordes vocales avant d’éclater en sanglots.

– Réveille-toi mon amour je t’en supplie. J’ai besoin de toi. Je t’en prie ne me laisse pas ! Je vais t’acheter autant de bacon que tu veux mais ouvre les yeux mon amour je t’en conjure. Ne me laisse pas chérie !

Je pleure et pleure et pleure toujours en la serrant dans mes bras. Je veux lui communiquer la vie. Je veux qu’elle se réveille. Elle ne peut pas partir aussi subitement. Ce n’est pas possible. Je sens quelqu’un poser ses mains sur moi.

– Boss, dit Rico avec un peu d’hésitation dans la voix, vous devez être fort… pour elle.

Je la redépose tout doucement après l’avoir serré encore quelque minute contre mon cœur. Je pose sur ses lèvres un baiser et sors comme un automate. Je continue delés marcher jusqu’à l’extérieur de l’hôpital sans vraiment voir les gens autour de moi. Il pleut des cordes et c’est de ça dont j’ai besoin, de sentir l’eau sur moi pour enlever cette sensation d’échec, de nullité que j’aie sur le corps. Je continue de marcher sous cette pluie sans savoir où je vais. Je suis trempé jusqu’aux os mais ça ne me dérange pas moi qui aie une sainte horreur de ne pas être présentable. Je me sens vide, complètement vide. Je viens de perdre l’autre moitié de mon cœur. La première moitié je l’ai perdu il y 7 ans et aujourd’hui je perds l’autre. Que vais-je faire maintenant qu’elle n’est plus là ? C’était pour elle que je vivais, c’était pour elle que je me battais jour et nuit pour être le meilleur afin qu’elle soit fière, c’est pour elle que je suis en train de construire ce putain de palace pour qu’elle y vive comme la princesse qu’elle est, ou qu’elle… était. J’étais son Teyo à elle toute seule et elle était mon poussin à moi. Je ne débutais jamais la journée sans son câlin et ne la terminais pas sans.

« « « – Ta journée s’est bien passé ? Me demande Inès alors que je monte le drap sur elle.

– Oui. Et la tienne ?

– Super. Tu as été gentil ? Tu as souri ?

– Oui.

– Oui pour quoi ?

– Les deux mon poussin.

– C’est vrai ?

– Bon un tout petit peu.

– Tu devrais sourire et être plus gentil souvent. Je n’aime pas quand tu te fâche.

– Je ne me fâcherai plus.

– Promis juré craché ?

– Promis juré craché.

Nous faisons mine de cracher dans nos mains et sous saluons.

– Je t’aime Teyo.

– Je t’aime poussin. Allez dors maintenant.

– Notre tchèck-bisou-câlin.

Nous nous cognons les poings, faisons un smack sur les lèvres et nous enlaçons. Elle se recouche et je me dirige vers la porte

– Teyo ?

– Hum ?

– Je t’aime. » » »

Une voiture m’éclabousse d’eau me ramenant ainsi à la réalité. Je ne réagis pas et continues de marcher le long de la route. En d’autres circonstances ce chauffeur aurait déjà sa voiture bousillée et lui soit à l’hôpital soit en prison pour y passer la nuit. Oui je règle toujours mes affaires à la manière forte mais là qu’on me fasse ce qu’on veut, qu’on me donne des coups, qu’on me frappe à sang, qu’on me percute avec une voiture, je ne réagirai pas parce que là présentement je ne suis plus moi-même. Je ne sais plus qui je suis présentement mais une chose est sûre, je ne suis pas Terry YOUL. Le Terry YOUL que tout le monde craint.

– TERRY !

Ce matin encore elle me disait que j’étais le meilleur et qu’elle avait de la chance de m’avoir. Mais c’est faux, c’est elle qui était la meilleure et j’avais de la chance de l’avoir. Moi je suis nul. Je ne suis qu’un pauvre type. Je n’ai pas pu la protéger, je n’ai pas pu empêcher ce chauffard de la renverser et de lui rouler dessus. J’ai failli à mon rôle, j’ai failli à ma mission.

– Terry ! Chéri !

Ma mère se poste devant moi et me tient les épaules pour m’obliger à m’arrêter. Je la regarde sans vraiment la voir, elle me regarde aussi. Malgré la pluie qui s’abat sur nous je peux voir ses larmes couler.

– Chéri. Dit-elle la voix tremblante.

Là je craque à nouveau et tombe dans ses bras. Tous les deux sommes submergés d’émotions et nous nous retrouvons à genoux par terre dans une flaque d’eau. Elle me tient serrer dans ses bras comme si elle voulait m’empêcher de fuir.

– Je n’ai pas su la protéger maman. Je l’ai tué.

– Ne dis pas ça chéri. Ce n’est pas ta faute.

– Elle est morte maman. Mon bébé.

– Je suis désolée ! Je suis tellement désolée !

Toujours assis par terre et sous la forte pluie nous continuons à pleurer malgré ses tentatives à me calmer. J’ai mal, affreusement mal. J’ai perdu mon bébé, ma meilleure amie, ma fille. Elle n’avait que 7 ans bon sang !

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