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Chapitre 6

*PARTIE 06*

Après avoir passé la soirée chez Lucas, à rire et jouer le rôle de la petite amie parfaite, j’ai finalement décidé de rentrer chez moi. La route jusqu’à mon appartement m’a semblé interminable, les lampadaires défilant comme des juges silencieux dans la nuit. Une fois arrivée, je suis entrée, j’ai laissé tomber mon sac sur la table et me suis affalée sur le canapé.

Le silence de mon appartement était un soulagement. Ici, personne pour me regarder, personne pour me juger. Mais à peine avais-je fermé les yeux que mon téléphone a vibré sur la table basse.

C’était Sophie, ma meilleure amie.

— Elena !, a-t-elle lancé d’un ton joyeux dès que j’ai décroché. Alors, raconte, comment était ton week-end ?

Je me suis redressée sur le canapé, hésitante. Sophie et moi avions l’habitude de tout nous raconter, même les choses les plus folles. Mais ce soir… ce que j’avais à dire dépassait tout ce que je lui avais confié jusque-là.

— Parfaitement bien, ai-je fini par répondre avec un petit rire nerveux.

— Oh, vraiment ? C’est tout ce que tu as à dire ? Parfaitement bien ? Allez, crache le morceau. Tu as fait quoi ?

J’ai pris une grande inspiration, jouant avec une mèche de mes cheveux.

— D’accord, je vais te dire… mais promets-moi de ne pas me juger.

— Je te juge jamais, tu le sais. Vas-y, dis-moi tout.

Je me suis levée et j’ai commencé à marcher dans le salon, incapable de rester en place.

— Ce week-end, j’ai couché avec Lucas.

— Eh bien, ça, ce n’est pas une surprise, a-t-elle répondu en riant. C’est ton mec, c’est normal.

— Attends, ce n’est pas tout, ai-je ajouté, ma voix baissant d’un ton. J’ai aussi couché avec Damien… l’ami de Lucas.

Un silence lourd s’est installé à l’autre bout du fil.

— Attends… quoi ? Tu plaisantes, n’est-ce pas ?

— Non, Sophie, je suis sérieuse. Ça s’est passé hier soir.

Je me suis assise sur le bord du canapé, les jambes croisées, triturant nerveusement le coin d’un coussin.

— Lucas était sorti acheter des pizzas. Damien et moi, on s’est retrouvés seuls. Et il y avait… je ne sais pas, une tension entre nous. Ça a commencé par un regard, puis un geste, et avant que je ne m’en rende compte, on était dans sa chambre.

— Mon Dieu, Elena. Et Lucas ?

— Il est rentré comme si de rien n’était. On a mangé les pizzas ensemble, on a rigolé… et plus tard dans la soirée, il m’a emmenée dans sa chambre. Et oui, Sophie, j’ai couché avec lui aussi.

Je pouvais entendre Sophie respirer profondément, essayant de comprendre ce que je venais de lui raconter.

— Et comment tu te sens après tout ça ?

Je me suis levée à nouveau, marchant jusqu’à la fenêtre pour regarder les lumières de la ville.

— Je ne sais pas. Avec Damien, c’était… intense. Il me faisait me sentir désirée d’une manière que Lucas n’a jamais réussi à faire. Il était sûr de lui, passionné. Mais avec Lucas… c’était plus doux, plus familier.

— Elena… est-ce que tu te rends compte de ce que tu as fait ?

— Bien sûr que je m’en rends compte, ai-je répondu sèchement. Mais je ne peux pas m’empêcher de me demander : pourquoi est-ce que je me sens plus vivante avec Damien qu’avec Lucas ? Et pourquoi ai-je l’impression de trahir les deux en même temps ?

Sophie a soupiré, sa voix devenant plus douce.

— Écoute, je ne vais pas te juger. Mais tu joues avec le feu, Elena. Tu ne pourras pas continuer comme ça éternellement.

— Je sais, murmurai-je. Mais pour l’instant… je ne peux pas m’arrêter.

Le silence est revenu, et je savais que Sophie réfléchissait à ce qu’elle devait me dire.

— Sois prudente, Elena. Parce que si Lucas découvre ce qui s’est passé… je ne veux même pas imaginer les conséquences.

— Je le sais, Sophie. Mais pour l’instant, tout ce que je peux faire, c’est continuer à avancer.

Nous avons terminé l’appel peu après, et je me suis retrouvée seule à nouveau. Les mots de Sophie résonnaient dans ma tête, mais la vérité, c’est que je ne savais pas où cela allait me mener. Tout ce que je savais, c’est que je ne pouvais pas oublier Damien, ni nier les sentiments que je commençais à éprouver pour lui.

Il était tard, et mon estomac n’arrêtait pas de grogner. Chez moi, rien ne me faisait envie. Alors, j’ai enfilé un jean, un pull ample, et j’ai pris mes clés. Un petit restaurant à deux pas de chez moi me semblait être une bonne idée. J’y étais déjà allée plusieurs fois, c’était calme, discret. Parfait pour passer inaperçue et manger en paix.

En entrant, je me suis dirigée directement vers une table au fond, près de la fenêtre. La lumière tamisée et l’ambiance cosy m’ont tout de suite apaisée. Je me suis assise, parcourant rapidement le menu, quand une voix familière m’a fait lever les yeux.

— Elena ?

Mon cœur a manqué un battement. Devant moi, portant un tablier noir et une chemise blanche légèrement ouverte au col, se tenait Damien.

— Damien ? Qu’est-ce que tu fais ici ?

— Je travaille ici, dit-il avec un sourire amusé, son regard fixé sur moi comme s’il essayait de lire mes pensées.

Un mélange d’embarras et de surprise m’a envahie. Je ne m’attendais pas à le voir ici, encore moins en tant que serveur.

— Et toi ? Qu’est-ce que tu fais ici ? ajouta-t-il, posant une main sur le dossier de la chaise en face de moi, comme s’il s’apprêtait à s’asseoir.

— Je… j’avais faim, ai-je répondu, évitant son regard en attrapant la carte des menus.

Il a souri, ce sourire charmant et confiant qui me désarmait à chaque fois.

— Alors, qu’est-ce que je peux te recommander ? demanda-t-il, sa voix teintée d’un ton légèrement taquin.

— Ce que tu veux, ai-je répondu en haussant les épaules, essayant de paraître détachée, mais consciente que mes joues s’échauffaient sous son regard.

Il a noté ma commande, puis est revenu quelques minutes plus tard avec un verre d’eau et un sourire encore plus large.

— Je ne savais pas que tu habitais dans le coin, dit-il en posant le verre devant moi.

— C’est un hasard, ai-je répondu sèchement, évitant de croiser ses yeux.

Il s’est penché légèrement vers moi, et j’ai senti mon souffle se raccourcir.

— Un hasard, hein ? murmura-t-il, comme s’il n’y croyait pas une seconde.

Son ton, sa proximité, tout chez lui semblait destiné à me déstabiliser. Et ça fonctionnait.

— Oui, un pur hasard, ai-je insisté, fixant mon verre pour éviter de céder à la tension qui flottait entre nous.

Il s’est redressé, mais son sourire ne m’a pas quittée.

— Alors, quand est-ce qu’on se revoit ?

Sa question m’a prise au dépourvu. Je savais que je devais mettre de la distance entre nous, mais une partie de moi voulait lui dire "bientôt".

— Jamais, ai-je répondu rapidement, relevant enfin les yeux vers lui. Ce qui s’est passé était… une erreur.

Je m’attendais à ce qu’il se montre vexé ou surpris, mais au lieu de ça, il a ri doucement. Un rire bas, presque moqueur, qui m’a fait frissonner.

— Une erreur ? Tu penses vraiment ça ?

— Oui, ai-je menti, me redressant sur ma chaise pour paraître plus convaincante.

Mais il voyait clair en moi. Ses yeux sombres semblaient sonder mon âme, comme s’il savait que mes mots ne reflétaient pas mes véritables pensées.

— Très bien, murmura-t-il en reculant d’un pas. Si c’est ce que tu veux…

Je l’ai regardé s’éloigner, et une étrange sensation m’a envahie. Comme un vide. Je voulais qu’il revienne, qu’il insiste, qu’il prouve que je me trompais. Mais il ne l’a pas fait.

Je me suis forcée à terminer mon repas, même si chaque bouchée me semblait fade. Je pensais à lui, à ce sourire narquois, à la manière dont il m’avait regardée comme si je lui appartenais.

En sortant du restaurant, je me suis arrêtée un instant, regardant à travers la vitre. Il était là, derrière le comptoir, en train de rire avec un collègue. J’ai senti un pincement au cœur et un désir brûlant de revenir.

Mais je n’ai pas bougé. Je suis rentrée chez moi, luttant contre mes propres émotions, consciente que j’étais déjà bien plus attachée à Damien que je ne voulais l’admettre.

*À SUIVRE

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