Chapitre 7
Je suis rentrée chez moi, fatiguée, mais incapable de me vider l'esprit. Chaque pas résonnait dans le silence de mon appartement, un contraste frappant avec l’agitation intérieure qui me rongeait.
Je posai mes clés sur la petite table près de l’entrée et me dirigeai directement vers ma chambre. Les lumières tamisées projetaient une ambiance douce, mais je n’y trouvais aucun réconfort. Mon lit, avec ses draps impeccablement tirés, semblait me juger, témoin muet de mes pensées tourmentées.
Je retirai lentement mes chaussures, les laissant tomber au pied du lit. Mon jean suivit, puis mon pull. Je me retrouvai en sous-vêtements, le froid de la pièce me faisant frissonner légèrement. Pourtant, ce n’était pas le froid qui me troublait.
Je tirai la couverture et me glissai sous les draps. L’odeur familière de ma lessive me rappelait un semblant de normalité, mais cela ne suffisait pas à apaiser mon esprit. Je m’allongeai sur le dos, fixant le plafond, comme si les réponses que je cherchais allaient y apparaître.
Damien… Son sourire narquois, ses yeux intenses, sa voix grave résonnaient encore en moi. Pourquoi fallait-il que je le croise ce soir ? Ce moment inattendu avait réveillé quelque chose que je pensais pouvoir ignorer.
Puis, il y avait Lucas. Toujours attentionné, toujours présent. Pourtant, avec lui, je me sentais différente, presque déconnectée. Ce n’était pas de l’indifférence, non, mais une absence de cette étincelle brûlante que Damien savait allumer.
Je me tournai sur le côté, ramenant mes genoux contre ma poitrine, comme si cette position pouvait m’aider à contenir le tumulte de mes émotions. Une vague de culpabilité monta en moi, accompagnée d’une étrange excitation.
— Pourquoi suis-je comme ça ? murmurai-je dans le silence de ma chambre.
Mes doigts effleurèrent machinalement le drap, traçant des cercles invisibles. La solitude de la nuit amplifiait tout : mes pensées, mes doutes, mes désirs. Une partie de moi voulait revoir Damien, entendre sa voix, sentir cette énergie qui émanait de lui. Mais une autre partie savait que ce serait une erreur. Une de plus.
Mes paupières commencèrent à s’alourdir, mais mon esprit ne cessait de rejouer les événements de la journée. Le rire de Damien, le regard tendre de Lucas, le poids de mes mensonges. Tout cela tournait en boucle, me tenant éveillée.
Je soupirai, m’étirant légèrement sous les draps, essayant de trouver une position plus confortable. La fatigue physique commençait à prendre le dessus, mais mon cœur restait agité, partagé entre deux hommes, deux réalités, et une vérité que je n’osais pas affronter.
Finalement, le sommeil m’emporta, mais même dans mes rêves, leur présence ne me quittait pas.
Je dormais profondément, enfin enveloppée dans une bulle d’oubli. Mais le vrombissement de mon téléphone sur la table de chevet me tira lentement du sommeil. Encore à moitié endormie, je tendis la main, tâtonnant à l’aveugle jusqu’à ce que mes doigts trouvent enfin l’appareil.
Le nom de Lucas s'affichait sur l’écran illuminé. Mon cœur s’accéléra légèrement, un mélange de surprise et de culpabilité me traversant. Pourquoi m’appelait-il si tard ?
— Allô ? répondis-je d’une voix rauque, encore empreinte de sommeil.
— Elena… je ne voulais pas te réveiller, murmura-t-il, sa voix douce et apaisante.
Un sourire se forma malgré moi. Lucas avait cette façon de parler, comme s’il cherchait toujours à protéger chaque instant de ma tranquillité.
— Ça va, tu ne me déranges pas, répondis-je, me redressant légèrement contre mes oreillers. Pourquoi tu m’appelles à cette heure ?
J’entendis un soupir au bout du fil, presque hésitant, comme s’il cherchait ses mots.
— Je pensais à toi, Elena. Je n’arrivais pas à dormir.
Mon cœur se serra. Il était sincère, et cette sincérité m’effrayait autant qu’elle me touchait.
— Lucas… c’est gentil, murmurai-je, jouant avec un pli du drap entre mes doigts.
— Non, écoute, continua-t-il, sa voix devenant plus assurée. Je voulais juste te dire à quel point tu comptes pour moi. Quand je suis avec toi, tout semble plus léger, plus beau. Et ce soir… j’ai regretté de ne pas avoir passé plus de temps avec toi.
Ses mots me frappèrent en plein cœur. Je fermai les yeux un instant, inspirant profondément pour calmer le tumulte qui grandissait en moi.
— Lucas, tu sais que je tiens à toi, dis-je doucement, ma voix légèrement tremblante.
— Alors pourquoi j’ai l’impression que quelque chose te tracasse ? demanda-t-il, sa voix chargée d’inquiétude.
Je me mordis la lèvre, cherchant une réponse qui ne trahirait pas mes pensées.
— Rien de grave. Je suis juste fatiguée, répondis-je en essayant de garder un ton léger.
— Tu es sûre ? Parce que je veux être là pour toi, Elena. Peu importe ce que c’est, tu peux tout me dire.
Sa tendresse me désarmait. J’aurais voulu me blottir dans ses bras à cet instant, mais le poids de mes secrets me retenait.
— Tu es trop adorable, Lucas, finis-je par dire, un sourire triste sur les lèvres.
Il rit doucement, ce rire qui me faisait toujours fondre.
— Et toi, tu es trop belle, même quand tu es à l’autre bout du fil, répliqua-t-il avec une chaleur dans la voix qui me fit rougir malgré moi.
Un silence s’installa, mais ce n’était pas un silence inconfortable. C’était un moment suspendu, chargé d’émotions non dites.
— J’aimerais être là avec toi, reprit-il, presque en chuchotant. Juste pour te tenir dans mes bras, t’entendre respirer.
Je sentis mes yeux s’embuer. Lucas avait ce don de toucher des cordes sensibles en moi, même quand je ne le voulais pas.
— Moi aussi, Lucas, soufflai-je, la gorge serrée.
Il y eut une pause, puis il reprit d’une voix taquine :
— Alors, tu dors avec quoi ce soir ? Ton pyjama en pilou-pilou ou… quelque chose de plus… intéressant ?
Je ris doucement, secouant la tête même s’il ne pouvait pas me voir.
— Bonne tentative, monsieur charmeur, mais ça, tu ne le sauras pas.
— Hmm… ça me donne encore plus envie de venir vérifier par moi-même, dit-il d’un ton joueur.
Malgré moi, je souris, imaginant son expression malicieuse.
— Peut-être un jour, répondis-je, ma voix teintée de mystère.
— Je vais tenir cette promesse, rétorqua-t-il, sûr de lui.
Nous restâmes un moment à parler, de tout et de rien, partageant des rires, des silences doux et des confessions légères. À travers cet appel, je sentais toute la force des sentiments de Lucas, et une partie de moi en voulait à mon cœur d’être aussi indécis.
— Je devrais te laisser dormir, dit-il finalement, à contrecœur.
— Merci pour l’appel, Lucas. Tu es vraiment quelqu’un de spécial, murmurai-je, sincère malgré mes doutes.
— Et toi, tu es mon tout, répondit-il doucement. Bonne nuit, Elena.
— Bonne nuit, Lucas.
Je raccrochai, posant le téléphone sur ma table de chevet. Un soupir s’échappa de mes lèvres alors que je me laissai retomber sur mon oreiller. Lucas avait ce don de me faire sentir aimée, mais aussi terriblement coupable.
Je fixai le plafond, mes pensées vagabondant entre lui et Damien, avant que le sommeil ne m’emporte à nouveau, cette fois avec un mélange de chaleur et de confusion.
À SUIVRE
