Sous la menace
Les deux hommes sortirent de la maison. Un instant, il sembla que la tension allait se dissiper. Mais l’un d’eux s’arrêta brusquement devant mon père et le regarda avec mépris. Puis, il tourna ses yeux vers ma mère, un sourire pervers étirant ses lèvres. Il lança d’une voix basse et provocante :
— Je me la ferai bien volontiers ta femme
Ces mots, lourds de menace, frappèrent ma mère de plein fouet. Elle n’eut pas le temps de répondre, car, d’un geste rapide, mon père se leva d’un bond. Il s’interposa entre elle et les deux hommes.
— Non ! rugit-il. J’ai dis que j’allais rembourser.
Le ton de mon père était ferme, mais ma mère pouvait percevoir la peur qui suintait derrière ses paroles. Elle serra l’enfant – moi – contre elle, sentant son cœur battre à tout rompre. Elle priait intérieurement pour que cette scène ne dégénère pas.
Claire, inquiète, posa enfin la question :
— Qui étaient ces hommes ? Qu’est-ce qu’ils voulaient ? Et toi, pourquoi n’as-tu même pas pris la peine de venir voir ton enfant depuis sa naissance ? Tu es responsable de tout ça !
Mon père la fixa un instant, le regard fuyant. Puis, d’un ton autoritaire, il lui répondit :
— La ferme, Claire ! Ce n’est vraiment pas le moment.
Claire sentit son cœur se serrer, mais elle n’eut pas le temps de réagir. Mon père, toujours aussi perturbé, ferma violemment la porte du salon, comme pour s’assurer que personne ne puisse en sortir. Il verrouilla la maison, plongeant tout le monde dans une angoisse palpable.
Ma mère, encore sous le choc, se tourna vers la domestique qui, tout en cuisinant, semblait être la seule à maintenir une apparence de normalité dans ce chaos. Le reste du dîner était préparé dans le silence de la maison, où l’air était saturé d’une inquiétude latente.
La nuit commença à tomber, et dans le calme inquiétant de la maison, j’éclatais en pleurs, comme tout nourrisson. Claire, inquiète, se précipita vers ma chambre. À sa grande surprise, elle y trouva Philippe, penché sur le berceau, cherchant à apaiser les pleurs.
— Tu m’as fait peur ! Depuis quand es-tu là ? lui demanda-t-elle.
Il la regarda, les yeux remplis de larmes. Il posa une main sur son épaule et, d’une voix brisée, murmura :
— Elle est belle… tellement belle, notre fille.
Claire s’approcha de lui et, d’un geste tendre, lui posa la main sur l’épaule, cherchant à le réconforter, même si elle se sentait elle-même perdue.
— Tout va s’arranger, je te promets, dit-il d’une voix pleine de douleur. Rien ne vous arrivera, à toi et à notre princesse, même si je dois sacrifier ma vie pour vous protéger.
Claire secoua la tête, inquiète.
— Ne dis pas ça… Pas toi, Philippe, c’est trop risqué.
Philippe, les yeux pleins de larmes, expliqua à sa femme :
— Ils sont dangereux ! J’ai pris des risques, et maintenant ils me demandent de l’argent. J’ai lancé ma propre entreprise de vente de voitures et de conception d’appareils électroniques, mais tout a échoué. J’ai contracté un énorme prêt en espérant pouvoir le rembourser à temps… Mais tout s’est écroulé. Je ne savais pas comment te le dire… C’est pour ça que je n’ai pas pu être là à la naissance de notre enfant. L’affaire est au tribunal, et j’ai tout perdu.
Claire, effondrée par ces révélations, n’arrivait pas à comprendre comment tout avait pu basculer aussi vite. Elle se tourna vers Philippe, cherchant à trouver une solution.
— On peut vendre la villa, la voiture… tout ce que tu veux, répondit-elle. Peut-être que ça suffira pour apaiser leur colère ?
Philippe secoua la tête.
— Même pas la moitié de ce que je dois. Vendre la maison et les voitures… ça ne couvrira pas la dette. Et l’entreprise… je l’ai perdue, Claire. Tout est parti en fumée. J’ai été arnaqué. Ils ont volé mes maquettes, les voitures que j’avais commandées… Ils m’ont piégé.
Il se laissa tomber sur la chaise, accablé, la tête entre les mains.
— Et maintenant, je dois encore rembourser, sinon… Sinon ils reviendront, et ce ne sera pas beau.
