#Chapitre 6
#chapitre 6
La nuit avait jeté son voile sombre sur la campagne, enveloppant la vieille maison d’un silence pesant. Assise près de la cheminée, les lettres étalées devant moi, j’essayais de reconstituer les fragments de cette histoire que ma famille avait enfouie si profondément. Chaque mot était une blessure à vif, un secret qui faisait écho à la mienne.
Élise, assise à mes côtés, feuilletait lentement une lettre jaunie, son visage marqué par la fatigue mais aussi par une détermination nouvelle.
— Ces révélations sont plus graves que je ne pensais, murmura-t-elle. Ta famille... c’était un jeu dangereux auquel tu ne voulais pas participer.
Je secouai la tête, le poids de la vérité m’écrasant peu à peu.
— Pourquoi personne ne m’a jamais parlé de tout ça ? Pourquoi tout ce silence ?
Élise posa la lettre et tourna son regard vers moi.
— Parfois, les secrets sont des murs que l’on construit pour se protéger. Mais ces murs finissent toujours par s’effondrer.
Un bruit sourd me fit sursauter. La porte de la maison vibra légèrement sous un coup. Nous nous regardâmes, la peur commune nous liant dans cette obscurité.
— C’est lui, dis-je à voix basse.
Élise se leva et alla vérifier la porte. Personne. Juste une enveloppe glissée sous le battant.
Je la pris et l’ouvris, découvrant cette fois une simple phrase écrite à l’encre noire : « Tu ne peux pas fuir ce qui est à toi. »
Mon cœur se serra. Ce message n’était pas qu’une menace, c’était une invitation à affronter mon passé, aussi effrayant soit-il.
Le lendemain matin, sous un ciel gris et bas, je décidai de retourner en ville, cherchant des réponses plus concrètes.
La gare était bondée, mais mon esprit était ailleurs. Chaque visage que je croisais me semblait porteur d’un secret, chaque regard un jugement.
Je pris un taxi jusqu’à un quartier que j’avais presque oublié, un endroit où j’avais grandi, mais où je n’avais plus remis les pieds depuis des années.
Le chauffeur me regarda dans le rétroviseur.
— Vous êtes sûre de vouloir venir ici ?
Je répondis simplement.
— Oui.
Il secoua la tête et démarra.
Les rues étaient étroites, bordées de bâtiments aux façades défraîchies. Le bruit des pas sur le trottoir résonnait, mais je ne sentais aucune vie, comme si ce quartier avait été figé dans le temps.
Je descendis devant un immeuble ancien, à l’entrée dissimulée par des graffitis. Je savais que c’était là que je trouverais ce que je cherchais : l’ancien bureau de mon père.
Je poussai la porte qui grinça, pénétrant dans un hall obscur. L’odeur de poussière et de vieux papiers m’envahit.
Je montai les escaliers, mon cœur battant à tout rompre.
Au troisième étage, une porte entrouverte laissait filtrer une faible lumière.
Je passai la tête et vis un homme, les cheveux poivre et sel, penché sur des documents.
Il releva les yeux, surpris.
— Anick ? C’est bien toi ?
Je hochai la tête.
— Vous étiez l’assistant de mon père, n’est-ce pas ?
Il sourit faiblement.
— Oui. Et je crois que tu as des questions auxquelles je peux répondre.
Je pénétrai dans la pièce, sentant que je touchais enfin une vérité oubliée.
Il posa un dossier épais sur la table.
— Ton père s’est retrouvé mêlé à des affaires dangereuses, expliqua-t-il. Des hommes puissants, prêts à tout pour garder leurs secrets.
Je frissonnai.
— Et Marc Dubois ?
L’homme fronça les sourcils.
— Un nom qui revient souvent. Il était l’un des principaux acteurs de ces réseaux.
Je me sentis submergée par un mélange de colère, de peur et de tristesse.
— Pourquoi personne ne m’a prévenue ?
— Parce que c’était un jeu mortel. Ton père voulait te protéger.
Je passai mes doigts sur le dossier, sentant la gravité de chaque document.
— Que devrais-je faire maintenant ?
L’homme me regarda droit dans les yeux.
— Faire face. C’est le seul moyen de briser cette chaîne.
Je sortis du bureau avec une résolution nouvelle. Le combat ne faisait que commencer, mais cette fois, je ne serais plus seule.
