#Chapitre 5
#chapitre 5
L’aube s’infiltrait doucement entre les rideaux, peignant la pièce d’une lumière pâle. Pourtant, malgré ce réveil paisible, mon esprit restait en alerte, les événements de la veille refusant de s’effacer. J’étais assise face à Élise, une tasse de thé fumante entre les mains, essayant de donner un semblant de calme à mes pensées tourbillonnantes.
— Tu crois vraiment que Marc Dubois va venir frapper à notre porte ? demandai-je, plus pour me rassurer que par réelle conviction.
Elle leva les épaules, ses yeux sombres posés sur moi.
— Ce n’est pas une question de s’il va venir, mais de quand. Il est méthodique, dangereux. Il ne laisse rien au hasard.
Je laissai mon regard glisser sur les murs, essayant d’absorber ses paroles. Tout autour, les souvenirs de ma vie ordinaire semblaient s’effondrer, remplacés par cette menace croissante qui se dessinait nettement.
— Et Vincent ? fis-je, la voix tremblante.
— Il joue son jeu, répondit-elle. Mais je ne suis pas sûre qu’il ait toujours le contrôle.
Je pris une profonde inspiration, mes doigts serrant la tasse jusqu’à blanchir la peau.
— Il faut que je comprenne pourquoi tout ça m’arrive maintenant. Pourquoi après dix ans de silence, ce passé refait surface.
Élise confirma.
— Peut-être parce que tu as enfin commencé à bouger.
Je ne savais pas si je devais la remercier ou lui en vouloir.
Un bruit sourd retentit soudain. Nos regards se tournèrent vers la porte. Un coup sec, puis encore un. Je me levai lentement.
— Je vais voir, murmurai-je.
J’ouvris la porte doucement. Personne. Juste une enveloppe déposée sur le paillasson. Je la ramassai, le cœur battant.
De retour à l’intérieur, j’ouvris l’enveloppe. À l’intérieur, une photo en noir et blanc. Une image floue, prise de loin. On y voyait une silhouette, un homme, debout devant ce qui semblait être la vieille maison familiale.
Je fronçai les sourcils.
— Qu’est-ce que ça veut dire ? demandai-je.
Élise prit la photo, l’examina attentivement.
— Quelqu’un t’envoie un message. C’est une mise en garde.
Je sentis une boule se former dans ma gorge.
— Mais pourquoi maintenant ?
La réponse semblait hors de portée, enveloppée dans le brouillard du passé.
Je décidais qu’il était temps d’affronter ce passé. De retourner là où tout avait commencé.
Le lendemain, sous un ciel gris et menaçant, je pris le train pour la campagne. La vieille maison de mes parents m’attendait, silencieuse et mystérieuse. Chaque virage, chaque kilomètre rapprochait mon cœur de la vérité.
À mon arrivée, l’air frais embaumait la terre humide. La maison semblait figée dans le temps, ses volets clos et ses murs craquelés racontaient une histoire oubliée.
Je posai ma valise sur le perron et frappai. Pas de réponse. J’entrai doucement, le parquet craquant sous mes pas.
Dans le salon, des photos jaunies ornaient les murs. Je les touchai du bout des doigts, chaque visage évoquant un souvenir, une émotion.
Puis, dans un coin, un coffre ancien attira mon attention. Je l’ouvris, révélant une pile de lettres liées par un ruban rouge.
Je pris la première lettre. L’écriture tremblante de ma mère racontait des peurs, des secrets et des espoirs brisés.
Je lisais, fascinée et horrifiée à la fois.
Chaque mot me rapprochait de la blessure secrète que je portais.
Au détour d’une phrase, un nom apparut : Marc Dubois.
Mon souffle se coupa. Cette fois, la vérité n’était plus une ombre, mais un spectre palpable.
Je décidai d’appeler Élise.
— Il faut qu’on parle, dis-je d’une voix rauque.
Elle arriva peu après, ses yeux emplis d’inquiétude.
Ensemble, nous parcourûmes les lettres, découvrant des trahisons, des mensonges et un passé qui refusait de rester enfoui.
Chaque page révélait que ma famille avait été liée à des affaires bien plus sombres que ce que j’avais imaginé.
Et que Marc Dubois n’était pas seulement un ennemi personnel, mais une menace qui planait depuis des années.
Cette nuit-là, tandis que la pluie tambourinait sur les vitres, je compris que ma blessure secrète n’était qu’une facette d’un problème plus grand.
Le combat pour la vérité venait de commencer.
