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chapitre 6

Chapitre 6

Il ne s’était pas préparé à ça. Ce qu’il ressentait n’était que de la frustration. De la pure frustration. Il avait toujours été maître de son destin, toujours en contrôle. Jamais un regard de travers, jamais une situation qui lui échappait. Mais là, ce dîner, cette simple idée de la voir partir, de la voir avec lui… un ami d’enfance, qu’il n’avait jamais rencontré. Il n’aimait pas ça. Il n’avait pas à aimer ça.

Elle était partie sans même lui jeter un regard de regret. Cassandre. Toujours aussi détachée. Elle était partie, le laissant derrière, comme une simple formalité. Un maillon dans une chaîne qui ne l’intéressait pas. Il était supposé se contenter de ce rôle. Et pourtant, quand la porte s’était refermée, une sensation qu’il n’arrivait pas à identifier s’était emparée de lui. Une sensation qu’il n’aimait pas.

Il n’était pas du genre à observer. Pas du genre à attendre. Il était du genre à dominer, à faire bouger les choses. Mais là, dans cette situation, il s’était retrouvé figé, coincé dans un état d’attente maladive. Alors, il avait laissé le temps passer, tout en tentant de se convaincre qu’il n’avait rien à craindre. Mais le malaise persistait.

Ce n’était pas de la jalousie, il se le répétait encore et encore. C’était un simple agacement. Pourquoi est-ce qu’un autre homme devait prendre sa place ? Il n’avait pas besoin de cette situation, de cette… vulnérabilité qui le rendait aussi désagréable.

Les heures s’étiraient. Il s’était plongé dans ses dossiers, dans ses préoccupations habituelles, mais son esprit ne cessait de dériver vers cette scène imaginaire où il la verrait, souriant à cet homme, riant peut-être de ses blagues, se détendant, là où lui, Élias, n’avait pas sa place. Où il ne pourrait pas, pour une fois, imposer sa loi.

Quand il l’avait vue revenir, cette image de l’homme qui avait pris sa place lui était restée. Le même sentiment, là, en l’observant. Cassandre s’était comportée comme si de rien n’était, pourtant une tension avait envahi la pièce, lourde, palpable.

Elle était entrée, sans se hâter, sans se soucier de ce qu’il ressentait. Elle s’était arrêtée, l’instant d’un regard furtif, avant de se diriger vers la cuisine. Il n’avait rien dit. Parce que, bien sûr, il n’aurait rien dit. Cassandre n’était pas une de ses affaires. Elle ne répondait pas aux règles qu’il imposait habituellement.

Mais ce soir-là, quelque chose avait changé. Il la suivait, chaque geste, chaque mouvement, comme s’il était à l’affût. Il attendait qu’elle dise quelque chose. qu’elle lui donne un indice, un petit bout de vérité. Mais elle était restée silencieuse.

Elle s'était mise à préparer un dîner, comme si tout était normal. Mais tout n’était pas normal. Elle ne pouvait pas ignorer l’irritation qu’il avait perçue dans sa manière de marcher, son regard plus fuyant, son attitude plus froide. Un défi silencieux.

“Tu as passé une bonne soirée ?” Il avait posé la question de manière un peu trop sèche, comme s’il n’attendait qu’une réponse.

Elle s’était figée, jetant un rapide coup d’œil vers lui, avant de répondre d’un ton détaché. “Oui. Pourquoi cette question ?” Un léger sourire en coin, une attitude de défi. Cette arrogance silencieuse qui l’électrisait et l’exaspérait à la fois.

Il n’avait pas répondu tout de suite. Il s’était approché de la table où elle préparait son repas, trop près, presque trop près. Son corps l’attirait malgré lui. Il avait vu la gêne dans ses yeux, et quelque chose en lui s’était brisé. Elle ne se sentait pas à l’aise, et il l’aimait dans ce moment de fragilité.

“Tu étais avec lui, non ?” Il n’avait pas pu s’empêcher de laisser échapper les mots. Cette idée de Cassandre, éclatante dans sa beauté, aux bras d’un autre homme. Ça l’avait fait souffrir d’une manière qu’il n’avait pas anticipée.

Elle s’était retournée lentement, cette fois, le regard plus froid. “Pourquoi ça t’intéresse ?” La provocation était claire dans ses yeux. Il ne voulait pas voir ça. Il ne voulait pas voir cette attitude. Mais c’était déjà trop tard.

“C’est lui ton ami d’enfance, pas moi. Alors, tu n’as rien à craindre, Élias.” Elle ne savait pas à quel point ces mots le blessait. Pas parce qu’il s’en préoccupait vraiment, mais parce qu’ils touchaient une vérité qu’il n’avait jamais voulu affronter.

Il s’approcha encore plus près. Il n’avait plus la force de reculer. “Qu’est-ce que tu attends de moi ?” Il se surprit lui-même en posant cette question. Il n’avait pas prévu cette faiblesse, mais c’était plus fort que lui. Il la regarda, cette femme qui le perturbait à chaque mouvement, qui faisait naître en lui une rage qu’il n’arrivait pas à contrôler.

Cassandre le fixa un instant, une étincelle d’amusement dans les yeux. “J’attends… que tu arrêtes de me juger. Que tu arrêtes de me surveiller comme si j’étais ta propriété.” Ses paroles étaient acérées, mais sa voix n’était pas aussi froide qu’il l’aurait cru. Elle était pleine de colère contenue, de frustration.

“Je ne te juge pas.” Il répondit presque machinalement. Mais il savait qu’il mentait. C’était ce qu’il faisait toujours. Juger. Contrôler. Parce que sans ça, il n’aurait plus rien. Sans ça, il serait juste un homme ordinaire, comme les autres.

Elle s’éloigna, se dirigeant vers la porte, son dos tourné, mais il ne pouvait s’empêcher de la suivre du regard. Il n’arrivait pas à lui en vouloir. Elle n’avait pas besoin de lui pour se défendre, pour se tenir debout. Elle était plus forte que ça.

“Je veux juste savoir où je me situe dans ta vie, Cassandre.” Il la rejoignit dans le couloir, les mots franchissant la distance qui les séparait.

Elle se tourna, son regard toujours aussi défiant. “Tu veux que je te dise la vérité ?” Elle se rapprocha de lui, plus proche que ce qu’il aurait voulu. “Je ne te dois rien. Et toi non plus.”

Il n’eut pas le temps de répondre. Elle l’avait déjà laissé là, dans ce silence pesant, avec une question qui tournait dans sa tête, une question qui le torturait. Pourquoi cette femme le rendait-il aussi nerveux, aussi fou ? Pourquoi avait-il envie d’être celui qui la contrôlerait, quand tout ce qu’elle faisait était de lui échapper, comme une brume insaisissable ?

Il savait qu'il la regardait différemment. Mais il ne savait pas si c’était l’envie de l’assujettir ou de la posséder, ou quelque chose de plus dangereux encore. Mais il était trop tard pour le comprendre. Elle n’était plus simplement la femme qu’il avait épousée. Elle était devenue une énigme qu’il ne pouvait résoudre. Et ça, il détestait ça.

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