chapitre 7
Chapitre 7
Elle avait toujours voulu plus. Cassandre, dans son regard, il y avait cette soif insatiable d’un avenir qui ne dépendait pas des volontés des autres, des décisions imposées. Elle n’avait jamais été de celles qui se laissaient enfermer dans des cases, et pourtant, aujourd’hui, elle faisait face à une cage qu’elle n’avait pas construite. Son rêve, celui qu’elle avait porté depuis des années, se trouvait à portée de main : une offre professionnelle à l’étranger. Un poste prestigieux, une occasion unique. Et pourtant, il y avait ce contrat, ce maudit contrat, qui se dressait devant elle comme un mur qu’elle n’arrivait pas à franchir.
Elle l’avait su avant même qu’il ne le dise. Elle l’avait vu dans ses yeux, dans la manière dont il l’avait regardée après avoir lu la lettre, comme un chasseur prêt à l’attraper. Élias n’allait pas lui laisser cette liberté, cette chance de s’échapper. Il n’allait pas lui permettre de fuir à l’autre bout du monde. Parce qu’il ne pouvait pas.
Lui, Élias, l’homme qu’elle avait épousé pour des raisons pratiques, ce n’était pas le genre à comprendre. Il ne voyait pas la vie autrement qu’à travers le prisme de son pouvoir, de son contrôle. C’était un contrat, elle n’était qu’une obligation. Un contrat qu’il n’allait pas laisser tomber aussi facilement.
“Tu n’as pas le droit de partir”, avait-il dit, les mots durs comme des pierres jetées dans l’eau calme de la pièce.
Elle le fixa, un silence pesant entre eux. Il n’y avait aucune subtilité dans ses propos, juste cette froideur glaciale qu’il utilisait pour imposer sa volonté. “Je ne te demande pas ton autorisation, Élias. C’est une opportunité qui se présente. Et je ne vais pas la laisser filer à cause d’un morceau de papier.”
Elle n’avait pas baissé les yeux, mais il le savait. Il avait vu ce regard, celui de la femme qui n’allait pas se laisser faire. Ce regard, cette défiance, il l’aimait et la haïssait à la fois. Cassandre, avec son regard indomptable, sa force de caractère. Mais cette fois, elle ne s’était pas préparée à sa réponse.
“C’est un contrat, Cassandre. Tu as accepté de rester ici, à mes côtés. C’est ce que nous avons convenu.”
Elle éclata de rire, mais il y avait de la rage dans son rire. “Un contrat. C’est tout ce que je suis pour toi, hein ? Un contrat à respecter, une signature sur un papier. Tu ne vois rien d’autre, pas même moi.”
Il n’eut pas de réponse. Il s’approcha d’elle, son regard devenu plus sombre, plus menaçant. “Je t’ai dit que tu ne partirais pas. Et je n’ai jamais été du genre à accepter les refus.”
Elle serra les poings. “Tu n’as pas à décider de ma vie, Élias. Tu n’as pas ce droit.”
Elle se tourna pour partir, mais il la saisit par le bras. Il n’avait pas prévu d’agir ainsi, de cette manière brutale, mais il n’y avait rien de rationnel dans ce qu’il ressentait. La rage, la frustration, l’envie. Tout cela se bousculait en lui. Il l’attira à lui, sans ménagement, sans doute. Ses yeux cherchaient une réponse, mais elle n’était pas là. Elle était ailleurs, dans cette certitude qu’il ne pouvait pas contrôler sa vie.
“Tu crois que tu peux faire ce que tu veux ?” Il lâcha son bras, mais il ne recula pas. Il s’approcha davantage, son souffle court, sa voix devenue plus basse, plus intime. “Je suis celui qui décide. C’est moi qui te tiens.”
Il n’eut pas le temps de voir la colère dans ses yeux, la fureur qu’il venait d’éveiller. Parce qu elle se tourna brutalement vers lui. “Non. Tu n’as rien à me dire. Pas comme ça.”
Il la fixa, un silence lourd, intense, remplissant l’espace entre eux. Puis, d’un geste rapide, il l’attira à lui, capturant ses lèvres avec une violence contenue, un baiser brutal, presque furieux. C’était un mélange de rage et de désir. Pas un baiser d’amour, non. Un baiser d’appropriation, comme s’il voulait marquer son territoire. Comme s’il voulait lui dire que tout ce qu’elle croyait possible, tout ce qu’elle voulait, c’était à lui.
Au début, elle était figée. Elle n’avait pas prévu cette réaction. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il réagisse ainsi, aussi violemment, aussi irrationnellement. Mais rapidement, la colère, la frustration qui bouillonnaient en elle éclatèrent. Elle répondit à son baiser, avec la même intensité, avec la même violence. C’était un affrontement. C’était une guerre qu’ils se menaient en silence, un combat où il n’y avait aucune victoire. Juste des corps qui se déchiraient, se frôlaient, se cherchaient.
Il la repoussa contre le mur, ses mains serrant son visage avec une force qu’il ne se connaissait pas. Elle le regardait droit dans les yeux, défiant tout, refusant de fléchir. Mais elle sentait l’attrait, ce désir brûlant qu’elle n’avait pas voulu reconnaître. Un désir qu’il avait éveillé en elle, un désir qu’elle ne pouvait ignorer. Mais c’était plus compliqué que ça. Ce n’était pas qu’une simple attirance. C’était un combat.
Elle prit une inspiration, essayant de retrouver un peu de calme. “Tu ne peux pas m’empêcher de partir.”
Il la regarda longuement, puis, après un moment qui sembla durer une éternité, il lâcha un petit rire, amer, presque désespéré. “Je ne veux pas te perdre, Cassandre. Mais je ne peux pas non plus te laisser partir.”
Elle le repoussa doucement, cette fois, pour prendre un peu de distance. “Tu ne comprends pas, Élias. Je ne suis pas un objet que tu peux garder pour toi.”
Elle s’éloigna de lui, ses yeux remplis de détermination. Mais il n’avait pas dit son dernier mot. Ce jeu, il n’allait pas le perdre. Pas encore. Pas avant d’avoir obtenu ce qu’il voulait.
“Tu veux partir, tu dis ? Eh bien, il va falloir que tu me convainques.” Ses mots étaient froids, mais derrière cette froideur, il y avait cette lueur de défi qu’elle avait semée en lui. Une étincelle qui ne pouvait pas s’éteindre aussi facilement.
Et elle savait qu’il avait raison. Il ne la laisserait pas partir. Pas comme ça. Pas sans se battre. Mais elle savait aussi qu’il avait éveillé quelque chose de plus grand, de plus dangereux, entre eux. Et elle, elle n’était pas prête à perdre ce combat. Pas encore.
