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Chapitre 6

Le piège de Luca était habilement tendu, mais il ne savait pas qu’Amélie était bien plus rusée que ce qu’il avait imaginé. Il pensait la dominer, l’humilier devant sa famille et la pousser à commettre une erreur qu’il pourrait exploiter. Mais il n’avait pas prévu que la vérité s’inverserait si soudainement, si brutalement, dans ce huis clos familial qui se transformait, peu à peu, en un terrain de guerre.

Luca se tenait debout dans le grand salon de la maison, la chaleur d’un après-midi ensoleillé se diffusant à travers les larges fenêtres. Autour de lui, les membres de sa famille étaient réunis. Ses parents, ses frères et sœurs, quelques amis proches. C’était le genre de réunion mondaine où les conversations se nourrissaient de rumeurs et de superficialité, mais aujourd’hui, il avait un objectif clair : il allait mettre Amélie au pied du mur. Il allait la discréditer, exposer ses prétendus faux pas, et la forcer à montrer son vrai visage.

Le silence dans la pièce était lourd, mais les regards se tournaient vers lui, avides de curiosité. Il attendait le moment parfait. Un dernier regard vers Amélie, assise sur le canapé, l’air calme, presque détachée, comme si elle n’était qu’un spectateur de sa propre vie. C’était cette tranquillité, cette absence de réaction, qui le mettait en rage. Elle semblait indifférente à tout ce qu’il pouvait lui faire, et cela le dérangeait profondément.

Puis, dans un éclat de voix, il lança l’accusation.

— Amélie, je pense qu’il est grand temps que tout le monde sache la vérité, dit-il d’un ton glacé. Vous vous êtes bien divertie ces derniers temps, n’est-ce pas ? Je parle de vos infidélités, bien entendu.

L’auditoire s’immobilisa d’un coup. Les murmures cessèrent, et une tension palpable envahit la pièce. Les yeux de sa famille se tournaient maintenant vers Amélie, cherchant la moindre réaction. Luca les observait, mais son regard restait fixé sur Amélie. Il voulait voir son visage se décomposer, la honte envahir ses traits, mais ce qu’il vit à la place le laissa sans voix.

Amélie leva les yeux vers lui, un léger sourire en coin, mais ses yeux restaient froids et inaccessibles. Elle ne s’énerverait pas, il en était certain. Mais son calme, son assurance, commençaient à l’agacer. Elle se leva doucement, sa posture parfaite, presque trop parfaite.

— Infidélités ? dit-elle, sa voix douce mais ferme, tranchant dans le silence lourd de la pièce. Si c’est ce que tu crois, Luca, alors tu te fourvoies.

Elle se tourna vers sa famille, ses yeux rencontrant ceux des invités, un à un. Elle semblait les sonder, mais sans précipitation. Puis elle se tourna lentement vers lui, et ce fut comme un coup de poignard, lent, mesuré, mais tellement efficace.

— Tu sais, Luca, j’ai toujours été fidèle. Mais peut-être que tu veux parler de ce dont tu t’es bien gardé de mentionner… Ta maîtresse, Julia, et ta relation secrète avec elle. Ou devrais-je dire que tu es l’homme trompé ici ?

Les mots frappèrent comme des coups de tonnerre. Les invités se figèrent. Luca se sentit déstabilisé, comme si la terre venait de se dérober sous ses pieds. Un éclat de surprise traversa son visage, mais il se ressaisit rapidement. Il savait qu’il ne devait pas montrer sa faiblesse. Pas maintenant, pas devant sa famille.

— Qu’est-ce que tu racontes ? balbutia-t-il, bien que sa voix trahît une certaine nervosité. Tu es folle. Ce n’est pas de ça qu’il s’agit.

Amélie se rapprocha de lui, un pas après l’autre, sans se hâter. Il pouvait sentir son regard perçant sur lui, mais cela ne l’arrêta pas. Si elle pensait qu’elle pouvait l’humilier ainsi, elle se trompait.

— Tu vois, Luca, si tu veux vraiment parler d’infidélité, nous pourrions commencer par toi. Mais ce n’est pas le moment, n’est-ce pas ? Pas ici. Pas devant tout le monde. Parce que je suis bien plus intelligente que tu ne le crois. Tu vois, je sais tout. Tu as toujours cru que tu me manipulais, mais c’est toi qui t’es fait manipuler.

Elle s’arrêta juste devant lui, ses yeux ancrés dans les siens. Il sentit son souffle saccadé, mais il se redressa, essayant de maintenir le contrôle. Il avait perdu son emprise sur la situation, mais il n’était pas du genre à abandonner facilement.

— Comment oses-tu ? articula-t-il, sa voix montant dans les aigus. Je t’ai épousée pour l’héritage, c’est tout. Et toi, tu te permets de me défier comme ça ?

Amélie répondit d’un simple sourire, mais ce sourire était différent. Ce n’était pas celui d’une femme soumise, mais celui de quelqu’un qui avait pris le contrôle du jeu.

— Je ne t’ai jamais menti, Luca. Je savais exactement pourquoi je t’épousais. Mais peut-être que tu ne sais toujours pas pourquoi tu m’as épousée, toi. Ou peut-être que tu t’es laissé emporter par tes propres démons, ton arrogance, et ton désir de pouvoir.

Il y avait quelque chose dans ses yeux, une lueur de défi, une confiance froide qui faisait trembler sa certitude. Il avait pensé qu’elle serait faible, qu’elle plierait sous ses accusations. Mais à chaque mot, à chaque geste, elle dénouait son emprise sur la situation.

Les membres de sa famille, qui jusque-là étaient restés silencieux, commencèrent à échanger des regards inquiets. Certains semblaient choqués, d’autres semblaient fascinés par l’audace d’Amélie. Luca, de son côté, sentait sa frustration grimper. Il avait perdu le contrôle, et cela, il ne pouvait pas le supporter. Il savait que, devant les siens, il ne pouvait pas se permettre de perdre. Mais comment riposter ?

Il tourna son regard vers sa famille, cherchant un appui, une validation, mais personne ne réagit. Il se tourna à nouveau vers Amélie, son visage déformé par la colère et la honte. Elle l’avait mis dans l’embarras, devant tous. C’était elle qui dirigeait maintenant la conversation. Il devait réagir, mais les mots lui manquaient.

— Tu penses vraiment pouvoir me faire tomber en public ? dit-il, sa voix froide comme la glace, mais son cœur battait à tout rompre. C’est toi qui es dans l’erreur, Amélie. Tu te crois au-dessus de tout, mais tu n’es qu’une pièce dans mon jeu. Un simple pion. Tu devrais avoir honte de ce que tu as fait.

Amélie ne bougea pas d’un millimètre. Elle resta droite, impassible, avec la certitude d’une femme qui savait exactement ce qu’elle faisait.

— Non, Luca. Ce n’est pas moi qui ai honte. Ce n’est pas moi qui ai été manipulée. C’est toi. Et maintenant, il est trop tard pour revenir en arrière.

Le silence se fit pesant dans la pièce, lourd de révélations non dites, de secrets qui n’avaient pas encore éclaté, mais qui menaçaient de tout engloutir. Luca se rendait compte, trop tard, que son piège s’était retourné contre lui. Il avait voulu l’humilier, mais c’était lui qui se trouvait nu, devant tout le monde, son masque de contrôle déchiré.

Et pour la première fois, il comprit qu’il ne pouvait pas manipuler Amélie aussi facilement qu’il l’avait cru.

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