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Chapitre 4

L’apparition de l’autre femme, une silhouette familière mais perçue comme une arme dans la guerre silencieuse qu’il menait, s’invita dans le quotidien de Luca comme un coup de poing, destiné à briser ce qu’il restait de fragile chez Amélie. C’était une manœuvre calculée, une façon pour Luca de marquer son territoire, de la pousser dans ses retranchements. Mais au fond de lui, il n’était pas sûr de ce qu’il espérait vraiment. Après tout, il n’avait jamais cru que sa stratégie de provocation fonctionnerait comme il l’avait prévu. Il s’attendait à une explosion de colère, une réaction, n’importe quoi. Mais elle restait là, si calme, si indifférente.

C’était un vendredi soir, et ils étaient invités à une réception importante dans le quartier chic de la ville. Le genre de soirée où l’on se pavane, où l’on joue à être celui qu’on n’est pas, où les rires feints se mêlent au son du piano et au tintement des verres. Luca avait choisi ce moment précis pour faire une entrée spectaculaire. Il était accompagné de Julia, une femme plus jeune, plus vibrante, une maîtresse qui n’était en rien discrète.

Ils arrivèrent ensemble, bras-dessus bras-dessous, leurs regards affichant une complicité évidente. C’était un coup de maître, pensé pour amener Amélie à réagir, à perdre pied, à enfin se rebeller. Luca la regarda de côté, son cœur battant plus fort que d’habitude, mais c’était de l’anticipation, de l’excitation, presque du mépris. Il n’avait qu’une idée en tête : la voir souffrir.

La salle était remplie d’invités en costard-cravate, de femmes en robes scintillantes, mais dès que Luca fit son entrée, le regard de chacun se tourna vers lui. Il savait que sa maîtresse attirerait tous les regards, qu’Amélie serait la seule à rester dans l’ombre de ce spectacle. Julia se glissa à ses côtés, une lumière dans l’obscurité, affichant un sourire assuré.

Luca se dirigea vers Amélie, qui se tenait, comme toujours, en retrait. Elle n’était pas du genre à se mêler à la foule. Mais ce soir-là, il y avait quelque chose de différent dans son attitude. Son visage, habituellement impassible, semblait avoir perdu une partie de son calme. Mais Luca n’avait pas le temps de chercher plus de réponses. Il se planta devant elle, d’un geste théâtral.

— Amélie, je te présente Julia, dit-il en mettant l’accent sur son prénom, comme pour bien marquer l’humiliation. Elle est… très chère à mon cœur.

Amélie leva les yeux vers lui, puis se tourna lentement vers Julia. Il n’y avait pas de colère, pas de tristesse, rien qui trahissait un quelconque sentiment. Juste ce calme inquiétant, ce silence presque glacial. Elle tendit la main vers Julia, qui la prit sans hésitation, en un geste un peu trop forcé pour être naturel.

— Enchantée, dit Amélie, son ton aussi poli que distant.

Luca observa la scène, attentif à chaque mouvement, à chaque réaction. Il attendait de voir quelque chose. Il attendait un signe, un frémissement. Mais non. Amélie ne dit rien, ne fit aucun geste pour signifier son mécontentement. Elle resta là, immobile, alors que Julia souriait, un sourire qui se voulait rassurant, mais qui semblait plutôt être un défi.

— Je vais vous laisser discuter, dit Luca finalement, sans un regard en arrière, se dirigeant vers un autre groupe d’invités. Il n’avait pas besoin de plus. Il savait que cette rencontre, cette mise en scène, laisserait une marque.

Le reste de la soirée s’écoula dans une atmosphère étrange. Luca, au milieu de la foule, se surprenait à regarder régulièrement Amélie. Il s’attendait à la voir fuir, à la voir se replier sur elle-même. Mais non. Elle restait là, calme, presque en retrait, observant tout avec une attention qui, à chaque instant, semblait plus pénétrante. Quand il croisa son regard un instant, il ressentit un frisson qu’il ne parvint pas à identifier. Était-ce de la culpabilité ? Du doute ? Peut-être bien. Mais tout ce qu’il pouvait en tirer, c’était qu’elle ne réagissait toujours pas.

À la fin de la soirée, Luca ne se sentait pas victorieux. Il s’était attendu à un grand coup, à un éclat, mais la seule chose qui en ressortait, c’était une étrange sensation de vide. Il se dirigea vers la sortie, Julia à ses côtés, mais il se retourna une dernière fois vers Amélie. Elle était là, toujours aussi droite, toujours aussi calme.

Il la défiait du regard, mais elle ne bougea pas. Elle attendait. Et cela le perturbait.

Le lendemain matin, alors que le soleil perçait à peine à travers les rideaux, Amélie se rendit chez Luca. Le silence de la maison était presque assourdissant. Il l’attendait, assis dans le salon, un air étrange sur le visage. Il savait ce qui allait arriver. Mais cette fois, il ne voulait pas lui donner la satisfaction d’avoir la maîtrise de la situation. Elle était calme, beaucoup trop calme, et cette attitude commençait à l’agacer profondément.

Amélie entra sans un mot, fermant doucement la porte derrière elle. Luca se leva et la regarda, ses yeux scrutant chaque mouvement. Il attendait une explosion, un cri, n’importe quoi qui briserait cette tranquillité glaciale. Mais elle ne dit rien. Elle s’assit simplement en face de lui, son regard inébranlable.

— Alors ? dit-il enfin, brisé par ce silence. Qu’as-tu à dire après ce qui s’est passé hier soir ?

Amélie le fixa sans ciller. Ses lèvres s’entrouvrirent lentement, comme si elle pesait chaque mot avant de le prononcer.

— Tu as voulu me provoquer, Luca. Mais je suis loin d’être une femme que l’on peut manipuler ainsi. Je vois ton jeu, mais je n’y participerai pas.

Luca s’étrangla intérieurement. C’était encore pire que ce qu’il avait imaginé. Elle le voyait. Elle savait exactement ce qu’il faisait. Et pourtant, elle ne réagissait pas. C’était comme si elle était à des années-lumières de tout ce qu’il essayait de créer. Il sentit un frisson désagréable envahir son esprit.

— Tu crois vraiment que cela te protégera ? demanda-t-elle, sa voix aussi froide que l’acier.

Luca se mordit l’intérieur de la joue. Il savait qu’elle était en train de l’amener sur un terrain qu’il ne maîtrisait pas.

— Je ne cherche pas à te protéger, dit-il brusquement, son ton se durcissant. Mais je vais te dire quelque chose, Amélie. Si tu crois que tu peux ignorer ce qui se passe, tu te trompes. Julia et moi avons une relation qui n’a rien à voir avec ce que tu imagines. Alors, évite de croire que tu peux rester de marbre face à tout ça.

Amélie se leva lentement. Elle n’avait pas l’intention de le laisser avoir le dernier mot. Mais elle ne le confronta pas directement.

— C’est toi qui fais une erreur, Luca. Julia n’est pas ce que tu crois. Et toi, tu ne sais même pas dans quel jeu tu t’es engagé.

Puis, sans un mot de plus, elle se tourna et quitta la pièce. Luca, figé dans son fauteuil, sentit un malaise grandir dans son ventre. Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ?

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