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Chapitre 3 : TROP JEUNE POUR ÇA !

14 jours plus tard.

Quatorze jours avaient passé depuis qu’Octavia avait commencé à manquer régulièrement l'école. Les douleurs qu'elle ressentait semblaient s'intensifier de jour en jour. Ce n'étaient pas simplement des maux de tête, elle souffrait aussi de douleurs abdominales et de vomissements qui la laissaient épuisée. Marthe, inquiète pour sa santé, décida qu'il était temps de consulter un médecin.

- Ma chérie, il faut vraiment qu'on aille à l'hôpital. Ces douleurs persistent depuis trop longtemps. Je ne peux pas rester là sans rien faire.

- Je sais, maman. Mais j'ai tellement peur que ce ne soit rien de grave.

Bien que rassurante, Marthe ressentait une angoisse sourde, la santé de sa fille était primordiale. Elle se tourna vers KAKÉ qui était dans la pièce voisine.

- KAKÉ ! Pourrais-tu nous accompagner à l'hôpital ? Je préfère ne pas y aller seule.

KAKÉ, toujours prêt à soutenir sa famille, répondit avec un sourire.

- Bien sûr, je vais vous conduire. Ça ne me dérange pas du tout. Préparez-vous, je vais chercher la voiture.

Quelques instants plus tard, tous les trois étaient en route vers l'hôpital général provincial de Bukavu. Le trajet était long, et la route non asphaltée n'ajoutait qu'à l'inconfort d'Octavia. Les nids-de-poule et les irrégularités de la chaussée faisaient vibrer la voiture, la rendant instable, comme si elle jouait à un jeu d’awalé.

- Ça fait mal, maman. Chaque fois que vous passez sur un trou, c'est comme si un coup de marteau frappait mon ventre.

- KAKÉ, pourrais-tu rouler un peu plus doucement ? Je ne veux pas que ça aggrave son état.

- Bien sûr, je vais faire attention. Je ne veux pas que tu sois inconfortable, ma fille.

Il ralentit, mais même ainsi, la route était interminable. Les arbres défilaient à toute vitesse, et les bruits des pneus sur le gravier résonnaient comme une mélodie désagréable. Marthe, de temps en temps, se retournait pour vérifier l'état d'Octavia.

- Comment te sens-tu maintenant, ma chérie ?

- Un peu mieux… enfin, peut-être pas. Je me sens juste… fatiguée.

- Ne t'inquiète pas, nous serons bientôt là. Une fois chez le médecin, tu seras entre de bonnes mains.

À mesure qu'ils s'approchaient de l'hôpital, Marthe essayait de distraire Octavia en lui parlant des souvenirs de leurs précédents voyages, mais les douleurs abdominales d'Octavia prenaient le dessus.

- Souviens-toi de notre dernier voyage à Kavumu ? On avait fait ces belles promenades au bord du lac Kivu. C'était si apaisant.

- Oui, je m’en souviens. C’était magique… J’aimerais vraiment y retourner.

La voiture continua d'avancer, et bientôt, ils virent les lumières de l'hôpital au loin. KAKÉ se gara, et Marthe aida Octavia à sortir du véhicule.

- Prends mon bras, ma chérie. Nous y sommes presque.

Octavia, bien que faible, ressentait un léger soulagement en sachant qu'elle était entourée de soutien. Avec précaution, elle descendit du véhicule, ses jambes tremblant légèrement sous son poids. Marthe, à ses côtés, l’aida à marcher, tandis que KAKÉ fermait la voiture derrière eux.

Dès qu'ils franchirent les portes de l'hôpital, une ambiance de sérieux et de professionnalisme les enveloppa. L'éclat des néons illuminait les couloirs, et le bruit des pas pressés des infirmiers et des médecins s'observaient çà et là. Des infirmiers, alertes et bienveillants, se précipitèrent pour les accueillir. L'un d'eux, un homme grand avec un sourire rassurant, s'approcha d'Octavia.

- Bienvenue à l'hôpital. Que se passe-t-il ?

Marthe prit la parole, sa voix teintée d'inquiétude.

- Ma fille souffre de douleurs abdominales et de vomissements. Cela dure environ deux semaines, et nous avons décidé qu'il était temps de consulter un médecin.

L'infirmier hocha la tête, prenant note de chaque détail.

- Ne vous inquiétez pas, nous allons nous occuper d'elle. Suivez-moi, s'il vous plaît.

Il les guida à travers les couloirs, chaque pas résonnait sur le carrelage froid. Les murs étaient ornés de posters informatifs sur la santé, mais pour Octavia, tout cela était flou et lointain. Elle se concentra sur sa respiration, essayait de chasser la douleur qui pulsait dans son ventre.

Ils arrivèrent aux urgences, une zone d'activité frénétique où le personnel médical s'affairait autour de patients. L'infirmier les conduisit jusqu'à une salle d'examen, où une lumière douce éclairait une table d'examen.

- Installez-vous ici, dit-il en désignant la table. Un médecin viendra vous voir très bientôt.

Marthe aida Octavia à s'asseoir, lui tenant la main avec tendresse. KAKÉ, se tenant près d'eux, observait la scène avec une expression d’inquiétude.

- Tu es entre de bonnes mains, ma chérie, murmura Marthe, sa voix douce comme une caresse. Nous sommes là pour toi.

Octavia ferma les yeux un instant, se laissa envelopper par la chaleur de l'affection qui l'entourait. Dans ce lieu d'incertitude, Octavia n'était pas seule. L'espoir, bien que fragile, commençait à s'installer dans son cœur.

Lorsque le docteur Émile entra dans la salle d'examen, il était accompagné d'un air sérieux, son regard scrutait la pièce à la recherche d'indices sur l'état d'Octavia. KAKÉ, qui avait observé son arrivée avec une attention particulière, s'approcha de lui, l'amena dans un coin pour une conversation discrète.

- Docteur Émile, tel que l'étiquette de sa blouse l'indiquait, j'ai besoin que tu gardes cela pour toi, dit KAKÉ d'une voix basse mais ferme. Les résultats d'Octavia ne doivent être communiqués à personne d'autre que moi.

Le docteur, surpris par cette exigence, plissa les yeux, et essaya de comprendre les motifs de KAKÉ.

- Monsieur, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Les informations médicales doivent être partagées avec la famille. C'est la procédure.

KAKÉ secoua la tête, son expression se durcissant.

- Tu ne comprends pas, docteur. Octavia, c'est ma fille et elle n'est pas simplement une fille comme les autres pour Marthe. Elle est issue d'une autre femme, pas de Marthe. Tout cet amour qu'elle lui affiche maintenant, ce n'est qu'un masque, une façade pour tromper la vigilance.

Le docteur Émile, perplexe, se frotta la nuque, mal à l'aise face à cette révélation inattendue.

- Que veux-tu dire par "masque" ?

KAKÉ se pencha un peu plus près, s'assurant que personne ne pouvait les entendre.

- Écoute, Émile. Marthe est une sorcière aux yeux d'Octavia. Elle a une influence sur elle, et je crains que son affection ne soit qu'une manière de contrôler la situation. Je ne te demande pas cela par caprice, mais pour la sécurité d'Octavia.

Le docteur, bien que préoccupé par ce qu'il entendait, devait garder un esprit ouvert. Il avait vu des cas où des relations familiales compliquées pouvaient mener à des conflits d'intérêts, mais ce que KAKÉ avançait était grave.

- Tu sembles vraiment inquiet, KAKÉ. Mais je dois te rappeler que je suis ici pour le bien d'Octavia. Si tu as des préoccupations, il serait préférable de les partager avec moi plutôt que de créer une atmosphère de méfiance.

KAKÉ, cependant, restait inflexible, ses yeux injectés de détermination.

- Je ne vais pas te mentir, Émile. J'ai eu mes raisons de me méfier de Marthe. Il y a des choses que tu ne sais pas. Je ne veux pas que ton jugement soit biaisé par son charme. Je te demande juste d'agir prudemment.

Le docteur Émile, hésitant, se rendit compte que KAKÉ était pris dans un tourbillon d'émotions et de préoccupations. Bien qu'il ait du mal à accepter certaines des accusations portées contre Marthe, il comprenait l'importance de la prudence dans une situation aussi délicate.

- Très bien, KAKÉ. Je respecterai ta demande, mais sache que je suis ici pour m'assurer qu'Octavia reçoive les soins appropriés. Si je vois quelque chose d'inquiétant, je ne pourrai pas rester silencieux.

KAKÉ acquiesça, reconnaissant le compromis. Le docteur retourna alors dans la salle d'examen, avec ses pensées et ses préoccupations dans l'air.

Dans la salle de consultation, Octavia était assise sur la table d'examen, son cœur battait la chamade. Le docteur Émile, vêtu de sa blouse blanche, s'approcha avec un sourire rassurant.

- Bonjour, Octavia. Je m'appelle le docteur Émile. Comment te sens-tu aujourd'hui ?

Octavia, un peu nerveuse, croisa les bras sur sa poitrine.

- Bonjour, docteur. Je… je ne me sens pas très bien. J’ai mal au ventre et j’ai souvent des nausées.

Le docteur Émile prit un siège et s'assit à sa hauteur, son regard bienveillant fixant celui d'Octavia.

- Je comprends. Depuis combien de temps ressens-tu ces douleurs ?

- Ça fait environ deux semaines. Au début, c'était juste des maux de tête, mais maintenant, ça a empiré. J’ai aussi vomi plusieurs fois.

- Je vois. Et est-ce que tu as remarqué d'autres symptômes ? Par exemple, des changements dans ton appétit ou ta fatigue ?

Octavia réfléchit un moment, les sourcils froncés.

- Oui, je n'ai pas tellement d'appétit ces derniers temps. Tout me dégoûte, même des choses que j'aimais. Je me sens toujours fatiguée, même après avoir dormi.

- C'est depuis quand tu as vu paraître tes dernières menstrues ?

Octavia prit un temps de réfléchir avant de répondre, sa tête tournée vers le plafond, on dirait qu'elle contemplait son architecture.

- Docteur, commença-t-elle après une inspiration profonde, selon mes calculs, je devrais les voir depuis une semaine et un jour, mais en vain, finit-elle en affichant sa désolation.

Le docteur Émile prit des notes, son expression sérieuse.

- Cela doit être vraiment difficile pour toi. Est-ce que tu as eu des moments de stress récemment ? Des changements dans ta vie ?

Octavia baissa les yeux, hésitant.

- Oui, il s'est passé beaucoup de choses. Mais je ne suis pas sûre que cela ait un rapport avec ma santé.

Le docteur Émile lui sourit ddoucement mais froidement.

- Parfois, le corps réagit à notre état émotionnel. Ce que tu ressens peut être lié à cela. Je vais te poser quelques questions, et ensuite nous ferons des examens pour mieux comprendre ce qui se passe. D'accord ?

- D'accord, docteur. Je suis prête.

- Très bien. As-tu déjà eu des problèmes de santé similaires auparavant ?

- Non, jamais. C'est la première fois que je ressens quelque chose d'aussi intense.

- D'accord. Et concernant ta famille, y a-t-il des antécédents de maladies dans votre famille ?

Octavia hocha la tête, toute confuse et perplexe.

- Ma mère a des problèmes de santé, mais je ne sais pas si c’est la même chose.

- Je vais faire de mon mieux pour t'aider, Octavia. Nous allons examiner cela ensemble. Tu es courageuse de venir ici et de parler de tes symptômes.

Octavia, légèrement réconfortée par les paroles du docteur, se redressa un peu sur la table.

- Merci, docteur. J'espère vraiment que vous pourrez m'aider.

- Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir. Je vais te demander de faire quelques examens. Cela nous donnera plus d'informations pour trouver la meilleure solution pour toi.

Octavia prit une grande inspiration, se sentant légèrement plus apaisée à l'idée de recevoir des soins. La discussion se poursuivrait, mais pour l'instant, elle savait qu'elle était entre de bonnes mains.

À la sortie de la salle de consultation, Octavia rejoignit Marthe et KAKÉ, qui l'attendaient sur un banc en plastique au fond du couloir des urgences. L'atmosphère était chargée d'inquiétude, et les visages de Marthe et KAKÉ trahissaient une tension palpable. Octavia, encore un peu ébranlée par la consultation, prit une profonde inspiration avant de les rejoindre.

- Comment ça s'est passé, ma chérie ? Que t'a dit le docteur ? lui lança Marthe, tout sourire.

Octavia hésita un instant, ses yeux se posant sur KAKÉ, qui lui fit un signe imperceptible, lui demandant de garder le silence. Elle se força à sourire, mais la fatigue se lisait sur son visage.

- Ça va, maman, il a dit qu'il allait faire quelques examens.

KAKÉ, ne voulant pas laisser l'occasion passer, profita de ce moment pour changer de sujet.

- Et dis-moi, Octavia, qu'est-ce que tu aurais envie de manger ? Je pense que tu dois avoir faim après tout ça.

Octavia, sentant son estomac gronder, réfléchit un instant avant de répondre.

- J'aimerais juste des fruits. Peut-être des mangues ou des bananes ?

KAKÉ se tourna vers Marthe, son expression soudainement sérieuse.

- Marthe, pourrais-tu aller nous chercher des fruits ? Je pense qu'Octavia en aurait besoin pour reprendre des forces.

Marthe acquiesça, heureuse de pouvoir faire quelque chose pour aider sa fille.

- Bien sûr, je vais aller chercher ça tout de suite. Restez ici, je ne serai pas longtemps.

Dès que Marthe tourna les talons pour se diriger vers la cafétéria de l’hôpital, KAKÉ se pencha vers Octavia, son regard se faisant intense.

- Écoute-moi bien, Octavia. Tu ne dois absolument rien dire à Marthe au sujet de tes résultats ou de ta santé. Ni ce qui s'est passé entre nous dernièrement. C'est très important.

Octavia, surprise par la gravité de ses paroles, hocha la tête lentement, sentant la pression de son autorité.

- D'accord, père. Je ne dirai rien.

KAKÉ afficha un sourire satisfait, mais son regard restait vigilant. La situation était délicate, et il devait s'assurer qu'Octavia ne se confierait pas à Marthe.

Le couloir était animé, des médecins et des infirmiers circulant avec des dossiers. Le bruit des chariots et des conversations lointaines créait une ambiance d'urgence. Octavia se concentra sur ces sons pour chercher à apaiser son esprit. Elle savait que KAKÉ avait ses raisons, mais une part d'elle se sentait mal à l'aise avec le secret qu'elle devait garder.

Lorsque Marthe revint quelques minutes plus tard, un plateau rempli de fruits frais à la main, elle avait l'air enjouée, comme si elle venait de rentrer d'une sortie agréable.

- Regardez ce que j'ai trouvé ! Des mangues bien mûres et quelques bananes. J'espère que ça te plaira, Octavia.

- Oh, merci, maman ! Ça a l'air délicieux.

KAKÉ, prenant le relais, feignit une légèreté qu'il ne ressentait pas vraiment.

- Alors, qu'est-ce qu'on fait ensuite ? On devrait parler d'une prochaine visite à Nyangezi afin de donner à Octavia la chance de visiter ce lieu ! Je parie qu'elle aura plein d'histoires à écouter et des choses à découvrir.

Marthe, heureuse de ce changement de sujet, se joignit à la conversation.

- Certes, tu as vraiment raison KAKÉ ! Marthe a le droit de se régaler un peu. J'aimerais même que ce soit ce prochain week-end, quand Octavia se sera déjà rétablie. N'est-ce ma chérie ?

- Oui maman, comme j'en meurs d'envie !

Octavia se laissa emporter par l'enthousiasme de sa mère, jusqu'à oublier un instant les douleurs et les secrets. Marthe commença à raconter ses souvenirs de Nyangezi, ses yeux pétillants à l'évocation des paysages magnifiques et des moments de joie. Octavia l'écoutait attentivement, des enjeux sérieux se jouaient en dehors de cette façade joviale.

Dans cet instant, malgré l'inquiétude qui flottait dans l'air, un semblant de normalité et de chaleur familiale reprenait le dessus. Octavia se sentit entourée d'amour, même si des ombres demeuraient, prêtes à ressurgir à tout moment.

Alors que les heures s'étiraient interminablement, KAKÉ observait avec anxiété le couloir de l'hôpital. Le bruit de ses propres battements de cœur résonnait dans son esprit, comme un métronome de son inquiétude. Il avait les yeux rivés sur le laborantin qui, avec un dossier à la main, sortit finalement du laboratoire en direction du bureau du docteur Émile. Chaque pas du laborantin amplifiait le poids de l'attente.

Soudain, le docteur Émile leva la main et fit signe à KAKÉ d'approcher. Son cœur s'emballa, et il se leva lentement, les jambes tremblantes, comme s'il marchait sur un terrain miné. Une fois installé devant le bureau du médecin, il observa le visage du docteur, qui se voulait rassurant, mais dont les traits étaient marqués par la gravité de la situation.

- Bonjour, Monsieur KAKÉ. Merci d'être venu. J'ai reçu les résultats des analyses d'Octavia.

KAKÉ, le souffle court, se força à maintenir un air neutre, bien que son esprit soit en proie à la panique.

- Qu'est-ce qu'il en est ? Elle va bien, n'est-ce pas ?

Le docteur Émile prit un moment, scrutait le visage de KAKÉ, comme s'il pesait ses mots avec soin.

- Les résultats indiquent que les symptômes qu’Octavia ressentait—les douleurs abdominales, les nausées—sont en réalité liés à une grossesse.

KAKÉ blêmit sous cette révélation, un frisson d'angoisse parcourut son échine. Le mot "grossesse" résonna dans sa tête comme un coup de tonnerre jusqu'à le laisser abasourdi. Il se forçait à garder son calme, mais à l'intérieur, c'était le chaos.

- Une grossesse...! Je vois. Mais elle n'est pas prête pour cela. Qu'allons-nous faire ?

Le docteur Émile observa attentivement KAKÉ, ne manqua pas de noter l'angoisse dans son regard.

- Je comprends que cela puisse être un choc. Il est essentiel qu'Octavia prenne conscience de son état. Cela l'aidera à prendre des décisions éclairées concernant sa santé et son avenir.

KAKÉ se frotta la nuque, sentant la pression de la situation peser lourdement sur ses épaules.

- Écoutez, docteur, je vous en prie. Ne dites rien à Marthe pour le moment. C'est pour la sécurité d'Octavia. Elle a besoin de temps pour digérer cette nouvelle.

Le docteur Émile plissa les yeux, conscient des implications de cette demande.

- Monsieur KAKÉ, je comprends vos préoccupations, mais je ne peux pas ignorer mon devoir de médecin. Il est crucial qu'Octavia soit informée avant que d'autres personnes ne le sachent. Elle doit être impliquée dans cette décision.

KAKÉ, le cœur lourd, savait que le médecin avait raison, mais il se sentait piégé dans un dilemme moral.

- Je vous en prie, docteur. Pensez à elle. Si elle apprend cela trop tôt, cela pourrait la perturber davantage. Elle a déjà traversé tant de choses...

Le docteur Émile hésita, son regard sérieux, pesant les implications de chaque mot.

- Je vous comprends Monsieur mais vous êtes là aussi pour comprendre que je fais mon travail, et il y a de certaines exigences auxquelles je dois fléchir. Octavia doit être au courant de son état, c'est pour son bien.

KAKÉ acquiesça, bien que la peur et l'incertitude l'assaillaient.

- Comme beau vous semble, docteur. Mais pour Marthe, je vous en supplie docteur, je...

Le médecin le coupa court et lui tendit une feuille de papier avec des informations sur la grossesse, des conseils et des ressources, des numéros de contact pour des consultations. KAKÉ la prit, son regard se perdant un instant dans le vide, réalisant l'ampleur des défis à venir.

- Rappelez-vous, Monsieur KAKÉ, même si cette nouvelle semble accablante, il y a des moyens de gérer la situation. Je suis ici pour vous aider, et je ferai tout pour le bien d'octavia. Je ne dirai rien à Marthe, mais pour Octavia, oui.

Alors que KAKÉ quittait le bureau du docteur, il se sentait déchiré. Une part de lui était terrifiée par ce que cela signifierait pour Octavia, tandis qu'une autre part savait qu'il devait être fort pour elle. La question résonnait dans son esprit : pauvre Octavia, que va-t-elle devenir ?

Il se rendit compte qu'il devait se préparer à la soutenir dans cette nouvelle réalité, tout en jonglant avec ses propres angoisses et ses propres sentiments.

À peine KAKÉ avait-il quitté le bureau que le docteur Émile fit signe à Octavia d’entrer. Elle hésita un instant, le cœur battant la chamade, consciente de l'importance de ce moment. À seulement seize ans, elle se sentait déjà accablée par une multitude d'émotions, une tempête intérieure prête à éclater. Le docteur, voyant son appréhension, lui offrit un sourire réconfortant.

- Bonjour, Octavia. Merci d'être venue. Je sais que tu as ressenti des douleurs et des nausées ces derniers temps. Avant de te parler des résultats, j'aimerais que nous prenions un moment pour discuter de ce que tu ressens. Comment te sens-tu ?

Octavia s’assit sur la chaise, ses mains tremblantes reposant sur ses genoux. Elle baissa les yeux, fixant le sol, comme si elle espérait qu'il s'ouvrirait pour l'engloutir.

- Je… je ne sais pas vraiment. J'ai mal au ventre et je me sens très fatiguée.

Le docteur Émile hocha la tête, notant son malaise.

- C’est tout à fait normal de se sentir ainsi dans une situation comme celle-ci. Les douleurs peuvent être déroutantes, et je veux que tu te sentes en sécurité ici. Je vais te parler des résultats de tes analyses, mais il est important que tu sois préparée à ce que je vais te dire.

Il marqua une pause, observa son visage, qui se fermait peu à peu, comme une fleur se refermant sous le froid.

- Les résultats montrent que tu es enceinte.

À cet instant, le monde d’Octavia s'effondra. Elle se figea, les yeux écarquillés, la réalité de ces mots s'imposaient à elle comme un coup de tonnerre.

- Quoi ? Non ! Je ne peux pas être enceinte ! C’est impossible !

Les larmes commencèrent à couler sur ses joues, et elle se mit à trembler, cherchant désespérément à comprendre ce qui se passait. Elle se sentait submergée par un flot d'émotions, la panique s'emparait d'elle.

- Je sais que c'est un choc, Octavia. C'est normal de se sentir dépassée. Mais je veux que tu comprennes que je suis ici pour t'aider, et je vais te soutenir à chaque étape du chemin.

Les larmes coulaient maintenant sur ses joues, et elle baissa la tête. Elle se sentait accablée par la réalité de sa situation.

- Je suis trop jeune... Je ne peux pas être mère ! Que vais-je faire ?

Le docteur Émile s'approcha un peu, son ton devenu plus ferme mais toujours compatissant.

- Écoute-moi, Octavia. Il est important que tu ne te sentes pas seule dans cette situation. Monsieur KAKÉ a exprimé qu'il sera là pour toi, qu'il ne te laissera pas tomber.

À la mention de KAKÉ, un mélange d’émotions envahit Octavia. Elle se mit à pleurer plus fort, son visage maintenant peint de larmes, tandis que le docteur lui tendait un mouchoir.

- Pourquoi cela m'arrive-t-il ? Je ne veux pas que ma mère le sache. Elle va me détester.

- Je comprends que tu ressentes cela. Tu ne peux pas vite sauter aux conclusions. Nous allons aborder cela ensemble. Il existe des ressources et des options qui peuvent t'aider à prendre des décisions éclairées.

Les larmes d’Octavia continuaient de couler, mais elle commença à réaliser qu’il y avait un soutien disponible.

- Mais je suis si jeune… Je n'ai même pas eu le temps de vivre ma vie, de prendre des décisions. Comment vais-je gérer tout ça ?

- Chaque étape que tu vas traverser sera difficile, c'est vrai. Mais tu as encore des choix à faire. Je suis ici pour t'aider à naviguer dans cette situation.

Octavia, bien que toujours en proie à la panique, commença à prendre conscience qu'il y avait une lueur d'espoir dans cette situation difficile. Elle prit une profonde inspiration, essayant de calmer ses émotions.

- Je… je vais essayer. Mais j'ai besoin de temps pour comprendre tout ça.

- Prends tout le temps dont tu as besoin, Octavia. Nous allons avancer pas à pas, ensemble. Je suis là pour répondre à tes questions et t'accompagner dans ce processus.

Alors qu'Octavia essuyait ses larmes, elle se sentait un peu plus forte, bien que l'incertitude demeurât.

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