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CHAPITRE 4. UN COMPROMIS

Quoique l’on puisse cacher la réalité à Marthe, elle le saurait tôt ou tard. C’était une femme, dotée d’une intuition aiguisée, capable de lire entre les lignes. Trois jours après la consultation avec le docteur Émile, elle commença à remarquer un changement profond chez Octavia. La jeune fille, d’ordinaire pleine de vie et d’énergie, était maintenant distante, comme si un voile de tristesse pesait sur ses épaules.

Marthe observait attentivement chaque mouvement d'Octavia. Elle notait son regard fuyant, sa façon de se mordre les lèvres, et cette habitude de se toucher le ventre, comme si elle cherchait à cacher quelque chose. Les rires et les conversations qui avaient autrefois rempli leur maison avaient laissé place à un silence pesant. Marthe devait agir.

Un après-midi, alors qu’Octavia était assise sur le canapé, plongée dans un livre qu’elle ne lisait pas vraiment, Marthe s’approcha d’elle. Elle prit une profonde inspiration, consciente que la discussion qui suivrait serait délicate.

- Octavia, puis-je te parler un moment ?

La jeune fille leva les yeux, surprise. Elle hocha la tête, mais un frisson d’appréhension parcourut son échine.

- Oui, bien sûr, maman.

Marthe s’assit à côté d’elle, son regard scrutant le visage de sa fille. Elle voulait être franche, mais elle savait qu’il fallait choisir ses mots avec soin.

- J’ai remarqué que tu es différente ces derniers temps. Tu sembles préoccupée, comme si quelque chose te tracassait. Est-ce que tout va bien ?

Octavia se raidit, son cœur battait à tout rompre. Elle savait que Marthe avait remarqué les changements, mais elle ne voulait pas en parler. L'angoisse l'envahissait.

- Oui, tout va bien, mam... Je suis juste un peu fatiguée avec l'école et tout ça…

Marthe fronça les sourcils, son instinct de mère lui disait que quelque chose n’allait pas. Elle s’avança un peu plus près, elle cherchait à établir un contact.

- Écoute, ma chérie, tu peux toujours me parler. Si quelque chose te préoccupe, je suis là pour t’écouter. Je prétend que tu as des choses sur le cœur.

Les larmes commencèrent à perler aux yeux d’Octavia. Elle se sentait acculée, prise au piège entre son désir se protéger de la réalité accablante de sa situation.

- Je… je te jure que tout va bien ! Je ne veux pas que tu t’inquiètes pour moi !

Marthe, déstabilisée par la détresse de sa fille, sentit son cœur se serrer. Les pleurs d’Octavia étaient sincères, mais cela ne faisait qu’accentuer ses soupçons.

- Je comprends que tu sois en détresse, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que quelque chose ne va pas. Si tu es enceinte, il est essentiel que tu me le dis. Je peux t’aider, mais je ne peux pas le faire si tu ne me fais pas confiance.

À ces mots, Octavia éclata en sanglots, ses larmes coulant à flots, imbibant son t-shirt.

- Je ne suis pas enceinte, maman ! Je te le promets !

Marthe se sentit désemparée, son cœur se brisait à la vue de sa fille ainsi abattue. Elle leva les mains, signe de paix, essayant de calmer la tempête d’émotions.

- D'accord, d'accord. Je te crois, ma chérie. Je ne veux pas te forcer à dire quoi que ce soit. Mais sache que je suis là pour toi, peu importe ce qui se passe.

Les pleurs d’Octavia se calmèrent lentement, mais elle était encore secouée par l’intensité de l’échange.

- Merci, maman. S'il y a quelque chose qui ne va pas, je ne tarderai de t'en faire part.

- Prends tout le temps dont tu as besoin. Je te surveillerai de près, mais je ne veux pas te mettre la pression. Je veux juste que tu sois heureuse et en sécurité.

Octavia acquiesça, reconnaissante pour la compréhension de sa mère. Bien que la peur de la vérité la rongeât, elle sentait qu’elle pouvait compter sur Marthe, même si elle n’était pas encore prête à tout révéler.

Octavia, après cet échange avec Marthe, se sentait comme si son cœur avait disparu. Une chair de poule l'envahissait, chaque frisson rappelait l'angoisse qui bouillonnait en elle. Elle n'avait jamais partagé son corps avec un autre homme que KAKÉ, et c'était depuis ce moment-là qu'elle avait perdu ses règles. Cette pensée lui faisait mal, comme une pierre qui pesait sur sa poitrine.

Se précipitant dans sa chambre, elle ferma la porte derrière elle, espérant que ce geste lui offrirait un peu de répit. Les murs, tantôt rétrécis par ses craintes, paraissaient tantôt s'étendre à l'infini, ce qui la rendait encore plus perdue dans ses pensées. Il faudrait qu'elle en parle à KAKÉ, mais comment aborder un sujet si délicat ?

Elle prit son téléphone, hésitant. Son cœur battait la chamade alors qu'elle composait le numéro de KAKÉ. Juste avant qu'il ne décroche, elle coupa la ligne, elle se sentait submergée par l'angoisse. Elle tenta d'écrire un message, mais après quelques lignes, elle effaça tout, incapable de structurer ses pensées. Son esprit était un véritable champ de bataille, tiraillé entre l'espoir et la peur.

Finalement, se ressaisissant, elle prit son courage à deux mains et appela KAKÉ. L’attente au bout du fil lui sembla interminable, mais lorsqu'il répondit, sa voix familière lui apporta un semblant de réconfort.

- Allô ? Octavia, ça va ?

- Je… je viens de parler à Maman Marthe. Elle a remarqué que quelque chose n’allait pas. Je suis terrifiée, papa.

Elle se tut un instant, écoutant le silence à l’autre bout. Son cœur battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il résonnait dans tout l'appartement.

- Ne m'appelle plus papa, Octavia ! Qu'il te plaise de m'appeler tout simplement KAKÉ.

Elle fit un soupir comme pour marquer son adhésion. Puis l'homme, de l'autre bout de fil, continua.

- Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qu'elle a dit ?

Octavia prit une profonde inspiration, ses mains tremblant légèrement.

- Elle soupçonne que je suis enceinte… Je ne sais pas comment gérer ça. J'ai besoin d'en parler avec toi.

- Écoute, ne panique pas. Nous allons trouver un moyen de discuter de tout ça. Je te promets que je ferai tout ce qu'il faut pour que nous puissions en parler en toute intimité.

Les mots réconfortants de KAKÉ lui apportèrent un certain soulagement, mais la réalité de la situation restait accablante. Elle ne pouvait pas fuir indéfiniment.

- Je ne sais pas quoi faire. J’ai tellement peur de ce que cela signifie pour moi.

- Nous allons traverser ça ensemble. Je vais trouver un endroit où nous pourrons parler. Prends le temps de te calmer et n'oublie pas que je suis là pour toi.

Octavia acquiesça, même si KAKÉ ne pouvait pas la voir. Elle se sentait un peu plus forte, mais l'incertitude persistait. À cet instant, elle avait besoin de lui plus que jamais, et leur lien serait mis à l'épreuve. Mais pour l'instant, la promesse d'une conversation franche lui donnait un peu d'espoir dans ce tourbillon d'émotions.

Deux jours après leur conversation téléphonique, KAKÉ avait pris soin de choisir un endroit tranquille pour rencontrer Octavia en dehors de leur toit. Il avait réservé un appartement privé à Muhumba, un quartier réputé pour son ambiance chic et sélect, loin des regards indiscrets. C'était un lieu où ils pourraient discuter en toute intimité, loin des préoccupations du monde extérieur.

Octavia, bien que nerveuse, avait finalement décidé de se rendre au rendez-vous. Elle s’habilla avec soin, choisissant une robe légère qui lui donnait un air à la fois élégant et décontracté. En arrivant, elle ressentit un mélange d'excitation et d'appréhension. Elle frappa à la porte, et KAKÉ ouvrit, un sourire rassurant sur le visage.

- Salut, Octavia. Je suis content que tu sois venue.

- Bonjour, KAKÉ. Merci de m'avoir invitée en dehors de chez nous, c'est très rassurant mais j'ai tellement peur.

Ils entrèrent dans l'appartement, qui était baigné de lumière grâce aux grandes fenêtres. Le décor était sobre mais élégant, avec des tons neutres et des meubles modernes. KAKÉ lui offrit un verre d'eau pour la détendre.

- Écoute, je sais que tu es inquiète. Mais je veux que tu comprennes que tu n'as pas à paniquer. Je suis là, et je vais prendre tout en charge.

Octavia baissa les yeux, ses pensées tourbillonnant. Elle se sentait soulagée par ses paroles, mais une question la taraudait.

- Et si maman découvre que je suis enceinte, que devrais-je lui dire ? Je ne sais pas comment elle va réagir.

KAKÉ soupira, conscient de la gravité de la situation. Il se leva et se mit à faire les cent pas, il réfléchissait à la meilleure manière de répondre.

- C'est une question difficile, je le sais. Mais c'est sûr que tôt ou tard, elle le connaîtra.

- Et si elle est en colère ou déçue ? Je ne veux pas qu'elle me déteste…

KAKÉ s'approcha d'elle, posant une main réconfortante sur son épaule.

- Tu dois te rappeler que Marthe t'aime. Même si elle est choquée, elle finira par comprendre.

Octavia hocha la tête, mais son regard restait triste.

- J'ai tellement peur de tout ça. Je ne me sens pas prête à être mère.

KAKÉ se redressa, adoptant un ton sérieux mais doux.

- Je comprends. Mais je veux que tu sois patiente avec toi-même. Tu n'es pas seule dans cette situation. Je vais te soutenir, sans doute. J'aurai tellement besoin de ton aide pour y arriver.

Elle le regarda, cherchant la force dans ses yeux.

- Et si je décide de garder le bébé ? Que ferons-nous ?

KAKÉ réfléchit un instant, puis répondit avec détermination.

- Alors, nous ferons ce qu'il faut. Je vais m'assurer que tu aies tout le soutien dont tu as besoin. Je te promets que je serai là à chaque étape, jusqu'à ce que tu mettes au monde. Quoi qu'il arrive, nous trouverons des solutions.

Octavia sentit un léger soulagement, comme si un poids s'était un peu allégé.

- Merci, KAKÉ. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

- Tu n'as pas à me remercier. C'est normal. Je tiens à toi, et je veux que tu te sentes en sécurité. Alors, prends le temps qu'il te faut pour réfléchir. Tout ira bien, je te le promets.

Ils continuèrent à discuter, abordèrent des sujets plus légers pour alléger l'atmosphère. KAKÉ réussit à lui faire esquisser quelques sourires, et bien que l'incertitude de l'avenir planait toujours, Octavia se sentit un peu plus forte, portée par la promesse d’un soutien indéfectible.

Arrivée à la maison, Octavia se mit à préparer ses notes, mais sa conscience n'était pas tranquille. Chaque mot qu'elle écrivait pesait lourd sur son cœur, car elle s'imaginait qu'à son âge, à peine 17 ans, elle pouvait déjà être appelée "maman". Cette pensée l'angoissait, et elle ne pouvait s'empêcher de penser à ses études qu'elle allait devoir abandonner très prochainement.

Elle se remémorait les rêves qu'elle avait pour son avenir, tous ces projets qu'elle avait construits avec soin. L'idée de devoir y renoncer à cause d'une grossesse la remplissait de rage et de désespoir. Elle imaginait la réaction de Marthe, sa mère, lorsqu'elle apprendrait la vérité. La colère, la déception, la tristesse... Octavia ressentait déjà le poids de cette réaction sur ses épaules.

- Et si c'était le responsable de cette grossesse un simple garçon ? se disait-elle. Marthe comprendrait. Elle gérerait.

Mais la réalité était tout autre. C'était KAKÉ, et cette pensée lui était insupportable. L’amour qu'elle avait pour lui se mêlait à une crainte profonde. Son cœur s'étirait davantage, tiraillé entre l'affection et la peur des conséquences.

Les larmes commencèrent à couler sur ses joues alors qu'elle se laissait aller à ses pensées sombres. Elle pleurait seule dans sa chambre, les murs devenaient ses seules confidents. Il n’y avait personne pour la consoler, personne pour lui dire que tout irait bien. Elle se sentait isolée, piégée dans un tourbillon d’émotions contradictoires.

Le silence de la maison ne faisait qu'amplifier son désespoir. Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre, tout en espérant que l'air frais de la nuit pourrait apaiser son esprit. En regardant les étoiles scintiller dans le ciel, elle se demanda si quelqu'un là-haut l'écoutait. Elle avait besoin de force, de courage, mais surtout, de réconfort.

- Pourquoi cela m'arrive-t-il ? murmura-t-elle à voix basse, comme si les étoiles pouvaient répondre.

Elle se sentait perdue, incapable de trouver une solution à son dilemme. Les pensées de l'avenir, de la maternité, de ses études et de sa vie avec KAKÉ la submergeaient. À cet instant, elle aurait donné n'importe quoi pour avoir une épaule sur laquelle pleurer, quelqu'un pour lui dire que tout irait bien, que tout pouvait s'arranger. Mais pour l'instant, elle devait faire face à cette réalité seule.

Alors qu'Octavia regardait dans le miroir sombre de son avenir, un message sonore retentit sur son portable. C'était un message de KAKÉ. Son cœur fit un bond, mais une irritation s'empara d'elle en lisant le contenu.

- J'ai trouvé une idée concernant notre dernière conversation.

Son irritation grandit en découvrant la suite. KAKÉ lui proposait de trouver un garçon de son âge avec qui elle pourrait se reconnaître sexuellement et à qui elle pourrait faire passer pour responsable de cette grossesse. La suggestion la laissa perplexe, et un frisson de désaccord parcourut son échine.

- Pourquoi penser à ça ? murmura-t-elle pour elle-même, le cœur lourd.

Elle hésita avant de répondre, ses doigts tremblant sur l'écran de son téléphone.

- Je ne sais pas si je peux faire ça. C'est tellement délicat. Et si ça se savait ?

Après quelques instants de silence, une réponse arriva, insistant sur la gravité de la situation.

- Écoute, ce serait horrible si Marthe apprenait tout avant que nous n'ayons un plan. Je ne peux pas être le seul responsable ici, pas maintenant.

La pression dans la voix la fit prendre conscience de l'urgence de la situation. Elle se sentit prise au piège entre son désir de protéger KAKÉ et la crainte de la réaction de Marthe.

- Mais comment pourrais-je trouver quelqu'un ? Je ne veux pas m'impliquer avec un inconnu.

- Je m'occuperai de tout. Je vais t'aider à trouver un garçon. Je te promets que je serai là à chaque étape. Et je vais intervenir financièrement pour que tout se passe bien, comme prévu.

Ses mots résonnaient en elle, et malgré ses appréhensions, un sentiment de conviction commença à s'installer. Peut-être que c'était la seule solution pour éviter une confrontation avec Marthe.

- D'accord, mais par où devrais-je commencer ?

Une réponse réfléchie, qui semblait peser le pour et le contre, arriva, .

- D'abord, tu pourrais en parler à quelques amis de confiance. Je suis sûr qu'il y a quelqu'un qui pourrait jouer ce rôle sans trop de complications. Et si tu as besoin d'aide pour gérer la situation, je suis là pour t'accompagner.

Octavia se mordit la lèvre, pesant le pour et le contre. L'idée de devoir impliquer d'autres personnes la rendait nerveuse, mais l'alternative semblait encore plus effrayante.

- Je vais réfléchir à ça. Je ne veux pas que ça se retourne contre nous.

- Je te comprends. Prends ton temps, mais n'oublie pas que le temps est compté. Nous devons agir avant que cela ne devienne incontrôlable.

Elle acquiesça, même si elle savait qu'elle se lançait dans un terrain glissant. La peur et l'incertitude l'accompagnaient, mais la promesse d'un soutien lui offrait un certain réconfort.

- Merci. Je vais essayer de trouver quelqu'un.

Elle posa son téléphone sur son bureau, son esprit tourbillonnant. Par où commencer ? La réalité de la situation la frappa de plein fouet. Elle devait agir rapidement, mais comment naviguer dans ce labyrinthe d'angoisse et de secrets ?

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