CHAPITRE 2 : UN ACTE IGNOBLE
Quelques années auparavant.
Un jour, KAKÉ rentra du travail dans une maison étrangement silencieuse. Tout le monde était absent, sa femme et ses enfants étant partis au pèlerinage organisé par le mouvement sacerdotal marial vers Nyangezi, un lieu sacré pour tous les cœurs dévoués à la Sainte Marie et à l'Esprit Saint. Ce pèlerinage, très attendu, rassemblait des fidèles de toute la région, et il avait toujours été une occasion de renforcement spirituel et de communion pour la famille.
Octavia, quant à elle, avait dû rester à la maison. En raison du programme scolaire, elle ne pouvait pas se joindre à eux. Son professeur de français avait organisé un rattrapage pour s'assurer que tous les élèves soient en ordre avec les prévisions de matières pour la rentrée. Bien qu'elle ait été déçue de ne pas pouvoir participer au pèlerinage, Octavia était convaincue que son éducation était tout aussi importante.
Elle était assise à la table de la cuisine, entourée de livres et de feuilles de papier, plongée dans ses études. Les rayons du soleil, passant par la fenêtre, illuminaient la pièce, créaient une atmosphère calme et studieuse. Octavia avait toujours été déterminée et sérieuse dans ses études, désireuse de faire honneur à KAKÉ et de justifier la confiance qu'il avait placée en elle.
Lorsque KAKÉ entra, il fut surpris de ne pas voir sa famille, mais un sourire se dessina sur son visage en apercevant Octavia. Elle représentait pour lui un rayon de lumière dans cette maison, un symbole de résilience et de dévouement.
_ Bonjour, ma petite Octavia ! Que fais-tu ici toute seule ?
_ Bonjour, papa ! Je travaille sur mes leçons de français. Je n'ai pas pu aller à Nyangezi avec tout le monde, alors je profite de ce temps pour rattraper mon retard.
_ Je suis fier de toi, ma fille. Ta détermination est admirable. Mais n'oublie pas de prendre des pauses et de te reposer un peu. La vie est aussi faite de moments de joie et de partage.
_ Je sais, père. Je suis un peu triste de ne pas être avec eux, mais je vais essayer de profiter de ce temps pour mieux apprendre.
KAKÉ s'approcha d'elle et posa une main réconfortante sur son épaule.
_ Ta sagesse dépasse ton âge. Je suis convaincu que tu feras de grandes choses. N’hésite pas à prendre un moment pour te détendre.
Octavia sourit, reconnaissant cette attention. KAKÉ faisait de son mieux pour créer une atmosphère familiale chaleureuse, même en l'absence des autres. Octavia se tenait dans son appartement, enveloppée dans une atmosphère à la fois familière et légèrement provocante. Sa tenue, une mini-jupe transparente, laissait entrevoir ses jambes élancées, tandis qu'un soutien-gorge délicat soulignait la courbe de sa poitrine, à peine voilée par un léger drapé qui caressait ses épaules. Elle avait toujours aimé jouer avec les codes de la mode, et ce jour-là, elle se sentait audacieuse.
La sonnerie du téléphone la tira de ses pensées. C'était KAKÉ, son père adoptif, qui l'appelait. Sa voix résonnait à travers le combiné, empreinte d'une légèreté familière.
« Octavia, pourrais-tu me servir un peu de liqueur dans le congélateur ? »
La bonne était en congé, et il n'avait apparemment pas envie de se lever. Elle sourit à cette demande, amusée par la nonchalance de KAKÉ.
Sans hésiter, elle se débarrassa de ses notes éparpillées sur la table, laissa derrière elle les préoccupations de la journée. Elle se dirigea vers la cuisine, ses talons claquant doucement sur le sol. Le congélateur, un peu à l'écart, était un endroit qu'elle connaissait bien. Elle l'ouvrit, découvrit une bouteille de liqueur qui scintillait sous la lumière.
Avec soin, elle versa le liquide doré dans un verre calice et admirait la façon dont il se déversait, créant des reflets dansants. Une fois le verre rempli, elle se dirigea vers le salon où KAKÉ l'attendait, confortablement installé dans son fauteuil. À sa vue, un sourire se dessina sur son visage.
« Merci, ma chérie. Tu sais toujours comment rendre une journée ordinaire un peu plus spéciale. »
Octavia lui tendit le verre, leurs regards se croisèrent dans un échange complice. Elle se sentait bien dans cette atmosphère, entre la légèreté de sa tenue et la chaleur de leur relation.
Pendant que KAKÉ ingurgitait son verre, de l'alcool gagnait son cervelet jusqu'à ce qu'il commençait à ne plus voir Octavia comme sa fille, plutôt qu'un mets prêt à dévorer. Il prit le courage de la rappeler dans le salon, où il était assis.
_ Octavia... Octavia...
Octavia hésitait à répondre mais elle ne savait pas pourquoi. Mais quand elle entendait KAKÉ insister, contre sa volonté, elle se mit debout et se dirigea vers le salon.
_ Oui, père ! répondit-elle, toute timide.
KAKÉ, à son entrée au salon, se mit aussi debout et commença à se rapprocher d'elle.
_ Tu n'as rien à craindre, ma belle ! Tout va bien...
L'allure dans laquelle Octavia voyait KAKÉ suffisait pour qu'elle lise ses intentions. Elle tenta de courir.
_ Tu n'as rien à craindre, ai-je dit, lança-t-il d'un ton autoritaire, en lui barrant le chemin.
KAKÉ se précipita vers la porte et tourna la clé à deux reprises, puis se jeta sur elle comme un chat qui voulait dévorer une souris.
_ Non, père, s'il te plaît, arrête ! supplia Octavia en essayant de se débattre.
_ Silence, petite idiote ! Tu m'appartiens maintenant, tu es à moi ! répondit KAKÉ d'une voix rauque et menaçante.
Les larmes coulaient sur le visage d'Octavia alors qu'elle se débattait de toutes ses forces, mais KAKÉ était beaucoup plus fort. Elle sentait l'alcool sur son haleine et la brutalité de ses gestes lui faisait encore plus peur. Elle se sentait complètement impuissante face à la folie de son père.
Il déchira ses vêtements, ne laissant que des lambeaux de tissu sur le sol. Octavia se sentait impuissante, prisonnière de la folie de cet homme qu'elle appelait père. Il la pénétra sans ménagement, n'écoutant que ses pulsions animales.
Après avoir assouvi ses désirs malsains, KAKÉ se leva, laissant Octavia seule dans le salon, ses larmes coulaient sur son visage meurtri. Elle se précipita dans sa chambre, se recroquevilla sur son lit, secouée par des sanglots douloureux.
Son corps était marqué par la violence de son père, son esprit tourmenté par la trahison de celui en qui elle avait tant mis sa confiance. Elle se sentait déchirée de l'intérieur, fragilisée par cette cruauté impensable. Malgré ses faiblesses et ses douleurs, elle devrait se précipiter vers la douche.
Octavia se tenait sous le jet d'eau, la chaleur de la douche contrastait avec le froid qui engourdissait son esprit. L'eau ruisselait sur son corps, emportait avec elle les traces de ce moment récent, mais pas les souvenirs. Les images de ce qui s'était passé lui revenaient en boucle, comme un film dont elle ne pouvait se défaire. Les cris, la douleur, le sang… Tout cela la hantait. Elle ferma les yeux, essaya de chasser ces pensées, mais elles revenaient toujours, plus vives et plus terrifiantes.
KAKÉ, cet homme dont la réputation le précédait, était un personnage redouté dans leur quartier. Sa femme, une femme de poigne, ne laissait rien passer. Octavia ne pouvait pas lui parler de ce qui s'était passé. La colère de la femme de KAKÉ était légendaire, son regard perçant et son autorité ne feraient qu'aggraver la situation.
« Que dirait-elle si elle apprenait ? » se demanda-t-elle, le cœur battant à tout rompre.
Elle sortit de la douche, se sécha rapidement et s'habilla, le corps encore tremblant. Chaque mouvement lui rappelait la douleur, chaque geste était un rappel de ce qu'elle avait vécu. Elle devait garder le silence, mais le poids de ce secret était lourd à porter. Elle se sentait piégée, comme un oiseau en cage, incapable de s'envoler.
Dans le miroir, elle scruta son reflet. Ses yeux trahissaient son angoisse, et elle se demanda si elle pourrait un jour retrouver la paix. La vie continuait autour d'elle, mais pour elle, tout semblait figé dans un moment de terreur. C'est surtout la peur de la réaction de la femme de KAKÉ qui la paralysant, si seulement elle en était au courant.
Les heures passèrent, et Octavia se retrouva assise sur son lit, perdue dans ses réflexions. Elle ne pouvait pas rester silencieuse éternellement, c'est sûr. La douleur et la peur la rongeaient de l'intérieur. Elle devait trouver un moyen de se libérer, de se protéger, mais comment le faire sans mettre sa vie en danger ?
* * *
Quand Marthe, la femme de KAKÉ, ainsi que ses enfants, revenaient du pèlerinage, l’atmosphère dans la maison était vibrante d’énergie et d’excitation. Octavia, quant à elle, était assise sur son lit, l’air pensif, hésitait à quitter sa chambre. Les souvenirs de ce qui s’était passé avec KAKÉ la tourmentaient, et elle se reprochait cet événement tragique.
Les deux petits garçons de Marthe, Josh et Médo, de vrais jumeaux, étaient âgés de cinq ans seulement et Octavia était leur idole, la grande sœur qu'ils aimaient plus que tout au monde, entrèrent dans sa chambre avec un enthousiasme débordant, Marthe derrière eux.
- Bonjour, tantine ! Nous avons tant de choses à te raconter sur notre voyage, dit chaleureusement Médo.
Les enfants ne cessent de parler de leurs aventures !
- Bonjour, maman. Bonjour, les garçons. Je… je suis contente de vous voir, mais je ne sais pas si je suis prête à entendre tout ça.
- Oh, Octavia ! Tu aurais dû être là ! On a vu des choses incroyables au sanctuaire ! Des gens qui dansaient, des chants, et même un feu d'artifice ! criait Josh.
- Oui ! Et on a rencontré un vieux sage qui nous a raconté des histoires sur nos ancêtres. Il disait que le pèlerinage est une façon de se rapprocher de nos racines, ajoutait Médo.
Marthe s'approcha d'Octavia et s'assit près d'elle.
- Tu sais, ma chérie, le pèlerinage est un moment de partage et de réflexion. Peut-être que cela pourrait t'aider à te sentir mieux.
Octavia baissa les yeux, luttant contre ses pensées.
- Je… je ne sais pas. Je ne me sens pas bien, maman !
Josh fronça les sourcils, inquiet.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu es triste, Octavia ?
Médo s'approcha, son regard rempli de compassion.
- Oui, dis-nous ! On peut t'aider !
- Ce n'est pas très grave, maman. J'ai juste besoin de repos. Nous nous sommes disputées avec Pamella, ma camarade, pour de simples bagatelles. C'est sûr que c'est elle qui m'avait provoquée mais elle voulait à tout prix avoir raison.
_ Et pour ça, il faut vraiment que tu sois troublée, Octavia ?
_ Non, mère, le plus grand souci est que nous avons étudié pendant toute la journée, sans repos. C'est tout ce qui me fait des maux de tête.
Marthe prit délicatement la main d'Octavia.
_ C'est bon, ma chérie. Tu dois te reposer et c'est de ton droit. Toutefois, il te faut garder ces mots lesquels nous avons appris aujourd'hui : nous avons tous nos luttes. Ce qui compte, c'est d'apprendre et de grandir. Le pèlerinage nous a rappelé l'importance de la famille et du pardon.
Josh, plein d’enthousiasme, proposa une idée.
- Oui ! Et on a aussi appris à prier ensemble. Peut-être que si on priait pour toi, ça t'aiderait à te sentir mieux ?
Médo hocha la tête avec conviction.
- Oui, prions ensemble ! Ça fait toujours du bien !
Un léger sourire apparut sur le visage d’Octavia, malgré son chagrin.
- Vous êtes vraiment adorables. D'accord, prions ensemble. Cela me ferait du bien.
Marthe s'installa en tailleur sur le sol, invita les enfants à faire de même autour d'Octavia.
- Très bien, alors. Prenons un moment pour nous rassembler.
Les enfants fermèrent les yeux, créèrent une atmosphère de paix et de réconfort. Octavia, touchée par leur soutien, se sentit entourée d'une chaleur bienveillante.
Seigneur,
Nous nous rassemblons en ce moment, unis par la lumière de l'amour et la chaleur de la compassion. Dans ce sanctuaire de paix, nous fermons les yeux et ouvrons nos cœurs à Ta présence bienveillante. Nous Te remercions pour les enfants, ces âmes pures et innocentes qui apportent tant de joie dans nos vies, et que leur innocence nous inspire à aimer sans condition. Nous Te demandons de remplir notre foyer de paix et d'harmonie, afin que chaque mot soit un geste d'amour et chaque regard empreint de compréhension. Pour Octavia, nous prions de la couvrir de Ta grâce ; qu'elle sente notre soutien et notre amour l'entourer, lui donnant force et sagesse pour faire face aux défis. Accorde-nous la sagesse de bâtir des ponts entre nos cœurs, favorisant le dialogue et la compréhension, et que chaque moment partagé soit une occasion de grandir ensemble dans l'amour. Dans l'épreuve, rappelle-nous que nous sommes liés par des liens plus forts que les difficultés, afin que notre amour soit un refuge où chacun trouve sa place.
Amen.
Ensemble, ils envoient cette prière dans l'univers, espérant qu'elle apporte lumière et espoir à tous ceux qui en ont besoin.
- Merci beaucoup mes chéris, vous êtes ma lumière dans l'obscurité.
