CHAPITRE 5. UN PIEGEUR PIÉGÉ
En pleine salle de classe, l'agitation régnait. Les élèves discutaient, riaient, et échangeaient des blagues tandis que le professeur préparait le prochain cours. Mais dans un coin de la salle, Octavia restait silencieuse, isolée dans ses pensées sombres. Elle avait choisi de s'éloigner des autres, elle se perdait dans un océan d'angoisse.
Pamella ne pouvait s'empêcher de remarquer l'absence de son sourire habituel. Elle se fraya un chemin à travers la foule d'élèves, déterminée à comprendre ce qui n'allait pas.
- Hé, Octavia ! Ça va ? Tu sembles… différente aujourd'hui.
Octavia leva les yeux, mais un air distant se peignit sur son visage. Elle ne voulait pas partager ce qu'elle ressentait. Elle baissa à nouveau les yeux sur son bureau, feignant de s'intéresser à ses notes.
- Laisse, Pamella. Ça va, vraiment.
Pamella ne se laissa pas décourager. Elle s'assit à côté d'elle, déterminée à percer son armure.
- Tu sais que tu peux me parler de tout, non ? On est amies. Qu'est-ce qui te tracasse ?
Octavia se mordit la lèvre, une pensée tourbillonnait dans son esprit. Elle était sur le point de tout révéler, mais la peur de la réaction la retint.
- Laissons le temps au temps, lâcha-t-elle d'une allure aigrie.
Pamella plissa les sourcils, perplexe. Elle avait déjà entendu cette phrase, mais elle savait que cela ne suffisait pas à masquer la douleur qu'elle percevait chez son amie.
- Octavia, ce n'est pas une réponse. Tu sais que je suis là pour toi. Tu ne dois pas porter ça seule.
Octavia détourna le regard, se concentra sur le tableau noir, où des équations étaient écrites à la craie. Chaque lettre semblait se moquer d'elle, chaque lettre lui rappelait la complexité de sa vie en ce net moment.
- Je sais, mais je ne peux pas en parler maintenant. Pas avec toi, pas avec personne.
Pamella sentit une pointe de frustration, mais elle décida de ne pas abandonner. Elle posa une main sur l'épaule d'Octavia, chercha à établir un contact.
- Écoute, je comprends que tu traverses quelque chose de difficile. Mais garder le silence ne va pas t'aider. Parfois, parler allège le cœur.
Octavia ferma les yeux un instant, elle pesait les mots de sa meilleure amie. Elle voulait tant lui faire confiance, mais l'angoisse la paralysait.
- Je… je suis juste fatiguée de tout ça. Je veux que les choses redeviennent normales.
- Je comprends. Mais tu sais, rien ne changera si tu restes dans l'ombre. Je suis ici, et je t’écouterai, peu importe ce que tu as à dire.
L'angoisse d'Octavia se mêla à une lueur d'espoir. Peut-être que partager son fardeau pouvait l'aider à y voir plus clair. Elle hésita, puis se força à articuler.
- J’ai… j’ai peur. Peur de ce que ma vie pourrait devenir.
Pamella se redressa, encouragea son amie à continuer.
- C'est normal d'avoir peur. Mais tu n'es pas seule. Ensemble, nous pouvons traverser ça.
Octavia se sentit un peu plus légère, mais le chemin restait encore semé d'embûches. La salle de classe continuait de vibrer autour d'elles, mais dans cette bulle d'amitié, elle commençait à envisager la possibilité de partager son fardeau.
Même si tout autour d'Octavia semblait agréable en surface, son cœur était en proie à des tempêtes intérieures. Le doute, l'incertitude, et l'angoisse la déstabilisaient à chaque instant. Ce qu'elle désirait par-dessus tout, c'était la tranquillité de son cœur.
Après avoir mis un terme à sa conversation avec Pamella, elle s'éloigna encore davantage pour chercher à s'enfermer dans sa solitude. Elle voulait se sentir encore plus seule, loin des regards curieux et des questions. Pamella, à contrecœur, regarda son amie s'éloigner, un mélange de tristesse et de frustration dans le cœur.
Alors qu’elle s'éloignait, le professeur de français, Obel, l'interpella. Il avait une manière bienveillante de s'adresser aux élèves, et cela attira l'attention d'Octavia, bien qu'elle ne puisse entendre leur échange. Elle les aperçut de loin, Obel gesticulant avec animation, tandis que Pamella lui remettait une carte de visite qu'elle avait tirée de son étui.
Octavia fixa son regard sur cette scène, un mélange de curiosité et d'indifférence. Elle se concentra sur elle-même, sur le tumulte de ses pensées, elle essayait d'éloigner le bruit extérieur. Pourquoi Pamella lui avait-elle donné cette carte ? Que pouvait bien dire Obel qui justifiait une telle attention ?
Les mots d’Obel, bien que inaudibles, résonnaient dans l'air, et Octavia se sentit un peu piégée dans son propre monde. La carte de visite, avec ses couleurs vives et sa texture lisse, contrastait avec l'obscurité de ses pensées. Elle se demanda si Pamella avait trouvé une solution à ses propres tourments, ou si elle aussi vivait dans l’incertitude.
L'image de ses camarades interagissant joyeusement la frappa, mais elle s'efforça de rester concentrée sur son propre état intérieur. La solitude qu'elle recherchait était, en réalité, une lutte contre elle-même. Alors qu’elle observait Pamella et Obel, elle se demanda si cette carte de visite pouvait symboliser quelque chose de plus que de simples informations—peut-être une opportunité, un changement, ou même une lueur d'espoir. Mais pour l’instant, tout cela lui était hors de portée, comme un rêve lointain dans un océan de désespoir.
* * *
* * *
La nuit, alors qu'Octavia était perdue dans ses pensées, son téléphone vibra sur son bureau. Elle jeta un coup d'œil à l'écran : un message d'un numéro inconnu s'affichait, accompagné d'un simple "Bonjour, comment tu vas ?". Un frisson d'hésitation parcourut son échine, mais une curiosité persistante l'incita à répondre.
- Qui est-ce ?
Quelques instants plus tard, une réponse arriva.
- C’est moi, ton professeur de français, Obel. J'espère que tu ne m'en veux pas de te contacter ainsi. Je me suis inquiété pour toi aujourd'hui.
Octavia sentit un mélange de surprise et d'appréhension. Pourquoi Obel la contactait-il en dehors de l'école ? Elle lut ses mots, chercha à déceler une intention derrière ce message.
- Pourquoi t'inquiètes-tu ? Ce n'est rien...
- Je ne peux pas m'empêcher de remarquer l'attitude molle que tu affiches à l'école. J'aimerais que tu comprennes que je suis là pour t'aider.
Elle hésita, pesant le poids de ses mots avant de répondre.
- Il ne faut pas que tu t'inquiètes pour moi. Je vais bien.
Obel insista, sa préoccupation transparaissait dans ses messages.
- Je suis prêt à t'aider, vraiment. Il suffit que tu me dises ce qui ne va pas.
Octavia se mordit la lèvre, son cœur battait. Elle ne pouvait pas en parler, mais la gentillesse d'Obel la touchait.
- C'est très intime. Je ne veux pas le partager avec qui que ce soit, surtout avec ceux que je pense incapables de m'aider.
- Je te le promets, je ferai tout ce qu'il faut, même au péril de ma vie, pour t'aider à sortir de l'embarras.
Les mots résonnèrent en elle et éveillèrent un sentiment de sécurité qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps. Elle se sentait tiraillée entre l'envie de se confier et la peur de la vulnérabilité.
- Peut-être qu'on pourrait se rencontrer pour en parler. Je préfère que ce soit face à face, pas par téléphone.
Brûlant de joie, Obel répondit rapidement.
- Ça me semble parfait ! Dis-moi quand et où, et je serai là.
Octavia sentit son cœur se réchauffer à cette idée. Loin de l'angoisse qui l'accablait, une lueur d'espoir commençait à poindre. Peut-être que ce rendez-vous serait l'occasion de partager ses fardeaux, de trouver une oreille attentive et, éventuellement, une solution.
- Demain après l'école, au café près de l'école ?
- Parfait ! J'ai hâte de te voir.
Elle rangea son téléphone, un mélange de nervosité et d'excitation l’envahissant. Ce rendez-vous pourrait changer beaucoup de choses. Pour la première fois depuis longtemps, il y avait une lueur d'espoir dans son cœur, une promesse d'une conversation qui pourrait peut-être l'aider à faire face à ses tourments.
Cette nuit-là, une excitation mêlée d'angoisse tenait Octavia éveillée. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle allait dire à son professeur. L'idée de lui donner rendez-vous lui était venue instinctivement, sans réflexion préalable. Devait-elle lui parler de son état de grossesse ? Non, peut-être pas. Mais alors, de quoi pourrait-elle bien discuter ? L'incertitude la rongeait.
La nuit était interminable, chaque minute s'étirait comme un élastique. Finalement, ne tenant plus en place, elle décida d'appeler Pamella.
- Allô Pamella !
- Oui, Octavia. Pourquoi m'appeler dans ces heures tardives ? Quelque chose ne va pas ?
- Tout va bien. Juste une question, Pamella.
- C'est bon, tu peux y aller.
- Dis-moi, c'est bien toi qui as donné mon numéro à Obel ?
Pamella ne mit pas longtemps à répondre.
- Oui, c'est moi.
Un frisson de nervosité parcourut Octavia.
- Écoute, je ne veux pas que tu distribues mes contacts sans mon accord !
- Je suis désolée. Mais il y avait une raison noble pour laquelle j'ai fait ça.
La curiosité piqua Octavia, mais elle était toujours sur ses gardes.
- Quelle raison ?
Pamella prit un moment avant de répondre, comme si elle pesait ses mots.
- Obel… il a des sentiments pour toi.
La surprise frappa Octavia comme un coup de tonnerre.
- Quoi ? Il t'a dit ça ?
- Oui, plusieurs fois. Il m'a avoué qu'il a toujours rêvé de sortir avec toi.
Octavia se sentit submergée par cette révélation. Ses pensées, déjà embrouillées, prirent une nouvelle direction. Elle avait toujours admiré Obel pour sa bienveillance, mais l'idée qu'il puisse avoir des sentiments pour elle lui semblait à la fois réconfortante et déroutante.
- Pamella, c'est déjà tard. Je pense que nous devrions en discuter demain à l'école.
- D'accord, mais tu dois vraiment y réfléchir. Il est sincère dans ses intentions.
Octavia acquiesça, son esprit en ébullition. Elle reposa son téléphone, le cœur battant. Cette nouvelle donnait à ses pensées une nouvelle orientation, une lueur d'espoir dans le flou de ses préoccupations.
Elle se laissa aller à imaginer un nouveau jour, avec le soleil se levant sur ses incertitudes, prêt à illuminer son chemin. Peut-être que cette rencontre avec Obel serait l'opportunité qu'elle attendait, une chance de partager ses fardeaux et de découvrir ce que l'avenir avait à lui offrir.
* * *
* * *
Très tôt le matin, comme à son habitude, Octavia se leva avec le sommeil encore dans les yeux, à l'alarme. Le doux son de la mélodie matinale résonnait dans sa chambre, une invitation à quitter le confort de ses draps. Elle s'étira avec un soupir, puis se dirigea lentement vers le petit salon.
Dans la pièce, Marthe, Josh et Médo l'attendaient déjà, rassemblés autour d'un petit autel où trônait une bougie allumée. Ce moment de prière était une tradition familiale, un rituel sacré qui marquait le début de leur journée. Les enfants prenaient souvent cela très au sérieux. Octavia, considérée comme l'aînée, prenait la tête, ses mains jointes devant elle, ses yeux fermés.
- Seigneur tout-puissant et plein d'amour, nous te rendons grâce pour ce jour nouveau, ce précieux cadeau que tu nous offres. Merci pour le souffle de vie, pour notre famille, et pour l'amour qui nous unit en famille. Guide chacun de nous dans nos chemins respectifs aujourd’hui. Remplis nos cœurs de paix, de sagesse et d’humilité, afin que tout ce que nous entreprenons reflète ta lumière. Protège-nous des dangers visibles et invisibles, et garde-nous toujours sous ta main bienveillante. Aide-nous à être des instruments de ton amour dans ce monde : que nos paroles soient pleines de douceur, nos actions empreintes de bonté, et nos pensées tournées vers le bien. Renforce nos liens familiaux, Seigneur, afin que notre foyer soit un sanctuaire de foi, de joie et de solidarité. Nous te confions cette journée, Père céleste. Sois notre guide, notre force et notre refuge à chaque instant. Dans le nom de Jésus-Christ, nous te prions. Amen.
Josh, le plus jeune, répétait les mots avec une ferveur innocente, tandis que Médo, le plus rêveur, regardait par la fenêtre, observait les premiers rayons du soleil qui perçaient l’obscurité. La prière se termina par un "Amen" collectif, et une atmosphère de paix enveloppa la pièce.
Après ce moment de recueillement, chacun se dirigea vers la salle de bain pour prendre sa douche. Octavia se glissa sous l'eau chaude, savourant la sensation réconfortante sur sa peau. Le bruit de l'eau qui s'écoulait, mélangé aux bruits de la maison, créait une ambiance presque mélodieuse. Elle se lava les cheveux, laissant l'odeur du shampoing embaumer la pièce. Pendant ce temps, Marthe, en compagnie de la bonne, se mit à préparer le petit déjeuner.
Dans la cuisine, l’odeur du pain grillé se mêlait à celle du café frais, emportant avec elle les dernières traces de sommeil. Marthe avait préparé des œufs brouillés, garnis d'herbes fraîches, et un bol de fruits colorés trônait au centre de la table. La bonne, avec son sourire chaleureux, ajoutait une touche de douceur à l'atmosphère.
— Allez, tout le monde, asseyez-vous. Les œufs sont encore chauds, et je veux vous voir goûter les fruits aussi.
— Maman, c’est joli. Tu as vraiment bien arrangé les fruits. Il y a même de la mangue ! complimenta Médo.
— J’ai pensé que ça te plairait, mon chéri. Les vitamines, c’est important pour bien commencer la journée.
— Hum… Maman, est-ce qu’on peut avoir des crêpes demain matin ? Ça irait bien avec tout ça, suggéra Octavia.
— On verra, ma chérie. Mais pour l’instant, concentre-toi sur les œufs. Ils sont faits avec les herbes fraîches du jardin.
— Pourquoi on ne peut pas avoir du chocolat au petit déjeuner tous les jours, Maman ? ajouta Josh.
— Parce que tu es déjà plein d’énergie, Josh. Imagine si on ajoutait du chocolat tous les matins. La maîtresse ne pourrait plus te suivre !
— Tu dois écouter maman, répliqua Octavia. Elle sait ce qui est bon pour toi. Mais si tu finis tes œufs, je glisserai peut-être un petit morceau dans ton goûter.
— D’accord, marché conclu !
— Josh, maman a raison. Si tu ne manges pas bien, tu auras faim avant même la récré. Et ce n’est pas avec du chocolat que tu tiendras jusqu’au déjeuner.
— Maman, il est déjà 7h30. On devrait se dépêcher.
— Oui, bonne idée, Josh. Octavia, ton sac est prêt ?
— Oui, maman. J’ai tout vérifié hier soir.
— Médo, tu n’oublies pas tes baskets pour le sport aujourd’hui ?
— Oh non, je les ai laissées dans ma chambre !
— Je vais les chercher, ne t’inquiète pas.
— Merci beaucoup. Josh, tout est prêt de ton côté ?
— Je crois…
— "Je crois", ce n’est pas suffisant. On vérifiera ensemble avant de partir.
— Maman, est-ce qu’on pourra rentrer plus tôt aujourd’hui ?
— Non, Médo, mais ce soir, on pourra jouer à ton jeu préféré après les devoirs, d’accord ?
— Oui, super !
— Bien. Allez, tout le monde finit son assiette. Je veux que vous soyez sages, attentifs et gentils avec tout le monde, d’accord ?
— Oui, maman !
— Je vous aime. Passez une excellente journée.
— On t’aime aussi, maman. À ce soir !
— À ce soir, maman ! Merci pour le petit déjeuner !
— Attends-moi, Josh !
L’atmosphère reste chaleureuse et pleine de vie, portée par l’amour de Marthe et la complicité de la bonne, qui veille en douceur à ce que tout se passe sans accroc.
Josh, avec son cartable un peu trop grand pour lui, courut vers la porte, tandis que Marthe vérifiait que tout le monde avait bien pris ses affaires. Octavia attrapa son manteau, un léger frisson d’anticipation la traversant. Telle que débutée, cette journée serait différente, surtout, elle sera marquée par le rendez-vous d'Octavia avec Obel.
Ils accoururent ensuite à l'arrêt de bus scolaire, le cœur battait d'impatience. Le soleil se levait, teintait le ciel de nuances dorées, et les rires des enfants résonnaient autour d'eux. Lorsque le bus arriva devant le grand portail de l'école où étudiait Octavia, il s'arrêta pour la déposer. À peine franchi le portail, elle repéra Pamella, qui l'attendait.
- Pamella ! Je suis contente de te voir !
- Moi aussi ! Comment ça va ce matin ?
- Ça va, un peu nerveuse, mais ça va. Et toi ?
- Pareil, mais je suis excitée pour la journée. Avant que la sirène ne sonne, je voulais te parler de quelque chose.
Elles trouvèrent un banc tranquille à l'ombre d'un arbre pour profiter de quelques minutes qui leur restaient avant le début des cours.
- De quoi s'agit-il ?
- Tu sais que, sans doute, Obel, notre professeur de français, est mon cousin, n'est-ce pas ?
- Bien sûr, je sais. Pourquoi ?
- Eh bien, il m'a souvent dit qu'il t'admirait énormément. Chaque fois qu'il vient chez moi, il ne parle que de toi. C'est presque mignon, tu sais !
- Vraiment ? Je ne savais pas qu'il pensait à moi de cette manière.
- Oui, il admire ton intelligence et ta créativité. Mais il est aussi très prudent, parce qu'il sait qu'il doit garder des limites en tant que professeur.
- Ça a du sens. Mais depuis quelque temps, je sens qu'il s'inquiète pour moi. J'ai l'impression qu'il remarque que je suis un peu... perdue.
- C'est exactement ça ! Il m'a dit qu'il trouvait que tu étais un peu molle ces derniers temps, comme si tu étais clouée dans ta solitude. Ça l'affecte, Octavia. Il ne peut pas rester indifférent en te voyant comme ça.
- Je sais, mais je ne sais pas comment en parler. Je ne veux pas qu'il se sente mal à cause de moi.
- Mais c'est pour ça qu'il veut te parler ! Il veut t'aider. Je pense qu'il est prêt à faire un pas en avant, à profiter de cette occasion pour t'interpeller et discuter de ce qu'il ressent vraiment.
- Je ne sais pas... Et si je lui faisais du tort en me confiant ?
- Non, au contraire. Il a besoin de savoir ce que tu ressens. Ça pourrait même renforcer votre relation... enfin, dans les limites appropriées.
Octavia se leva et commença à marcher lentement, perdue dans ses pensées.
- Je lui ai proposé un rendez-vous après les cours, tu sais. Je ne sais pas si c'était une bonne idée.
- Tu l'as fait ? C'est génial ! Quand est-ce que vous vous rencontrez ?
- Aujourd'hui, mais le lieu n'est pas encore bien précisé. J'espère que je pourrais lui parler de tout cela, mais je suis tellement nerveuse.
- C'est normal d'être nerveuse. Mais souviens-toi, il est là pour t'écouter, pas pour te juger. Vous avez l'opportunité de clarifier vos sentiments.
- Tu as raison. Peut-être que ce rendez-vous sera l'occasion de dire ce que j'ai sur le cœur. Je le ressens aussi, mais j'avais peur de le montrer.
- Tu dois être honnête avec lui. Il a déjà fait un pas en avant en te contactant, maintenant c'est à toi de faire le prochain.
Octavia hocha la tête, sentant une nouvelle vague de détermination la traverser.
- Merci, Pamella. J'apprécie vraiment ton soutien. Je vais essayer de garder ça à l'esprit.
Le son de la sirène retentit pour les rappeler à la réalité. Elles se dirigèrent vers la salle de classe, mais cette conversation avait déjà éveillé en Octavia une lueur d'espoir. Peut-être que ce qui l'attendait avec Obel serait le début d'un nouveau chapitre dans sa vie.
Pendant les cours, Octavia ne pensait qu'au moment qui allait bientôt arriver, au rendez-vous avec Obel. Son cœur se tordait d’angoisse, son esprit tourmenté par des pensées qui tourbillonnaient sans répit. Elle ne pouvait s'empêcher de repenser à sa dernière conversation avec KAKÉ. Ne serait-ce pas le moment de faire quelque chose pour couvrir sa grossesse et trouver un nouveau responsable ? Elle se répétait intérieurement qu'il fallait laisser le temps au temps.
Tandis qu'elle était noyée dans ses réflexions, Obel fit son entrée dans la salle de classe. Instantanément, tous les élèves se levèrent, mais Octavia resta assise, perdue dans ses pensées. La voix d'Obel, claire et autoritaire, l'interpella.
- Octavia !
Elle sursauta et se précipita pour se mettre debout quand elle a réalisé qu'elle avait enfreint une règle. En effet, le règlement intérieur de l'école prévoyait une sanction pour tout élève qui restait assis à l'arrivée d'un professeur ou d'un visiteur.
Obel, en la fixant avec un regard à la fois ferme et compréhensif, lui demanda de s'approcher.
- Je te demande d'aller te mettre debout au fond de la salle pour toute l'heure de français.
Le cœur d'Octavia s'emballa. Elle marcha lentement vers l'arrière de la classe afin de dissimuler son embarras. En prenant place, elle ressentit le regard de ses camarades sur elle. Certains échangeaient des murmures, d'autres compatissaient mais pour Octavia, c'était comme si le monde extérieur s'était estompé.
Obel commença son cours, mais sa voix résonnait comme une mélodie lointaine, presque indiscernable dans le tumulte des pensées d'Octavia. Elle était trop préoccupée par son anxiété grandissante concernant le rendez-vous imminent, et les conséquences de sa situation pesaient lourdement sur son esprit. Chaque mot qu'il prononçait résonnait d'une manière différente, comme une invitation à plonger dans l'introspection sur sa propre vie.
Elle tenta de se concentrer sur la leçon, mais son esprit revenait sans cesse à KAKÉ et aux décisions qu'elle devait prendre. La tension dans sa poitrine croissait, et rendaitt chaque minute plus difficile à supporter. Elle se força à écouter, à prendre des notes, mais les mots se mélangeaient dans sa tête, les mots se dissolvaient dans un brouillard d'incertitude.
D'un autre côté de son cœur, lorsqu'elle braquait ses yeux vers Obel, il ne lui apparaissait plus seulement comme un professeur de français, mais plutôt comme un ami, quelqu'un qu'elle désire ardemment. Cette tension bouillonnait en elle, et, au lieu de suivre le cours, elle se laissait aller à contempler l'enseignant, en dessinant son portrait dans son esprit.
Chaque détail de son visage captait son attention : le contour délicat de ses lèvres, la manière dont elles se mouvaient en articulant les mots, et la profondeur de son regard qui semblait percer l'âme. À chaque sourire qu'il offrait à la classe, elle ressentait une vague de chaleur l'envahir, comme si ce simple geste était réservé uniquement à elle.
Octavia imaginait les moments où il pouvait poser son regard sur elle, et son cœur s'emballait à cette pensée. Elle se perdait dans son admiration, faisait un effort conscient pour ne pas laisser ses pensées dériver vers des territoires inexplorés, mais la tentation était trop forte.
La façon dont il gesticulait en parlant, ses mains qui accompagnaient ses explications, tout cela la fascinait. Elle se surprenait à suivre le mouvement de ses doigts, et imaginant ce qu’il pourrait faire si leurs mains se frôlaient. Chaque détail devenait une obsession : la manière dont sa voix se modifiait lorsqu'il se passionnait pour un sujet, la façon dont il plissait les yeux en réfléchissant à une question posée par un élève.
Les autres élèves, bien qu'assis autour d'elle, semblaient lointains et flous. Pour Octavia, le monde extérieur s'estompait, et il ne restait que la silhouette d'Obel, illuminée par la lumière qui filtrait à travers la fenêtre. Elle s'imaginait dans une conversation intime avec lui qui partageait ses rêves et ses peurs, qui s'ouvrait comme jamais auparavant.
Mais chaque rêve était suivi d'une vague de réalité qui la ramenait à sa situation actuelle. Elle devait gérer ses émotions, son rendez-vous, et les implications de sa grossesse. Le conflit entre son désir de se rapprocher d'Obel et la nécessité de cacher sa vérité la plongeait dans une mer de confusion.
Alors qu'Obel continuait d'enseigner, Octavia était tiraillée entre l'envie de lui parler, de lui dire tout ce qu'elle ressentait, et la peur de la réaction qu'il pourrait avoir. Cette lutte interne était épuisante, mais elle ne pouvait pas ignorer les sentiments qui s'éveillaient en elle.
À chaque minute qui passait, alors qu'Obel s'adonnait à sa leçon, Octavia se promettait qu'elle prendrait le risque de lui parler, de lui dévoiler une part d'elle-même. Mais pour l'instant, elle restait là, fascinée par cet homme qui, involontairement, occupait toutes ses pensées.
À la fin de l'heure, Obel l'interpella à nouveau.
- Octavia, tu peux revenir à ta place.
En se rendant à son bureau, elle se sentit à la fois soulagée et nerveuse. La cloche retentit pour signaler la fin des cours, mais pour Octavia, cela ne marquait que le début d'une autre épreuve. Elle devait se préparer pour son rendez-vous et affronter les vérités qu'elle avait jusque-là évitées.
* * *
À la pause, Pamella se rapprocha d'octavia quand elle remarqua son air préoccupé.
- Qu'est-ce qui ne va pas ? Pourquoi es-tu restée assise pendant que tout le monde était debout ?
Octavia soupira, fit comprendre à Pamella à quel point leur conversation du matin l'avait perturbée. Elle lui confia qu'elle ne pouvait plus résister à l'angoisse qui l'envahissait à chaque fois qu'elle y pensait.
- Ça me rend folle, Pamella. Je ne cesse de réfléchir à ce rendez-vous avec Obel.
Pamella, attentive, lui prodigua quelques conseils pour se remettre sur pieds. Elle lui expliqua comment elle devrait se tenir devant Obel, lui suggérant de rester confiante et authentique.
- Sois toi-même, Octavia. N'oublie pas que c'est un rendez-vous pour discuter, pas un interrogatoire.
Octavia hocha la tête, absorba chaque mot de son amie. Leur conversation fut toutefois interrompue par Rosine, leur camarade, qui s'improvisa parmi elles.
- Alors, qu'est-ce que vous racontez ? Je vous vois en pleine discussion.
Rosine, avec son sourire malicieux, voulait aussi savoir ce qui se passait avec Octavia et son comportement récent vis-à-vis d’Obel.
- Dis-moi, Octavia, qu'est-ce qui se passe entre toi et le prof ?
Pamella, sans hésiter, prit la défense de son amie.
- Oh, ne t'inquiète pas pour ça, Rosine. Octavia n'est pas en bonne santé en ce moment.
La réponse de Pamella laissa Rosine perplexe, mais elle décida de ne pas insister. La tension dans l'air se dissipa légèrement, et elles se mirent à discuter d'autres sujets, en riant et en partageant des anecdotes.
Cependant, le temps leur manquait. La sirène retentit pour annoncer la fin de la pause.
- Déjà ! s'exclama Pamella en se levant. On dirait que le temps passe trop vite.
Octavia, bien que toujours préoccupée, se leva aussi, se sentit un peu mieux grâce à l'échange avec ses amies. Le moment avec Obel approchait, mais elle se sentait moins seule face à ses pensées grâce au soutien de Pamella. Les trois filles se dirigèrent vers la salle de classe pour poursuivre le reste de la journée.
Après les cours, Pamella et Octavia se retrouvèrent sur le chemin du retour, chacune se dirigeant vers sa maison. Pamella, toujours pleine d'énergie, expliqua à Octavia l'importance de vivre pleinement le moment présent.
- Tu sais, Octavia, on n'a même pas droit à l'erreur. La vie est trop courte pour se perdre dans des doutes.
Octavia l'écoutait attentivement, sans l'interrompre. Elle appréciât les paroles de son amie, même si Pamella ignorait le plan qu'elle avait en tête.
À quelques mètres de l'école, Rosine surgit derrière elles, posa ses mains sur les épaules des deux filles avec un grand éclat de rire.
- Surprise ! Alors, de quoi vous parlez si secrètement ?
Elle s'imposa entre elles avec un sourire curieux, impatiente de connaître le contenu de leur conversation. Pamella, connaissant bien Rosine et son penchant pour le drame, se méfiait de ses questions.
- Oh, ce n’est rien de spécial, Rosine. Juste des choses de filles, tu sais.
Pamella retira doucement la main de Rosine de ses épaules, essaya de détourner son attention.
- Viens, on devrait prendre un zem pour rentrer. Ça te dit ?
Sans attendre la réponse de Rosine, Pamella tira Octavia vers un zem qui passait près d'elles. Les deux amies montèrent rapidement à l'intérieur et laissèrent Rosine sur le trottoir, perplexe et un peu déçue.
- Hé, attendez-moi ! s'écria Rosine, mais le zem démarra déjà, les emporta loin de ses questions insistantes.
Dans le véhicule, Octavia se sentit soulagée d'échapper à l'interrogation de Rosine. Elle échangea un regard complice avec Pamella, reconnaissante pour son intervention.
- Merci, Pamella. Tu sais toujours comment gérer Rosine.
- C'est un talent, dit Pamella en riant. Mais sérieusement, tu dois prendre soin de toi et de tes pensées. On en reparlera, d'accord ?
Octavia acquiesça. Leur amitié était une ancre dans la tempête de ses émotions. Le trajet se poursuivit dans une atmosphère légère, les deux filles partageaient des rires et des souvenirs, même si l'angoisse restait présente dans l'esprit d'Octavia.
Arrivée chez elle, Octavia se glissa rapidement sous la douche, elle espérait que l'eau chaude apaiserait ses pensées tourmentées. Alors qu'elle se lavait, son esprit était un champ de bataille. D'un côté, sa rencontre corporelle avec KAKÉ la hantait, la plongeait dans une mer de souvenirs cauchemardesques. Les images de ce moment, à la fois intenses et dérangeantes, revenaient la hanter, comme des ombres dans un coin obscur de son esprit.
De l'autre côté, le rendez-vous avec Obel l'intriguait et l'effrayait à la fois. Elle se retrouvait au milieu de deux mondes : celui du passé, chargé de douleurs et de regrets, et celui du futur, où elle espérait construire un nouvel avenir qui pourrait peut-être essuyer ses blessures intérieures.
Alors qu'elle frottait ses cheveux, elle réfléchissait à sa première mission : trouver la personne qui pourrait porter la responsabilité de sa grossesse. Cette pensée la terrifiait, mais elle devait affronter cette réalité. Qui serait prêt à l'écouter, à comprendre sa situation, et à partager le poids de cette responsabilité avec elle ?
Ensuite, il y avait la seconde mission, tout aussi cruciale : dénicher quelqu'un à qui se confier. Elle aspirait à une vie et un amour mérités, loin des tourments du passé. L'idée de se dévoiler à Obel, de partager ses luttes et ses désirs, lui procurait à la fois un frisson d'excitation et une peur paralysante.
L'eau continuait de couler, cette eau froide emportait avec elle une partie de son anxiété, mais les pensées d'Octavia restaient intrépides. Elle devait prendre des décisions, que le temps lui était compté. Les gouttes d'eau glissaient sur sa peau, mais son esprit était toujours en ébullition.
Lorsque la douche se termina, elle se redressa, le cœur battant. Elle se tenait à la croisée des chemins, prête à affronter ses peurs et à faire face à l'inconnu. Une nouvelle détermination s'empara d'elle. Elle se regarda dans le miroir, se promettant qu'elle trouverait le courage d'agir, qu'elle se battrait pour son avenir et qu'elle ne laisserait pas les démons du passé la définir.
Octavia se préparait pour ce rendez-vous, mais il fallait qu'elle reste prudente. "Mieux vaut prévenir que guérir", se répétait-elle. Enfilant son pyjama, elle se jeta sur son lit, le visage tourné vers le plafond, comme si elle implorait la bénédiction divine.
Après quelques instants de méditation, elle décida de prendre son téléphone et composa le numéro de sa mère, Marthe. Lorsque sa mère décrocha, Octavia, avec une supplication dans la voix, lui demanda la permission d'accompagner Pamella à sa cérémonie d'anniversaire.
Marthe, inquiète pour sa fille, hésita tellement que l'état sécuritaire à Bukavu laissait à désirer. Les rumeurs concernant un groupe de jeunes drogués, communément appelés "popo solution", qui traînaient dans les rues la nuit pour harceler les passants, n'étaient pas rassurantes. D'autres histoires circulaient aussi sur les rebelles du M23, qui hantent la ville armés de couteaux et d'autres armes.
- Octavia, je ne sais pas... Ces temps-ci, la ville n'est pas sûre.
Octavia, sentant que sa mère était sur le point de refuser, se lança dans une demande pressante.
- Maman, je te promets que je serai prudente. Je voudrais vraiment passer la nuit chez Pamella et revenir demain, c'est un week-end !
Marthe réfléchit un moment, pesant le pour et le contre. Finalement, elle salua l'idée, mais avec une condition.
- D'accord, mais tu dois d'abord en informer ton père.
Octavia acquiesça, soulagée. Pamella était bien connue de la famille, et il arrivait que sa fille y passe parfois des nuits. Cela rendait la situation un peu plus acceptable pour Marthe.
- Merci, maman. Je vais lui en parler tout de suite !
Après avoir raccroché, Octavia se sentait à la fois excitée et nerveuse. Ce week-end pourrait lui offrait un moment de répit, loin de ses tourments intérieurs. Elle espérait que la soirée d'anniversaire de Pamella lui apporterait un peu de légèreté avant de devoir affronter la réalité de son rendez-vous avec Obel.
Octavia se leva de son lit, déterminée à parler à son père, mais avant cela, elle décida d’appeler Pamella. Elle composa le numéro de son amie, son cœur battant d’excitation et d'appréhension.
Lorsque Pamella décrocha, Octavia lui expliqua rapidement sa conversation avec Marthe.
- Écoute, j'ai parlé à ma mère. Elle est d'accord pour que je passe la nuit chez toi, mais seulement si tu peux la rassurer en l'appelant.
- Quoi ? Passer la nuit chez moi ? Qu'est-ce qui...
- Pamella, l'interrompit-elle, ne me pose pas de questions; demain, je viendrai tout t'expliquer.
Pamella, un peu surprise mais compréhensive, accepta.
- Pas de problème, je peux l'appeler. Mais pourquoi tu dois lui dire ça pour un simple rendez-vous ?
Octavia hésita, chercha une réponse qui ne trahirait pas ses véritables intentions. Toutefois, pour un rendez-vous de quelques heures, il n'était pas habituel d'aviser sa mère d'une nuit à l'extérieur.
- C'est juste... je veux que ma mère se sente rassurée. Tu sais comment elle est, toujours inquiète pour moi. Personne ne sait ce qui pourrait arriver, Pamella.
Pamella, toujours attentive, nota le ton de sa voix. Elle sentait qu'il y avait plus derrière cette demande, mais Octavia restait discrète et ne donnait pas de détails.
- D'accord, je vais lui parler. Mais promets-moi de tout me raconter demain.
- Je te le promets, dit Octavia avec un léger sourire. Je te raconterai tout.
Pamella était là pour la soutenir, mais elle avait aussi conscience de la complexité de sa situation. La conversation se termina, et Octavia se sentit un peu plus légère.
Après avoir discuté avec Pamella et sa mère, Octavia sentit qu'il était temps de prévenir KAKÉ. Elle devait être honnête avec lui, même si cela la mettait un peu mal à l'aise. Elle prit son téléphone et commença à taper un message.
"Salut KAKÉ, je voulais te prévenir que je ne passerai pas la nuit à la maison. Je vais chez Pamella pour fêter son anniversaire. J'en ai déjà informé ma mère, donc tout est en ordre. Prends soin de toi et on se reparle bientôt."
Elle hésita un moment avant d'envoyer le message, mais finalement, elle appuya sur "envoyer". Elle attendit quelques minutes, son cœur battant à l'idée de sa réponse. Enfin, le téléphone vibra.
KAKÉ avait répondu simplement :
- OK ! Comme Marthe en est informé, prends soin de toi.
La réponse était brève, presque distante. Elle avait espéré un échange plus engageant, peut-être même une question ou une inquiétude de sa part, mais elle devait aussi comprendre que KAKÉ avait ses propres préoccupations.
Elle se força à relâcher la tension dans ses épaules. Après tout, elle avait pris une décision pour elle-même, et maintenant, elle se concentrait sur la soirée à venir. Elle se prépara mentalement à tout ce qui arriverait.
Après avoir géré les discussions avec Pamella, Marthe et KAKÉ, Octavia se sentit prête à affronter Obel. Elle prit une profonde inspiration et l'appela, le cœur battant.
Lorsque Obel décrocha, elle lui exposa calmement sa proposition.
- Bonjour, Obel. J'aimerais te parler de notre rendez-vous. Je pense qu'il serait mieux de le faire chez toi, dans ton appartement.
Obel parut surpris par cette demande.
- Pourquoi chez moi ?
Octavia en profita pour lui expliquer ses raisons.
- D'abord, en raison de notre relation élève-professeur, je préfère éviter un lieu public. Cela pourrait être mal interprété. Ensuite, je suis encore très jeune et mineure, et je ne veux pas prendre de risques. Enfin, j'ai peur que mes parents me surprennent si nous sommes dans un endroit public.
Obel réfléchit un moment, pesant le pour et le contre. Les raisons d'Octavia étaient légitimes et bien articulées.
- Je comprends tes préoccupations, Octavia. D'accord, je t'accueillerai chez moi.
Un soupir de soulagement échappa à Octavia. Cette décision était cruciale. Bien que la situation soit délicate, elle se sentait un peu plus en confiance à l'idée de pouvoir partager ses pensées et ses sentiments dans un cadre plus intime.
- Merci, Obel, dit-elle avec gratitude. Je te promets que je serai ponctuelle.
- Très bien, j'attends de te voir, répondit-il, sa voix neutre mais compréhensive.
Octavia raccrocha, le cœur battant, consciente que ce rendez-vous serait déterminant pour elle. Elle savait qu'elle devait être prête à affronter toutes les émotions qui l'accompagneraient.
