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Mes parents ont accepté de m'emmener faire du canyoning avec Enzo ce week-end. Tu n'imagines pas à quel point j'ai hâte d'enfiler mon baudrier et de me lancer à l'assaut de la roche ! La météo prévoit un temps magnifique mais pour que tout soit parfait, il faudrait que tu viennes avec nous. Est-ce que tu pourrais dnder l'autorisation à tes parents de nous accompagner ? Je n'ai pas envie de vivre cette aventure sans toi.
J'ai passé toute la soirée à harcelé mes parents mais il refusent catégoriquement que je vous accompagne. Je leur ai expliqué que je ne risquais rien avec vous mais comme d'habitude, ils sont obnubilé par ma sécurité. Ma mère n'arrête pas de me rabâcher les même bêtise en boucle :
« C'est trop dangereux, »
« Tu sais bien que je ne veux pas que tu fasses quoi que ce soit qui te mette en danger »
« Je ne te donnerais jamais mon accord pour faire des sports extrêmes »
J'en ai marre ! Avec eux, je ne peux jamais rien faire d'excitant. Ils croivent sûrement que je suis en sucre et que je risque de me briser en mille morceau au moindre danger mais bon sang, je ne veux plus rester enfermé dans leur bulle ! Je ne pourrais pas t'accompagner mais je suis sûr que tu vas t'éclater à fond. Je penserais bien à toi en tout cas.
Je suis dégoutée que tes parents t'empêchent encore une fois de te lancer dans un truc qui sort un peu de l'ordinaire. Je ne comprends vraiment pas leur attitude: ils t'offrent habituellement tout ce que tu dndes sans discuter mais dès que t'as envie d'un truc un peu plus périlleux, ils deviennent complètement butés. Essaie de leur faire comprendre que tu ne risques vraiment rien avec nous. Je te jure que je ferai super gaffe à ta sécurité.
PS : si tu écris encore une fois « ils croivent », mes yeux vont saigner.
Je sais, c'est nul. J'ai encore passé toute la journée à les harceler mais ils ne veulent rien entendre. Ils m'ont même puni mais j'ai fait semblant de chouiner, alors ils ont tout de suite lever la punition. J'aurais pourtant tellement aimé t'accompagner, je suis sûr qu'on aurait passé un super moment. Mes parents m'ont proposé que tu viennes à la maison après le canyoning. Je crois qu'ils se sente mal de m'avoir dit non. Pour l'instant je boude comme tu me l'a appris. Peut-être que si je réussis à les faire culpabiliser, ils accepteront que je vienne avec toi ?
PS: ils croivent, ils croivent, ils croivent, ils croivent, ils croivent, ils croivent, ils croivent, ils croivent, ils croivent, ils croivent, ils croivent, ils croivent, ils croivent, ils croivent
Je m'excuse d'avance pour ce petit mot. C'ETAIT GENIAL-ENORME-DEMENT-TROP-COOL-AAAAAHHHH ! J'ai passé une journée de dingue, je ne pourrais même pas te raconter la sensation que j'ai ressentie au moment où j'étais accrochée à cette falaise, avec l'eau qui fusait sous mes pieds comme un torrent enragé. J'aurais tellement voulu que tu sois là pour vivre tout ça avec moi. Tu sais, aujourd'hui j'ai compris quelque chose: je ne veux plus rien découvrir sans toi. Alors je te promets que la prochaine fois que je me lancerai dans un truc aussi fou, on sera tous les deux majeurs et tu seras à mes côtés.
Ton retour m'a fait l'effet d'une tornade. Une fois de plus, tu as tout dévasté sur ton passage mais cette fois, c'était pour tout remettre en ordre. Les paroles de mes chansons me semblent enfin justes. Mes dessins retrouvent des couleurs. Je dois maintenant accepter tout ce qui se trame en silence et ce n'est pas simple. Je me noie un peu dans le marécage de mes pensées mais s'il te plait, ne pars plus.
La tête prise en étau entre mes coudes, je ne parviens pas à me calmer. La douleur tabasse toujours aussi violemment mon crâne et de violentes nausées se sont maintenant invitées. Je ne peux plus avancer. Je peux seulement tenir ma tête en fermant les yeux et prier tous les dieux qui n'existent pas de m'accorder un peu de répit. Putain, mais c'est une véritable torture ! La migraine est si atroce que je suis tout bonnement recroquevillée au volant de ma voiture, en train de balancer mon corps d'avant en arrière en espérant que cette oscillation m'aidera à surmonter cette crise.
De minuscules secondes s'étirent dans la plus grande langueur, me laissant impuissante, à me battre contre le même ennemi invisible qui me harcèle sans discontinuer depuis maintenant deux jours. Une nouvelle salve brutale m'assaille de plus belle et m'arrache un gémissement de douleur. Je n'en peux plus de cette douleur atroce que même les médecins les plus calés ne réussissent pas à contrôler. Au lendin de ma nuit passée aux côtés de une violente migraine s'est insinuée à l'arrière de mon crâne. La douleur était telle qu'après être restée cloitrée dans le noir de longues heures, j'ai fini par me trainer à l'hôpital.
Quand elle m'a vue arriver, Sophia m'a tout de suite attrapé le bras pour me diriger en salle d'examen. Je crois sincèrement que je n'aurais pas pu faire un pas de plus sans m'écrouler. Le reste de la journée s'est noyé dans un brouillard opaque. Je me souviens d'une piqure dans mon bras, d'un cylindre dans lequel on m'a allongée et de flashs lumineux. Quand j'ai émergé, la nuit était tombée et mon infirmière préférée ôtait ma perfusion. Une heure plus tard, un médecin que je ne connaissais pas nous a rejoint pour me servir un blabla à la con qui m'a désespérée. Selon lui, l'œdème cérébral m'aurait laissé des séquelles invisibles qui n'apparaissent sur aucun cliché.
-On appelle cela des douleurs fantômes, Mlle Pazzi. C'est bénin et très fréquent après un accident comme le vôtre.
Il m'a prescrit un millier d'antidouleurs que je me suis empressée d'acheter au petit matin et j'ai regagné la maison de . J'ai comaté pendant deux jours. Les rares moments où je parvenais à combattre la douleur pour ouvrir les yeux, c'était uniquement pour choper un comprimé de plus. Je n'ai jamais – je dis bien jamais- été aussi mal de toute ma vie. Plus de quarante-huit heures ont passé sans que je ne sois capable de me lever de mon lit. Il me semble avoir entraperçu quelques fois les visages de mon frère et de mais j'étais incapable de garder les yeux ouverts plus de quelques secondes.
Après cette crise monumentale, j'ai fini par émerger aux premières lueurs du troisième jour. Je crois que j'aurais pu dormir encore une sine complète mais je me suis fait violence pour sortir du lit. La maison était vide, totalement silencieuse. Après mon hibernation forcée, j'aurais aimé retrouver la légèreté de mon frère ou la douceur de . Mon manque d'énergie et cette dégradation soudaine de mon état m'a totalement abattue. Les heures ont filé, faisant germer le souvenir de mes parents et toutes les questions sans réponse qui me hantent. Les nuages noirs dans mon esprit prenaient tellement de place que je n'ai pas vraiment réfléchi quand je me suis engouffrée dans la voiture de . J'ai laissé le moteur engloutir la centaine de kilomètres qui me séparaient de la seule famille qui me reste et je me suis présentée à la porte de ma tante et de mon oncle alors qu'ils venaient à peine de rentrer du boulot.
