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- Maxine j’y vais, n’oublie pas ce que je t’ai dit hein ! Tu vas retirer mes habits au pressing et puis cuisine ce que tu veux. Avec la mauvaise route du village là je crois que je vais seulement rentrer demain. N’oublie pas de réviser tes cours.
- Ça Ma’a on dirait que tu parles à une adolescente. J’ai 22 ans et si j’étudiais parce que tu me le demandes c’est que je ne serai pas en train de terminer avec ma maîtrise. Je t’ai dit qu’on a fini les compo hier donc je suis au repos en attendant les résultats.
Ma mère allait à un deuil et on était samedi. Dès qu’elle a refermé la porte je suis allée me recoucher. Je suis une grosse dormeuse. Je comptais bien suivre ses instructions mais j’avais le temps. En dehors d’une sortie entre fille avec Raphaëlle qui voulait que je l’accompagne faire des courses en prélude de son voyage en amoureux avec Guillaume, je n’avais rien de prévu. Farid et moi on s’était séparé la veille et j’avais l’impression qu’il me boudait un peu devant mes réticences à franchir le cap avec lui. Jusqu’ici il s’était montré attentionné et affectueux et très patient. Dans mon esprit je ne savais pas vraiment si je devais le considérer comme un bon ami ou un petit-ami. Lui, il avait sa réponse. Je n’avais rien à lui reprocher. Il était très bien avec moi bien sûr il pouvait être autoritaire mais très souvent il se ravisait. Il était très beau aussi. Il correspondait à tout ce que j’avais toujours attendu d’un homme : intelligent, drôle mais sérieux. Et physiquement Farid était pour moi la perfection : d’un teint très noir, mince (je n’aime pas les costauds, hein !) mais pas chétif, grand, environ 1m80. Le plus remarquable avec Fardi c’est que l’air de rien il savait plaire. Toujours bien mis que ce soit en veste, polo ou gandoura, je le trouvais toujours captivant. J’avais souvent remarqué les regards acidulés des filles quand nous sortions ensemble. Lui aussi d’ailleurs mais il semblait ne pas en faire grand cas.
Avec le temps on a appris à se connaître. J’ai sus qu’il est administrateur civil diplômé de l’Ecole d’administration et de magistrature et qu’il travaille au Premier Ministère. La première fois où je suis allée chez lui, je n’ai pas vraiment été surprise. C’était propre et bien rangé, le blanc dominait la déco de son appartement de deux chambres. Il vivait seul et sa famille était établie dans la région de l’Extrême-Nord. Sa famille musulmane, est très conservatrice. C’est l’une des raisons pour lesquelles ma mère était réticente face à notre relation.
Endormie depuis deux bonnes heures, c’est finalement Farid qui me réveilla en m’appelant sur mon portable.
- Bonjour Xixi, (c’est le petit nom qu’il avait décidé de me donner pour ne pas m’appeler Maxi comme tout le monde). Bien dormi ?
- Hum comment tu sais que je dormais ?
- Ca fait cinq fois que j’essaye de te joindre, te connaissant j’ai su que tu devais encore être au lit. Ta mère est déjà partie ?
Je lui avais dit la veille que ma’a se rendrait à un deuil aujourd’hui.
- Oui, je suis toute seule à la maison, dis-je inconsciemment ou pas d’une voix sensuelle.
- Et tu veux que je vienne te retrouver ?
Avec Farid c’était devenu presque un jeu de se taquiner. J’aimais voir à quel point je l’attirais et lui ne manquait jamais de me dire que je jouais avec ses nerfs.
- Tu joues à un jeu très dangereux Xixi, continua-t-il de sa voix la plus câline.
- Tur joure ar rune jeur trrès dangerreux XirXir. (J’imitai son accent de nordiste).
Je savais que ça le mettait en rogne mais lui ne pouvait pas s’empêcher de me taquiner alors j’étais aussi entrée dans son jeu.
- Hum, tu me cherches là. Alors on dit quoi, je passe te chercher à quelque heure pour t’amener chez moi ? Ça fait deux jours que je n’ai rien mangé de chaud.
- Farid on était au resto hier non ?
- Et puis ? je veux manger ce que ma fiancée me cuisine. Est-ce un crime ?
- Ta fiancée ?
- Eh oui qu’est-ce-que tu crois que tu es pour moi ?!
L’air de rien ça me plaisait de l’entendre ainsi parler de moi. Je commençais à ressentir quelque chose de particulier pour Farid et je ne pouvais plus nier qu’il m’attirait.
- C’est à toi de me dire Farid. Mais je ne peux pas partir maintenant. J’ai promis à Rafa de l’accompagner faire quelques courses. Je dois avant cela faire le grand ménage à la maison. Si tu veux vient me chercher à 17h.
- 17h ? C’est tard ! on ne va même pas passé plus de quatre heures ensemble toi qui n’aime pas rentrer tard.
- Ma’a va certainement dormir au lieu du deuil. Je peux passer la nuit chez toi…
- Tu es sûre de ce que tu dis.
- Farid, passer la nuit chez toi ne veux pas dire plus que ça. Vient me chercher comme convenu. Je dois te laisser, il y a quelqu’un qui sonne. J’espère que ton frigo est rempli pour préparer le repas.
- Justement je pensais qu’on pouvait faire les courses ensemble je n’ai presque plus rien.
- Bon ce n’est pas grave. Retrouvons-nous à Mahima à 17h alors, on y fait une fois les courses. T’as quand même les légumes non ? j’en ai acheté le week end passé.
- Oui je crois vu que je ne cuisine presque pas. Alors à tout à l’heure.
- Ok à toute.
- Xixi…
- Hum…
- Tu me manques.
- Farid !!!
Avant de raccrocher je l’entendis partir d’un grand éclat de rire. A quoi jouait-il ? Avec lui je ne savais jamais s’il était sérieux ou s’il blaguait. Là j’avais failli le prendre au mot mais avec son rire là je ne savais plus…
Toute la journée, j’ai épousseté les meubles mais les plus sombres recoins de la maison, le salon la chambre de ma mère et la mienne. Puis je suis allée à la cuisine où j’ai curé les marmites, vidé et nettoyé le frigidaire. Au bout de deux heures, j’étais sonné. Heureusement il n’y avait pas de cuisine à faire. J’en avais décidé ainsi puisqu’il n’y aurait personne à la maison de la journée. Je suis allée me doucher puis j’ai fait la commission de ma mère : amener ses habits au pressing. En remplissant ma facture la caissière avec qui je discutais, m’a demandé des nouvelles de ma mère. Les voisins étaient parfois surpris qu’elle soit ma mère. Il faut dire qu’il y avait seulement 13 ans qui nous séparaient. Et, ma mère avait gardé sa taille de guêpe d’adolescente. C’était très ahurissant même pour moi. Ma mère et moi on faisait surtout penser à deux copines ou à deux sœurs. Je me demandais comment Farid allait réagir après l’avoir rencontrée, il ne l’avait jamais vu mais elle si à travers les volets de la fenêtre des fois quand il me raccompagnait.
Il était 14h et Rafa était supposée être là depuis une heure. C’est une championne du retard. Je lui ai souvent dit que même le jour de son enterrement elle allait faire attendre tout le monde.
Elle est arrivée alors que j’essayais de donner une forme présentable à mes cheveux coupé court.
- Minceeuuu ! Tu n’es pas encore prête alors que je t’ai laissé tout le temps pour ?! ahahahah !!!
Rafa venait d’entrer tonitruante comme à son habitude.
- Raconte ta vie comme tu fais là. Tu exagères vraiment. Je me demande comment
Guillaume fait pour supporter ça
- il est amoureux c’est tout. Que lui-même, il est un exemple ?
Rafa et Guillaume étaient mes potes du lycée. On avait choisi la même faculté et on formait un quatuor avec Benjamin. Les gens pensaient qu’on formait deux couples, Rafa et Guillaume puis Benjamin et moi. Si c’était vrai pour Rafa et Guillaume, entre Benjamin et moi ce n’est jamais allé plus loin que l’amitié. D’ailleurs, il ne semblait pas prêt à se mettre avec quelqu’un et préférait plutôt les histoires d’un soir qu’il affectionnait particulièrement avec ses voisines de mini-cité à Soa. Elles étaient généralement plus âgées que lui. Rafa et Guillaume se sont mis ensemble quand nous sommes arrivés en fac. Leurs deux familles se connaissaient et semblaient encourager leur relation. Ils avaient d’ailleurs aménagés ensemble après leur licence.
- On va où ?
- Hum la mère-ci, tu veux que je t’accompagne et tu viens me demander où on va ?
- Mais c’est toi qui connais les bons endroits non ?
- Ca dépend de ce que tu veux…
- Fringues, nuisettes. Je dois sortir l’artillerie lourde pour le gars. Est-ce-que tu sais que la Minette là a refait surface ?
Minette c’est l’ex de Guillaume. Elle l’avait plaqué pour épouser un américain qu’elle avait rencontré dans un hôtel où elle faisait son stage l’année de notre baccalauréat. A ce que je savais son mariage n’avait pas mis long et elle était au pays pour les vacances.
- La Nympho ? Je l’appelais comme ça parce qu’alors que son mariage se préparait avec son blanc, elle avait continué à coucher avec Guillaume.
- Elle-même !
- Et Guillaume dit quoi ?
- Rien, il me dit qu’il n’est pas fou de retourner avec une fille qui l’a plaqué pour se marier avec quelqu’un juste parce que c’est un blanc et statois. Et puis il dit que c’est moi qu’il aime et pata et patata.
- Bravo, mon Will !!! Si c’était l’autre fou de Benjamin-là il aurait déjà pris les choses avant de nous raconter.
- N’est-ce-pas ? En tout cas, je veux rendre le gars fou le weekend prochain. Que l’autre-là n’ait aucun moyen de le séduire.
- Laisse copine, on va te trouver ce qu’il faut. Allons-y !
- Est-ce-que tu sais qu’elle lui a proposé d’aller à l’hôtel, elle avait déjà payé la chambre et tout… Continua Rafa alors que je refermais la porte à clef sur nous.
- Ca alors, les filles ont le courage ici dehors. Et moi qui trimbale mon Farid.
- Ton Farid ? pardon dis-moi ce que j’ai raté.
- Aka vas là-bas, tu aimes trop les divers il n’y a rien juste que je vais peut-être passer la nuit chez lui. Mais ne me sors pas tes gros yeux là c’est juste parce qu’on ne pourra pas se voir avant 17h à cause de toi.
- Eh mama ce n’est pas moi qui vais mettre le sel dans ton tapioca. Faisons vite pour que tu retrouves ton Farid.
Rafa et moi nous étions amies pour la vie. Si émotionnellement on se rassemblait, physiquement c’était plutôt le jour et la nuit. Rafa est très jolie et pétillante, petite de taille avec les formes où il faut : une belle poitrine bien fournie, les fesses rebondies et d’un teint noir ciré un peu comme Farid. Moi par contre, je ne suis pas très loin de la planche à pain. Un peu plus grande que Rafa d’une dizaine de centimètres, plutôt chétive, je ne possède pas ses atours féminins. Certes j’ai les hanches prononcées et un visage qu’on qualifie souvent de joli avec des traits fins. J’ai un teint indéfini au milieu du clair et du noir. Je trouvais ma poitrine petite et mes fesses plutôt plates. J’avais conscience que physiquement mon seul atour était mon visage et mes cheveux qui étaient les seuls à bénéficier d’une attention particulière. J’avais choisi une coupe courte car j’avais horreur de tresses. Mais mes cheveux étaient d’un blond-roux naturel ; on me demandait tout le temps s’ils étaient teints.
Rafa et moi nous avons trainé dans toutes les boutiques des marchés mokolo et central. Puis finalement je me suis souvenue avoir aperçu une boutique de lingerie fini au carrefour warda à quelques pas de Mahima. Rafa y a trouvé ce qu’elle voulait. Une nuisette de couleur rouge très légère. Elle a pris avec ça un ensemble string blanc tout en dentelle. Avec une paire d’escarpin rouge cirée, elle allait certainement rendre Guillaume fou, le pauvre…
- Faut seulement faire attention de ne pas rentrer avec un petit Guillaume dans le ventre hein.
- A quitte là quelqu’un porte son string ça te serre ? Et puis quoi ? Ce ne sera pas trop tôt. C’est toi qui sais ce que tu attends pour soulager Farid. Regarde comment le gars est mignon.
Je n’avais pas vu Farid qui avançait vers nous avec un petit sourire en coin.
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