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Marquée par la Lune-AD

Une nappe propre couvrait la table.

Des chandelles brûlaient, jetant une lumière dorée sur un service impeccable.

Des coussins avaient été posés sur le canapé, et près de la fenêtre, un bouquet de fleurs fraîches attendait dans un vase.

Tout semblait prêt pour accueillir un couple venant d’emménager.

Pour un instant, elle eut l’impression d’être entrée dans une maison qui n’était plus la sienne.

Elle avança, le cœur battant à se rompre.

Ses pas la menèrent jusqu’au seuil de la cuisine.

Elle retint un cri.

Debout près du four, une silhouette masculine lui tournait le dos.

Grande. Les épaules droites. La peau pâle éclairée par la flamme vacillante.

Il ne portait rien d’autre qu’un pantalon sombre.

Son dos, taillé comme celui d’un danseur ou d’un soldat, se soulevait lentement au rythme de sa respiration.

Un frisson glacé remonta le long de sa nuque.

Il n’avait pas bougé. Comme s’il savait qu’elle était là, qu’elle le regardait.

Elle sentit son ventre se contracter sous un mélange de peur et de trouble qu’elle ne comprenait pas.

Il pencha légèrement la tête, comme pour mieux l’écouter.

Et dans ce silence, elle comprit qu’il n’était pas venu pour la menacer.

Il était venu pour la conquérir.

[7/10] – Le face-à-face

Il ne bougea pas tout de suite.

Le temps sembla s’étirer, irréel, comme si la maison retenait son souffle avec elle.

Puis, lentement, il tourna la tête par-dessus son épaule.

Leurs regards se croisèrent.

Ces yeux.

Toujours les mêmes.

Dorés, profonds, inhumains.

Ils la fixaient sans ciller, sans gêne, comme s’il lisait directement en elle.

Un silence lourd tomba entre eux, presque tangible.

Aelya sentit son pouls cogner dans sa gorge.

Elle aurait voulu détourner les yeux, mais c’était impossible.

Elle était prisonnière de ce regard, comme d’un piège qu’elle n’avait pas vu se refermer.

Puis il se retourna complètement.

La lumière des chandelles glissa sur sa peau nue.

Elle comprit qu’elle n’avait jamais vu un homme comme lui.

Son torse large, sculpté avec la précision d’une statue, se soulevait doucement à chaque respiration.

Ses épaules semblaient capables de porter n’importe quel fardeau.

Plus bas, ses abdominaux dessinaient des reliefs parfaits, comme un damier vivant qu’on aurait voulu toucher.

Ses bras puissants, veinés, étaient d’un calme trompeur, comme s’ils pouvaient à tout moment l’enlacer… ou la briser.

Ses mains étaient grandes, nerveuses, si pleines de force qu’il n’avait pas besoin d’un mot pour imposer sa présence.

Son corps parlait pour lui.

Et ce qu’il disait n’était pas une menace.

C’était une promesse.

Elle sentit une chaleur étrange lui parcourir l’échine.

Elle comprit qu’elle aurait dû fuir.

Mais elle ne bougea pas.

Elle n’en avait pas la force.

[8/10] – Le roi et la reine

Il ne la quittait pas des yeux.

Ses iris d’or semblaient scintiller dans la lumière des bougies, comme deux braises qu’on aurait soufflées pour ranimer une flamme.

Il fit un pas vers elle, sans brusquerie, et inclina légèrement la tête.

Sa voix, quand elle résonna, n’avait plus rien de l’étrange dureté qu’elle avait entendue dans le bar.

C’était une voix grave, chaude, presque tendre.

— Bienvenue chez toi, Aelya. Pardonne-moi… d’avoir pris la liberté de préparer cet endroit sans ta permission.

Le silence se referma sur ses mots, comme un écrin trop petit pour contenir leur poids.

Elle le regardait, sans trouver la moindre réponse.

Elle avait cru que le revoir éveillerait la peur, cette même angoisse glaciale qui l’avait fait fuir dans la brume.

Mais rien de cela n’arrivait.

Elle avait l’impression de ne plus être tout à fait là.

Comme si elle flottait dans un espace suspendu, entre la réalité et un rêve trop vivant.

Son regard glissa sur la largeur de ses épaules, la ligne nette de sa poitrine bombée, les muscles qui s’animaient sous la peau à chaque respiration.

Elle suivit la courbe de ses abdominaux, l’ombre des veines qui couraient le long de ses bras jusqu’à ses poignets puissants.

Un vertige lui serra la gorge.

Elle ne s’était pas préparée à ce qu’un homme aussi mystérieux puisse être à ce point… fascinant.

Elle sentit une chaleur profonde naître dans son ventre et remonter jusqu’à sa poitrine.

Si c’avait été possible, elle aurait arrêté le temps, juste pour le contempler plus longtemps.

Pour céder à cette curiosité folle qui la poussait à tendre la main, à effleurer ce torse qu’aucune menace ne rendait moins désirable.

Ses paroles n’avaient fait qu’aggraver ce trouble.

Aujourd’hui, sa voix n’avait plus rien d’une mise en garde.

C’était la voix d’un roi qui accueille sa reine.

Sans précipitation. Sans violence.

Juste l’évidence

Elle cligna des yeux, cherchant un appui, un ancrage.

Son souffle se fit court.

Et, pour la première fois depuis longtemps, elle sentit qu’elle reprenait conscience de ce qu’elle était vraiment.

Vivante.

Et terriblement vulnérable.

[9/10] – Le contact

Il ne dit rien d’autre.

Le silence qui les séparait vibrait comme une corde tendue.

Aelya sentit que si elle reculait maintenant, tout ce qu’elle venait de ressentir s’évanouirait comme un mirage.

Mais elle ne bougea pas.

Elle n’en avait pas la force.

Il abaissa lentement les yeux vers elle, puis fit un pas de plus.

La distance entre leurs corps disparut presque.

Elle pouvait sentir la chaleur de sa peau, la respiration profonde qui soulevait sa poitrine.

Son bras se leva.

Elle se raidit, incapable de deviner ce qu’il allait faire.

Ses doigts effleurèrent une mèche de ses cheveux, la ramenant derrière son oreille avec une douceur si inattendue qu’un frisson la traversa de la nuque jusqu’au bas du dos.

Son pouce effleura sa tempe, un contact si léger qu’elle en ferma les yeux malgré elle.

Quand elle les rouvrit, il était toujours là.

Immobile.

Le regard toujours planté dans le sien, incandescent et insondable.

Il n’avait pas besoin de dire un mot.

Tout son corps parlait pour lui.

Sa main toujours posée contre sa peau disait qu’elle n’était pas en danger… pas de la façon dont elle l’avait cru.

Elle inspira, le cœur battant trop fort, les jambes prêtes à céder.

Jamais elle n’avait ressenti ce mélange de vertige, de curiosité et d’excitation.

Il pencha légèrement la tête, comme pour la scruter plus profondément.

Ses lèvres s’entrouvrirent enfin.

[10/10] – L’interruption

Ses lèvres s’entrouvrirent, et Aelya sut qu’il allait dire quelque chose qui changerait tout.

Son cœur battait si fort qu’elle en avait mal.

Sa main était toujours posée contre sa tempe, chaude, presque possessive.

Son regard ne quittait pas le sien.

Elle crut qu’elle allait perdre pied.

Qu’elle allait céder à ce vertige qui la poussait à lever la main, à toucher son torse, à vérifier qu’il était bien réel.

Puis un bruit déchira le silence.

Un claquement sec, brutal, qui résonna comme un coup de feu dans la cuisine.

Le couvercle de la casserole bouillante venait de se soulever sous la pression.

Il retomba en heurtant le métal, faisant gicler un peu de sauce fumante sur le rebord du fourneau.

Aelya sursauta violemment.

Son souffle se bloqua dans sa gorge.

Elle recula d’un pas, rompant enfin ce contact brûlant.

Le sortilège venait de se briser.

La réalité, froide et solide, reprenait ses droits.

Elle baissa les yeux, incapable de soutenir plus longtemps son regard.

Elle sentit son visage s’embraser, comme si la lumière des chandelles révélait tout ce qu’elle avait pensé, tout ce qu’elle avait désiré.

Et dans ce silence revenu, plus épais qu’avant, elle comprit qu’il n’y aurait plus de retour possible.

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