le mariage - 2
Awa : Si tu le dis…
Assane : Oui je le dis. Bon, je dois y aller chez Youssouf pour parler des préparatifs du mariage.
Awa : D’accord, qu’Allah te protège.
Assane : Amine. (Il sort.)
Pendant ce temps à New York, dans une grande maison, Aliou discute avec son ami autour d’un verre de whisky.
Aliou : Tu te rends compte ? Mon père veut m’imposer une femme… C’est vraiment le monde à l’envers ! (Rire.)
Abdel : Sérieusement ? Ce genre de choses existe encore en Afrique ?
Aliou : Oui… Et mon père en est la preuve. Bref, j’essaie de penser à autre chose.
Abdel : Mais si t’es pas au pays, ça sera compliqué pour lui de te marier non ?
Aliou : Compliqué ? Tu connais pas mon père ! Il risque carrément d’organiser le mariage ici… et d’amener la fille avec lui !
Abdel : Là t’as vraiment du boulot.
Aliou : Moi je veux juste être libre… libre de choisir ma vie. Pourquoi me mettre cette pression ? Et en plus avec une Peul ! Franchement mec...
Abdel : Pourquoi mépriser les filles du pays ? T’es Peul toi aussi non ?
Aliou : Toi tu commences sérieusement à m’énerver ! Bon bref… Je sors faire quelques courses. Tu peux rentrer ou rester et faire le ménage si tu veux !
Abdel : T’es vraiment taré, toi ! Moi faire le ménage pour toi ? Non merci. Je préfère rester ici et m’allonger un peu. À plus, monsieur le futur marié ! (rire)
Aliou : Va te faire foutre, connard. (Il sort de la maison sous le regard amusé d’Abdel.) Quel enfoiré, celui-là.
Pour ceux qui se demandent qui je suis — même si je sais que vous avez déjà une idée — je m’appelle Aliou Barry, fils unique de la famille Barry. J’ai 27 ans, beau gosse, riche et tout ce qu’il faut pour faire craquer toutes les filles. Je bosse dans une grande boîte en ville et j’ai aussi ma propre entreprise.
Quant à Abdel, c’est un Marocain qui vit ici depuis des années. On s’est rencontrés pendant nos études et on a décidé de rester ici. Il parle rarement de sa famille.
Moi, mon père veut que j’épouse une fille du village qui n’a même pas fini le lycée. Je lui ai dit non mille fois, mais il est têtu comme une mule. Une chose est sûre : cette fille, je n’en veux pas. Et si mon père insiste, il va voir ce qu’il va voir… (Il dit ça en montant dans sa voiture et quittant la villa.)
Aliou démarra sa voiture en claquant la portière. Il serrait le volant, la colère bouillonnant en lui. Ce mariage arrangé ? Jamais il n’accepterait ça. Pas question de sacrifier sa vie pour les envies de son père.
Il roula sans vraiment regarder la route, perdu dans ses pensées.
Le lendemain, chez lui, Aliou reçut un appel de son père.
« Aliou, tu dois comprendre que cette union est importante pour notre famille. »
Aliou répondit, froid et déterminé : « Papa, je ne me marierai pas avec une fille que je ne connais pas, encore moins parce que tu l’imposes. »
Le silence à l’autre bout du fil était lourd.
« Tu feras comme je dis, Aliou. C’est non négociable. ( Puis il raccroche ) »
Aliou : merde.
Une semaine plus tard.
Guinée Conakry (chez les Diallo)
Le mariage venait d'être scellé dans la grande mosquée de Conakry. Toute triste, Djalika était couchée dans sa chambre quand sa mère la rejoignit quelques instants après.
Fanta : Qu'est-ce que tu fais ma fille ? Lève-toi, tu dois te rendre chez ta belle-famille. Tu y passeras la nuit et dès demain tu pourras rejoindre ton mari d'accord ?
Djalika : Oui disait-elle en larmes. Tu vas beaucoup me manquer maman.
Fanta : Toi aussi, ma fille, tu vas beaucoup me manquer. Mais ne pleure pas, d’accord ? Je vais demander à mon beau-fils de t’acheter un téléphone pour qu’on puisse rester en contact. Tu as bien retenu tout ce que je t’ai dit, hein ?
Djalika : T’inquiète pas, maman.
Youssouf : Mais qu’est-ce que vous faites ? Tout le monde vous attend dehors !
Fanta : Allez, on y va maintenant, ma fille. Ta belle-famille t’attend. (C’est ainsi que Djalika quitte sa famille pour rejoindre sa belle-famille. Malgré la fête qui bat son plein, elle préfère aller se coucher dans la chambre qui lui est réservée, l’air pensif.)
Djalika : Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à être heureuse dans ce mariage ? J’ai tellement peur, mon Dieu... Moi qui n’ai jamais quitté Conakry, me voilà mariée à un étranger qui vit avec les blancs. Je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre. Mon cœur bat tellement vite en ce moment... J’aimerais juste disparaître. (Elle éclate en sanglots et finit par s’endormir.)
Le lendemain matin, très tôt, Djalika est réveillée par sa belle-mère qui l’aide à prendre son bain... Vêtue de son voile intégral, elle quitte la maison accompagnée de ses beaux-parents qui l’emmènent à l’aéroport où elle prend son vol pour New York.
Pendant ce temps, à New York, Aliou est choqué en voyant les photos du mariage que son père lui a envoyées. Furieux, il jette son téléphone par terre après avoir écouté le message vocal de son père lui disant que sa femme est en route pour New York et qu’il devra aller la chercher dès son arrivée.
Aliou : Je n’arrive pas à y croire... Comment mon père a-t-il pu faire ça ?
Abdel : Calme-toi, ce n’est qu’un mariage.
Aliou : Un simple mariage ? Qu’il ne compte pas sur moi pour aller chercher quoi que ce soit à l’aéroport !
Abdel : Sérieusement ? Tu penses vraiment ça ?
Aliou : Tu crois que je plaisante, dis-moi ? (Il parle, et au même moment, le téléphone d’Abdel sonne. Abdel décroche.)
Abdel : Allô, oncle ?
