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chapitre 6

Chapitre 6

Victor était fatigué. Fatigué de ce jeu qu’il jouait avec elle, fatigué de l’illusion qu’il s’efforçait de maintenir. Il avait voulu garder son indépendance, se jouer de la situation, et voilà que tout se compliquait. La jeune femme, si calme en apparence, était une force de perturbation dans son univers si bien ordonné. Ses paroles, ses gestes, ses regards, tout cela le déstabilisait plus qu’il ne l’aurait voulu.

Il n’avait jamais envisagé de se retrouver dans cette position. Un mariage arrangé, oui. Une alliance pour sceller des affaires et faire avancer sa position, cela ne l’avait jamais dérangé. Mais il n’avait pas anticipé l’intensité de ce qu’il ressentait face à elle, ni cette irritation croissante qu’il éprouvait à chaque fois qu’elle parlait de son indépendance, de ses projets. Il avait toujours cru que tout était sous contrôle, mais la vérité, c’était qu’il était en train de perdre pied. Il ne s’agissait plus de la simple gestion de son empire, mais de la gestion de cette relation avec elle. De ce lien qu’il n’avait pas voulu tissé mais qui devenait de plus en plus complexe à défaire.

De son côté, la jeune femme sentait une rage sourde l’envahir à chaque fois qu’elle le voyait, à chaque fois qu’elle pensait à ce mariage imposé. Ce lien qu’elle aurait voulu briser, cette cage invisible qui l’emprisonnait. Mais malgré elle, malgré toute la colère qu’elle nourrissait contre lui, il y avait quelque chose d’irrésistible chez cet homme. Quelque chose qui la perturbait. Il avait ce contrôle sur tout, y compris sur ses émotions. Elle avait l’impression de perdre une bataille qu’elle n’avait pas choisie, et pourtant, chaque jour, elle se retrouvait face à lui, ses yeux froids, ses gestes précis, et, dans le fond, une force qu’elle commençait à ressentir comme une attraction insidieuse. Elle voulait le repousser, le détester, mais il y avait cette tension entre eux, ce mélange étrange de haine et de désir qu’elle ne parvenait pas à comprendre.

Une dispute éclata, violente, explosive. Un banal différend sur la manière de gérer l’implication de leur mariage dans les affaires. Elle avait exprimé son mécontentement à propos des décisions qu’il prenait sans la consulter, à propos du contrôle qu’il exerçait sur tout, y compris sur leur mariage, comme s’il était une simple extension de ses ambitions professionnelles. Elle avait pris la parole avec plus d’audace que d’habitude, sans se soucier des conséquences.

“Tu ne peux pas continuer à traiter notre mariage comme un simple outil pour tes affaires, Victor ! C’est une farce, un arrangement sans âme, et tu t’attends à ce que je sois d’accord avec ça ?”

Il s’était tourné vers elle, un éclat dans les yeux, une irritation palpable. “C’est toi qui as accepté ce mariage, c’est toi qui as décidé de t’y soumettre. Alors ne viens pas me reprocher ce que tu savais parfaitement dès le départ.”

Elle s’était avancée, le regard braqué sur lui, prête à en découdre. “Je n’ai pas eu le choix, Victor. Tu as menacé ma famille, tu m’as forcée à accepter. Et maintenant, tu veux que je sois docile, que je me taise et que je sois ton paravent dans toutes tes manœuvres ?”

Il la regardait, glacé, mais dans son regard, il y avait quelque chose qui trahissait une forme de déception. “Tu sais très bien que tout ceci n’a jamais été une question de volonté, mais de nécessité. Tu as joué le jeu, tout comme moi.”

“Ne me donne pas de leçons, Victor. Je ne suis pas comme toi. Tu te crois au-dessus de tout, tu manipules tout le monde pour atteindre tes objectifs, mais moi je ne vais pas me laisser faire.”

Les mots étaient sortis plus forts qu’elle ne l’avait prévu, et elle se sentait trembler, non pas de peur, mais d’une rage inédite. Elle n’avait pas l’habitude de se battre ainsi, mais quelque chose en elle, un instinct de survie peut-être, la poussait à lui tenir tête.

Victor n’avait pas l’habitude qu’on lui parle sur ce ton. Il n’avait jamais eu à faire face à une résistance aussi frontale. Il la fixait, cette femme qui osait lui parler ainsi, avec une sorte de défi dans les yeux. Ses lèvres s’étaient à peine entrouvertes avant que sa voix ne s’élève, dure, glaciale.

“Tu crois vraiment que tu peux m’imposer des conditions ? Que tu peux me parler comme ça sans en subir les conséquences ?”

Elle s’était recroquevillée un instant, mais le feu dans ses yeux ne s’était pas éteint. “Si tu veux me faire taire, il va falloir que tu y mettes plus de moyens, Victor. Parce que je ne m’écraserai pas. Je ne me soumettrai pas à un homme qui pense que tout peut être acheté ou manipulé.”

Il s’était approché d’un pas, son regard de glace planté dans le sien. Elle pouvait sentir la tension entre eux, l’électricité qui circulait, l’épreuve de force qui ne faisait que commencer. Il n’avait jamais cédé, jamais flanché, mais là, face à elle, il avait cette étrange sensation d’être face à une adversaire qui ne se laisserait pas dominer si facilement.

“Tu crois que tu sais qui je suis, que tu sais comment me faire réagir ?” Il avait dit ces mots avec une froideur implacable, mais elle pouvait y lire l’inquiétude cachée derrière cette façade. Peut-être qu’il avait commencé à comprendre qu’elle n’était pas aussi facile à manipuler qu’il le pensait.

Elle avait croisé les bras, défiant ses paroles. “Je sais parfaitement qui tu es. Un homme d’affaires, calculateur, qui ne pense qu’à son empire. Mais tu oublies que ce mariage, ce que tu veux en faire, c’est aussi ma vie, pas seulement ton petit jeu.”

Les silences s’étaient allongés, lourds. Il s’était détourné d’elle brusquement, cherchant à regagner son calme. Mais elle n’était plus là pour se soumettre.

“Tu n’as toujours rien compris, n’est-ce pas ?” avait-il murmuré, plus pour lui-même que pour elle. “Ce mariage, ce que tu penses être une manœuvre, c’est plus complexe que ça. Mais tant mieux, j’aime les défis.”

Elle avait voulu répliquer, mais les mots s’étaient bloqués dans sa gorge. Il y avait quelque chose dans cette réponse qui la perturbait. Quelque chose qui lui disait qu’il ne la voyait pas simplement comme un instrument. Quelque chose qui allait au-delà du pouvoir, au-delà de l’ambition. Un défi, certes. Mais aussi une forme d’admiration, peut-être. Elle n’était pas sûre. Et c’était ce doute qui l’effrayait.

Leurs regards s’étaient croisés une dernière fois, cette fois-ci sans mots, mais avec toute la tension accumulée. C’était plus qu’une dispute. C’était le début d’une guerre silencieuse entre eux, une guerre dont elle ne savait pas encore les règles. Mais une guerre qu’elle était prête à mener, peu importe les conséquences.

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