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chapitre 3

Chapitre 3

Victor ne se gênait pas pour afficher son désintérêt, et cette réunion en tête-à-tête ne semblait pas devoir changer la dynamique entre eux. Il s’assit, la silhouette imposante, sur une chaise en cuir, son regard plongé dans ses papiers comme si elle n’était même pas là. Un calme glacial régnait dans l’espace, et elle, malgré elle, se sentait aussi invisible que le mobilier autour d’elle. L’ordre du jour semblait clair : régler les détails de ce mariage qui, pour lui, n’était rien de plus qu’une obligation. Mais elle avait l’intention d’y mettre son empreinte, même si cela devait commencer par de simples mots.

Elle attendit quelques secondes, scrutant les traits froids de son futur mari. Les yeux de Victor n’avaient jamais trahi la moindre émotion, même pas la moindre curiosité. Et pourtant, elle savait qu’il la regardait, qu’il observait ses mouvements, analysait ses réactions. Elle inspira profondément, chassant la gêne qui la gagnait peu à peu. L’hésitation n’avait pas sa place. Pas maintenant.

— “Donc, voilà. Il faut discuter des modalités. Tout ce qui doit être mis en place pour que ce mariage soit… officiel.”

Sa voix n’était ni brusque ni tendue, mais il y avait une certaine froideur, une détermination glacée qui perça à travers ses mots. Elle se força à ne pas fléchir sous son regard, à ne pas se laisser gagner par l’angoisse. Son rôle, maintenant, était clair : ne pas céder. Ne jamais lui laisser l’avantage. Elle savait que ce mariage n’était qu’un piège pour elle, un piège qu’il pensait avoir bien tissé, mais elle avait une idée bien plus précise de la situation. Et elle avait l’intention d’en prendre le contrôle.

— “Il y a des choses dont on doit parler, en effet”, répondit-elle d’une voix ferme, en posant les yeux sur lui.

Elle sentit un léger frisson parcourir son dos. C’était plus de la tension que de la peur. De la nervosité, certes, mais c’était une nervosité calculée, maîtrisée. Elle ne comptait pas se laisser dominer.

Victor la fixa, et ce regard perça à travers elle. Ce regard-là, celui qui semblait scruter chaque fibre de son être. Il ne disait rien, mais tout était dit dans cette manière froide de la fixer. Il savait que cette rencontre n’avait pas de véritable enjeu. Ce n’était qu’une simple formalité. Mais elle, elle en savait trop sur ce monde. Elle savait que chaque geste, chaque mot, chaque détail comptait.

— “Je veux que ce mariage se fasse dans les plus brefs délais”, dit-il enfin, brisant le silence. “Pas de cérémonie pompeuse, pas de fioritures. C’est un arrangement, rien de plus.”

Elle sourit, presque imperceptiblement. C’était ce qu’il voulait croire, n’est-ce pas ? Un arrangement. Une simple transaction. Mais ce mariage était tout sauf une transaction. C’était une prise de pouvoir. De part et d’autre. Lui, il ne comprenait pas qu’elle n’était pas aussi docile qu’il le pensait. Et elle, elle savait que ce mariage ne serait pas qu’un enchaînement de règles imposées. Elle allait marquer son territoire.

— “Vous semblez penser que c’est aussi simple”, répondit-elle, son ton soudainement plus tranchant. “Mais il n’est pas question d’une simple formalité. Vous êtes conscient que ce mariage aura des répercussions sur bien plus que nos deux familles.”

Victor la dévisagea, surpris par l’intensité de ses mots. Il s’attendait à une soumission, à un acquiescement tacite. Mais elle était là, face à lui, pleine de détermination.

— “Je ne suis pas naïve”, reprit-elle avec plus de fermeté. “Ce mariage, c’est un jeu de pouvoir. Je sais ce que vous voulez. Vous vous croyez maître du terrain, mais vous ne l’êtes pas encore. Il y a bien des choses que vous ne pouvez pas contrôler.”

Il se leva brusquement, l’air soudainement plus menaçant. Son regard se fit plus dur, plus froid. Elle sentit sa respiration s’accélérer, mais elle ne recula pas. Elle savait ce qu’il pensait. Il se disait qu’il pouvait l’écraser, que tout était sous son contrôle, mais elle n’avait pas l’intention de lui laisser ce privilège. Non, elle voulait montrer qu’elle aussi pouvait jouer le même jeu. Elle aussi savait manipuler.

— “Vous avez tort de penser que vous pouvez dicter quoi que ce soit ici. Ce mariage, il est à ma convenance. Et si vous pensez que vous pourrez y ajouter des conditions, vous vous trompez lourdement”, dit-il d’une voix basse et tranchante.

Son ton était intimidant, mais elle n’eut pas peur. Bien au contraire. Elle sentit un frisson d’excitation courir le long de son échine. Un frisson qu’elle ne s’expliquait pas totalement. Parce qu’il y avait quelque chose dans sa voix, dans sa présence, qui la rendait plus vivante que jamais. Il était implacable, calculateur, sans aucun doute. Mais il y avait une sorte de fascination entre eux. Elle le savait, même si elle ne le voulait pas. Il était l’alpha, il pensait pouvoir écraser tout sur son passage, et pourtant… Il y avait quelque chose qui la faisait vibrer.

Elle se leva à son tour, se tenant face à lui, à une distance qui les maintenait encore dans une tension palpable.

— “Je ne vous crains pas, Victor. Si vous pensez que ce mariage ne sera qu’une question de pouvoir, alors vous ne me connaissez vraiment pas.”

Il la regarda, cette fois-ci d’un air différent. Un air plus appuyé, plus perplexe. Il n’était pas préparé à cette résistance, à cette audace. Et cela l’intriguait. Parce qu’au fond de lui, il le savait : cette femme n’était pas comme les autres. Elle ne se contenterait pas de se soumettre. Elle avait sa propre manière de jouer ce jeu. Et même s’il refusait de l’admettre, même s’il se l’interdisait, il commençait à la respecter d’une manière qu’il n’aurait pas cru possible.

Il tourna la tête, se détournant légèrement.

— “Très bien”, répondit-il d’une voix plus calme. “Alors faisons en sorte que ce mariage soit un arrangement digne de ce nom. Vous et moi, en apparence, mais n’oubliez pas que j’ai le contrôle.”

Elle ne répondit pas tout de suite. Elle le laissa parler, elle laissa le silence envahir l’espace. Parce qu’au fond d’elle, elle savait que tout ce qu’il venait de dire, tout cet enchaînement de menaces et de certitudes, ne signifiait pas grand-chose. Il voulait la contrôler, mais il ignorait qu’il venait de semer les graines d’une rébellion qu’il ne pourrait pas étouffer. Elle avait découvert quelque chose d’inattendu en elle-même, un désir qui ne faisait que grandir, et une volonté farouche de ne pas se laisser submerger. Elle allait jouer son propre jeu. Il n’était pas le seul maître à bord.

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